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EAN : 9782864247302
416 pages
Editions Métailié (09/09/2010)
3.72/5   38 notes
Résumé :

Au sortir d’une longue maladie, un écrivain est invité à un congrès de biographes à Jérusalem, métaphore d’une ville assiégée par la guerre et sur le point de succomber.

Comme dans un moderne Decameron, les vies extraordinaires des participants laissent perplexe le héros de ce tour de force littéraire et stylistique. Parmi les participants de ce congrès, on croise le libraire bibliophile Edgar Miret Supervielle, l’actrice italienne de cinéma ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Un écrivain hispanique se remet d'une longue maladie, et une invitation inattendue va lui permettre de renouer avec sa vie d'avant.
Le CIBM, Congrès International des Biographes et de la Mémoire, souhaite le recevoir au King David de Jérusalem pour une table ronde, tout frais payé. L'écrivain n'a jamais écrit de biographie mais qu'importe. Il accepte l'invitation, où seront présents des intervenants aussi différents qu'un antiquaire, un bibliophile, une star du X, des historiens, et surtout un ancien détenu ex-pasteur évangéliste…
Mais voilà, après un passage mouvementé par l'aéroport (mention spéciale pour la scène au guichet de l'immigration: « Vous avez déjà goûté le kibbé, le taboulé, l'houmous? Dans quel contexte avez-vous goûté le kibbé, le taboulé, l'houmous? Avez-vous déjà eu des relations sexuelles avec des hommes et des femmes arabes une fois dans votre vie? « etc), l'écrivain arrive à Jérusalem, sous les bombes, et l'ex-pasteur évangéliste est retrouvé mort dans la chambre d'hôtel; ce qui ne trouble pas la table ronde, malgré la guerre qui se déchaîne au dehors, à croire que Gamboa aime plonger ses personnages dans des villes en plein chaos comme dans le Siège de Bogota.

Santiago Gamboa revisite le Decaméron de Giovanni Boccace. Ce n'est pas la peste qui frappe au dehors, mais la guerre, et chaque jour des personnages narrent leur histoire, aussi invraisemblable soit-elle. Gamboa est un grand écrivain, la structure du roman, la multiplicité des points de vue lui permettent de montrer toutes les facettes de son talent, son style, sa culture, son amour des mots, souvent très crus, et il nous cueille avec une fin inattendue. Sûrement le meilleur Gamboa, merveilleusement traduit qui plus est.
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A peine remis d'une longue maladie qui l'a tenu à l'écart des vicissitudes du monde, un écrivain colombien vivant à Rome se voit convié à un congrès de biographes à Jérusalem. Lui-même n'a jamais écrit de biographie, mais, curieux, il accepte l'invitation. Arrivé à Jérusalem, il découvre une ville en état de siège, sombrant peu à peu dans le chaos au fil des bombes qui explosent. Dans cette ambiance de pré-apocalypse, le congrès est maintenu vaille que vaille, et les interventions des participants ne manquent pas de piquant. Les deux vedettes en sont incontestablement José Maturana, ancien drogué et taulard devenu pasteur évangélique à Miami avant de laisser tomber le prêche, et Sabina Vedovelli, star italienne du porno. Mais d'autres personnages, un tantinet moins flamboyants, livrent eux aussi leurs exposés plus ou moins fantasques à l'assemblée. Comme s'il ne suffisait pas qu'il soit chahuté par les explosions et les coupures de courant qui s'ensuivent, le congrès est également bouleversé par le décès de José Maturana, retrouvé mort dans sa chambre. Suicide ou autre chose, le doute est permis, et notre écrivain non biographe tente d'en apprendre davantage sur ce personnage hors du commun.
Hors du commun, ce roman l'est aussi. Ne vous attendez pas à une lecture de tout repos, lisse et linéaire et propre sur elle. Non, il faut accepter d'être mené par le bout des yeux sans tout comprendre au début, d'être bousculé tant par les descriptions parfois très trash et sordides que par le style parfois graveleux et choquant, tantôt classique, tantôt lyrique et proche du flux de conscience. La construction est déroutante, dès lors que les récits des différents intervenants s'enchaînent sans lien entre eux (en dehors d'un effet comique à force d'être récurrent, puisque dans chaque histoire il y a toujours quelqu'un pour commander un sandwich au poulet avec un Coca, ou pour se prénommer Ebenezer), mais la boucle se boucle dans un final inattendu.
Avec ces confessions d'avant la fin du monde, Nécropolis 1209 montre toute l'étendue du talent et de la science de Santiago Gamboa. C'est cru et c'est morbide, mais c'est foutrement culotté et bien écrit (mention spéciale au traducteur). Un tour de force grandiose et magistral.
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Ce que j'ai ressenti:…Si tu découvrais le mystère 1209…

