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Tudor Ganea (Autre)Florica Courriol (Traducteur)
EAN : 9782371000940
160 pages
Le nouvel Attila (09/10/2020)
2.5/5   5 notes
Résumé :
Le corps d'un vagabond, Litsoï, est retrouvé sur la terrasse d'une casemate. Un de ces vestiges de la Deuxième Guerre mondiale construits par les nazis au bord de la mer Noire. Dix ans plus tard, trois hommes disparaissent en explorant ce bâtiment. L'enquête mène sur la voie d'un bordel flottant, d'un village lipovène perdu dans les bras du Danube, et d'une malédiction qui rend les hommes impuissants...
La Femme qui a mangé les lèvres de mon père est un peu l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Comment parle-t-on d'un livre qu'on abandonne à la page 42 sur 158 ?

Difficilement, mais utilement (?!) pour dire que je souhaite de tout coeur que ce roman, dont d'autres ont parlé avec enthousiasme certain, trouve quand même son public.

Premier roman du jeune architecte Tudor Ganea publié en Roumanie en 2016, où il rencontra un gros succès public, « Cazemata » (La casemate) est sorti en France sous le titre (plus poétique ?) La femme qui a mangé les lèvres de mon père.

Moi, je ne conseillerais pas ce livre à mes amis pour découvrir la littérature roumaine, même s'il s'agit, pour une fois, d'un roman court.

Je signale cependant à mon tour le soin apporté par l'éditeur à la composition du texte, chaque partie commençant en effet et notamment par une phrase en lettres capitales ondulant comme une vague.

La couverture est très originale.
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Un village roumain, à proximité du Delta du Danube. Un homme de celui-ci, un marginal, Litsoï, est retrouvé mort un beau matin dans une casemate. Dix ans plus tard, alors que des ouvriers travaillent sur un chantier, ils disparaissent durant leur exploration de cette même casemate. La police commence à enquêter et pour cela, envoie un de ses inspecteurs, Radu Amadescu, particulièrement doué pour les filatures et les enquêtes au long cours... Mais l'enquête ne prendra pas, du tout, le cours prévu.

Ce qui pourrait ressembler à un policier banal n'en a que l'apparence première, car l'on entre bien vite dans un autre monde avec ce roman qui, finalement, ne respecte aucun code ni genre. En effet, sous ses airs d'enquête, presque prétexte, la plume de Tudor Ganea nous entraîne dans un univers merveilleux, où se côtoient village surnaturel, habitants aux étrangetés manifestes, mythes et légendes qui circulent au fil du Danube, dans un entremêlement de témoignages, de voix envoûtant l'inspecteur, au même titre que le lecteur.

Une nouvelle lecture déroutante, se révélant elle aussi passionnante. Les éditions du Nouvel Attila proposent, indéniablement, des oeuvres qui marquent et interpellent.
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Le Nouvel Attila nous étonnera toujours ! le voici qui ouvre ses ailes du côté de littératures moins connues pour nous convaincre qu'elles ne sont pas moins créatives, moins inventives, moins subtiles, moins intéressantes. La femme qui a mangé les lèvres de mon père est un livre dont la couverture ne ment pas : on y plonge en retenant sa respiration, on y vit en apnée jusqu'au vertige des profondeurs, on en ressort ébloui par l'intensité de rêve éveillé, la profusion de lumières aveuglantes, la promiscuité de personnages fabuleux, mystérieux, truculents. le texte, comme tous ceux du Nouvel Attila est d'une parfaite souplesse, d'une puissance d'évocation, d'une justesse de langue incomparables. La traductrice, il est vrai, n'en est pas à son premier succès...
