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Histoire de la souffrance tome 1 sur 1
EAN : 9782073005663
688 pages
Gallimard (30/03/2023)
3.65/5   42 notes
Résumé :
"- J'ai peur de la croix. Il paraît que ce n'est pas très long, mais c'est le dernier moment, il faut le passer, et ça fait mal. J'ai peur d'avoir encore mal. Je n'ai pas le courage, et... S'il y avait quelque chose d'agréable après, mais il n'y a rien... J'ai peur que ça dure, j'ai peur d'avoir la respiration coupée, de sentir une enclume contre mes poumons. J'aimerais être mort. Je ne veux pas attendre. Je ne veux plus vivre maintenant, je voudrais que ça finisse ... >Voir plus
Que lire après Histoire de la souffrance, tome 1 : ÂmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Une montagne de 700 pages ! Mais quelle montagne ! Si belle et si exigeante qu'il faut souvent s'arrêter, multiplier les camps de base, prendre le temps de réfléchir à ce que l'on a lu, laisser les pensées les plus tenaces nous réveiller au petit matin. Une montagne si dense, si puissante qu'il faudrait la gravir par les quatre faces pour en révéler tous les secrets. Un roman qui en contient six ou sept, qui se relit encore et encore, pour en apprécier toute la richesse. C'est avec de tels livres que la NRF se distingue (cette capacité à dénicher et à dompter les monstres) et que la littérature reprend ses lettres de noblesse (confère ma critique précédente). Dur de résumer un tel ouvrage en quelques lignes. Essayons quand même. Tristan Garcia raconte l'histoire des hommes au prisme de leurs souffrances. Une entreprise ambitieuse qu'il mène brillamment à son terme en réinterprétant des légendes, en inventant des contes, en renouant avec la tradition des épopées. Lire « Âmes », c'est retrouver le souffle, la jubilation, le lyrisme et parfois la truculence de JH Rosy Ainé (La guerre du feu), Michel Tournier (Le roi des Aulnes), Günter Grass (Le tambour), Voltaire (Candide) ou Rudyard Kipling (L'homme qui voulut être roi). Chaque volet de cette fresque romanesque est une somptueuse découverte. J'ai aimé l'inéluctable fin du ver écorché vif, l'impitoyable instinct des hommes de Néandertal, les doutes et les tourments du maître romain, le supplice des larrons de Jésus, la quête absurde de l'aveugle régicide, le combat féroce et feutré des dignitaires chinois rivaux et amnésiques, l'odyssée tragique de la princesse et des lépreux à sa suite, les aventures à la « Mulan » de la vierge japonaise. À chaque histoire ses personnages inoubliables, ses scènes proches du fantastique qu'on imagine sur un écran de cinéma panoramique. Attention, c'est un livre difficile, qui ne se lit pas debout sur le quai du métro. Il demande de la concentration, du recueillement, de la patience. J'y ai laissé quelques nuits blanches. Mais quelle récompense ! Merci à Tristan Garcia et à Gallimard pour avoir eu l'audace d'ériger un tel monument.
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Une histoire de la souffrance, voilà qui est intrigant et qui fait un peu peur. Tristan Garcia annonce d'emblée trois tomes, on savait l'importance de la souffrance et sa tendance à traverser les âges, mais la capter, la donner à ressentir, la raconter... ça ressemble à un sacré défi. L'auteur adopte une forme qui lui permet d'enjamber les époques tout en les reliant, nous lirons des histoires réparties dans le temps et comme il l'annonce en préambule nous pourrons choisir de les lire dans l'ordre ou pas - j'avoue que je préfère l'ordre, parce qu'il y a un fil, même ténu, des petits cailloux qui dessinent un chemin. Dans ce premier tome nous parcourons du chemin, dans le temps depuis l'éclosion de la matière il y environ 2 milliards d'années jusqu'en l'an 869, et dans l'espace à travers plusieurs continents. Les histoires peuvent sembler indépendantes les unes des autres mais quelques signes, des objets, des souvenirs et des couleurs laissent apparaître des liens entre les personnages. Ces couleurs sont celles des âmes qui voyagent dans le temps et désignent leur type d'influence. A travers elles, l'auteur dessine à chaque fois un univers singulier, très personnalisé en situant ses histoires dans des lieux et des époques caractéristiques, et chemin faisant une vue d'ensemble qui donne à percevoir la dimension de l'univers. C'est assez vertigineux.

Dès le début j'ai été happée. Les premières pages qui racontent la naissance de la sensation et la souffrance du ver marin sont incroyables ; les origines de la souffrance sont donc à chercher très très loin. Chacune des histoires qui suit nous offre des personnages qui font face à une forme de souffrance même lorsqu'ils tentent simplement de vivre en paix ou essayent de s'extirper du monde. Civilisations, cultures, religions portent en elles les reliquats des violences passées qui ont servi à les asseoir et les germes des violences futures puisque "ça ne s'arrête jamais". Impossible de ne pas ressentir d'empathie pour les figures qui nous sont racontées, depuis la mammifère de Mésopotamie en quête de nourriture jusqu'au vieillard indigène du désert australien en passant par l'ermite de la Chine ancienne, les lépreux indiens ou les jumeaux d'Ur. Il y a chez Tristan Garcia un grand talent de conteur mais surtout une remarquable profondeur de champ au service d'une folle ambition. Après une telle lecture on se sent tout petit, sorte de grain de poussière dans l'univers, on a l'impression de ressentir chaque particule de matière qui nous constitue et la charge d'histoires et de souffrances qu'il charrie. C'est phénoménal.

