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EAN : 9782072491795
Gallimard (31/12/2014)
3.72/5   426 notes
Résumé :
"Le visage en sang, Jacques hurle: "Mes yeux ! Où sont mes yeux ?" Il vient de les perdre à jamais. En ce jour d'azur, de lilas et de muguet, il entre dans l'obscurité où seuls, désormais, les parfums, les sons et les formes auront des couleurs."

Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyran est arrêté en 1943 par la Gestapo, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald. Libéré après... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (133) Voir plus Ajouter une critique
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France Culture a consacré en avril une semaine de « A voix nue » à Jérome Garcin et ces cinq émissions passionnantes m'ont incité à relire « Le voyant » et à retrouver Jacques Lusseyran qui fut un brillant étudiant, malgré la perte de sa vue à 8 ans, un résistant, un déporté, un professeur de lettres et de philosophie contraint à un exil américain, mais qui fut également influencé par « maitre » Georges Saint-Bonnet.

Le co-fondateur de Défense de la France, le déporté de Buchenwald force l'admiration et sa survie est un miracle rendu possible par la complicité, la protection d'autres détenus, pas toujours exemplaires, que Jacques Lusseyran remet debout et mobilise dans un combat quotidien qu'il immortalise en publiant « Et la lumière fut ».

Le survivant épouse Jacqueline Pardon, active elle aussi dans le réseau Défense de la France, mais, dépressif, tombe sous l'emprise d'un gourou Georges Saint-Bonnet … qui finit par épouser Jacqueline. Jérome Garcin analyse avec finesse et délicatesse la fascination du couple pour le « maitre » et montre comment des êtres cultivés et intelligents peuvent être embrigadés dans une secte si le « climat » de celle ci se traduit par un mieux être.

Jacques Lusseyran consacre un livre en 1964 à « Georges Saint-Bonnet, maître de joie » et ceci contribue à voiler la vie lumineuse du couple, tombé dans l'oubli d'où Jérome Garcin, les sort un demi siècle après.

Jérôme Garcin démontre qu'une bonne biographie n'est nullement une hagiographie et que chacun a ses zones d'ombre. Ce portrait ainsi nuancé est d'autant plus convaincant et riche d'enseignements pour le lecteur.

Agréablement écrit, cet essai fait écho aux drames que l'auteur a vécus et dominés depuis son enfance… ainsi, le visage de Jacques Lusseyran « s'éclaire, il parle, il sourit, il parait plus vivant que les vivants. »
Et le plus étrange est que cet aveugle nous regarde !
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Un instant d'exaspération… avec ma critique largement rédigée, qui disparaît !!! Je ne vais pas me laisser décourager … d'autant que je quitte très à regret ce très beau livre, qui m'a fait connaître une « belle personne », écrivain-philosophe-enseignant de talent, mais resté totalement méconnu. Nous ne pouvons qu'éprouver une large reconnaissance à l'encontre de Jérôme Garcin… à nous faire partager son admiration envers Jacques Lusseyran

Cette biographie, hormis les émotions que nous ressentons successivement au fil des coups du destin qui auraient dû abattre cet homme mais l'ont au contraire renforcé dans son appétit de la Vie, du monde , de la Connaissance sous toutes ses formes…nous offre d'autres sentiments intenses , remuants, bouleversants ; lorsque l'auteur explique la ligne constante des raisons de son travail d'écrivain et les sujets qui perdurent au fil du temps : rendre immortels par l'écriture ses « très chers disparus ». L'extrait qui suit l'explique fort justement…

« Une fois encore, une fois de plus, je pense à mon père, né à Paris, quatre ans après Jacques Lusseyran, passé lui aussi par la khâgne de Louis-Le-Grand, fou de littérature, amoureux de la langue du XVIIIe, éditeur accompli, mais écrivain empêché, dont la mort accidentelle en pleine nature, au printemps de 1973, à l'âge de quarante-cinq ans, dessine une ligne droite que je n'aurai jamais fini de vouloir prolonger dans des livres brefs peuplés de jeunes morts qui continuent de vivre, de lire, et d'écrire. (p.180) »

