AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,72

sur 426 notes
5
33 avis
4
51 avis
3
30 avis
2
7 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un instant d'exaspération… avec ma critique largement rédigée, qui disparaît !!! Je ne vais pas me laisser décourager … d'autant que je quitte très à regret ce très beau livre, qui m'a fait connaître une « belle personne », écrivain-philosophe-enseignant de talent, mais resté totalement méconnu. Nous ne pouvons qu'éprouver une large reconnaissance à l'encontre de Jérôme Garcin… à nous faire partager son admiration envers Jacques Lusseyran

Cette biographie, hormis les émotions que nous ressentons successivement au fil des coups du destin qui auraient dû abattre cet homme mais l'ont au contraire renforcé dans son appétit de la Vie, du monde , de la Connaissance sous toutes ses formes…nous offre d'autres sentiments intenses , remuants, bouleversants ; lorsque l'auteur explique la ligne constante des raisons de son travail d'écrivain et les sujets qui perdurent au fil du temps : rendre immortels par l'écriture ses « très chers disparus ». L'extrait qui suit l'explique fort justement…

« Une fois encore, une fois de plus, je pense à mon père, né à Paris, quatre ans après Jacques Lusseyran, passé lui aussi par la khâgne de Louis-Le-Grand, fou de littérature, amoureux de la langue du XVIIIe, éditeur accompli, mais écrivain empêché, dont la mort accidentelle en pleine nature, au printemps de 1973, à l'âge de quarante-cinq ans, dessine une ligne droite que je n'aurai jamais fini de vouloir prolonger dans des livres brefs peuplés de jeunes morts qui continuent de vivre, de lire, et d'écrire. (p.180) »

Nous songeons à plusieurs écrits, « Olivier », son jumeau décédé prématurément, « Bleus horizons », sur l'écrivain, La Ville de Miremont, fauché si jeune, lors de la première guerre…, mais également son excellent texte hommage à Jean Prevost (lui aussi, fauché dans ses jeunes années)

Il me tarde de me plonger dans les « mots » de ce « Voyant aveugle »….qui m'a séduit par son caractère lumineux, sa passion pour l'écriture, la philosophie, l'enseignement, les femmes, La vie sous toutes ses facettes… et « cerise sur le gâteau »…se profile derrière le visage de Jacques Luysseran, celui d'un autre écrivain-philosophe, si cher à mon coeur… Je voulais nommer « Albert Camus » que notre écrivain-résistant a rencontré…sans omettre la rencontre en septembre 1942, d'un professeur agrégé de Lettres, Jean Guéhenno, qui le marquera durablement ; je vous retranscris un extrait de Jérôme Garcin, décrivant cet étudiant brillant devant ce professeur admiré :

« Dans un Paris vert-de-gris, il enseigne le droit des peuples à être heureux. Jacques Luysserand lui trouve une voix ancestrale qui a « les douceurs de Virgile, la bonhomie de Montaigne et la bravoure de Michelet ». Il boit les paroles de ce moraliste humble qui vante d'autant plus le devoir de se surpasser qu'il doute de ses dons littéraires et se dit sans cesse tenté par « la naïveté ». Il ignore que, dans la résistance, Guéhenno s'appelle Cévennes comme Jean Bruller se nomme Vercors, mais il sait que jamais il n'a connu « maître aussi noble et d'une si totale conscience » (p.70)

Je dis, redis à l'infini le plaisir intense de cette lecture-découverte absolue…qui va m'entraîner maintenant vers les mots et les écrits de Jacques Luysseran… j'enchaînerai sans doute, ensuite, la relecture de Jean Guéhenno, dans la foulée de l'enthousiasme de cette biographie captivante…

.Je termine cette chronique un peu désordonnée sur une déclaration d'amour fou de jacques Luysseran à l'Existence et à la nécessité de l'écriture qui transfigure tout…
"Je le répète, il n'y a rien d'autre. Les jours où j'ai écrit, je Suis. Il peut m'arriver tout ce qu'on voudra. J'aime le monde et tout ce qu'il contient. Si je n'écris pas, je suis infirme.". S'il écrit, il n'est donc plus handicapé. Il vit mieux, plus fort, plus haut. (p. 154)

Commenter  J’apprécie          7818
Ce livre est une merveilleuse rencontre.
Avec un écrivain tout d'abord, à la langue parfois sophistiquée mais sobre toujours, et dont la beauté des mots transfigure la réalité monstrueuse où explose la laideur des Hommes.
Mais Jérôme Garcin nous dit avant tout et surtout la lumière d'un résilient fabuleux, une force vive, un être hors du commun : Jacques Lusseyran.