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Un livre dont la couverture est une invitation au voyage dans les vagues du Danube bleu sombre, de la Mer Noire ex-Pont-Euxin mystérieux parmi des êtres fantomatiques et bien en chair sur les traces d'étranges disparus traqués par un non moins étrange policier au coeur des casemates de la seconde guerre mondiale devenues labyrinthes sans issue. Merveilleux réalisme ou réalisme merveilleux ? le Nouvel Attila suit sa route en bousculant les cadres étriqués de l'univers frileux de l'édition: il ouvre la voie à d'autres écrivains que d'autres ignorent par paresse d'esprit. Il reste fidèle à son souci d'une langue savoureuse et souple y compris dans la traduction. Celle-ci est superbe.
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Grâce au Nouvel Attila, on verra que le réalisme magique s'écrit aussi au bord du Danube. Avec ses personnages attachants, son écriture inventive qui nous entraîne dans un univers de légendes et de rêves, Tudor Ganea nous offre une lecture parfaite pour s'évader quelques temps hors des sentiers battus…
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le jeune homme blond s’éloigna de la digue et se mit à nager lui aussi en direction des pêcheurs. Lorsqu’il arriva près d’eux il s’arrêta, inspira profondément puis plongea jusqu’au fond de l’eau où il s’accrocha à une grosse pierre fichée dans le sable. Caché derrière elle, le jeune homme observa, au comble de l’étonnement, la scène suivante : les pêcheurs qui étaient plus de cent s’étaient arrêtés de nager et flottaient maintenant à la surface, les uns sur le dos, d’autres sur le ventre, pour attendre le banc de maquereaux qui ne tarderait pas à arriver. Ils étaient tous nus et portaient accrochés à même la peau des bras, des jambes et même du dos, des dizaines d’hameçons auxquels étaient fixés des fils de nylon d’environ trois mètres sur lesquels étaient attachés d’autres hameçons portant des mouches jaunes qui s’agitaient de manière alléchante dans l’eau. Monture spéciale. Vus de bas en haut les pêcheurs ressemblaient à des méduses dont les tentacules caressaient langoureusement l’eau dans l’attente de la proie. Les maquereaux ne tardèrent pas à apparaître. Les petites écailles de leurs corps fusiformes reflétaient la lumière du soleil en d’innombrables éclairs qui prirent d’assaut les franges jaunes fixées aux hameçons. Dès qu’ils les sentirent près d’eux les pêcheurs semblèrent reprendre vie tout d’un coup. Ils se mirent à faire onduler leurs corps, leurs mains, leurs jambes pour attirer à eux tout le banc des poissons qui s’étaient immobilisés comme ensorcelés autour des tentacules et flairaient les fils qui s’agitaient. Au bout de quelques secondes d’accalmie totale où les écailles des maquereaux frôlaient les corps des pêcheurs et se perdaient entre les mouches qui pendaient à leur peau, les hommes lancèrent la chasse : leurs bras se tendirent, leurs jambes bondirent, leurs corps se tortillèrent et les fils couverts d’hameçons décrivirent de rapides zigzags accrochant dans leurs mouvements vifs les maquereaux qui, surpris, se prenaient, impuissants, aux crochets. Une fois piqués au ventre, aux nageoires ou à la queue, les poissons ne pouvaient pas plus se détacher que des mouches prises sur une bande collante. Du fond de l’eau, le jeune homme observait, stupéfait, le spectacle qui se déroulait au-dessus de lui : un bouillonnement d’écailles étincelantes fouettées par les tentacules de nylon. Les pêcheurs faisaient des culbutes, leurs corps tournaient en vrille et tiraient par saccades les fils accrochés à leur peau, leurs mouvements donnaient l’impression d’un ballet en apesanteur. Dans cette concentration de corps contorsionnés les fils ne se touchaient pourtant pas, ne se s’emmêlaient pas comme si chaque pêcheur connaissait exactement les limites de la zone qui lui était réservée. Lorsque le jeune homme sentit qu’il n’y tenait plus, il remonta en surface et retourna à la nage vers la digue. Il s’accrocha des bras aux blocs de calcaire où il avait posé ses moules et se mit à respirer par saccades.
- Oh, oh, t’es resté un moment sous l’eau ! dit Olubé tout en regardant les pêcheurs qui ressortaient de la mer.
