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EAN : 9782070321018
256 pages
Gallimard (28/04/2006)
3.8/5   89 notes
Résumé :
Postface inédite de l'auteur

"Bartabas a inventé ce qui n'existait pas. Il façonne avec ses mains fortes et graciles de la splendeur éphémère. Ce rebelle que le chamanisme a pacifié, ce nomade que l'équitation a conduit à l'extase, cet ambitieux dont la patience a été l'arme secrète, ne ressemble à personne, sauf à lui-même, qui reste une énigme.
J'ai voulu exprimer ici la chance que nous avons d'être ses contemporains. Je sais trop qu'il res... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Bartabas est un drôle de personnage, centaure un peu démiurge et déjanté. La biographie que lui consacre son ami Jérôme Garcin, journaliste culturel parisien passionné de chevaux, l'est tout autant.

On oscille entre la poésie et l'emphase, entre le parcours de vie et la mystique des spectacles, entre la fascination et l'incompréhension...

Si le personnage mystérieux m'a séduite, le style parfois pompeux moins. Aussi, je termine sur ma faim, toujours aussi perplexe devant le génie de Bartabas.

La solution ? C'est peut-être d'aller le voir en spectacle et de monter à cheval à sa façon, avec passion et folie... Et là, aucun doute, ce livre m'en a donné envie !
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"Bartabas, roman" n'est pas un roman. Si l'on considère une vie d'homme de cheval comme un idéal, c'est plus précisément une hagiographie. La vie de saint Bartabas.
C'est la vie d'un homme devenu centaure, mythique mystique tombé en extase à force de renâcler. La vie d'un privilégié qui n'a pas craint pas de tenter d'arracher ses racines jusqu'à risquer la chute, puis à échappé à la déchéance en fuyant vers un sacerdoce au mépris de toutes les convenances, hors de tous les carcans. Qui de ses deux terroirs-refuges a créé sa chimère, quand le monde des chevaux qu'il maria à celui du théâtre engendra Zingaro.

Quand je montais beaucoup à cheval, j'ai vu Zingaro. D'abord sur mon écran, au début de son aventure, quand son premier spectacle fut disponible en cassette. Puis en chair et en os deux fois : à l'occasion d'une de ses tournées dans le sud-ouest, ensuite à Aubervilliers. Et bien sûr j'ai vu tous les films de Bartabas. Ce fut toujours un choc esthétique, une occasion d'émotion, un frisson souvent, même devant un écran (sauf peut-être pour "Le Caravage", qui m'a laissé sur ma faim et à partir duquel j'ai pris du recul).

Au fil des pages, l'emphase de Garcin m'a parfois transporté vers l'émotion, quand elle me renvoyait au spectacle de Bartabas en selle, à ces univers qu'il a mis en scène et que j'ai vus vivre devant moi, qui m'ont lancé au visage leurs instants de beauté éphémère.
Mais elle m'a agacé quand je manquais d'un dictionnaire ou d'une encyclopédie pour du vocabulaire ou des références littéraires inconnus, pour des élégances trop ésotériques, inaccessibles à mon niveau de culture...

Le style de Garcin est fluide et esthétique comme toujours, mais ici trop souvent complexe. Fluide, esthétique et même aérien comme les chevaux finement mis en haute école qu'il décrit, son style se perd parfois dans des arabesques aussi complexes que les tracés laissés dans le sable par un carrousel alambiqué.
On sent bien que l'écrivain a choisi sa plus belle plume pour dire son admiration de cavalier, sans réserve. Mais parfois il en fait trop et c'est dommage, ça gâche des lignes très inspirées.
Il sait aussi persifler, notamment quand il compare les aspirations des deux impétrants à la direction de l'académie de Versailles (l'iconoclaste Bartabas et le raffiné Henriquet) et évoque la "victoire" de Bartabas en parallèle à la bataille d'"Hernani"...
Il faut lui reconnaître de la modestie pourtant, à Garcin, notamment quand il se retourne sur son propre parcours à la fin du livre, en le comparant à celui de son idole.

