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Claude Bleton (Traducteur)
EAN : 9782864246985
160 pages
Editions Métailié (08/10/2009)
3.23/5   15 notes
Résumé :
Bogotá est assiégée depuis des mois. Le gouvernement a fui à Carthagène, la guérilla contrôle le sud de la ville et affronte l’armée et les paramilitaires. Tandis que les obus pleuvent sur la ville, deux journalistes étrangers, la belle Islandaise Bryndis Kiljan et le Maltais Olaf K. Terribile enquêtent sur une sombre histoire de trafic d’armes entre la guérilla et l’armée, dont les ramifications les guideront à travers une Bogotá clandestine jusqu’aux clés d’un con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ça commence comme une blague. Une Islandaise et un Maltais sont en Colombie. Ensuite, ça part en vrille.
La ville de Bogota, tenue par les militaires est assiégée par la guerilla alors que l'exécutif s'est replié sur Cartagena de Indias. Deux reporters de guerre, Bryndis Kiljan, la correspondante de Reykjavik, et Olaf K. Terribile son amoureux transi maltais, enquêtent sur un accident de car qui semble lié à un vaste trafic de munitions et de drogue entre les deux factions. Nos deux journalistes veulent faire toute la lumière sur cette affaire et n'hésitent pas à quitter leur hôtel pour s'enfoncer dans une ville violente et irréelle.
De cette politique fiction, Santiago Gamboa fait une aventure burlesque dans laquelle la situation de la métropole, assiégée, bombardée, n'est finalement pas si éloignée du quotidien de millions de colombiens. Au centre du conflit, témoins directs des exactions des paramilitaires et des magouilles des narcos les journalistes vont vivre dans un climat de tension extrême une aventure aussi invraisemblable que drôle. La reporter islandaise est prête à tout pour avoir un scoop, même si elle doit donner de sa personne. Il faut dire que Bryndis qui porte très bien son prénom et qui se poudre régulièrement le nez non pas avec du Max Factor mais avec de la colombienne extra, n'a pas le physique d'Arlette Chabot mais celui d'une blonde à forte poitrine, ce qui fait rapidement avancer son enquête et donc la trame du récit.
On oubliera le génial Gamboa de Perdre est une question de méthode ou des Captifs du lys blanc. Ici, le romancier se lâche et s'amuse, nous offre une nouvelle au rythme échevelé, où l'absurde côtoie le loufoque, et où le sexe omniprésent est un exutoire à la violence.
La seconde nouvelle, Histoire tragique de L'homme qui tombait amoureux dans les aéroports, met en scène un jeune type qui rêvait non pas d'être une hôtesse de l'air mais d'être dans une hôtesse de l'air. Ce pigeon jouisseur va se retrouver au coeur d'une conspiration d'hôtesses qui le dépasse et qui dépasse aussi le lecteur. On sent l'écrivain qui fantasme sur les destins des passagers des aéroports internationaux et qui se fiche un peu de donner une quelconque vraisemblance à son récit.
Au final, ce recueil nous offre deux nouvelles pleines de fantaisie et d'humour pour fondus de littérature latino-américaine qui se laissent facilement embarquer dans des univers décalés.
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« Bryndis Kiljan, correspondante de guerre au Ferhoer Bild de Reykjavik, ouvrit les yeux et comprit qu'elle avait forcé sur la bouteille en réalisant deux choses : premièrement, qu'elle n'était pas dans sa chambre, et deuxièmement qu'elle était toute nue. Elle fit un effort de mémoire mais son esprit brumeux refusa de réagir, et l'espace d'un instant un sentiment de culpabilité dévastateur se mêla à la migraine. Elle se retourna mais ne vit personne d'autre dans le lit, ce qui la soulagea un peu. Elle vit sa culotte au pied d'un petit canapé, et ses autres vêtements sur le tapis. Il y avait des odeurs de tabac et de vodka, et aussi de transpiration. Elle eut la nausée. Avec qui elle était ? Impossible de se le rappeler. Ses souvenirs n'allaient pas au-delà du dîner, quand elle était partie boire avec un groupe de journalistes qui venaient d'arriver à Bogotá. Sur la table, elle vit un paquet de préservatifs Durex entamé et, plutôt rassurée, elle se dit que même dans les plus terribles soûlographies elle conservait le sens des priorités.
Soudain, elle entendit un bruit dans la salle de bains : quelqu'un avait tiré la chasse d'eau et se lavait les mains. Elle pensa qu'elle découvrirait l'identité de son amant quand la porte s'ouvrirait, et elle n'en fut que plus intriguée. »

