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EAN : 9781090662002
La Clef d'Argent (29/02/2012)
4.17/5   12 notes
Résumé :
« Aux portes de fer, corrodées par la rouille, des sépulcres anciens, mon regard s'insinua à l'intérieur et je restai morne devant la poussière, les vases brisés, les couronnes déchiquetées, les déprédations du temps vengeur. Sur les dalles funéraires, aux socles des croix, aux pourtours des cippes, aux frontons des chapelles, je murmurai les noms éteints que la pierre, seule, offrait aux passants. Jusqu'au soir je vaguai ainsi dans les champs de repos, tout im... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La mort nous fascine autant qu'elle nous terrifie. Pas étonnant que la littérature l'ait souvent étudiée. Ce recueil de nouvelles traitant de l'Éternelle triomphante selon l'expression d'Édouard Ganche, a cette particularité d'aborder la mort sous un angle original : à l'hôpital, à l'amphithéâtre, à la morgue ou au cimetière, la mort est ici présentée comme objet d'étude à part entière. Mais ne nous y trompons pas. Il est bel et bien question ici de la mort dans toute sa laideur et sa réalité. La mort dégoûte. La mort dérange. Elle est pourtant le destin inéluctable de tout être humain. Tel un cri de rage contre cette fatalité, ce livre est un moyen pour Édouard Ganche d'exorciser ses peurs et de son sentiment d'injustice : « Pourquoi être toujours menacé par la souffrance, pourquoi mourir et surtout pourquoi donc naître ?... rage et malédiction de notre impuissance et de notre servitude !... Qui de la Vie ou de la Mort aurais-je blasphémé ?... Je l'ignorais même, l'une étant la raison de l'autre, par le stupide aveuglement des hommes. » p.103. l'Agonie.

« La hideur de notre corruption, la preuve tangible de notre anéantissement, l'impression dégagée de ce cadavre amenaient simultanément en mon âme de la répulsion, de la douleur et de la tristesse pour notre destinée. » p.26. (Une autopsie à la morgue). Voilà l'une des raisons qui pourrait expliquer la naissance de ce livre. Très tôt exposé au macabre spectacle de la mort, Édouard Ganche s'intéresse dès son plus jeune âge à l'anatomie et à la médecine. C'est au décès de son père que lui vient l'envie d'écrire ce livre. Médecin de son premier métier tout comme son père, Édouard Ganche, porte un regard autant professionnel que passionné sur la mort. Il la craint (Et celle qui, partout accompagne la Mort, en vassale lige, la Peur, résidait là dans son royaume. Elle détraquait les cerveaux des vivants, et pour eux savait animer les faces des morts, les agiter dans leur suaire, les mettre debout, ondoyer les tentures et dans l'écartement de leurs draperies montrer des mains cadavériques et des têtes d'épouvantements. Elle aggripait aux épaules les hommes survenus et inaguerris à cette ambiance. Elle leur soufflait dans la nuque ses frissonnantes terreurs, gelait leurs moelles, les secouaient comme un arbrisseau dans la tempête et leur donnait l'insignifiance d'un fétu. p.82. L'opérée) mais ses descriptions révèlent une rigueur scientifique et un esprit matérialiste. Pour Ganche, la mort n'est pas une question de religion : profondémment athée, il était persuadé qu'"Afin de rendre supportable la perspective de la Mort, nombre d'hommes appellent à leur secours les spéculations de la philosophie et de la religion. Ils s'emplissent de conceptions imaginaires, rêvent de métempsychoses ou de résurrections, émettent des interférences fictives, se bercent dans l'hypothétique espoir d'un au delà, se consolent des tristesses de la misérabiblité de ce monde, de la nécessité de mourir, par l'expectative de revivre en des lieux de félicités. p.190. Les cimetières.

Les descriptions sont si réalistes que pour échapper au simple répertoriage des différentes manifestations de notre anéantissement, il était peut-être plus facile pour l'auteur de les mettre en mots sous formes de nouvelles. le style empreinte évidemment au roman d'horreur et à la littérature fantastique (comme par exemple La cave aux cercueils) qui évoquent certainement les textes d'Edgar Poe, de Baudelaire ou Maurice Rollinat mais avec cette chose en plus qu'elles sont largement inspirées d'expériences réelles et d'hallucinations provoquées par la peur et l'angoisse d'une fin atroce. Obsédé par l'idée de s'éteindre un jour, Ganche trouve que "C'est une étrange faiblesse de l'esprit humain que jamais la mort ne lui soit présente, quoiqu'elle se mette en vue de tous les côtés et en mille formes diverses." p.185. Bossuet, Sermon sur la mort. Épigraphe de Les cimetières. Par ce livre, il souhaite quelque part lever le terrible tabou lié à la mort en montrant la décomposition et la pourriture de nos corps et de nos chairs dans ce qu'ils ont de plus réalistes. Car après tout : « L'individu mort, sa mémoire seule mérite d'être glorifiée et la véritable religion du souvenir est en soi, dans l'intimité des songes, dans la possession de l'image du disparu et d'objets ou d'oeuvres qui étaient siens, et non dans une parade de la douleur, dans l'ornement d'un charnier et l'apport de fleurs sur une charogne. » p.191. Les cimetières. Personnellement, les textes qui m'ont le plus marqué sont Une autopsie à la morgue, L'opérée, La cave aux cercueils et Les cimetières.

