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Critique de hannah851


Au milieu du XVIIIème siècle, à Carthagène des Indes, la jeune Sierva Maria de Todos los Angeles, grandit dans la plus totale indifférence de ses parents, le marquis de Casalduero et de Bernarda Cabrera. Et pour cause, elle n'est pas désirée: fruit du viol de son père par sa mère. Privée d'amour, elle élevée par les esclaves parlant leurs dialectes, se pliant à leurs rites et dormant avec eux. Cependant, tout change lorsqu'elle est mordue par un chien au marché et que le marquis l'apprend. Il faut dire que dans les croyances contemporaines, les chiens sont porteurs de rage et la mort attend souvent les malheureux mordus. Or, Sierva semble avoir survécu. le marquis conscient du miracle sort alors de sa léthargie dans laquelle il s'est installé depuis des années pour l'éduquer et lui offrir l'enfance auquel elle a droit. Mais quelques temps après, Sierva est touchée par un accès de fièvre et le marquis cède aux croyances populaires. Elle est alors à la merci de tous les prétendus médecins et guérisseurs que comptent la ville et qui n'hésitent pas à charcuter son corps pour la soigner. Ses réactions de douleurs sont interprétées comme des actes de folie et de possession. Perdu, le marquis cède aux conseils de l'évêque et la fait enfermer au couvent de Santa Clara. Maltraitée par les soeurs clarisses qui voit en elle un démon, elle ne doit l'amélioration de sa captivité qu'à son exorciste le père Cayetano Delaura. Leur relation se transforme au fil du temps en passion amoureuse rapidement destructive et maudite pour les amants.

Dans ce roman, l'auteur mélange avec habileté et ingéniosité l'histoire et la légende en ancrant le récit dans une ville coloniale en décadence où les populations indigènes sont le véhicule du fantastique, du mysticisme et de l'érotisme. Il aborde également plusieurs thèmes comme la lâcheté du marquis, l'oisiveté de la mère source de tous les vices, les croyances et superstitions religieuses, les inégalités sociales et l'incompréhension entre les esclaves et l'aristocratie créole mais surtout la pratique aveugle de l'exorcisme par la religion catholique qui fait une victime innocente de plus, en la personne de Sierva Maria. En effet, cette jeune marquise choque l'aristocratie locale et les autorités religieuses car elle ne rentre pas dans les codes sociaux de l'époque: menteuse, parlant des dialectes incompréhensibles, se déchainant... Elle ne peut qu'être la manifestation du démon. Personne ne pense à la possibilité que son éducation par les esclaves soit une clé de son attitude hormis le père Tomas de Aquino de Narvaez qui meurt étrangement noyé dans un puits après avoir vu Sierva Maria. Gabriel Garcia Marquez pose aussi un certain nombre de questions théologiques notamment sur l'amour et la foi. Cayetano est le porte-parole de la philosophie de l'auteur puisqu'il cède à l'amour pour comprendre et aider Sierva Maria en ne suivant pas aveuglément ce que lui commande la foi.

C'est un roman marquant emplie d'une écriture poétique, fait de longues descriptions entrecoupées par des dialogues où chaque personnage prend la parole pour exprimer ses sentiments face aux événements.
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