Nous songeons à plusieurs écrits, « Olivier », son jumeau décédé prématurément, « Bleus horizons », sur l'écrivain, La Ville de Miremont, fauché si jeune, lors de la première guerre…, mais également son excellent texte hommage à Jean Prevost (lui aussi, fauché dans ses jeunes années)

Il me tarde de me plonger dans les « mots » de ce « Voyant aveugle »….qui m'a séduit par son caractère lumineux, sa passion pour l'écriture, la philosophie, l'enseignement, les femmes, La vie sous toutes ses facettes… et « cerise sur le gâteau »…se profile derrière le visage de Jacques Luysseran, celui d'un autre écrivain-philosophe, si cher à mon coeur… Je voulais nommer « Albert Camus » que notre écrivain-résistant a rencontré…sans omettre la rencontre en septembre 1942, d'un professeur agrégé de Lettres, Jean Guéhenno, qui le marquera durablement ; je vous retranscris un extrait de Jérôme Garcin, décrivant cet étudiant brillant devant ce professeur admiré :

« Dans un Paris vert-de-gris, il enseigne le droit des peuples à être heureux. Jacques Luysserand lui trouve une voix ancestrale qui a « les douceurs de Virgile, la bonhomie de Montaigne et la bravoure de Michelet ». Il boit les paroles de ce moraliste humble qui vante d'autant plus le devoir de se surpasser qu'il doute de ses dons littéraires et se dit sans cesse tenté par « la naïveté ». Il ignore que, dans la résistance, Guéhenno s'appelle Cévennes comme Jean Bruller se nomme Vercors, mais il sait que jamais il n'a connu « maître aussi noble et d'une si totale conscience » (p.70)

Je dis, redis à l'infini le plaisir intense de cette lecture-découverte absolue…qui va m'entraîner maintenant vers les mots et les écrits de Jacques Luysseran… j'enchaînerai sans doute, ensuite, la relecture de Jean Guéhenno, dans la foulée de l'enthousiasme de cette biographie captivante…

.Je termine cette chronique un peu désordonnée sur une déclaration d'amour fou de jacques Luysseran à l'Existence et à la nécessité de l'écriture qui transfigure tout…
"Je le répète, il n'y a rien d'autre. Les jours où j'ai écrit, je Suis. Il peut m'arriver tout ce qu'on voudra. J'aime le monde et tout ce qu'il contient. Si je n'écris pas, je suis infirme.". S'il écrit, il n'est donc plus handicapé. Il vit mieux, plus fort, plus haut. (p. 154)

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Aveugle à l'âge de huit ans, jeune résistant déporté à Buchenwald, professeur dans des universités américaines - faute d'avoir pu enseigner en France à cause de son handicap -, le brillant Jacques Lusseyran surmonte les épreuves comme touché par la grâce.

Cet homme semble guidé par une étonnante lumière intérieure : " Jamais il n'évoque ses souffrances, toujours il remercie le ciel de lui avoir fait découvrir la sidérante faculté de l'homme à combattre la mort, à résister à ce qui le détruit. " Ce qui ne fait pas de Jacques Lusseyran un saint car souvent son amour des femmes a primé sur ses obligations conjugales et paternelles.

Mais un homme exemplaire malgré tout, qui montre le chemin pour atteindre à l'essentiel : " s'exercer à fermer les yeux est aussi important qu'apprendre à les ouvrir " écrit Jérôme Garcin. Un auteur que je découvre très inspiré, qui multiplie les envolées lyriques signifiantes en accord parfait avec le personnage.

Et si, comme le souligne Garcin, il reste peu de chose de la courte vie de Jacques Lusseyran, ce livre remarquable contribue largement à remédier à cette injustice.
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Jacques Lusseyran méritait bien ce livre tant son parcours fascine, force l'admiration et le respect. Tombé aveugle à la suite d'un accident pendant son enfance, élève brillant, il s'engage dans la résistance malgré son handicap, arrêté en 1943, il connaitra L'horreur des camps nazis (Buchenwald),en réchappera pour mourir à 47 ans dans un accident de voiture. Un destin forcément peu banal, qui méritait cette mise en lumière.
Pourtant si l'histoire est forcément forte, j'ai eu du mal à avoir de l'empathie pour cet homme admirable et respectable. le style de Garcin est à mon avis pour beaucoup dans ce sentiment d'inachevé, ce style suranné, cette manière de mettre à distance le lecteur (en tout cas moi) m'a empêché d'éprouver l'émotion que cette histoire appelait. A lire assurément ne serais-ce que pour saluer la vie de Jacques Lusseyran, malgré ma réticence quant au récit propre.
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"Lisez le Voyant de Jérôme Garcin"!

