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sur 285 notes
« Vous aviez raison, il se pourrait que je joue prochainement « le Menteur et Hamlet ». C'était le 23 octobre 1959, c'était il y a un mois. Il n'aura pas pu dire : « Etre ou ne pas être, telle est la question » parce qu'il n'est plus. »

C'est avec beaucoup d'émotions que je viens de refermer le livre de Jérôme Garcin. Je regarde la photo de Gérard Philipe qui ne quitte pas mon bureau depuis très longtemps. Ce n'est pas sa meilleure photo ! du plus loin que je me souvienne, il a toujours été mon idole, je ne saurais dire pourquoi. D'aucuns vous diront qu'il a créé sa propre légende en mourant en pleine gloire si jeune. Mais j'étais beaucoup trop petite pour me rappeler.

Peut-on envisager qu'une petite fille puisse se sentir envoûtée par la voix harmonieuse de l'aviateur du Petit Prince, cette voix à nulle autre pareille, aux intonations masculines mais toute de douceur, fluide, à la plasticité toute féminine, faisant surgir de l'imagination de cette petite fille, des images de désert et d'un aviateur penché sous sa carlingue auprès duquel apparaît ce magnifique petit bonhomme. Sont-ce mes professeurs de français qui m'ont inoculé ce virus au temps où nous apprenions les répliques de nos classiques afin de pouvoir, lors du gala de fin d'année scolaire, monter sur les planches et déclamer ces citations, donner la réplique à nos camarades, tout ceci dans un état d'excitation que seules des élèves pouvaient ressentir à l'idée de jouer devant les parents. Peut-être aussi, les couvertures de nos classiques Larousse où Gérard, magnifique dans son costume du Cid, captait notre attention, lui dont la seule pensée nous éclairait lors de nos répétitions. (Il y avait aussi Thierry la fronde qui animait nos cours de récréation:-))) !

Ce grand adolescent, au visage d'ange noble et romantique, nous a quittés le 25 novembre 1959. Il a rejoint les étoiles à quelques jours de ses 37 ans. C'est dans le costume du Cid qu'avait dessiné le peintre Léon Gishia, dans un pourpoint bleu horizon recouvert d'une cuirasse matelassée bleu nuit à passements dorés et sa cape rouge vermillon que ces cuissardes l'ont transporté pour son ultime représentation, lui l'incarnation du talent et de la grâce.

Il fut avec Jean Vilar, les grandes heures du TNP. Quel dommage que Jean Vilar n'ai jamais souhaité que soient filmées les pièces de théâtre interprétées au festival d'Avignon ! Ce sont ces grands instants où Gérard Philipe donnait toute sa force, toute son incandescente beauté, toute sa capacité à incarner aussi bien la Tragédie que la Récréation. Il fut, pour moi, le Cid, Lorenzaccio, Ruy Blas, Fanfan La Tulipe, et le film qui m'a marquée, Les Orgueilleux avec Michèle Morgan.

Revenons au livre écrit par son gendre posthume si je peux m'exprimer ainsi.

L'auteur est l'époux d'Anne-Marie Philipe, fille de Gérard Philipe et de son épouse Anne. Anne-Marie avait cinq ans au décès de son père, et son frère Olivier, trois ans. Il semble évident que le mythe a rejailli sur l'ensemble de la famille. Difficile pour l'auteur de ne pas rendre hommage à ce sublime acteur.

Jérôme Garcin, relate, avec pudeur, sans rajouter du mélo au drame, à la manière d'un journal intime, les trois derniers mois de la tragédie qui va se jouer sous nos yeux, des vacances aoutiennes de Ramatuelle jusqu'à ce fatidique 25 novembre 1959.

A la suite de douleurs abdominales violentes, Gérard consulte le professeur François Gaudart d'Allaines. le diagnostic envisage un abcès amibien du foie. Une intervention est envisagée à la clinique Violet. Seulement voilà, le couperet tombe, on ouvre et on referme, cancer du foie foudroyant. L'équipe de médecins demande à voir Anne toute seule et c'est toute seule qu'Anne affrontera la nouvelle. Anéantie, elle cachera la vérité à Gérard.

