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EAN : 9782234078666
80 pages
Stock (06/01/2016)
3.42/5   36 notes
Résumé :
Étonnant et fulgurant destin que celui de Jeremiah Reynolds : après avoir probablement été le premier homme à poser le pied sur le continent antarctique en 1829 et avoir fait de cette expédition un récit qui influença Edgar Allan Poe pour ses Aventures d'Arthur Gordon Pym, il devint colonel pendant la guerre civile chilienne, chef militaire des armées mapuches, avocat à New York, effectua un demi-tour du monde, et écrivit un récit de chasse au cachalot blanc qui fut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Jeremiah Reynolds pourrait être un personnage de fiction. Pourtant, il a bien existé au 19e siècle. de son existence, on aurait pu tirer plusieurs récits d'aventures. Pourquoi se contenter d'une vie quand on peut en avoir plusieurs ? Jeremiah Reynolds aurait sûrement fait sienne cette interrogation « Il fondera un journal, prendra la parole devant le Congrès des États-Unis, sera probablement le premier homme à poser le pied sur le continent antarctique, deviendra colonel au Chili, accomplira un demi-tour du monde, exercera le métier d'avocat à New York, sera tenu en haute estime par Edgar Allan Poe dont un roman s'inspirera d'un épisode de sa vie, et écrira un libre qui influencera peut-être Melville. » (p. 20 & 21) Sur la base de la théorie de la Terre creuse de John Cleves Sylles Jr, Jeremiah Reynolds monte une expédition vers l'Antarctique. Celle-ci échoue, mais Jeremiah est désormais pris par le virus de la découverte et du voyage. « Il ne pensait qu'à une seule chose : participer avec Lewis à une chasse à la baleine, et de préférence à ce cachalot blanc dont il lui avait parlé, qui portait le nom d'une île : Mocha Dick. » (p. 52) Quand son corps se fait moins accommodant, Jeremiah devient avocat et défend les pauvres et même les Indiens. Il écrit le récit de ses périples, rappelant que la littérature se nourrit, même inconsciemment, des exploits des hommes.

Dans des interludes, l'auteur s'adresse un peu plus directement au lecteur et lui apporte des éclairages supplémentaires sur la vie de Reynolds ou de Sylles. Ces interludes sont aussi des échappées, comme des voyages dans le voyage. C'est ainsi que j'ai appris que Mocha Dick, immense cachalot blanc, a bien existé, qu'il a été capturé vingt ans après le texte écrit par Jeremiah Reynolds et qu'il était bien plus grand que ce que l'on pensait. Ce récit a-t-il inspiré celui d'Herman Melville ? le mystère reste entier et la légende du cachalot blanc n'en prend que plus d'ampleur. L'existence de Jeremiah Reynolds aurait pu être imaginée par Jules Verne, à la façon du Sphinx des glaces ou de Voyage au centre de la Terre. Mais il n'était pas besoin d'inventer les extraordinaires aventures de cet Américain qui voulait croire qu'il y a plus sous la surface de la Terre ou de la mer. Christian Garcin raconte cette existence incroyable avec une faconde réjouissante. En route, les amis ! Allez à la rencontre de ce roman et de ce bonhomme !
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Dans son dernier roman, Christian Garcin s'intéresse à Jeremiah Reynolds, aventurier américain ayant réellement existé mais qui est resté relativement modeste et anonyme malgré une influence notable dans le milieu littéraire comme nous allons le voir plus loin. C'est donc un roman biographique puisqu'inspiré de faits réels que nous propose ici l'auteur.


« Une fois de plus, l'inaction lui pesait, et il broyait du noir. Une fois de plus, il se penchait sur son passé, et n'y voyait que regrets et désillusions. Il se disait qu'il n'y avait eu que deux périodes de sa vie qui l'avaient vraiment exalté, et elles étaient liées aux deux chimères qu'il avait poursuivies, ou qu'il aurait voulu poursuivre : la Terre creuse de John Cleves Symmes Jr et le cachalot blanc de Samuel L. Lewis. La parenthèse chilienne n'avait été, précisément, qu'une parenthèse, une bifurcation imprévue du cours de ses jours, une erreur d'aiguillage consécutive à des paroles vexantes adressées par un ivrogne provocateur et stupide à un autre ivrogne, susceptible et armé. Cela n'aurait pas dû arriver, se disait-il. Cela n'était pas prévu »

Comme beaucoup je pense, je n'avais jamais entendu parler de Jeremiah Reynolds. Et pourtant, après avoir tourné la dernière page de cette belle et exaltante aventure, quel incroyable destin cette homme a eu ! Il est réellement étonnant qu'il soit à ce point tombé dans l'oubli.

Chaque chapitre de ce court récit dépeint une période de sa vie : conférencier, navigateur, aventurier, militaire, écrivain, ... il voyagera durant trois décennies jusqu'à sa mort en 1859. Impossible pour lui de rester en place : il fallait systématiquement qu'il bouge. Adhérant aux théories de la Terre creuse de John Cleves Symmes Jr. avec qui il fera des conférences, il ira jusqu'en Antarctique, avant de côtoyer les indiens Mapuches du Chili, puis de publier en 1839 Mocha Dick, ou la baleine blanche du Pacifique. Ce dernier aurait pu avoir inspiré Moby Dick de Herman Melville. Il rencontra également Edgar Allan Poe sur qui il aurait également eu une vraie influence et Samuel L. Lewis. Sa vie fut une aventure permanente.

