AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Adolina


« La Chambre » de Christian Ganachaud est un roman très court, mais incroyablement intense, et il m'a semblé prendre une vraie gifle en parvenant à la fin. Il se lit, certes, très vite, mais le lecteur peine à chaque page, les tourne doucement et avance lentement : il prends le temps de digérer chaque mot, d'encaisser chaque phrase.

Le temps de lire ces quelques pages, le lecteur se trouve démuni et impuissant face à l'agonie d'un père et de son fils. Il assiste à leur ultime lutte pour la vie, car ils sont enfermés dans une chambre à gaz, entourés de nombreux autres « corps » inconnus et envahissants. Tous ensemble, ils attendent la mort, la seule issue envisageable, inéluctable. L'atmosphère oppressante est en partie liée à cette proximité et à cette intimité que partagent tous ces inconnus. Dans ce lieu, aucune gêne, aucune honte, aucune pudeur, l'individualité et l'intégrité disparaissent et laissent la place à une masse de corps transpirants qui se touchent, se heurtent et se mélangent avec indécence, car cela leur est imposé. Mourir sans dignité, voilà ce qui les attend tous, et ils en ont une conscience aiguë. Comment des êtres humains ont-ils pu infliger de telles violences à leurs semblables… ?

Le narrateur est un père, il s'adresse à Maliochka, son enfant qu'il tient serré contre lui, tentant de le protéger jusqu'au moment ultime de la mort. L'instant est bref, mais déchirant, et l'agonie est terriblement lente, décrite avec une précision glaçante.

L'écriture de l'auteur est étonnamment musicale, et émet un air répétitif, lancinant, obsédant, une rythmique vraiment dérangeante. Ce style chantant est en décalage complet avec le sujet grave qu'il évoque, et amplifie l'aspect déroutant et perturbant de ce roman. L'expérience est immersive et c'est avec effroi que nous avons l'impression d'y être, de vivre ces derniers instants, non pas avec des proches, mais seul avec de parfaits inconnus. C'est pourquoi ce père s'accroche frénétiquement à son enfant, pour qu'il soit accompagné jusqu'au bout, et ce dernier acte d'amour d'un père est bouleversant.

Vous pourriez me rétorquer, « encore un livre sur l'holocauste ? ». Et bien non ! C'est un roman sur la cruauté, sur les comportements indignes que peuvent avoir certains être humains, sur les souffrances qu'ils engendrent. C'est à la fois une mise en garde et une piqûre de rappel. C'est à lire, même si ça fait mal.

Je me rends compte que j'ai mis du coeur à écrire cette chronique, mais il m'est impossible de rester froide et indifférente face à une lecture si éprouvante.
Lien : http://www.livressedesmots.c..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}