Si je te faisais un brouillon de « Paroles écrites dans le creux du silence« , comme cet écrivain biographe, assurément que je vous parlerai de la poésie moderne et de la plume renversante de Santiago Gamboa. Je vous dirai qu'il y a tellement d'intensité dans ses écrits que tu as le coeur déchiré quand il te raconte toute la peine du monde, que tu ressens même le cri silencieux de toutes ses âmes en perdition, qu'il te reste gravé dans ton esprit, un tatouage d'émotions violentes tout en circonvolutions lyriques.

"Mais de quel ciel est tombé cet ange?"

Si je te faisais une brève esquisse de ses personnages, je te peindrais des êtres déchus qui ont voulu s'envoler mais reviennent avec des ailes brûlées dans les affres de la drogue, des anges aux regards flous, pétris de décadence humaine qui ne se révèlent que dans la douleur. Chaque intervenant, plus meurtri dans sa chair et son esprit, par les aléas d'une vie dissolue sans lumière, mais qui possède une fureur de vivre bouleversante. Entre le mystère du suicide ou le meurtre honteux, Santiago Gamboa nous met au défi se confronter à l'importance d'une vie, aussi insignifiante soit-elle, et pourtant fondamentalement précieuse…

« le hasard, le hasard est l'encrier dans lequel Dieu trempe sa plume pour tracer les destins. »

Si je te faisais écouter le doux son d'une conférence littéraire, tu entendrais malgré tout, le contexte de guerre et le chaos qui se déroule derrière les vitres. Même en entendant la poésie du thème de congrès « L'âme des mots« , tu entendrais la mort qui se joue dans les ruelles de Jérusalem. de l'importance de s'accrocher à la littérature internationale, au pouvoir du Verbe pour contrer les affrontements de violence extrême dans cette ville ancestrale assiégée…Santiago Gamboa est un amoureux de la littérature, et cela se sent, il peut te conter les merveilles du monde, comme te dépeindre l'obscurité fiévreuse, sans un tabou: il est tout simplement un auteur exceptionnel avec un talent immense.

"L'idée de mourir d'amour ne peut être comprise que lorsqu'on est sur le point de mourir d'amour."

Santiago Gamboa, avec Nécropolis 1209, nous dévoile une fresque tourmentée, un roman noir puissant, un kaléidoscope de vies fracturées. Il a le génie de barbouiller de sang et de larmes amères chacune de ses histoires, mais de leur insuffler aussi, toute une lumière poétique intemporelle. Inconditionnellement, je suis fan de cet auteur, il me ravage le coeur à chaque lecture, il m'emporte dans des tourbillons d'abîmes bouillonnantes, mais me ramène toujours au port de la beauté, grâce à l'énergie bienfaitrice de sa prose stylistique.

Indispensable, Incontournable, Magnifique…C'est le genre de Coup de Coeur, comme il en arrive si peu souvent, une révélation qui se vérifie, un auteur qui entre direct dans mon Top Personnel ! Tout simplement, je l'adore…