Quoi qu'il en soit, pour moi, à la fin de son récit aussi beau que compassé, Bartabas reste une énigme :
Son intransigeance au moment de l'annulation "syndicale" d'un festival d'Avigon pose question, certes.
Son mépris affiché pour les "chuchoteurs" aussi.
Son machisme, même, peut chagriner. Dans mon commentaire sur "D'un cheval l'autre", ce chant d'amour de Bartabas à tous ses chevaux, j'ai dit ici ma déception qu'il n'adresse aucune de ses louanges inspirées à une jument, qu'il ne s'épanche si poétiquement que pour des mâles. Sexiste, Bartabas ? On pourrait croire que que non puisque dans son livre, Garcin parle de Versailles comme du "gynécée" de Bartabas, où un seul homme a trouvé une place dans tout un peloton d'apprenties écuyères.
A Versailles le maître forme des femmes à dresser... des mâles ? Compliqué tout ce cirque..
Mais peut-être surtout, si l'homme a pour moi dégringolé du piédestal où je le plaçais, c'est parce que j'ai découvert qu'il avait pris fait et cause avec arrogance pour la corrida, maintenant qu'on commence à la mettre en question ouvertement. Ca n'enlève rien à son talent d'écuyer et de créateur de spectacles mais je n'arrive pas à comprendre, pas plus que Garcin d'ailleurs si je l'ai bien compris.
Et quant à l'accepter, impossible pour moi !
Que la tauromachie, surtout au Portugal, ait engendré une équitation qui peut toucher au sublime, je le sais bien. Mais qu'on reste bloqué à un stade de notre évolution qui met en scène la barbarie, qui voue un culte à un rite sacrificiel violent et à la mort d'une victime torturée, j'ose dire que ça me révolte... de quel droit ?
Etre artiste ne dispense pas de rester humble, à mon sens.

Non, décidément, en fermant le livre de Garcin je ne comprend pas mieux cet homme, ce centaure que j'ai tant admiré avant de redevenir un piéton, un mortel très ordinaire.

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Après des années d'attente j'ai en deux ans assisté à deux spectacles de Bartabas : Golgotha et On achève bien les anges . N'étant pas cavalière moi-même c'est davantage le spectacle vivant qui me fascinait : mélange de styles, d'époques, d'Arts.
Quelle gifle…émue aux larmes.
Comment les créations de cet homme peuvent à ce point me bouleverser ? Je n'ai pas trouvé de réponse dans ce livre.
Approcher ce centaure indomptable s'avère prétentieux. Son ami J.Garcin, l'auteur, en brosse un portrait admiratif et semble lui-même désarçonné par un tel personnage.
C'est un bel hommage qu'il lui rend, ainsi qu'aux chevaux qui l'ont accompagné, mais n'en attendez pas qu'il étanche votre soif de curiosité, bien au contraire !
Bartabas restera un personnage contemporain mythique, mi-homme/mi-cheval : présent et créatif, il reste insaisissable.
Je resterai admirative du travail qu'il a fourni pour traduire toute sa sensibilité dans ses spectacles, et reconnaissante de faire vibrer en moi des valeurs fondamentales : lui a trouvé chez les chevaux le moyen de vivre son humanité dans un monde où elle est si difficile à préserver.
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Il s'agit du récit d'une amitié fraternelle qui offre aux lecteurs une excellente occasion de rencontrer un personnage singulier. Homme libre, fougueux, mystérieux, anticonformiste, et surtout homme créatif, Bartabas est le personnage romanesque par excellence. Au théâtre de bois d' Aubervilliers, les plus spectaculaires chorégraphies sont construites pour des humains recrutés au-delà de toute frontière, en dehors des normes sélectives de cet exercice, à partir de leurs capacités et de leurs envies. Comme ces derniers, les chevaux ne sont pas sélectionnés, ils sont eux aussi issus de la diversité, l'origine « premier du champ de courses » n'est pas un critère.
En France et à l'international, l'équipe enchante. En 2002, Bartabas investit la Grande Ecurie du Roi à Versailles pour y implanter l'Académie du spectacle équestre, école dédiée à l'apprentissage des arts équestres.