Jérôme Garcin sait parfaitement décrire les émotions, les sentiments auxquels Anne doit faire face. Son désespoir, sa colère, son chagrin, devant la cruauté du destin, et toutes les pensées qui viennent l'assaillir. Ses deux jeunes enfants ne grandiront pas dans les yeux de leur père. le mythe est avant tout un père et un fils ! Et l'on assiste, les larmes aux yeux, mois après mois, semaine après semaine, au courage d'Anne qui fait face à son mensonge, à sa conscience mais Anne reste avant tout le pilier de son artiste de mari. Gérard ainsi protégé peut se consacrer aux projets qui le stimulent, aux textes qu'ils se préparent à interpréter comme Edmond Dantès ou Hamlet.

L'auteur aborde avec beaucoup d'humanité ces derniers jours. Il évoque aussi l'artiste engagé et l'homme qui malgré le succès, est toujours resté d'une grande humilité.

J'ai eu aussi plaisir à lire tous les passages évoqués sur les grandes tragédies grecques, que de souvenirs ! J'imagine que pour nombre de jeunes lectrices et lecteurs, l'histoire de Gérard Philipe est terriblement abstraite et fait partie de la préhistoire !!! Mais pour moi, ce fut un afflux de souvenirs, de tendresse, de poésie et de larmes !

C'est une plume extrêmement sensible que celle de Jérôme Garcin et j'ai bien l'intention de m'intéresser à sa bibliographie.

Je termine par la tirade de Perdican dans « On ne badine pas avec l'amourDe Musset » et je vais vous faire une confidence, j'ai toujours souhaité que cette tirade soit mon épitaphe :

« J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui ».


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Le dernier hiver du Cid est le récit poignant des dernières semaines de Gérard Philippe, un peu gâché quand même par un Jérôme Garcin qui s'écoute écrire et abuse des envolées lyriques et références aux héros incarnés par le comédien.

Ainsi parlant du chirurgien qui l'a opéré et annoncé sa fin imminente à Anne, son épouse, Garcin écrit «  il se souvient d'être allé voir le Cid ... Ce soir-là, il découvrit que, malgré le col trop amidonné du pourpoint, Rodrigue avait la grâce, que la voix d'un guerrier pouvait être caressante et que portées par une sincérité qui frôlait l'innocence, ces vieilles stances pouvaient être d'une candeur éclatante. Même la manière dont il allait embrasser Don Diègue était joyeuse. La tragédie renouait avec l'espagnolade. La Castille était lumineuse. On ne sentait ni le poids du palais ni la lourdeur des étoffes. le théâtre exultait de vie et descendait dans celle des spectateurs. El Cid rayonnait. »

Bien sûr, on peut comprendre Jérôme Garcin en gendre admiratif d'un parfait héros de tragédie, jusqu'à sa vie écourtée par la maladie. Un héros beau, humain, sympathique attirant la lumière et les foules. Passant outre les railleries des tenants de la Nouvelle Vague. Épousant une femme discrète à la beauté imparfaite alors qu'il a tenu dans ses bras les plus brillantes et belles des comédiennes. Un jeune héros résolument de gauche qui ne retira jamais ni son aide ni son affection à son père Marcel, collabo nationaliste condamné à mort par contumace, réfugié en Espagne.

Finalement Gérard Philippe apparaît un être singulier sans fioritures inutiles. Et malgré les réserves de style, moi qui n'avais pas d'intérêt particulier pour Gérard Philippe (livre lu dans le cadre d'un cercle de lecture), contre toute attente, j'ai trouvé ce livre touchant et me suis attachée à la personnalité du comédien. Je peux même dire que grâce à Jérôme Garcin, j'ai découvert un être engagé et sensible qui m'a émue.