Dès qu’il eut retrouvé sa respiration normale, le jeune homme tourna la tête et observa, en train de remonter sur les tétrapodes, les pêcheurs tout nus portant à même la peau des rangées de poissons vivants. Un vieux à la peau brûlée par le soleil sortit de l’eau juste à côté de l’eau, s’aidant des bras, il grimpa sur un tétrapode. Il portait accrochée sur le dos une pèlerine de tissu vivant fait de poissons qu’il remonta en même temps que lui sur les pierres les plus hautes où il s’installa et se mit à retirer de sa peau, un à un, les hameçons et les fils sur lesquels se débattaient encore des dizaines de maquereaux. Un autre était sorti de l’eau avec deux longs fils de nylon accrochés aux lobes de ses oreilles et les poissons pris aux crochets lui faisaient comme des boucles d’oreille étincelantes en argent. Bientôt toute la digue se remplit d’hommes revêtus de capes de poissons qui une fois détachés des hameçons s’accumulèrent dans les épuisettes et les filets ornant la digue.
- Oh, oh, voilà Borhot ! Champion, comme toujours ! s’écria soudain Olubé à la vue d’un homme qui avait bien de la peine à sortir de l’eau sous le poids des poissons qui le recouvraient presque tout entier. Avec sa tête rasée, il était le seul à avoir des dizaines de crochets plantés dans la peau du crâne et couverts de poissons qu’il rejeta d’un geste tout naturel de part et d’autre de son visage comme s’il arrangeait ses cheveux.
Le soleil était descendu derrière les immeubles du plateau et les gens venus à la plage avaient ramassé leurs draps de bain et commençaient à remonter la falaise. Après avoir tamponné leurs blessures avec des bouts de chiffon sales et durcis par le sang séché et s’être rhabillés, les pêcheurs jetèrent sur leurs épaules leurs épuisettes pleines de maquereaux et s’en allèrent. Ils quittèrent la digue les uns après les autres, traversèrent la plage et allèrent grossir la procession qui gravissait la colline. Le jeune homme blond ramassa son barda et se hâta de les rejoindre. Une fois sur le sable il marchait dans les traces du sang qui gouttait des manches et des pantalons des pêcheurs. Devant lui, Olubé montait à grands pas n sifflotant un air oriental. De temps à autre il tendait le bras et soupesait dans le creux de sa main comme il l’aurait fait d’un sein l’épuisette lourdement chargée de poissons du pêcheur qui le précédait après quoi il lançait un « oh-oh-oh » admiratif.
Soudain, dans le sens contraire, firent leur apparition, descendant à toute vitesse sur le sentier en slalomant entre les pêcheurs, des enfants. Garçons et filles, du même âge et de la même taille à peu près, brisèrent le silence de la procession ascendante en un chœur de cris perçants et de rires. Ils couraient comme des fous vers le bas en se poursuivant, en se tirant par les cols, les jupes et les t-shirts, évitant les hommes puant le poisson qui s’arrêtaient un instant pour les laisser passer. La petite troupe bruyante fut bientôt au bas de la falaise et le jeune homme blond – le dernier de la file indienne qui s’était figée un instant – les suivit du regard courir sur la plage du petit golfe puis monter sur les tétrapodes et prendre possession de toute la digue. Le soleil rouge du soir éclaira soudain les visages à la peau brunie et aux joues mal rasées des pêcheurs. Ils étaient tous vieux et sur le sentier rougi par le couchant les touffes d’herbes hautes commençaient à allonger de longues ombres sur les pantalons sales et déchirés.