Né en 1924, il nait une seconde fois à l'âge de huit ans lorsqu'un banal accident de la vie le prive de la vue. Mais il n'y voit là aucun motif de pitié et transcende la cécité et la pare de couleurs et de lumière. Elle lui confère une acuité visuelle qui vient de l'âme et nourrit l'intuition. Quelle extraordinaire force mentale de transmuter ainsi en atout ce que d'aucuns considèreraient comme un terrible handicap. Il nous rappelle la jolie phrase de Saint-Exupéry "On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux".

La vie le fracasse à nouveau quand la guerre éclate.
"Il y a simplement qu'il vécut la défaite de la France en cinq semaines et son occupation par les nazis comme un nouvel accident, un autre traumatisme. Neuf années après avoir perdu la vue, il perdait en effet son pays. C'était comparable, selon lui, à une seconde cécité : "Après la lumière extérieure, on m'ôtait la liberté extérieure. J'avais retrouvé la lumière intacte, augmentée, au fond de moi. Cette fois, je voulais retrouver la liberté tout aussi présente et exigeante. J'ai su qu'une deuxième fois le destin attendait de moi le même travail. Car j'avais appris que la liberté, c'est la lumière de l'âme. Il n'y a pas d'autre cause à mon engagement dans la Résistance."

Mais la Résistance le mènera finalement à la prison de Fresnes après dénonciation, puis à Buchenwald.
De la déportation, il y laissera un très cher ami et au lendemain de la libération, la lumière s'éteindra au fond de lui et il traversera un immense trou noir, une dépression longue de sept ans.

Intellectuel, érudit et sensible à l'ésotérisme, il fera une rencontre déterminante qui le fera émerger de sa détresse et renaître une fois encore. Il se mariera trois fois, aura des enfants et repartira pour une nouvelle vie, une de plus, en Amérique. Il est écrivain, mais la France, l'Allemagne et les États-Unis ne retiendront que "Et la lumière fut" où il raconte son expérience de la déportation. Elle sera réécrite plutôt que traduite quelques années plus tard sous le titre "The Blind Hero Of The French Resistance".

Ce destin inouï, cette vie si pleine d'ombres et de lumières, le fauchera dans un triste et absurde accident de la route en 1971 à 47 ans.

J'ai été absolument conquise par la plume de Jérôme Garcin qui nous raconte avec une beauté déchirante un être non moins bouleversant qui nous fait sentir si petits tant il nous apparait admirable.

