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3,6

sur 148 notes
Lottie n'est pas grand-chose et pourtant elle est au centre d'un monde passé qui se désagrège, un monde peuplé de fantômes qu'elle seule l'"arpenteuse de pages", la "randonneuse de rêves" est susceptible de ressusciter, témoin privilégié des drames de la famille Ardenne. Dans un paysage de vie et de mort sur plusieurs générations, Lottie se fait donc passeur de monde pour les oreilles neuves de la narratrice en racontant la vie énigmatique d'une famille de notables pour laquelle elle a travaillé. La vieillesse approchant son terme," il y a une joie sauvage à s'approprier une famille, à en retracer l'arbre, branches et racines, et en façonner l'histoire, à s'inventer les commencements qui font défaut. [Elle] ne manquai[t] pas de moyens pour le faire, tombée dans celle-là qui s'intriquait de manière assez brutale à la [sienne]".
Mais Lottie est facétieuse. Avec une langue épaisse de mystères, tressée de souvenirs et de la parole des morts, le récit longe les humeurs sombres de la Flane pour emprunter le chemin des contes. Il fait apercevoir une réalité autre, un peu floue, un peu brumeuse, une réalité parfois teintée d'imaginaire et mystérieuse de nature à exercer une étrange attraction sur la narratrice…

Dans un roman où souvenirs et impressions se confondent dans un présent hanté par le passé, Anne-Marie Garat interroge la question de la mémoire, de la transmission, la puissance des fables que l'on hérite de génération en génération. Les histoires de famille recélant des ondes secrètes que l'écriture de l'auteure ne manque pas de révéler. Avec une plume qui se veut incandescente, Anne-Marie Garat est une romancière que l'on imagine volontiers en sorcière de l'écriture avec des phrases découlant de fioles mystérieuses. Elle sait rendre palpable le suspense mélodieux qui hante les lieux tout comme les échos qui se propagent à travers le temps.
Sous le charme d'une belle lecture donc, même si l'écriture flirte parfois avec un style rabelaisien surchargé, rendant la progression de la lecture tortueuse.

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Partie avec un a-priori plus que positif (La main du diable est probablement l'un de mes 3 romans préférés !), je me suis laissé embarquer par la plume conteuse d'Anne-Marie Garat au coeur de cette sombre histoire à tiroirs, quelque part du coté du plateau de Langres… où une jeune universitaire mue par une mystérieuse intuition décide de mener des recherches dans un village reculé qu'elle a traversé autrefois.
L'absence d'hôtel la mènera aux Ardennes, chez la vieille Lottie, ancienne bonne d'enfant puis gouvernante au domaine des Ardennes, qui a plus d'un tour dans son sac et un conte à restituer à une oreille réceptive.
J'avais a-do-ré l'écriture d'A.M. Garat dans ses précédents romans, une écriture fluide et foisonnante, véritable berceuse hypnotique et captivante. Je dois dire que cette fois-ci, cette écriture sur-travaillée a fini par me rebuter après quelques dizaines de pages : alliée à une histoire ténébreuse et surprenante, la « mayonnaise » n'a pas pris et je ne me suis pas laissée complètement emporter, même si j'ai malgré tout beaucoup aimé l'histoire de Lottie et d'Anaïs, mêlée à la propre histoire de la narratrice. J'ai fini par survoler le dernier tiers du roman sans y avoir retrouvé la grâce de la trilogie « Dans la main du diable » et me suis désintéressée du sort de la narratrice au Canada…
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Anne-Marie Garat est une sorcière. Une charmeuse dont la plume telle une flûte enchantée, agit sur le lecteur comme une sorte d'envoûtement. Avec La Source, elle livre une magistrale réflexion sur la narration, la façon dont se transmettent les histoires, naissent les légendes dont se nourrissent les récits. A l'heure où le story-telling pilote toute communication, comment ne pas être captivé par ce voyage qui tente d'éclairer le processus permetant de privilégier la narration plutôt que les faits ?

Il y a d'abord la langue, reconnaissable entre toutes. Charnue, ronde, généreuse. Ces phrases qui enveloppent, tournoient, semblent se perdre avant de retomber parfaitement sur le fil narratif. Il faut un petit temps de réadaptation parce que cette langue est rare. La scène d'ouverture est là pour ça. Sublime, pleine de couleurs, de sons et d'odeurs. Déroulant peu à peu le charme déjà goûté dans la sublime trilogie (Dans la main du diable, L'enfant des ténèbres, Pense à demain).