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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le roman nous livre les derniers mois de la vie de Gérard Philipe depuis le mois d'août 1959 jusqu'au 25 novembre de la même année, jour de sa mort.
Le récit commence en plein été à Ramatuelle. le comédien passe des vacances très actives à retaper sa maison, à jouer avec ses enfants, à vivre un peu avec sa femme, Anne loin de la vie parisienne.
Pour la première fois, il souffre de la chaleur, ressent des douleurs dans le bas-ventre mais la vie continue. Mille projets se dessinent devant lui dont le film de Montecristo, une pièce de Hamlet sur la scène du théâtre Jean Vilar et bien d'autres.
Rentré à Paris, il doit se faire opérer d'un abcès au foie . Un abcès que les médecins déclarent ne pas être grave mais c'est en ouvrant pour l'opérer qu'ils découvriront les dégâts causés par une tumeur inguérissable au foie.
Gérard Philipe décèdera quelques semaines plus tard, le 25 novembre persuadé que sa convalescence va être longue. Il est serein et relit les tragédies grecques. C'est aussi un grand amateur de Corneille et c'est dans son costume du Cid qu'il sera enseveli. Il l'a joué 150 fois.
En mourant, il laisse sa femme, Anne Philipe qui nous a livré "Le temps d'un soupir" que j'ai lu au lycée. Il laisse aussi deux très jeunes enfants : Anne-Marie et Olivier.
Son gendre, le bien connu Jérôme Garcin que j'avais lu dans "Le voyant" ,raconte ces derniers mois ainsi que les origines de l'acteur.
Il nous livre un récit excessivement bien écrit, je me suis surprise à relire des passages deux fois. C'est étonnamment vivant alors qu'il nous parle des derniers mois d'un homme, le père de sa femme.
Il rend hommage à ce jeune homme emporté par la maladie à 37 ans sans exagérer sur ses qualités ni sur ses défauts.
J'ai trouvé qu'il faisait là un beau cadeau à sa femme Anne-Marie.
En tant que personne de plus de soixante ans, j'ai connu la voix de Gérard Philipe me racontant "Le petit Prince" dans une version simplifiée. C'était merveilleux. Quelle ne fut pas ma déception à mon entrée au collège, à 12 ans, quand j'ai dû lire le livre en version intégrale. Je me suis réconciliée
avec le récit depuis.
Et puis, j'avais regardé "Fanfan la Tulipe" avec mes parents.
En vacances chaque année à Grimaud, mes parents et leurs amis avaient absolument voulu aller sur sa tombe à Ramatuelle. J'étais toute petite et j'avais été très impressionnée. J'avais l'impression qu'on voyait sous les pierres à peines posées. J'avais 4 ans en été 1960. J'ai gardé l'image flash de cette visite et ressenti l'émotion de mes parents qui avaient eu l'occasion de le voir jouer dans la pièce "Les caprices de Marianne" d'Alfred de Musset.
Un très beau témoignage de Jérôme Garcin que j'ai tardé à lire alors qu'il était dans ma PAL depuis sa sortie.
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Jérôme garcin qui a épousé Anne Marie la fille de Gérard Philipe, nous raconte en deux cents huit pages. les Six dernier mois, de celui qui fut le plus élégant, fin,
subtil, séduisant, humble, intelligent, éblouissant acteur de sa génération. c'était il y a soixante ans, que Gérard Philipe nous quitter il avait 36 ans.
tout ses films était un événement, du rouge et le noir a monsieur ripois en passant par le diable au corps, les liaisons dangereuses ou l, inoubliable fanfan la tulipe.
atteint d'un cancer incurable. sa femme n'a rien voulu lui dire, sans avoir recours au pathos ou a l, apitoiement. le livre reconstruit ses six derniers mois.
le temps qui passe, mais aussi les tournants dans la vie culturelle ont peut être fait oublier ce que fut Gérard Philipe son role majeur, sa vie exemplaire, la résistance, le soutien loyal a un père qui lui avait pris un mauvais chemin.
le festival d, Avignon aurait pu lui rendre un hommage, mais heureusement qu'il y avait l, amour du public.tout âgés confondu. la rentrée littéraire est foisonnante pour les babelofiles et on sait pas des fois ce qu'il faut choisir. mais pour le dernier hiver du cid , je n, hésite pas du tout. lisez le, c'est passionnant.💞
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Novembre 1959, l'acteur Gérard Philippe disparaît en pleine célébrité, foudroyé à 37 ans par le cancer. Dans son livre « le dernier hiver du Cid » Jérôme Garcin, qui a épousé sa fille, raconte les derniers mois du comédien qui incarnait l'espérance de la jeunesse de la décennie d'après-guerre.