C'est à ce moment là que j'entre en scène. Je sortis des chiottes et la regarda de nouveau, totalement nue. Non, je n'avais pas rêvé cette aventure. Cette blonde islandaise aux gros nichons qui me faisait totalement fantasmée était bien dans mon lit hier soir… Ne soyez pas trop jaloux, correspondant de guerre à Bogotá n'est pas de tout repos et une fois cloitré dans notre confortable hôtel 5 étoiles, il faut bien s'occuper. Boire le matin, baiser le soir – loi journalistique oblige dans un pays en guerre. Cessons de parler de ma vie privée qui ne regarde que moi et mes potes qui me croyaient incapable de me lever une poulette blonde de cette classe. Je ne vous refais pas un cours d'histoire géopolitique, vous n'avez qu'à lire mes chroniques journalistiques. Bogotá est assiégée depuis des mois. le gouvernement a fui sur Carthagène, la guérilla contrôle le Sud de la ville et affronte l'armée et les milices paramilitaires. Les obus pleuvent sur la ville, et moi j'ai flairé le bon coup : un trafic d'armes. Je mets Bryndis sur l'affaire également. Elle a plus de répondant et d'atouts que moi…

[...] à suivre... car après cette blonde, c'est le défilé des hôtesses de l'air qui me sont promises dans une seconde nouvelle - Histoire tragique de l'homme qui tombait amoureux dans les aéroports.

Mais je résume : Quelle littérature, quelle truculence érotique, quel bonheur ! Merci monsieur Santiago Gamboa !

[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Je n'aurai qu'un mot à dire : sortez-nous de là ! Mais franchement qui peut avoir envie de se rendre et de rester à Bogotá, assiégé depuis des mois ? La guérilla est là, des horreurs, que je ne listerai pas, ont lieu quotidiennement, ne parlons pas non plus des bombardements. Nulle part, l'on est en sécurité, et certains se dépêchent de vivre plus fort, plus vite, de crainte de ne pas vivre plus longtemps.
C'est exactement ainsi que vit Bryndis, multipliant aventures et expériences, investie à fond dans son travail aussi. Olaf, journaliste maltais, fait presque pale figure face à lui, mais il est cependant tout aussi investi dans son travail.
C'est bref, rythmé, percutant, sanglant. L'on n'a pas le temps de s'ennuyer face à ce que vivent nos deux journalistes.
Un auteur que je suis ravie d'avoir découvert.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Deux nouvelles bien différentes. L'une sur deux reporters de guerres qui mènent une enquête lors du siège de Bogota. Une nouvelle sur la société et la façon dont elle s'adapte en temps de guerre mais aussi en arrière-plan une historiette d'attirance entre les deux reporter que tout oppose, l'homme timide et la femme exubérante et pouvant user de ses charmes pour soutirer des informations... Dans la seconde on se retrouve dans une histoire tout à fait ironique d'un homme qui se fait piéger par des hôtesses de l'air et devient leur gigolo... de quoi refroidir ceux qui fantasment sur les rencontres en avion !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Ce truc, je peux pas te le dire, mignonne, dit le lieutenant Cote, je te répète, hip, que cette affaire est top secret. […]

Bryndis luis saisit la main et la plongea sous son chemisier :

- Tiens, regarde, touche ! Mes nichons valent bien quelques infos. Juste les noms et les gardes, d’accord ?
- Tu déconnes, même si tu me baisais six mois de suite, ça ne vaudrait pas ce que je peux te dire. Même si je te mettrais dans tes meubles et que je te faisais un enfant, ça ne serait pas assez cher payé.

Bryndis en avait marre de marchander. Elle déboutonna son jean et le tira en avant. A l’intérieur brilla un élastique doré. Et un minuscule triangle de même couleur.

- Mate un peu et écoute-moi bien, andouille, c’est mon dernier prix, dit-elle. Si tu me dis ces noms, je te laisse mettre la main et faire tout ce que tu voudras jusqu’à ce que j’ai vidé ma bouteille. C’est à prendre ou à laisser.

Le lieutenant la regarda, baissa les yeux et essaya de se concentrer sur le ventre lisse de la journaliste.

- Ah, mon amour, tu ne me facilites pas les choses. Voyons, laisse-moi voir ce qu’il reste.

Bryndis brandit la bouteille. Il en restait un peu moins de la moitié.

- Sans blague, tout ce que je veux ?
- Je te l’ai déjà dit. Tu acceptes ?
- D’accord.

La journaliste sortit un carnet et un stylo-bille de la poche de son chemisier.