Après la belle et enthousiaste critique de Fanfanouche, j'ai bien peu de choses à ajouter.

Résistant oublié, Jacques Lusseyran méritait cet hommage littéraire, pour ce destin si particulier, cette fulgurance dramatique de vie: aveugle par accident dans l'enfance, résistant à 17 ans, déporté vers Buchenwald à 20 ans, injustement oublié de ses contemporains français au retour des camps.
Interdit de Fonction Publique pour cause de cécité (incroyable!), il trouvera reconnaissance et avenir professionnel aux Etats Unis, où son travail d'écrivain a toujours été réédité.
Et comme s'insurge son biographe: "En France, rien!"

Jérôme Garcin nous dresse un portrait attachant d'un jeune homme doué, charismatique, intuitif, comme "extra-lucide" pour sentir ou juger situations et individus, capable de sublimer sa cécité et sa petite lumière intérieure pour s'affranchir des épreuves intolérables des camps.
Un homme qui n'échappe pas à sa part d'ombre et aux controverses des bien-pensants par une liberté de vie défiant morale et bienséance ( le puritanisme américain étant ce qu'il est...)

En marge de la vie personnelle de l'homme, un livre juste et nécessaire, une leçon d'espoir en rapport avec le handicap. Un récit très émouvant.
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critiques presse (4)
Lexpress
06 mars 2015
Ainsi résumée, la vie de Jacques Lusseyran ne fait qu'intriguer. Sous la plume de Jérôme Garcin, elle fascine.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
24 février 2015
Dans son dernier livre "Le Voyant" (Gallimard), Jérôme Garcin raconte l’histoire méconnue de Jacques Lusseyran. Devenu aveugle à 8 ans, après des études brillantissimes, il crée son propre réseau de résistance. Trahi, il sera déporté à Buchenwald où il parviendra à survivre malgré son handicap. De retour, lui qui rêvait d’enseigner les lettres, la France lui interdira cette fonction.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Bibliobs
19 janvier 2015
Lusseyran [...] rejoint les Etats-Unis où il est tenu pour un héros, à l’égal d’un de Gaulle. Sa seconde vie commence, plus énigmatique, dont Jérôme Garcin démêle peu à peu tous les fils, dans un récit aussi poignant qu’inspiré.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
16 janvier 2015
La postérité n'avait pas daigné s'appesantir sur cet homme remarquable, rejeté de son vivant des bonnes consciences qui ne lui ont pas pardonné ses frasques. Jérôme Garcin lui rend grâce avec une sincérité pleine de chaleur alliée à une écriture belle et humble pour rendre ce livre exceptionnel.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (196) Voir plus Ajouter une citation
Dès son arrivée à Buchenwald, Jacques comprend qu'on lui vole son pain, son malheureux quignon de pain sec. Il ne tarde pas à trouver le coupable.