Une fois parvenus au sommet de la falaise, les pêcheurs se dispersèrent et disparurent dans les entrées des immeubles entourant la casemate. Le jeune homme blond pénétra à son tour dans la cage d’escalier d’un de ces immeubles à quatre étages, monta jusqu’au troisième, ouvrit une porte métallique et entra dans un appartement. Après avoir jeté sa canne à pêche et sa sacoche sale dans le hall étroit, il quitta ses vêtements pour aller sous la douche. Il en ressortit ensuite, passa dans le salon et s’assit devant un minuscule bureau en face d’une fenêtre grande ouverte. Il releva l’écran d’un ordinateur portable dont le ventilateur tournait bruyamment. Il cliqua deux fois pour ouvrir le seul fichier Word du desktop et se mit à écrire :
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Borhot prit trois bières dans le frigo et les balança sur la table de la terrasse où trois jeunes fumaient, torse nu, transpirant abondamment. La sueur coulait en minces filets sur leurs hanches pour aller s’amasser, en deux taches parfaitement symétriques, sous l’élastique de leurs shorts. Ils se donnaient des claques bruyantes sur le corps les uns des autres pour tenter de tuer les moustiques qui papillonnaient. On n’entendait que le bruit des mains s’écrasant sur les peaux, suivi d’un petit cri ou d’une brève injure. Au fond du bar, éclairés par une faible ampoule, les pêcheurs ne se parlaient ni ne se regardaient. Seul le bout rouge de leur cigarette s’allumant et se consumant éclairait dans la pénombre les moustaches blanches et les joues mal rasées. Depuis le clair-obscur de la pergola en bois, ils ressemblaient à des statues de plâtre aux lèvres durcies. Privées de l’élasticité du vivant, leurs mains portaient les bières à la bouche comme une machinerie complexe et lourde. De ce côté venait une puissante odeur de moules mortes et de poisson pourri. Parfois l’une des statues reprenait vie, se levait, posait de l’argent sous le cendrier plein de mégots et partait en vacillant sans saluer personne. Leur épuisette laissait de longs serpents gluants de bave de gobies sur l’asphalte et sur les bordures des trottoirs, trahissant le chemin de nuit de chacun d’entre eux jusque dans les ténèbres des entrées d’immeuble, où le bruit des portes rouillées calées par de grosses pierres clôturait tristement leur journée. 
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- Ils se sont accrochés leurs fils sur eux, directe! Ils vont les rendre fous ! dit Olubé, les yeux fixés sur le groupe des nageurs qui avançaient vers le large.
Le jeune homme blond s’éloigna de la digue et se mit à nager lui aussi en direction des pêcheurs. Lorsqu’il arriva près d’eux, il s’arrêta, inspira profondément puis plongea jusqu’au fond de l’eau où il s’accrocha à une grosse pierre fichée dans le sable. Caché derrière elle, le jeune homme observa, au comble de l’étonnement, la scène : les pêcheurs qui étaient plus de cent s’étaient arrêtés de nager et flottaient maintenant à la surface, les uns sur le dos, d’autres sur le ventre, pour attendre le banc de maquereaux qui ne tarderait pas à arriver. Ils étaient tous nus et portaient accrochés à même la peau des bras, des jambes et même du dos, des dizaines d’hameçons auxquels étaient fixés des fils de nylon d’environ trois mètres sur lesquels étaient attachés d’autres hameçons portant des mouches jaunes qui s’agitaient de manière alléchante dans l’eau. Monture spéciale. Vus de bas en haut, les pêcheurs ressemblaient à des méduses dont les tentacules caressaient langoureusement l’eau dans l’attente de la proie. Les maquereaux ne tardèrent pas à apparaître. Les petites écailles de leurs corps fusiformes reflétaient la lumière du soleil en d’innombrables éclairs qui prirent d’assaut les franges jaunes fixées aux hameçons. Dès qu’ils les sentirent près d’eux, les pêcheurs semblèrent reprendre vie tout d’un coup. Ils se mirent à faire onduler leurs corps, leurs mains, leurs jambes pour attirer à eux tout le banc des poissons qui s’étaient immobilisés comme ensorcelés autour des tentacules et flairaient les fils qui