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Critique de Bartleby


http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/search/label/Gamboa

Extrait :

Paris, écrivait Hemingway dans Paris est une fête, est « la ville la mieux faite pour permettre à un écrivain d'écrire. » Nombreux sont les écrivains étrangers venus s'y former, venus y apprendre leur métier. On peut penser à Ernest Hemingway (Paris est une fête), à Jean Rhys (Rive gauche), à Henry Miller (Tropique du cancer, Printemps noir), à George Orwell (Dans la dèche à Paris et à Londres) et plus récemment à Enrique Vila-Matas (Paris ne finit jamais).
Ce Paris des écrivains exilés semble cependant n'être plus qu'un Paris de cartes postales en noir et blanc, c'est le Paris de Brassaï, de Willy Ronis et Robert Doisneau car depuis les années 70, Paris s'est embourgeoisé au point de ne plus guère attirer les artistes désargentés.
En septembre dernier pourtant sortait en librairie dans une certaine indifférence la traduction du dernier livre du Colombien Santiago Gamboa intitulé le syndrome d'Ulysse. Gamboa y relate de manière romancée ses années de formation parisienne dans les années 90.


Le jeune Esteban a quitté Bogotá pour Madrid et Madrid pour Paris afin d'y apprendre son métier d'écrivain. Victoria, sa fiancée, a rompu, elle est restée à Madrid et c'est seul, terriblement seul, qu'Esteban débarque à Paris avec une petite valise et un manuscrit, officiellement pour y finir un doctorat sur José Lezama Lima :

« A l'époque, la vie ne me souriait pas vraiment. Elle me faisait même la grimace, presque un rictus. C'était au début des années 90. Je vivais à Paris, la ville des voluptés peuplées de gens prospères, ce qui n'était pas mon cas. Loin de là. Ceux qui étaient entrés par la porte de service, en enjambant les poubelles, avaient une vie pire que les insectes et les rats. »

Le Paris que va nous faire découvrir Esteban n'a plus rien à voir avec celui des images d'Epinal. Paris a changé, les librairies du Quartier Latin ont cédé leur place aux grandes enseignes de la mode et le Montparnasse bohème n'est qu'un vague souvenir sépia. Si le Flore, la Closerie des Lilas ou le Dôme existent toujours, ils sont devenus des lieux aussi touristiques que snobs où se croisent des Américains, des people ou des candides pensant qu'ils deviendront écrivains parce qu'ils se sont assis avec un livre et un petit carnet là où leurs idoles ne viendraient plus s'asseoir.
Ce n'est pas dans ce Paris surfait qu'Esteban va nous promener. le Paris solidaire et misérable, humain et cruel, le Paris qui vit est ailleurs ; il est à Belleville et dans d'autres ilots encore accessibles à ceux qui n'ont pas le sou et il est aussi en banlieue, à Gentilly ou au Blanc-Mesnil. Les Parisiens qu'il rencontre ne sont pas les Bobos qui polluent les quartiers populaires, qui transforment Oberkampf en annexe hétéro du Marais ; ce sont pour la plupart des immigrés, des étudiants désargentés, des ouvriers qui travaillent dans le bâtiment ou dans les égouts.
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