« C'est un coquin, un voyou, un fainéant, un mauvais sujet», persiflent les autres prisonniers du Block. Louis Onillon a vingt-cinq ans, une tête brûlée, une jambe de bois, une petite cervelle, un langage limité (« son moignon parlait il disait tout ce que l'homme ne savait plus dire ») et il n’a en effet aucun scrupule. Après chaque distribution, il dérobe la maigre pitance de l'aveugle. Un jour, Jacques lui fait savoir qu'il sait. Mais, au lieu de le lui reprocher il propose de devenir son ami. En guise de réponse, Louis partage aussitôt sa couverture avec celui qui était sa victime, et dont il décide dorénavant d'être le garde du corps. Les deux garçons se découvrent en Anjou, des origines communes. Ce sont des pays. Louis est cordonnier.
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Il fait une découverte stupéfiante. Au lieu de tourner ses yeux morts vers l'extérieur, il les oriente vers l'intérieur, en lui-même, où il peut vivre, courir, dessiner, où tout est plus stable et plus amical qu'au-dehors, où rien ne distingue le jour de la nuit, où les ombres n'ont plus leur place, où il peut déplacer à sa guise l'horizon, où il a le sentiment d'aborder un continent neuf et vierge [..]
Alors il éclate de joie : ses yeux ne sont pas fermés, ils sont seulement renversés.
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" Tu sais, lui dit-il, à quoi tu me fais penser ? A la Camargue ! Dans mon pays, il y a des chevaux. Eux, ils t'écoutent, ils te regardent. Quand tu es distrait, ils le savent. Si tu es dur avec eux, ils n'obéissent plus. Tu n'as plus le droit d'être égoïste, plus le droit d'être injuste. "
Le cheval est un médium. Il est doué d'un sixième sens. Il sent tout, il sait tout de nous, même ce que l'on lui cache. Nos douleurs enfouies, nos regrets et nos remords inavoués, il les décèle et les porte sur son dos large, impassible et musculeux. Il sait reconnaître, à son poids, à son usage des aides, au battement de son cœur, le prétentieux, le modeste, le courageux, le craintif, le sourcilleux, l'inconscient. Il est indulgent avec les fragiles, mais ne passe rien aux acrimonieux. Il n'a pas besoin de voir pour comprendre - son champ visuel est très étendu sur les côtés, mais réduit vers le bas, et sa perception des couleurs limitée. Il ne donne qu'à proportion de ce qu'on lui offre. Il se confie seulement à qui veut bien, en silence, se confier à lui. Il respecte qui le respecte. La solitude le déprime. C'est un être très sociable, mais pas mondain. Il exige du tact, réclame de la complicité, demande qu'on murmure à son oreille, ne progresse que dans l'insinuation et la délicatesse. A condition qu'on l'aime, il est capable d'exploits extraordinaires. Il est équitable, et l'iniquité lui fait horreur : les ordres irraisonnés le bloquent, les punitions injustes le révoltent, mais la générosité décuple ses forces. Il est la version animale du juge de paix. Et il n'oublie rien du bien ou du mal qu'on lui a fait. Car sa mémoire est prodigieuse, qui se love dans le moindre petit détail. Le cheval est un voyant hypermnésique. Lui aussi a un regard intérieur. Et la nuit, sa complice, ne lui fait jamais peur.
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Durant l'été 1945, Jacques Lusseyran apprend que, retour en Anjou, Louis Onillon, son voleur de pain, son unijambiste canaille, son frère de captivité, a été arrêté et incarcéré à la prison d'Angers, qu'il est menacé d'être exécuté pour avoir dénoncé des résistants à la Gestapo. Il écrit alors une lettre dans laquelle il témoigne de « l’extraordinaire conduite humaine » de son camarade à Buchenwald. Elle lui épargne la peine de mort. Louis est transféré au bagne de Saint-Martin-de-Ré, dans la citadelle fortifiée par Vauban. Rescapé de Buchenwald, il mourra sur l’île française.
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(...) le peintre Jean Bichier, alias Jean Hélion, qui s'était évadé en 1942 d'un camp de Silésie où il était détenu, fit poser Jacques Lusseyrand. Il voulait faire son portrait. "ce que je cherche à peindre, lui dit-il, c'est ton regard. Je vois qu'il n'est pas dans tes yeux. Mais je vois qu'il a sa place dans ton visage: une région plus large dont j'aperçois le contour." . Et il précisa: "Un portrait, c'est fait pour montrer comment un homme fleurit au-dessus de lui-même" (p.60)
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Vidéo de Jérôme Garcin
Jérôme Garcin vous présente son ouvrage "Écrire et dire : entretiens avec Caroline Broué" aux éditions des Équateurs. Entretien avec Jean-Claude Raspiengeas.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3002979/jerome-garcin-ecrire-et-dire-entretiens-avec-caroline-broue
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