Je pense que Jérôme Garcin aurait pu se dispenser des nombreuses références culturelles qui rapportent sans cesse le parcours et l'oeuvre à un personnage ou à un fait. Pour ma part, j'ai ressenti une lourdeur dans cette histoire qui aurait pu s'autosuffire. A elle seule, elle dégage la richesse du personnage principal décrit dans des fresques littéraires et romantiques émouvantes. Tel « ce dialogue d'ombres entre une violoniste à pieds et Bartabas à cheval…Face à face, la musicienne et le cavalier, tout de noir vêtus, sans se quitter des yeux, exécutèrent pizzicato, l'une une très féérique mélodie, l'autre un récital de passage, pirouette et galop arrière. …On eût dit alors que, à l'insu des deux interprètes, l'animal vivant et l'instrument à cordes parlaient, au coeur de la nuit provençale, le même langage ». (Qu'apporte là, la référence à « l'annonce faite à Marie » ?) . Puis, il y a la relation de Bartabas avec l'animal. L'auteur consacre un long passage sur la complicité entre Bartabas et Zingaro, le vide quasi désespéré créé par la mort du cheval mythique. Déniant tout anthropomorphisme, Jérôme Garcin se demande « si ce grand escogriffe poilu, moitié dandy, moitié canaille, appartenait au monde équin… ».

Eblouie par cette lecture, je précise que ce commentaire repose sur le roman. Il est évident que ma naïveté ne saurait annihiler une réflexion sur la condition animale. Je n'ai jamais assisté à une représentation du cirque équestre proposé par Bartabas, je le ferai certainement.
Ce roman est avant tout l'histoire d'une amitié entre deux hommes bien différents, animés par la même passion.


Lien : https://mireille.brochotnean..
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Olalala qu'est ce que ce roman est lourd et indigeste... le sujet m'enchantait pourtant, mais la plume de Jérôme Garcin n'est définitivement pas pour moi. Je me suis arrêtée aux 3/4 du livre, c'est dommage le sujet de base aurait pu donner un meilleur résultat sous une autre plume...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le carton, tout simple, d'un genre que je ne connaissais pas, est arrivé par la poste, au début de 1999. Au recto, figurait l'annonce suivante : "Le théâtre Zingaro vous fait part du décès du cheval Zingaro. Il s'est éteint à l'âge de dix-sept ans. Il avait participé à tous les spectacles depuis quinze ans." Au verso, signé Ernest Pignon- Ernest, un portrait au crayon, trait noir sur fond blanc, du beau disparu tel qu'en lui même la légende le fixe, à la dernière d'Eclipse : accroupi dans la neige, les antérieurs tendus, la lourde encolure en col de cygne et la tête méditative. Une version équine du penseur de Rodin.
Haut de garrot, ce prince des ténèbres appartenait à la race volontaire et très résistante des frisons, originaire des Pays-Bas, qui fut créée jadis pour la guerre, les travaux des champs, les attelages royaux, avant d'être adoptée, au XIXème, par les pompes funèbres ; tirée, portée par eux, la mort était non seulement confortable mais aussi majestueuse.