Il y a l'histoire. Cette rencontre assez improbable entre Lottie et la narratrice dans un petit village de Franche-Comté, le Mauduit. C'est a priori le hasard qui a conduit la narratrice dans ce bourg où elle souhaite organiser pour ses étudiants en sociologie une séance de travaux pratiques à partir des archives de la mairie. le hasard encore si, faute d'hôtel dans la bourgade, elle se trouve hébergée par Lottie, une nonagénaire qui vit désormais seule dans la propriété des Ardenne, une famille autrefois influente. Dès leur rencontre, les deux femmes s'apprécient au point que Lottie pourtant habituellement solitaire et avare de confidences entreprend de raconter à sa visiteuse l'histoire de la maison et de la famille qui l'a érigée. Mais elle prévient : il ne faut surtout pas la croire sur parole.

Le hasard ? Pas si simple. L'histoire personnelle de la narratrice semble trouver des ramifications dans ce bourg où elle a le vague souvenir d'être déjà venue, enfant, à l'initiative de son père que l'étape avait semblé bouleverser. Et son séjour fait émerger d'autres souvenirs avec le secret espoir de trouver quelques réponses pour compléter les trous qu'elle devine dans son histoire familiale. Au fil de ses investigations, à la lumière des récits de Lottie, le passé refait surface, charriant son lot de joies et de drames à l'ombre de la grande Histoire, celle des monuments aux morts des deux guerres qui ont jalonné le siècle avec leurs horreurs, leurs fantômes et leurs secrets encore douloureux.

Enfin, il y a la construction. Anne-Marie Garat nous emmène sur pratiquement un siècle, entre l'histoire singulière de Lottie liée par le soin du destin (et un coup de pouce qu'elle a elle-même donné) à celle de la famille Ardenne, l'histoire du bourg, celles des membres de la famille et de leurs proches qui, outre leur lot de secret et de trahisons irradient aux quatre coins du monde et notamment dans le Grand Nord canadien. Sans oublier la quête personnelle de la narratrice et la façon dont ces histoires influeront sur sa propre vie. Tel un canevas, l'auteure tisse une matière foisonnante, développe, mélange les couleurs, arrange les motifs sans jamais se perdre, pour un résultat qui laisse totalement ébloui, avide de replonger dans ce texte pour s'en délecter encore et encore.

Hommage à ceux qui racontent les histoires et à ceux qui les écoutent, vaste interrogation sur la transformation au fil des narrations, fabuleuse saga historique, incroyable portrait d'un personnage hors du commun, ce roman est tout ça et bien plus encore. Il est de ceux qui dévoilent de nouvelles facettes à chaque lecture. Un enchantement, vous dis-je.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Et bien non, il ne sera pas dit que je commencerai 2021 en me prenant la tête.
Car oui, Anne-Marie Garat me prend la tête avec ses phrases interminables, alambiquées, dont on ne voit pas le bout.
J'avais tenté récemment l'expérience avec 'Les mal famées », mais le livre était court.
Là, 378 pages c'est trop pour démarrer l'année.
J'abandonne non seulement le livre au bout de 80 pages, mais j'abandonne aussi définitivement Anne-Marie Garat.
Tant pis pour moi, je ne connaîtrai jamais l'histoire de Lottie.
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Il est de ces livres qui vous régénèrent, vous revigorent et celui-ci a été plus loin, il a posé son empreinte sur mon cerveau faisant s'épanouir une parcelle de neurones communiquant par leurs synapses en belle langue littéraire, mettant en évidence l'influence des nourritures de l'esprit sur l'individu et donnant tout son sens au terme de « culture ». Ce livre est un enchantement où la langue sublime le moindre événement, nous promenant d'un siècle à l'autre, accomplissant la transmission des savoirs en empruntant le chemin de la narration de l'histoire d'un bourg et de ses habitants au début du XXème siècle par Lottie, mémoire vivante de ce lieu. Sans doute, comme elle le souligne, il ne faut pas croire tout ce qu'elle dit, mais qu'importe si le témoignage est enjolivé ou dévié à sa convenance, il devient celui qu'elle transmet et que l'on reçoit. Mais être dépositaire n'est pas anodin car toute histoire a le don d'exercer un effet miroir qui éveille en nous des souvenirs enfouis et qui demandent réponse.
Une perle que je recommande vivement à tous les amoureux de la langue.
(Sélection du 27é salon du livre d'Hermillon 73 « prix Rosine Perrier » - 2016)
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Le premier paragraphe terminé, la question s'est posée : vais-je continuer ? Vais-je accorder à ce roman foisonnant mais déroutant, en poursuivant plus avant, une chance de me séduire complètement ? Vais-je accepter cette lecture exigeante, mais épuisante, où les mots "en vrac" , agencés en grande liberté, virevoltent et désarçonnent ?