L'auteur nous fait suivre jour après jour - un chapitre par jour – les actes marquants et le combat contre la maladie apparue soudainement et qui va se révéler inguérissable. Bien que très faible, mais ignorant la gravité de son mal contrairement à ses médecins et son épouse, Gérard Philippe croit avoir la vie devant lui et continue de nourrir de nombreux projets au cinéma et au théâtre. Anne, son épouse, va lui cacher la vérité et lui permettre de rêver, jusqu'au dernier jour, à ses futurs rôles, «il est heureux comme un rescapé ». Dans ce récit sobre, qui se déroule d'août à novembre 1959, Jérôme Garcin rappelle l'aura de Gérard Philippe, qui repose pour partie sur la brièveté de sa vie et la soudaineté de sa mort, devenant l'éternel jeune premier du théâtre français.

Témoignage intéressant, sous forme d'un bel hommage à Gérard Philippe, disparu il y a soixante ans et drapé pour l'éternité dans son costume de scène du Cid.
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Dans la cité papale, Gérard Philippe, restera, à jamais, une icône . Une de mes collègues plus âgée , qui avait participé avec délectation à un colloque dans le verger d'Urbain V, avait affiché dans son bureau une photo dédicacée ,silhouette racée, portant chemise immaculée avec jabot, celle du Prince de Hombourg.
J'ai croisé récemment Gérard Philippe dans l'autobiographie de Maria Casarès, ami fidèle , amant généreux, je le rencontre à nouveau dans cette biographie.
Jérôme Garcin met en scène une tragédie  grecque avec les règles d'une pièce classique : unité de temps, de lieu, d'action.
- le temps : une courte saison qui va de la fin de l'été au début de l'hiver 59,
- le lieu  où se déroule l'essentiel du drame : une chambre , tour à tour, celle de la clinique Violet, celle de son appartement rue de Tournon , dans le 6ème à Paris,
-l'action : l'emprise inexorable de la mort qui va terrasser un homme jeune, talentueux.

Gérard Philippe fut pour Camus un empereur innocent, ténébreux, romantique, il contribua au succès de Caligula . Destin dramatique pour l'un comme pour l'autre, Albert Camus, disparaîtra le 4 janvier 1960 , juste un petit mois après…

Récit émouvant, un bel hommage singulier .
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Le dernier hiver du Cid est le récit des derniers jours de Gérard Philippe, les quelques jours avant son opération prévue le 9 novembre 1959, qu'il croit être celle d'un abcès et qui se révèlera être un cancer du foie. Avertie du pronostic des médecins qui ne donnent qu'entre un et six mois de survie à l'acteur, sa femme Anne décide et demande au corps médical qui accepte, de taire le diagnostic à Gérard Philipe. Ce dernier, de retour chez lui, reprend frénétiquement la lecture de pièces qu'il pense répéter une fois sur pied, l'annotation de livres qui lui tiennent à coeur, reçoit de rares visiteurs ignorant la gravité de l'état de santé de l'acteur, alors au sommet de sa carrière. le destin ne laissera qu'une dizaine de jours à l'acteur qui décèdera le 26 novembre d'une embolie foudroyante...