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Zingaro, autrement dit bohémien, était un gros bébé poilu de deux ans, pataud et bancal, lorsque Bartabas l'acheta en 1984, à Alex Wilms, un marchand bruxellois. Sans doute pensait- il à cette rencontre cardinale lorsqu'il griffonna, quinze ans plus tard, ce poème amoureux sur un bout de papier : " Après s'être longtemps observés à distance / ils se retrouvèrent un matin face à face / ce fut le cheval qui fit le premier pas". Bartabas le paterna, l'éleva, le dressa, le balada, le muscla, plus jamais ne le quitta. Il grandit sous les vicinales, nez et crinière jais au vent, suivit sans changer d'allure la roulotte du cirque Aligre de pays en pays et son maître, de spectacle en spectacle. Mieux qu'un animal, un partenaire d'une fidélité absolue, un allié substantiel, et un symbole assez fort pour que son "hypponyme", gravé au fronton du théâtre équestre, devienne le nom de la compagnie. D'un cheval noir et luisant, on dit qu'il est moreau. Zingaro était aussi moral.
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j'ai voulu exprimer ici la chance que nous avons d'être les contemporains de Bartabas. Je sais trop qu'il ne restera presque rien, lorsqu'il aura disparu, de ce qu'il a créé sous des chapiteaux de bois et de toile. Je sais aussi que les films de ses spectacles sont impuissants à restituer la magie du vivant, les parfums et les couleurs du cérémonial nocturne sont il est le spectral officiant. Déjà Zingaro, le frison que l'on croyait invincible, l'éternité en muscles noirs, est mort. Et puis je me méfie de Bartabas. Je le sais capable de s'éclipser aussi vite qu'il est apparu. Il ne sera jamais un rentier de l'art équestre, un fabriquant de sons et lumières, un institutionnel de la haute école. Il ne s'installera pas, si s'installer, c'est abdiquer.
Un homme qui cherche l'épure finit toujours par rejoindre le blanc marllarméen, le désert - chrétien ? musulman ? - du père de Foucauld, l'inatteignable solitude. Je rêvais donc de le portraiturer, de le saisir en mouvement, avant sa dissolution ou sa métempsychose.
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A trente ans, Bartabas découvre l' "horreur vulgaire". Il en sera marqué à vie. C'est à ce moment-là qu'il prend la mesure du risque dont il est menacé, sinon la prostitution du moins la récupération. Il apprend à refuser les défilés de mode, les soirées branchées, à repousser les liasses de billets lâchées par de grosses mains baguées. Il a, plus que jamais, l'ambition de placer son travail très haut, très loin de tout ce qui pourrait le salir, le trahir. Il ne pense déjà qu'à garder son public, le vrai public, à lui être fidèle, à ne pas le décevoir. Rien n'est calculé chez lui, mais tout est raisonné. Ces années où il a frôlé la mauvaise gloire, la gloire qui pue, ont fait de Bartabas l'inflexible méditant et l'écuyer intègre de Loungta.
Commence alors la geste belle et pure de Bartabas. Elle réchauffe, autour d'un feu grégeois, des coeurs brisés, des âmes glacées.
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Difficile d'imaginer plus froid que la Iakoutie, aujourd'hui république de Sakha, où souvent le thermomètre descend jusqu'à moins cinquante degrés. Pour résister, les petits chevaux développent un poil d'hiver si abondant et si pelucheux qu'on dirait des fourrures. En apparences banals, sans avoir même le caractère sanguin des shetlands, ils deviennent fascinants dans la taïga. Ils savent se nourrir d'un invisible lichen en grattant la neige d'un sabot négligent. Ils galopent au milieu des congères avec un équilibre et un aplomb enviables. Ils sont à la fois farouches et sociables. Les Iakoutes les montent à cru et les mangent cuits. (Bartabas n'a toujours pas digéré le festin qu'on lui a offert, le jour de son arrivée à Iakoutsk, composé de steaks, tripes et saucissons de poneys. C'est la seule fois de sa vie que, dégoûté, il a été obligé de se gaver d'équidé).
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Vidéo de Jérôme Garcin
Jérôme Garcin vous présente son ouvrage "Écrire et dire : entretiens avec Caroline Broué" aux éditions des Équateurs. Entretien avec Jean-Claude Raspiengeas.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3002979/jerome-garcin-ecrire-et-dire-entretiens-avec-caroline-broue
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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