En revanche, Pablo Escobar jouissait d'un crédit que les guerillas n'avaient jamais connu, même dans les meilleurs jours. Les gens en étaient arrivés à croire davantage aux mensonges des Extradables qu'aux vérités du gouvernement.
Il avait fait de la guerre contre les barons de la drogue une affaire personnelle, un bras de fer mortel contre Pablo Escobar. Ce dernier le lui rendait bien. En effet, Escobar avait utilisé deux mille six cent kilos de dynamite dans deux attentats successifs contre lui, la plus haute distinction dont il ait jamais gratifié un ennemi.
Mais le pouvoir, comme l'amour, est à double tranchant : plus on l'exerce et plus on en souffre. Il conduit à un état de pure extase en même temps qu'à son contraire.
Il n’y avait qu’une salle d’eau pour les trois prisonnières et les quatre geôliers. Elles n’avaient pas le droit de s’enfermer à clé et ne pouvaient demeurer plus de dix minutes sous la douche, même quand elle avait du linge à laver.
Une drogue plus pernicieuse que l'héroïne, au nom bien mal choisi, s'introduit dans la culture nationale: l'argent facile. L'Idée prospérait que la loi est le plus grand obstacle au bonheur, que rien ne sert d'apprendre à lire ou à écrire, que l'on ne vit mieux et plus en sécurité en criminel qu'en homme de bien. Bref: l'état de corruption sociale caractéristique de toute guerre larvée.
Mais le plus caractéristique du tempérament colombien était sans doute l'étonnante capacité des gens de Medellin à s'habituer à tout, au meilleur comme au pire, à laquelle s'ajoutait une grande faculté de récupération, qui est peut-être la définition la plus cruelle de témérité.
Aucune autre qualité ne pouvait mieux servir Villamizar que sa détermination et sa patience pour résoudre les contradictions internes que signifiaient pour lui ces conditions. C'est-à-dire: agir comme il l'entendait, avec son imagination et à sa façon, mais pieds et poings liés.