s’agitaient. Au bout de quelques secondes d’accalmie totale où les écailles des maquereaux frôlaient les corps des pêcheurs et se perdaient entre les mouches qui pendaient à leur peau, les hommes lancèrent la chasse : leurs bras se tendirent, leurs jambes bondirent, leurs corps se tortillèrent et les fils couverts d’hameçons décrivirent de rapides zigzags accrochant dans leurs mouvements vifs les maquereaux qui, surpris, se prenaient, impuissants, aux crochets. Une fois piqués au ventre, aux nageoires ou à la queue, les poissons ne pouvaient pas plus se détacher que des mouches prises sur une bande collante. Du fond de l’eau, le jeune homme observait, stupéfait, le spectacle qui se déroulait au-dessus de lui : un bouillonnement d’écailles étincelantes fouettées par les tentacules de nylon. Les pêcheurs faisaient des culbutes, leurs corps tournaient en vrille et tiraient par saccades les fils accrochés à leur peau, leurs mouvements donnaient l’impression d’un ballet en apesanteur. corps contorsionnés, les fils ne se touchaient pourtant pas, ne s’emmêlaient pas, comme si chaque pêcheur connaissait exactement les limites de la zone qui lui était réservée. Lorsque le jeune homme sentit qu’il n’y tenait plus, il remonta en surface et retourna à la nage vers la digue. Il s’accrocha aux blocs de calcaire où il avait posé ses moules et se mit à respirer par saccades.- Oh, oh, t’es resté un moment sous l’eau ! dit Olubé tout en regardant les pêcheurs qui ressortaient de la mer.Dès qu’il eut retrouvé sa respiration normale, le jeune homme tourna la tête et observa, en train de remonter sur les stabilopodes, les pêcheurs tout nus portant à même la peau des rangées de poissons vivants. Un vieux à la peau brûlée par le soleil sortit de l’eau juste à côté de lui et s’aidant des bras, il grimpa sur un stabilopode. Il portait accrochée sur le dos une pèlerine de tissu vivant fait de poissons qu’il remonta en même temps que lui sur les pierres les plus hautes où il s’installa et se mit à retirer de sa peau, un à un, les hameçons et les fils sur lesquels se débattaient encore des dizaines de maquereaux. Un autre était sorti de l’eau avec deux longs fils de nylon accrochés aux lobes de ses oreilles et les poissons pris aux crochets lui faisaient comme des boucles d’oreille étincelantes en argent. Bientôt toute la digue se remplit d’hommes revêtus de capes de poissons qui, une fois détachés des hameçons, s’accumulèrent dans les épuisettes et les filets ornant la digue.
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Le jeune homme aux yeux verts sauta du tétrapode. Ses pieds fendirent l’eau et il s’enfonça dans les profondeurs. Vidant ses poumons, il descendit dans la position d’un crucifié. Les yeux fermés, il sentait la pression de l’eau comprimer ses sinus et ses oreilles. La plante de ses pieds appuya doucement sur la couche supérieure des coquillages, puis il pressa doucement les talons, s’enfonça, tout son corps bientôt tordu par l’effort de pénétrer le fond marin. Pendant qu’il s’agitait dans cette masse épaisse, ses bras ballants ondulaient dans le courant comme deux algues. De temps à autre, une minuscule bulle d’air — brillante comme une goutte de mercure — s’échappait de ses lèvres et remontait très vite. Le jeune homme ouvrit les yeux et leva la tête vers la surface où la lune dessinait une tache de lumière à travers les vagues. Lorsqu’il sentit ses poumons se contracter, il fléchit les genoux et se propulsa à toute vitesse vers le haut, effrayant les gobies qui tournaient autour de lui. Il atteignit l’air libre et inspira profondément. Il resta un moment au même endroit, près de l’extrémité de la digue, agitant les pieds et les mains pour se maintenir hors de l’eau. 

(première page de ce micro-roman)
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Les pêcheurs semblèrent reprendre vie d’un coup, en faisant onduler leurs corps, leurs mains, leurs jambes. Le banc des poissons s’était immobilisé comme ensorcelé autour des tentacules et flairait les fils qui s’agitaient.
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