Jérôme Garcin, époux d'Anne-Marie, la fille de Gérard Philippe - qui n'a que cinq au décès de son père - relate les derniers jours du Cid, le rôle emblématique de Gérard Philippe, dans le costume duquel il sera inhumé, en retraçant la fulgurante carrière d'un comédien, d'abord cantonné à des rôles de jeune premier dans des pièces de boulevard mais qui, poussé par son professeur Georges le Roy, par Jean Vilar qui crée le TNP, Théâtre national populaire et sous l'influence de sa femme Anne qui lui insuffle la confiance en lui, vers des rôles exigeants qui lui faisaient peur mais qui vont le propulser dans l'art dramatique. Tant au théâtre avec le Cid, le Prince de Hombourg, Lorenzaccio, Richard II qu'au cinéma, avec Fanfan la Tulipe, Julien Sorel, il joue sous la direction des plus grands Jean Vilar, Max Ophuls, Claude Autant-Lara, Yves Allegret, René Clair. Adulé en tant qu'acteur, il redevient simple en famille et avec ses amis, s'engageant dans des combats politiques notamment et s'impliquant dans le Syndicat Français des Acteurs, où il défend les intermittents.
Avec le dernier hiver du Cid, Jérôme Garcin réussit à évoquer à la fois la carrière de l'acteur mais également l'homme, sa vie aussi fulgurante que sa mort.
Un bel hommage à un acteur qui incarnait la grâce et le talent, une étoile filante.
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Il n'y a pas plus bel hommage que celui qui vient du coeur.
Celui-ci se décline naturel, tendre et pudique.
Il ne se gonfle ni de superlatifs, ni de larmoiements inutiles.
Il est vrai, palpable.
Qu'on ait connu Gérard Philippe ou pas pour les plus jeunes, l'on ne peut qu'être en osmose avec les mots choisis de Jérôme Garcin.

Marié avec « l'Infante », la fille du « Cid », qui, mieux que lui, pouvait nous livrer les derniers jours d'un des mythes du théâtre et du cinéma français.

Soixante ans ont passé.
Il fallait ce livre pour raviver le souvenir d'un comédien particulier, au visage éternellement jeune, à la voix typique.
Voix qui continue à bercer nos oreilles grâce à l'enregistrement du « Petit Prince » et de poèmes dits comme on ne dit plus à présent.
Le comédien est dévoilé : enthousiaste, passionné, d'une ardeur déstabilisante, honnête, engagé, cultivé, plein de projets…
Il n'a pas su la réalité du mal qui le rongeait (nous sommes en 1959), Anne, son épouse, a préféré lui taire la condamnation.
Et cela fait mal de lire cette vie fauchée à 37 ans à peine, une vie qui, sans savoir, bâtissait et rêvait encore et encore.
L'émotion jusqu'aux larmes, la révolte contre l'inéluctable nous étreignent.

L'homme est beau dans ses engagements, dans sa compréhension des autres, dans ses prises de position.
Il est comédien et citoyen lucide.
L'amour des siens et l'amour de la vie éclatent, des forces s'en tirent.
Je cite cette phrase parmi d'autres : …« Nous essaierons d'être élégants si un jour nous sommes malheureux »…
Le choix d'Anne d'enterrer l'homme qu'elle a aimé dans le costume du Cid, rôle emblématique de Gérard Philippe, témoigne de cette élégance.
Tout s'y retrouve, l'homme et le comédien : l'honneur, la grandeur, la beauté.

Dans ce livre, le théâtre est représenté dans toute sa noblesse, dans toute la réalité de son essence : montrer la vie, instruire.
Foin de peopolisation, foin de l'égoïsme mal placé.
Hommage et respect du « maître » Georges le Roy, du « père » Jean Vilar et des auteurs : Molière, Corneille, Euripide
Le chemin emprunté dans la jeunesse et l'élévation au sommet de l'Art constituent un témoignage de la carrière de ce comédien inoubliable.

Le théâtre est l'éphémère.
La musique, la peinture, la littérature demeurent.
L'interprète s'oublie…
Ce livre résonne en nous après l'avoir refermé et donne un peu d'éternité à celui que fut Gérard Philippe.

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Si je vous parle de "Fanfan la Tulipe", du "Cid" ou encore de "Si Paris nous était conté", je pense que vous trouverez sans problème le dénominateur commun. Il s'agit bien de Gérard Philipe, un comédien et acteur disparu bien trop tôt pour des millions de Français.

Dans ce court récit romancé, Jérôme Garcin revient sur les derniers moments de la vedette d'après-guerre. Spectateurs d'une fin certaine, nous entrons dans l'intimité d'un homme passionné qui a vécu une vie à mille à l'heure dans un domaine qui le rendait heureux.