Ma note Plaisir de Lecture 10/10

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Un jeune écrivain colombien vivant à Rome est invité à participer à un congrès se tenant à Jérusalem. Pourquoi pas ? Il s'y rend, même s'il ne sait pas trop pourquoi. Il se lie rapidement avec deux ou trois séminaristes qui composent cette assemblée très hétéroclite. Toutefois, la plupart ont eu des parcours très particulier, comme cet ex-criminel converti à la prêtrise ou cette star du cinéma pornographique. L'idée de départ est très originale et j'ai accroché tout de suite, magré la lenteur avec laquelle le roman a commencé. Mais les choses ont mal tourné pour moi. Necropolis est surement remplis de bonnes qualités (en fait, en j'en suis convaincu) mais je n'ai pas été capable de les trouver. Rapidement, je me suis ennuyé. Je tournais les pages trop vite, ne me rappelais pas de ce qui s'y trouvait mais, contrairement à mon habitude, je ne relisais pas et continuais à ne lire qu'en diagonal. Au final, je n'ai pas vraiment suivi ni compris plusieurs intrigues secondaires de l'histoire. Je voyais les liens entre elles mais je ne m'y suis jamais intéressé. Et même l'érudition de l'auteur Santiago Gamboa (les nombreuses et excellentes références à la culture littéraire mondiale) n'a su capter mon attention. Dommage. Toutefois, cette mauvaise expérience ne m'empêchera pas de lire d'autres romans de cet auteur.
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A la lecture de Nécropolis 1209, deux évidences s'imposent : 1. Santiago Gamboa, excusez l'expression, est un putain d'écrivain. 2. Il est complètement, furieusement et délicieusement dingue.
C'est une sorte de labyrinthe, son roman, mais on s'y repère sans problèmes. Un millefeuilles où les histoires s'empilent, se répondent, ou pas, ça dépend, et où les personnages ne manquent pas de commander, les uns après les autres, un sandwich au poulet et un Coca light (gag récurrent).
L'atmosphère générale est celle d'une fin du monde, dans une Jérusalem en pleine guerre, alors qu'un congrès d'écrivains permet à toutes sortes de personnalités, de nationalités diverses, de se rencontrer. On trouve dans Nécropolis 1209 une histoire centrale racontée par un écrivain qui, après un suicide, se fait enquêteur et plusieurs récits, qui témoignent, chacun à leur manière, du talent et de la large palette de Gamboa.
Le style est parfois classique et précis, parfois lyrique et lesté de trouvailles argotiques dignes d'un San Antonio (chapeau en passant au traducteur), parfois carrément pornographique et stupéfiant (dans toutes les acceptions du terme). Gamboa n'a pas peur d'appeler une chatte, une chatte, et d'enfoncer ses héros dans les situations les plus sordides, avec force descriptions crapoteuses. La ligne jaune, il ne connait pas et la franchit allègrement. Mieux vaut avoir l'estomac bien accroché pour lire les confessions épicées de Sabina, la diva du X, dont la vie est un roman en rose et noir.
Chaque chapitre du livre de Gamboa est un roman à lui seul, mais, étonnamment, le lien entre eux se fait naturellement et l'écrivain, tel un chat malicieux, retombe sur ses pieds. Trop fort ! Nécropolis 1209 ne s'adresse pas aux amateurs de jolie littérature, bon style, bon genre. En revanche, ceux qui cherchent le chaînon manquant entre Charles Bukowski et Jorge Amado peuvent tenter l'expérience. C'est cru, c'est mortifère, c'est à lire cul sec et puis c'est assez génial, à vrai dire.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
C'était sans importance, je voulais juste savoir quel style de vêtements j'allais devoir porter au congrès: décontracté? Elégant? Tenue de soirée? Détail secondaire mais qui est toujours source de complications. J'ai toujours envié certains collègues comme Paco Ignacio Taïbo II, le grand écrivain mexicain, qui parle au Pen Club de Londres en tee-shirt et jean râpé, et avertit en outre que si on ne le laisse pas fumer, il ne vient pas (...).
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Et maintenant, tu vas t’y remettre ? demanda-t-elle. Je vais peut-être essayer un nouveau genre, pourquoi pas la biographie. Ce congrès pourrait être un tournant.
Pourquoi recommencerais-tu à écrire ?
Il y a des choses qu’on fait sans raison, ou pour des motifs les plus banals, répondis-je : aller se promener sur une avenue à l »heure des embouteillages et observer les gens dans les voitures. Se présenter en milieu d’après-midi au guichet d’un cinéma ou flâner dans une librairie et finir à une terrasse de café à observer ceux qui reviennent sur leurs pas, et se répéter : pourquoi je fais tout ça ? Pourquoi aujourd’hui j’ai marché jusqu’à une librairie, ou un cinéma, et arrivé à la porte j’ai décidé de ne pas entrer ? On fait parfois des choses qui n’ont pas de sens, ou en qui prennent un avec le temps, peut-être avec le désir souterrain et muet de changer de vie au dernier instant, quand tout paraît décidé, comme ces joueurs de roulette qui, une seconde avant l’arrêt des paris, déplacent nerveusement une pile de jetons d’un numéro vers un autre puis s’en mordent les doigts. On cherche quelque chose d’intense, ou à être autre, oui, être autre, la voilà ta réponse : j’écris pour être autre.