Un livre sublime dont vous ne devez pas redouter le sujet car c'est de l'humain que vous y rencontrerez.
Commenter  J’apprécie          3810
Dans ce livre bien écrit,profond et émouvant, Jérome GARCIN nous fait rentrer dans le regard intérieur de Jacques LUSSEYRAN qui perdit la vue à 8 ans…
Aveugle, il passa sa vie à expliquer et transmettre aux autres l'incroyable pouvoir qu'il tira de sa cécité, son grand bonheur intérieur, son besoin d'aimer, son courage et sa joie , sa volonté et son enthousiasme ainsi que la force de sa foi…
Il dira plus tard : je ne voyais plus avec les yeux de mon corps, je voyais avec les yeux de mon âme….
Ce livre est un beau message.
Commenter  J’apprécie          311
Dans ce livre fort émouvant, Jérôme Garcin sort de l'oubli un écrivain méconnu (surtout en France), Jacques Lusseyran.
Cet homme courageux, devenu aveugle par accident à l'âge de huit ans, a su se servir de son handicap pour, paradoxalement, mieux "voir" le monde en recréant son propre univers intérieur, plein des couleurs de la campagne de son enfance.
Entré dans la Résistance quand il était encore lycéen, il fut plus qu'un chef, un guide pour ses compagnons d'armes puis d'infortune car il connut la déportation et vit mourir bon nombre d'entre eux. Les passages évoquant les dernières paroles des fusillés m'ont émue aux larmes, ainsi qu'un certain passage (celui d'un renard lors de la visite au camp de sa fille).
Interdit de grande école à cause de son handicap dans la France de Pétain (mais le décret fut abrogé trop tardivement), Jacques Lusseyran, brillantissime, réussit tout de même à devenir un universitaire distingué aux Etats-Unis (aidé dans son éducation par des parents tout aussi remarquables).
Il eut quatre enfants de ses deux premiers mariages et mourut lors d'un terrible accident de la circulation en compagnie de sa troisième épouse.
L'auteur trace dans ce livre un portrait élogieux mais cependant sans concession, ne cachant rien des failles de cet homme extraordinaire mais qui aimait un peu trop les femmes (jusqu'à leur être infidèle) et qui tomba aussi sous l'emprise d'un gourou.
Commenter  J’apprécie          280
Il est difficile d'imaginer, comme le souligne l'auteur, que Jacques Lusseyran ne fasse pas l'objet de plus de devoir de mémoire...
Quel portrait incroyable que celui de ce jeune homme charismatique qui a encouragé tout autour de lui la résistance et la défense des libertés mais aussi la culture et l'amour des belles lettres.
Jérôme Garcin ne présente pas son livre comme une biographie en bonne et due forme mais comme un hommage, un exercice d'admiration et il nous transmet tout cela dans une belle écriture en choisissant des chapitres de la vie de Jacques Lusseyran qui présentent l'humanité et la modestie sans éviter la complexité du personnage.
J'ai vraiment adoré chez ce "voyant" sa façon de traduire toute la perception imagée de la vie qu'il recèle en lui.
Commenter  J’apprécie          130
Voici une biographie menée au pas de charge. Et c'est cohérent puisqu'il s'agit de raconter la vie  incroyable de Jacques Lusseyran qui à la suite d'un accident qui le rendra aveugle à l'âge de huit ans redoublera ensuite d'énergie, d'appétit, d'intelligence  pour prendre sa vie à bras le corps tout en faisant  "s'élever âme et forces de l'esprit".

Et la lumière fut. ... pour lui, comme le titre qu'il donnera ensuite à son autobiographie, une fois rescapé des camps, car avec sa cécité, il a décidé de ne voir qu'avec son coeur et son courage ;  " les yeux ne font pas le regard ".

C'est grâce à un entourage familial et amical intelligent et humaniste, que celui qui ignore la rancoeur autant que le regret apporte au monde une belle leçon d'optimisme, de culture et de courage.

Son "amitié éthique" avec Jean Besniée, ainsi que la fin tragique de son grand ami sont d'une beauté à pleurer.

Avec une plume enlevée et admirative,  et c'est légitime, Jérôme GARCIN dresse le portrait incroyable d'un
" homme-livre"  qui dira que la cécité l'a rendu plus heureux encore, plus affamé de ce que la terre peut lui offrir, mais aussi le portrait de celui qui cultivera invariablement  l'humilité là où d'autres s'enorgueillissent à tout-va.

Cet homme qui affirmait que " la liberté,  est la lumière de l'âme" deviendra chef de réseau résistant à 17  ans, sera déporté à Buchenwald à 19 ans. C'est au final un "soldat de l'idéal " qui n'est pas étudié à l'école et c'est bien regrettable.

Les pages sur sa survie dans les camps sont d'autant plus terribles que sa devise fut alors " Il faut tout mettre à l'envers.  Apprendre à mourir n'a pas de sens. Ce qu'il faut, c'est apprendre à vivre."