Je ne crois pas avoir jamais lu quelque chose de ce type, à la fois intelligent et puissamment littéraire. C'est un livre qui ne se picore pas dans les transports en commun ou dans une salle d'attente, il demande du calme et de l'attention mais il offre aussi une immersion capable de nous transporter dans une autre dimension. Je crois que je lis aussi pour vivre ce genre d'expérience et je suis très très curieuse de la suite (le tome 2 - Vie contre vie vient de paraître chez Gallimard).
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Tristan Garcia commence avec « Âmes » une trilogie sur l'histoire de la vie et de la souffrance à travers les siècles. C'est une oeuvre ambitieuse et qui peut se lire soit comme un roman en suivant des âmes humaines ou animales dans leurs tribulations cours de l'histoire de la vie sur Terre, soit comme plusieurs épopées éloignées dans le temps et l'espace les unes des autres. Toutes les âmes de ces récits qu'on retrouve au cours du livre grâce à un codage de couleur ont cependant un point commun : ce sont toutes des âmes d'oubliés de l'histoire, de condamnés, de perdants confrontés à la douleur de leur corps et donc à la souffrance. On suit ainsi les aventures de malades, d'esclaves, d'animaux, de lépreux, d'eunuques, de vieillards qui voyagent du cambrien au Moyen-Âge et de la Mésopotamie au Japon en passant par le néolithique, l'Inde ou la Chine. Moins séduit ou sensible à l'idée d'âme aux incarnations successives, j'ai pour ma part préféré la lecture de ce livre comme un recueil de récits épiques qui peut s'étaler sur plusieurs semaines. J'en ai adoré certains : celui de Front haut au néolithique en Europe, celui d'Ur en Mésopotamie, celui de Nostos en Méditerranée ou encore celui de Râma en Inde. Par contre, je me suis ennuyé dans Cruciatur à l'époque de l'empire romain. Mais je salue l'ambition de cet ouvrage réussi et très documenté dans une littérature française qui parfois en manque.
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Fait rarissime, j'ai abandonné ce livre qui pourtant m'a fait de l'oeil dès sa sortie. Une histoire du monde au travers de plusieurs âmes autour du thème de la douleur, c'est intrigant, fascinant. Mais voilà, le ton biblique aussi bien réalisé soit-il, ça peut vite gonfler surtout si les répétitions d'images (tendu, le sexe, c'est mieux pour la semence!) alourdissent la progression. 175 pages bien écrites mais avec un propos finalement un peu creux, je laisse aux plus braves le soin de poursuivre leur lecture et essayer de me convaincre de reprendre la mienne!
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Fresque ambitieuse prévue en 3 tomes, le philosophe romancier a l'ambition de nous conter la grande histoire des petites gens, le récit universel de l'infiniment petit, le grand roman de la chair meurtrie, celle des lépreux, des malades, des esclaves, des condamnés, des vaincus, des fuyards, des eunuques, des vieillards, des estropiés de la vie... Des oubliés de l'histoire, justement, à travers les destins croisés de 4 âmes (avec un codage de couleur) humaines et animales, voyageant à travers le temps. Bref, on est en pleine cour des miracles 😬
Il y a autant de chapitres que de périodes historiques, on saute du cambrien au Moyen Age en passant par l'Empire romain et le néolithique et on voyage en Mésopotamie, en Inde, au Japon, en Chine...
La thèse sous-jacente est donc la métempsychose (migration des âmes d'un corps à un autre) et l'angle de narration choisi est non seulement la torture, la putréfaction des corps qui se décomposent, la brûlure du soleil, la faim, la soif, les corps qui se vident, se dessèchent, se desquament mais aussi son corollaire, c'est-à-dire la fourberie, la lutte pour la survie, le mensonge, la honte, les détails sexuels et scatologiques les plus répugnants qui soient, car oui c'est un livre sur des corps douloureux qui rêvent de mourir pour abréger leurs souffrances.
C'est donc une lecture exigeante, qui donne la nausée parfois, alors est-ce que je dois m'accrocher, même si je ne sais pas bien où l'auteur m'emmène ? Ou bien dois-je renoncer car c'est trop, trop dégoûtant, trop dur à supporter ? Car il faut bien reconnaître que niveau plaisir de lecture, on est quand même assez bas... Et du point de vue de l'écriture, eh bien je n'arrive pas à me décider : est-ce génial ou finalement assez creux ?
Bon enfin voilà où j'en suis de mes réflexions après avoir lu 475 pages. Je m'arrête là.