Marta sourit : tu vois, on progresse, je t’ai dit que c’était à cette heure que naissent les bons reportages, l’idée que l’alcool et le travail sont incompatibles, c’est bon pour les dentistes et les coupeurs de prépuces, mais pas pour nous qui travaillons avec la parole. À condition que l’on puisse conserver une certaine verticalité, ou nous tenir de l’autre main.
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J’étais très étonné et, à vrai dire, flatté, euphorique. Une foule de questions se pressaient dans ma tête : qui leur avait donné mon nom ? De quel genre de congrès s’agissait-il ? Qu’avais-je à voir avec le monde des biographes ? J’avais publié des romans, quelques nouvelles, un récit de voyage et des milliers d’articles de presse, mais rien de tout cela, que je sache, ne pouvait être assimilé au genre biographique. Pourquoi donc avaient-ils pensé à moi ? Comment avaient-ils trouvé mon adresse ? La tombée de la nuit me surprit avec les mêmes interrogations qui allaient et venaient sans trouver de réponse.
Je dois dire que je traversais une période de grand ralentissement. Les aiguilles de ma montre tournaient sans discontinuer mais cela ne signifiait absolument rien pour moi. Je passais des heures les yeux rivés sur une photo dans le journal ou la couverture d’un livre sans me résoudre à l’ouvrir, absorbé que j’étais par le vide et mes propres sons internes, les battements de ce « cœur révélateur » dont parle Poe, ou encore le flux sanguin et la tension de certains muscles. Je venais de sortir d’une longue maladie qui m’avait écarté de la vie que je menais jusque-là, celle d’un écrivain actif et plus ou moins présent dans le petit monde des lettres. Que s’était-il passé ? Mes poumons s’étaient peuplés d’un virus malin, ke hanta, qui emplissait de liquide les alvéoles pleurales et liquéfiait les capillaires en créant des mares d’infection brutale, infestées de globules blancs. La fièvre fit de moi un hôte à plein temps de l’hôpital jusqu’à ce que quelqu’un décide de me faire transférer dans un centre médical de montagne, un sanatorium pour maladies respiratoires et de la plèvre, où je suis resté un peu plus de deux ans, loin de tout ce qu’était ma vie, laquelle se révéla au bout du compte n’être celle de personne car elle disparut dès que je me fus éloigné de la haute montagne (comme Hans Castorp).
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La lettre d’invitation à cet étrange congrès – Congrès International des Biographes et de la Mémoire (CIBM) – était arrivée parmi un monceau d’enveloppes sans importance, aussi l’avais-je laissée traîner plus d’une semaine sur mon bureau, sans l’ouvrir, jusqu’au jour où la femme de ménage, qui se fait parfois un devoir de ranger mes affaires, me demanda : et cette lettre? Au panier?
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À Charleston, Walter et Jessica ont employé la même tactique qu’à Miami, consistant à rendre visite aux pavillons des malades incurables de l’Ancient Ghedare Hall et du Memorial. En même temps ils ont entrepris la construction d’une réplique de la chapelle du Dieu Naissant et de la Miséricorde, selon les mêmes plans que celle de Miami mais plus grande, car Walter avait acquis une réelle assurance oratoire et les finances du Ministère augmentaient grâce aux inscrits, certes volontaires mais qui apportaient des kilos de liasses vertes, et même plus, je suis sérieux, les riches se lavent la conscience comme d’autres se lavent ce que vous savez, oui, trois lettres, vous me suivez, mes potos ? Et c’est encore mieux si leur galette aide des gens dangereux, qu’elle contribue à apaiser la tension sociale, cette électricité dans l’air des rues qui complique tellement la vie du riche et l’oblige à avoir des gardes du corps pour continuer à être riche, riche au milieu de la merde, la façon la plus ignoble d’être riche ; riche au milieu des plaies et du pus des villes les plus tristes et les plus désespérées. (« Le Ministère de la Miséricorde », récit de José Maturana)
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Videos de Santiago Gamboa (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Santiago Gamboa
29 mai 2019 Interviews de romanciers, d'éditeurs et de professeurs de creative writing traduite en français : http://www.artisansdelafiction.com/bl... L'auteur de romans noirs colombien Santiago Gomboa détaille sa manière de construire des romans noirs.
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