Malgré une écriture aux mille éclats ( que j'invite à découvrir), et un peu à contre-coeur, je n'ai pu remonter jusqu'à la source, "éreintée" au quart du trajet. Mais peut-être y puiserais-je de temps à autre quelques petites lampées, histoire de savourer.
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Désolée mais je n'ai même pas pu aller jusqu'à la 100ème page : des phrases qui n'en finissent pas, aucun dialogue, des phrases, des mots où il faut sortir le dictionnaire.
Rien à faire j'ai refermé une première fois, je me suis dit c'est trop bête, j'ai repris mais je n'arrive pas à entrer dans l'histoire..... Pourtant je reconnais que l'écriture est belle, l'histoire me semblait intéressante mais.....
Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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La narratrice professeur d’université en sociologie se rend à Mauduit un petit village de Franche-Comté. Elle espère obtenir l’accord de la maire pour que ses étudiants puissent consulter les archives. La secrétaire de mairie lui donne l’adresse de Lottie une dame âgée qui loge de temps en temps les randonneurs car il n' y pas d'hôtel. Lotie l’apprécie et elle si d'habitude peu bavarde, elle va petit à petit lui raconter la vie du village, le sienne et celle des Ardenne, une famille autrefois importante qui a joué un rôle considérable dans son existence. Chaque soir, elle lui livre des fragments. Ainsi encore adolescente elle devenue la bonne d’enfant au domaine de l a famille Ardennes pour une enfant arrivée mystérieusement. Entourée de sa grand-mère et de ses grands-tantes, la petite fille voue à Lottie un attachement comme celui d’une enfant à sa mère. Lottie entre dans les secrets et les confidences de la famille. Mais Lottie prévient son hôte : il ne faut pas croire tout ce qu’elle dit.

Une histoire qui nous transporte sur plus d’un siècle sans jamais nous perdre. Les histoires de Lottie ne seront pas innocentes sur la vie de la narratrice. Un roman qui rend hommage à ceux qui sont dépositaires des souvenirs et qui nous fait prendre conscience du poids des histoires, brodées ou non, et de leurs influences, de comment elles naissent et nous interpellent ou nous enveloppent.
Il s’agit de la première fois que je lis Anne-Marie Garat et dès les premières pages son écriture m’a impressionnée. Une écriture à part : belle, exigeante aussi avec ses longues phrases et par son vocabulaire , ses formulations ciselées et éclatantes. Un roman qui m’a envoûtée !
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J'avais beaucoup apprécié la trilogie d'Anne-Marie Garat : "Dans la main du diable"-"L'enfant des ténèbres" et "Pense à demain". Mais là j'ai lu seulement un tiers du roman et je peinais et surtout je m'ennuyais.
Les phrases sont longues, longues longues, les différents chapitres ne sont pas marqués. La narratrice s'égare dans des descriptions et histoires du passé qui ne m'ont absolument pas intéressée. Je ne comprends pas ce qui s'est passé, mais j'ai préféré arrêter ma lecture.
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Ce récit dense et envoûtant commence en Franche Comté. La narratrice a choisi le village du Mauduit comme objet d'étude sociologique, et doit se rendre sur place pour demander l'autorisation de consulter les archives. Pas d'hôtel ouvert à l'horizon, elle doit se loger chez l'habitante. Lottie est une nonagénaire peu accueillante et caractérielle de prime abord, mais à la nuit tombée au coin du feu se transforme en véritable conteuse. La narratrice s'attache à l'histoire de Lottie, d'autant plus qu'elle croise sa propre histoire de vie à elle. Une fresque familiale, historique, féministe qui couvre le XXe siècle et deux continents. Un roman au style exigeant, ambitieux qui emporte le lecteur… Un coup de coeur de cette rentrée littéraire !
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