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critiques presse (6)
Telerama
17 avril 2023
Entêté, c’est sûr, Tristan Garcia l’est. Car il en fallait, de l’opiniâtreté, pour se lancer dans l’écriture de cette romanesque Histoire de la souffrance – dont le deuxième tome, Vie contre vie, vient de paraître chez Gallimard – et à laquelle l’écrivain, 42 ans à ce jour, pense depuis bien longtemps.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeSoir
23 avril 2019
Avec l’ambitieux Ames, le romancier philosophe Tristan Garcia se lance dans l’histoire de la vie.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeDevoir
18 février 2019
C’est une histoire qui plonge dans les limbes et dans les marges du grand récit universel. Qui braque le projecteur sur l’infiniment petit, les moins que rien, les vaincus.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Bibliobs
05 février 2019
Son goût pour la grande forme romanesque et son sérieux de philosophe faisaient espérer un livre immense, total, une relecture philosophique et sensible de l’histoire humaine. Cet espoir était peut-être trop grand. Ou le projet trop téméraire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
10 janvier 2019
Avec le destin croisé de quatre âmes qui voyagent à travers le temps, le romancier nous offre un marathon charnel et philosophique ambitieux.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
06 janvier 2019
Des millénaires d’humanité, vécus du côté des oubliés. C’est l’ambitieuse « Histoire de la souffrance », anti-épopée dont paraît le tome I.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Dans le plaisir de se frotter au semblable, dans la caresse consentie, il y a l’excitation du pelage, de la peau, des nerfs et du cerveau à entrer en contact avec — de l’autre côté de soi — un pelage, une peau, des nerfs, un cerveau presque symétriques. Chacun devient l’hémisphère d’un monde complet. Comprimés l’un contre l’autre, les deux corps qui vivent et qui palpitent, les organismes dont le sang ardent réchauffe la peau, dont les poumons fougueux font monter et descendre la structure rigide des os, dont les poils rétractiles se hérissent, enracinés dans l’épiderme fourbi de mille fiches nerveuses, s’enveloppent, se rassurent et remplacent la matière indifférente par la chair qui sait comprendre la chair.
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De ce qui a souffert, il demeure toujours un indice ténu, des témoins, quelques conséquences bonnes ou mauvaises, une voie déviée, un noeud dans les cordages des chemins infinis du monde infini. De ces noeuds minuscules qui s'entremêlent et s'accumulent avec le temps, il émerge comme de grains de sable entassés une étendue vierge et plate, une fois de plus, sur laquelle de nouveaux vivants inscrivent leurs traces, vont leur route, dessinent une voie, distinguent des camps, s'affrontent et versent le sang, se tordent en croyant se tenir droit, biaisent les sentiers, coupent les voies, le mouvement et le vent, changent l'ordre des trous d'eau, des campements, des sites sacrés, plantent et déracinent les acacias...Tout se noue, devient plus petit, s'accumule et s'aplatit; puis, de nouveau, une étendue vierge. Voilà la vérité. Depuis des siècles, les ancêtres se souviennent, oublient, se souviennent...Il nous reste des traces de traces, et à la fin plus rien.
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Du fond des océans alcalins à la cime des montagnes baignées de nuées acides, un nouvel élément volage a longtemps trémulé avant de se stabiliser et de devenir l’eau, l’eau de la pluie qui s’écrasait par gouttes lourdes comme les pierres, ruisselait, gonflait le fleuve et les mers qui pesaient contre la terre fracturée. À la fin des grands bombardements cométaires, tout a refroidi.
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Il aurait même espéré de temps en temps, surtout quand il se sent las au coucher, demeurer loin de lui-même. Mais il a appris au matin à se réconcilier, à se concentrer pour se tenir auprès de sa propre substance comme de l'âtre dont le feu faiblit, rougeoie, s'éteint, sur quoi il souffle et dont il ranime toujours la flamme avant le jour.
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Le temps seul retenait ce qui s’était passé, conservait l’avant dans l’après et empêchait l’univers d’être instantané à chaque instant. Pour le reste, l’espace était déchaîné. Ce qui se trouvait anéanti ici restait ignoré là-bas : aucune solidarité. Toutes choses déchirées, liquéfiées, sublimées ou s’enflammant, l’univers variait
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Videos de Tristan Garcia (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tristan Garcia
Une version scénique et inédite de « Bookmakers », par Richard Gaitet, Samuel Hirsch & Charlie Marcelet
Avec Télérama et Longueur d'ondes
En dialoguant avec 16 auteurs contemporains qui livrent les secrets de leur ecriture, decrivent la naissance de leur vocation, leurs influences majeures et leurs rituels, Richard Gaitet deconstruit le mythe de l'inspiration et offre un show litteraire et musical.
Avec les voix de Bruno Bayon, Alain Damasio, Chloe Delaume, Marie Desplechin, Sophie Divry, Tristan Garcia, Philippe Jaenada, Pierre Jourde, Dany Laferriere, Lola Lafon, Herve le Tellier, Nicolas Mathieu, Sylvain Prudhomme, Lydie Salvayre, Delphine de Vigan et Alice Zeniter.
En partenariat avec Télérama et le Festival « Longueur d'ondes »
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