- Écris-les ici et signe, lui dit Bryndis. Si c’est un mensonge, demain je te dénonce au colonel de la brigade. Je lui dirai que tu m’as attirée ici et que tu m’as violée.
- Allons, ne dramatise pas, répliqua le lieutenant Cote. Donne-moi ce truc.

Il écrivit maladroitement sur le carnet. Bryndis relut, vérifia que c’était lisible et glissa le tout dans sa poche.

- Ok, dit Cote. Et maintenant place aux bonnes choses avec votre permission ?

Il glissa sa main dans l’entrejambe et Bryndis, écartant un peu les cuisses, se mit à boire au goulot. Pendant qu’il essayait de la pénétrer avec son doigt, elle déglutissait, gorgée après gorgée, sans reprendre son souffle, le liquide brûlant. En moins d’une minute, la bouteille était vide et Bryndis referma les jambes.

- Fini, lui dit-elle. Le contrat a été rempli.
- Mais mon amour, je n’ai même pas encore eu le temps de bander.
- La prochaine fois, tu n’as qu’à être plus vif.
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Bryndis Kiljan, correspondante de guerre au Ferhoer Bild de Reykjavik, ouvrit les yeux et comprit qu’elle avait forcé sur la bouteille en réalisant deux choses : premièrement, qu’elle n’était pas dans sa chambre, et deuxièmement qu’elle était toute nue. Elle fit un effort de mémoire mais son esprit brumeux refusa de réagir, et l’espace d’un instant un sentiment de culpabilité dévastateur se mêla à la migraine. Elle se retourna mais ne vit personne d’autre dans le lit, ce qui la soulagea un peu. Elle vit sa culotte au pied d’un petit canapé, et ses autres vêtements sur le tapis. Il y avait des odeurs de tabac et de vodka, et aussi de transpiration. Elle eut la nausée. Avec qui elle était ? Impossible de se le rappeler. Ses souvenirs n’allaient pas au-delà du dîner, quand elle était partie boire avec un groupe de journalistes qui venaient d’arriver à Bogotá. Sur la table, elle vit un paquet de préservatifs Durex entamé et, plutôt rassurée, elle se dit que même dans les plus terribles soûlographies elle conservait le sens des priorités.
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Et je la vis sortir – Louise, je veux dire -, sa jupe à la main et le chemisier ouvert. Une culotte violette se perdait dans les plis de chair noire et abondante.
- Viens, me dit-elle, nous allons voler ensemble vers le Gabon, sans escale et sans sortir de cette pièce.
Sans me laisser le temps de répondre, elle m’a poussé sur le lit, m’a déshabillé et brusquement une partie de moi a disparu entre ses lèvres. Ensuite elle s’est assise sur mes hanches en basculant vers l’avant une chevelure noire qui m’aveugla en me plongeant dans une quasi-obscurité et elle a entamé une litanie entrecoupée de cris en français et en diverses langues que moi, photographe international, je ne pouvais pas comprendre mais qui me paraissaient superbes, chargés de senteurs inconnues, de santal et d’aloès…
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Le caporal Estupiñán resta seul et alluma une cigarette. Sur ces entrefaites, il vit s’approcher, entre les barricades d’automobiles renversées et de tôles, un groupe de jeunes filles très maquillées, en minijupes très audacieuses. Elles se dirigeaient vers l’hôtel. Quand elles passèrent devant lui, Estupiñán ne put retenir un mouvement d’exaspération. C’étaient des ex-étudiantes qui racolaient des clients chez les journalistes et les militaires des Nations Unies. “C’est le pire de la guerre, se dit Estupiñán, la nécessité les oblige à baisser leur culotte pour pas grand-chose ; trente ou quarante dollars au maximum.” Presque tous les correspondants permanents se payaient des filles, et les interprètes arrondissaient leurs fins de mois en se glissant dans le lit des chefs. C’était ça, la guerre.
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- Ce qui me plait chez Lowry, me dit Cindy, c’est qu’il est inclus dans une tradition tragique qui me semble très anglo-saxonne, celle de l’alcool et de l’autodestruction. Le fait de voyager est aussi très anglais.
- Je n’y avais pas pensé.
- Évidemment. Personne n’irait imaginer qu’André Gide ou Sartre étaient alcooliques. C’est très anglo-saxon. Regarde : de tous les prix Nobel de littérature aux États-Unis, la seule à ne pas être alcoolique, c’est Toni Morrison…
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Videos de Santiago Gamboa (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Santiago Gamboa
29 mai 2019 Interviews de romanciers, d'éditeurs et de professeurs de creative writing traduite en français : http://www.artisansdelafiction.com/bl... L'auteur de romans noirs colombien Santiago Gomboa détaille sa manière de construire des romans noirs.
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