La suite de sa vie montrera, à mon sens, qu'il ne s'en est jamais remis.
Quelle place notre société fait - elle à ceux qu'elle croit être différents, même quand la différence est gonflée d'intelligence et de volonté ?
C'est aussi un des messages essentiels que je retiens de cette lecture formidable. Et il y en a tant d'autres.
Lien : http://justelire.fr/le-voyan..
Commenter  J’apprécie          134
L'un des plus beaux livres publiés en 2015, réédité en Folio, qu'il faudrait faire lire dans les écoles ! Jérôme Garcin poursuit avec bonheur sa galerie de portraits d'êtres d'exception, méconnus et disparus prématurément. Après Jean de la Ville de Mirmont, officier-poète fauché dans l'Aisne en 1914, au destin identique à celui d'un Alain-Fournier ("Bleus Horizons"), Hérault de Séchelles, héros oublié de la Révolution ("C'était tous les jours tempête"), après les membres de sa propre famille dont les personnages historiques de ces deux livres se font l'écho ("Olivier", son jumeau dont la disparition pendant sa prime jeunesse reste comme une profonde blessure; "La chute de cheval", sur son père), voici Jacques Lusseyrand, résistant, déporté et aveugle. Un essai proprement lumineux (c'est le mot) que l'on peut compléter par la lecture de deux ouvrages de Lusseyrand, fort opportunément réédités également par Folio ("Et la lumière fut" et le très exigeant "Le monde commence aujourd'hui"). Je ne peux que partager les avis louangeurs des lecteurs de Babelio.
Commenter  J’apprécie          130
Jérôme Garcin nous fait partager son admiration envers Jacques Lusseyran dans la biographie de cet homme très charismatique : Aveugle à 8 ans, résistant à 17 ans dès 1940, déporté en 1943, diplômé de Normale Sup.
Comment cet esprit brillant, éclairé, d'une grande sensibilité alliée à une incroyable force de caractère va-t-il tomber dans l'anonymat ? La France refuse d'engager des «handicapés » dans la fonction publique, il est donc parti aux Etats Unis enseigné la littérature. Mais peut-être aussi parce que ce si jeune résistant de la toute première heure dérange.
Un amour pour la vie et une foi en l'homme sans bornes, tel est le portrait lumineux et flamboyant dressé par Jérôme Garcin d'un homme qui ne peut que forcer le respect et l'admiration. « le voyant » est une biographie romancée à la fois édifiante et bouleversante.
Commenter  J’apprécie          110
Très bel hommage à un personnage qui a eu une vie non conventionnelle. Jérome Garcin fait revivre Jacques Lusseyran, né en 1934, devenu aveugle par accident, professeur de littérature, résistant, déporté, écrivain et mort prématurément dans un accident automobile.
Très belle mise en scène, vivante, et qui nous donne envie de découvrir de personnage et ce qu'il a écrit qui est quasi resté inconnnu.
Commenter  J’apprécie          100
A une époque où les stars du showbiz footbalistique font la une des médias qui étalent complaisamment leurs salaires indécents et leur vie privée censée intéresser le commun des mortels, il serait bien nécessaire de remettre à l'honneur ceux qui sont vraiment dignes d'intérêt tant pour leur action politique que pour leur vie privée hors du commun.
Quand je pense que j'ignorais jusqu'au nom de Jacques Lusseyran avant de me plonger dans la lecture de la belle biographie que lui a consacrée Jérôme Garcin, je ne peux m'empêcher d'éprouver un sentiment d'indignation.
Comment a t'on pu oublier cet homme exceptionnel qui , devenu aveugle à la suite d'un accident à l'âge de huit ans, a néanmoins poursuivi sa route, non seulement en menant de brillantes études mais en devenant alors qu'il était encore adolescent, le chef d'un mouvement de résistance en plein Paris occupé ?
Emprisonné puis déporté au camp de Buchenwald, il n'a jamais lâché prise et, comme il continuait à voir la beauté du monde malgré sa cécité, il a continué à voir la bonté et le courage des hommes au milieu de l'enfer dans lequel il était plongé.
Quel meilleur exemple de résilience que ce parcours qui nous est raconté avec admiration et empathie ?
Jamais Jacques Lusseyran ne s'est révolté mais il a toujours su tirer parti de son handicap et des contraintes qui lui étaient imposées pour se grandir et permettre à ses amis et ses proches de faire de même et de continuer à croire en la bienveillance du monde.
Ce livre provoque l'envie irrésistible de lire "Et la lumière fut " l'autobiographie écrite par Jacques Lusseyran lui-même.
Peut-être que cette lecture pourra éclairer les zônes d'ombre de ce personnage qui bien qu'exceptionnel n'en demeure pas moins terriblement humain ?
Commenter  J’apprécie          71




Lecteurs (989) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1709 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..