Publié pour la première fois en 1909 puis retiré de la distribution seulement quelques mois après sa sortie, cette version définitive du recueil voit le jour grâce à La Clef d'Argent (2012). Obéissant scrupuleusement aux volontés d'Édouard Ganche pour la publication de ce livre (retrait et ajout de parties de textes, corrections, ordre de classement des nouvelles...), l'éditeur en exhumant ces textes oubliés, régale ses lecteurs. le travail passionné de recherche et de documentation de Philippe Gindre et de Philippe Gontier rend un superbe hommage à ces nouvelles du biographe de Chopin : les éléments de contextualisation et les documents proposés en fin d'ouvrage (biographie, étude, revues de presse de l'époque, présentation des dédicataires, informations au sujet du Transi de René de Châlons, sculpture dont la photo est utilisée en première de couverture) apportent en effet beaucoup de profondeur au Livre de la mort. Et l'on en apprécie que mieux toute sa teneur. Voici donc un ouvrage excellent que je recommande horriblement à la fois pour ses terrifiantes histoires et pour le formidable travail de l'éditeur.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Âmes sensibles s'abstenir, pour les autres foncez. Un livre qui traite le thème de la mort, de la maladie, l'agonie de manière très chirurgicale. L'auteur nous présente une autopsie mais aussi la syphilis, de manière claire, concise ce qui est tout à fait terrible bien sur. Et pourtant c'est peut-être avec ces nouvelles les plus romancées, les plus imaginatives que les horreurs, les monstruosité de la mort, du corps décati que l'on ai le plus touché, le plus marqué. Un livre qui nous rappelle qu'au bout du chemin nous ne seront qu'un amas de chair sale, odorante et ce ne sera plus que dans les souvenirs que nous vivrons. Cette image de la personne visitant une tombe qui s'imaginerait clairement l'état du mort sous ses pieds m'a marqué. Mais ce livre c'est aussi un grand appareil critique sur Ganche. Il y a en effet de très longs articles très intéressants qui nous expliquent sa vie, ce livre, l'esprit de l'époque. Mais aussi les différentes modifications apportées par Ganche à son texte et la démarche de l'éditeur pour recréer ce livre. Tout est remis en contexte et cela donne d'autant plus de valeur au texte. J'avoue avoir commencé par l'explication de la couverture car c'est quelque chose que j'aime beaucoup chez cet éditeur quand ils nous explique leur démarche, leur choix.
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J'ai été assez gêné par les affèteries et attachements de l'auteur à une certaine mode de son temps, que je caractériserais par l'emploi excessif de termes comme "morbidesse", "anthropoïde", "soporeux" et autres "hypnagogiques", glanés au hasard et sans chercher bien loin entre les 190 pages qu'occupent les textes d'Edouard Ganche. Ce genre de marqueurs qui fait dire d'un texte qu'il est daté, ou qu'il a mal vieilli. On se doit de signaler en revanche le travail éditorial et l'appareil critique de près de 80 pages produit par la Clef d'Argent à la fin du recueil. Et surtout, "Le livre de la mort", malgré les défauts que j'ai pu lui trouver, reste une lecture saisissante et certainement salutaire, quel que soit notre chemin de lecteur, tant il est vrai que chacun de nos chemins aura la même conclusion.
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Je suis un inconditionnel des aventures du Bourbon Kid, et j'ai chaque fois pris un pied d'enfer à lire les derniers rebondissements made in Anonyme, et c'est peu de le dire. Il n'empêche, cette fois, le plaisir a été moins fulgurant. Oui, je me suis éclaté à la lecture de ce dernier opus, néanmoins il y avait là comme un goût de déjà-vu cette fois, pas de réels rebondissement inattendus, rien de réellement transcendant en fait.
Alors oui, ca meurt dans tous les coins, et on retrouve un vrai Bourbon Kid à l'âme noire, mais tout de même, on sent la fin d'un cycle.
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Whaou, quel bijou encore ce tome !!!
Je suis complètement fan de JD, Sanchez et Dante. Les personnages sont encore fidèles à eux-mêmes dans ce tome complètement déjanté et c'est ce qu'on aime. A dévorer !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Au temps où je fréquentais cet homme, les étudiants parlaient peu de la syphilis et c'était, avec l'insouciance de leur âge, pour en rire et sans se représenter ses terribles conséquences. Il était de surcroît, inconvenant de faire allusion à la vérole, la morale et la religion prescrivaient d'en maintenir l'ignorance, elles mettaient des innocents sans défense et les précipitaient dans le plus sale antre de la maladie et de l'empoisonnement constitutionnel avec ses productions d'infirmités pendant trois générations. L'hypocrisie, la sottise, l'ânerie, la prohibition du sujet, qualifié de honteux, aidaient la pire des infections, celle qui "pénètre l'économie, s'y infiltre, la sature", comme le proclamait Ricord.

"Le syphilitique"
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Ô Mort..., divinité des ténèbres..., des deuils, des afflictions...; invincible et obstinée ennemie de la Vie...; bourreau des êtres, force mortifère de la Nature..., inévitable but des existences..., triomphatrice éternelle...
Ô Mort Omnipotente, aie pitié de nous !

Nous te respectons..., incontestée puissance de toutes les puissances..., nous sommes toute humilité devant toi..., car tu es probatoire de la vanité de nos œuvres et notre misérable infirmité...
Ô Mort Respectée, aie pitié de nous !
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Le cadavre d’un ennemi sent toujours bon. p.190. Apophtegme de Vitellius. Les cimetières.
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"Mieux vaut être suivi à la trace par des incendies que par des mouches" Sanchez
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"Je ne loupe jamais" le Bourbon Kid
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