Alors que l'on pourrait s'attendre à découvrir un texte assez sombre, j'ai trouvé au contraire un ouvrage assez lumineux rendant un bel hommage à un grand homme qui n'a pu tirer sa révérence sur scène. Au travers son travail d'écriture, Jérôme Garcin a su retracer une époque que j'ai apprécié découvrir.

Comme les plumes délicates et majestueuses de ce bel oiseau, "le dernier hiver du Cid" se révèle être un magnifique hommage tel un chant du cygne que je ne peux que vous conseiller de découvrir...
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Dans cet ouvrage, Jérôme Garcin, évoque son beau-père Gérard Philipe qu'il n'a jamais connu car disparu le 25 Novembre 1959 alors que sa femme, la fille de l'acteur, Anne-Marie, n'avait que 4 ans..... Il retrace les dernières semaines de cet acteur (dont on parle très peu je trouve) d'Août à Novembre 1959, d'un été en Provence où les premiers symptômes sont apparus jusqu'à ce dernier matin où il a tiré sa révérence.

C'est un témoignage très pudique et émouvant, à la manière d'un journal de bord des derniers jours mais aussi de qui fut Gérard Philipe, son parcours, ses origines, sa famille mais aussi et surtout ses liens avec Anne, sa femme, et le théâtre, le cinéma, la littérature, ses grandes passions.

J'ai aimé l'écriture de l'auteur, on ressent tout le respect, l'admiration qu'il a pour cet homme,  mais aussi et surtout pour son épouse, Anne, qui choisit de cacher à son époux la gravité de son mal, pour que ces derniers jours soient à son image, pleins de vie, d'espoir, de projets et de sérénité auprès d'elle et de ses enfants.

Que de courage et d'amour finalement il a fallu pour faire ce cadeau à l'homme qu'elle aimait, trouvant, dans les moments les plus difficiles d'une existence, la force d'imposer aux médecins et au peu de proches mis dans la confidence, le silence sur l'issue fatale.

"C'est une énigme pour le médecin, ce maître des horloges, soucieux d'une exactitude à laquelle ce malade-i, réfugié dans un temps parallèle, paraît indifférent, voire rétif. La conversation des deux hommes, qui ne semblent pas parler la même langue, est aussi chaleureuse que fausse. L'un manie la rhétorique du mensonge et l'autre, l'éloquence de l'ignorance. (p117)"

Jérôme Garcin porte l'accent sur les valeurs de l'homme : ses relations avec ses parents, une mère Minou qu'il adorait, son père, Papy, au passé trouble pendant la seconde guerre mondiale et tellement loin de ses propres engagements, mais aussi les joies que lui procurait sa vie de famille, loin des caméras et des tabloïds, un homme engagé, fidèle en amitié et dans ses convictions politiques, qui gardera pour toujours l'image d'un jeune homme, à la voix si particulière.

C'est un court témoignage tout en retenu malgré tout respectant ainsi l'intimité d'une famille, n'entrant pas dans le voyeurisme et s'attachant à évoquer la relation qui unissait le couple et surtout à la détermination de Anne, sa femme, de respecter ce qu'il était intrinsèquement : un homme simple, un éternel jeune homme, attaché à des valeurs, à sa famille et ses enfants.

Il est intéressant de le remettre sur le devant de la scène, de retracer tous les  grands rôles qu'il a tenus, son amour des classiques et j'ai été frappé par la manière ou tout a été très vite dans sa vie, comme une urgence de vivre comme si le temps était compté. 

"- Quelle pensée s'impose souvent à vous ?

- L'urgence des choses que je dois faire

-Qu'est-ce qui vous étonne dans la vie ?

-Sa brièveté." 

Gérard Philipe Arts 1958

Je partage avec vous cette chanson de Jean-Pierre Boutayre écrite pour lui rendre hommage, lui qui restera pour toujours le Prince en Avignon avec Jean Vilar qui fut son père spirituel et qui déclara à sa mort :

"La mort a frappé haut"

Jean Vilar - Chaillot, 25 Novembre 1959
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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