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Critique de entrecrituretlecture


"Pour moi, dans vingt ans" p.167

J'étais dans ma voiture en partance pour la Normandie et j'écoutais la radio. Un animateur, en quelques minutes, parlait de l'ouvrage qu'il venait de lire "Le dernier hiver du Cid" par Jérôme GARCIN. C'est suite à cette écoute que j'achetais le livre à la librairie de Cabourg. Je ne connais pas l'auteur, mais je connaissais le personnage principal du roman, Gérard Philippe. J'avais vu l'acteur dans "Fanfan la tulipe", "Les orgueilleux", « Les grandes manoeuvres ». Je l'avais vu dans « La beauté du diable ». J'ai de vagues souvenirs de lui dans le rôle de Julien Sorel. Ce n'est pas un acteur de ma génération. Mais, je l'appréciais pour son jeu, sa jeunesse, la justesse de sa voix dans son discours. J'étais, également, influencée par ma tante et ma mère, amoureuses de l'acteur. Aussi, c'est naturellement que je me plongeais dans la lecture du livre. Cela me permis de connaître davantage l'homme et l'acteur, son entourage, ses combats, son talent, ses projets, son caractère, et son époque.

Il y a 60 ans s'éteignait Gérard PHILIPPE. Ce livre est un hommage vibrant à l'un des plus grands acteurs français, des plus grands acteurs de sa génération. Bel ouvrage, sobre et plein de retenue dans l'évocation des 3 derniers mois de sa vie. Nous ne tombons pas dans le pathos. Car Jérôme GARCIN, époux de la fille de Gérard Philippe, Anne-Marie, retrace dans une belle écriture, richement documentée (archive, famille, amis), le dernier grand rôle de l'acteur.

Affaibli par un cancer incurable, Gérard PHILIPPE, jusqu'à son dernier soupir, continuera à vivre, à croire, à projeter son avenir. Il ignore qu'il est condamné. Son épouse, Anne, a pris la décision de ne pas le lui dire et de continuer à vivre dans la mort. Bouleversant d'amour, d'abnégation, de force et de courage.

Gérard Philippe, en convalescence, rue de Tournon à Paris, programme ses prochains combats, désirs professionnels, se prend de passion pour la tragédie grecques dont il lit « Les troyennes », annote, griffonne, souligne au crayon noir, des phrases, tirades et extraits. Il veut jouer Hamlet, Hector dans la guerre de Troie. Il veut s'investir encore auprès du SFA (Syndicat Français des Artistes-interprètes) dont il est le président et qu'il a fondé, pour l'amélioration des conditions de vie des acteurs. Il garde contacte avec ses amis dont Jean Vilar, directeur du TNF. Malgré la fatigue, la faiblesse du corps qui grandit jour après jour, Gérard n'a qu'une envie : revenir sur les planches, reprendre du service.

Bien sûr, il s'inquiète de son état. Bien sûr, il s'angoisse à son sujet : perte d'appétit, poids dans le ventre, asthénie, mais croit en la médecine, lui qui oeuvrait pour la lutte contre le cancer, croit en sa famille dont ses enfants et son amour pour son épouse, croit en son destin. Il y a le monde du théâtre et du cinéma qui attendent impatiemment son retour, la fin de sa convalescence. Il y croit. Il ignore ce qu'il s'apprête à vivre. Jérôme GARCIN s'est appuyé dessus pour construire son livre et nous livre une époque artistique foisonnante où l'on croise bien des célébrités au fil des pages.

De Ramatuelle à Paris en passant par Cergy, c'est le quotidien de Gérard que nous partageons et que nous accompagnons dans son dernier grand rôle, son éternelle ignorance, jeunesse et romantisme. Et, pour nous tous, il restera l'éternel « Cid » de Pierre CORNEILLE, l'icône du cinéma français.

« Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? »
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