« Il fut surpris de constater que le jeune poète connaissait John Cleves Symmes et sa théorie de la Terre creuse, et qu'il avait lu Symzonia. Poe quant à lui fut à la fois admiratif et impressionné par son ainé, tant par la richesse et les étonnantes péripéties de sa vie que par sa manière précise, calme et intense à la fois, de présenter les choses, et par la teneur, la profondeur parfois, de ses propos, qui témoignaient d'une évidente connaissance de la littérature et de la poésie – ce que plusieurs conversations entre les deux hommes confirmèrent par la suite. »

Palpitant et exaltant, les pages se tournent rapidement tant l'écriture est limpide, discrète, précise et belle. C'est un des gros points forts du livre. de longues phrases bien construites, fluides, des mots choisis à bon escient tout comme les temps des verbes donnent beaucoup de force à cet opus. Un vrai régal de lecture !

La plume est également très évocatrice, ce qui permet au lecteur de se mettre aisément à la place du héros, de partager son désir d'ailleurs, de ressentir sa mélancolie ou la noirceur des événements.

« Personne, si flegmatique et insensible fût-il, ne pouvait contempler pour la première fois la gloire et la majesté qui nous environnaient sans en éprouver une intense excitation. Nous avions souvent lu, dans les récits de Ross, Parry et Franklin, diverses considérations sur la beauté sublime des régions polaires, les énormes montagnes de glace, les îles flottantes qui s'élèvent jusqu'aux nuages et atteignent des profondeurs insondables, « lugubres dans leurs linceuls de brume ». L'amour de l'aventure, que nous éprouvions avec force et intensité, était devenu la passion maîtresse de nos âmes. Air doux et climats tempérés n'avaient que peu d'attrait pour nous. Depuis longtemps nous attendions avec impatience de pouvoir admirer les royaumes de la neige et de la « glace épaisse », et à présent, pour la première fois, inhalant le souffle froid des icebergs polaires qui se dressaient autour de nous, face à leur grandeur effrayante et sublime, nous accomplissions tout ce dont nous avions rêvé »

On ne voit pas le temps passer. Avec peu de temps mort ou longueur, on est accroché du début jusqu'à la fin même si les derniers chapitres m'ont légèrement embrouillé. Il était temps que cela se termine pour moi...

Qu'est ce qui est vrai ? Qu'est ce qui est faux ? Finalement ce n'est pas si important que cela tant on est emporté par ce conte captivant.

Ce roman-récit est un véritable voyage, mêlant aventures et utopies, servi par une superbe plume. Pouvant s'assimiler à un roman d'aventures, je ne regrette pas d'avoir fait la connaissance de Jeremiah Reynolds et remercie Christian Garcin pour cette belle biographie. Idéal pour s'évader et s'instruire durant quelques heures, je vous conseille Les vies multiples de Jeremiah Reynolds.

4/5

Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Un roman d'aventure façon Jules Verne

En commençant la lecture des vies multiples de Jeremiah Reynolds, je m'attendais à tout sauf à ça. J'ai été surprise de constater que si l'histoire est d'époque, le style d'écriture l'est également. Tout d'abord, Jeremiah Reynolds va vivre des tas d'aventures, sa vie est réellement romanesque. Officier dans l'armée, marin, chasseur de phoques, il s'engagera dans des guerres civiles au Chili, combats dont il ne comprend ni les tenants ni les aboutissants. Il écrira un roman, Mocha Dick, jamais publié, mais qui inspira sans doute un certain Herman Melville, qui publie Moby Dick, livre qui ne rencontrera son public que soixante-dix ans plus tard.

1001 personnages et 1001 découvertes

L'histoire se déroule au 19e siècle, l'époque est aux grands voyages et aux théories difficiles à prouver. Réalité à dévoiler au grand jour ou idées d'une naïveté désolante, tout est bon pour prendre la mer et aller vérifier ce qu'il en est vraiment. de mutineries en rébellions, nul ne pouvait savoir si l'expédition allait être une réussite. Benjamin Reynolds lui, sera sur tous les fronts et ne ratera aucune occasion de vivre une vraie aventure. Son ambition, visiter les pôles et aller le plus loin possible dans l'Antarctique et pourquoi pas, vérifier cette théorie de la terre creuse émise par John Cleves Symmes Jr.

Un siècle qui a vu naître d'illustres personnages

L'une des choses que j'ai beaucoup appréciées dans ce roman est la multitude de personnages célèbres croisés par Jeremiah. Edgar Alla Poe, Herman Melville, Charles Darwin.

C'est une bonne lecture, bien qu'il soit assez difficile de reconstituer la vie de Jeremiah tant il était inconstant et, La multitude de personnages croisés lors de sa vie rend le texte encore plus compliqué à suivre. Je me suis parfois demandé si je ne devais pas revenir en arrière pour repartir sur de bonnes bases. Par contre, j'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture de Christian Garcin. Je l'ai trouvée très belle, avec un petit côté suranné qui s'accorde parfaitement à l'histoire.

Un texte, qui pour moi, est plutôt masculin. Si cela existe toujours, j'imagine ce livre dans des salons feutrés emplis de fumée de cigare et d'effluves de Whisky.

« Les vies multiples de Jeremiah Reynolds » est un très bon roman d'aventures, mais qui demande qu'on lui accorde du temps tant il est exigeant.

Lien : http://que-lire.over-blog.co..
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Rendons grâce à Christian Garcin qui dans son nouveau roman a su débusquer un personnage d'aventurier peu commun. Ce faisant, il nous livre également une très bele réflexion sur la soif d'histoires et sur le besoin de tout un chacun d'avoir des rêves, de vouloir élargir son horizon.
Mais revenons à notre homme, ce Jeremiah Reynolds qui n'apparaît qu'au quatrième chapitre, au moment où ce «jeune journaliste débrouillard et ambitieux» croise la route de John Cleves Symmes Jr. On l'aura deviné, les trois premiers chapitres relatent le parcours de cet autre personnage, tout aussi haut en couleur, et qui influencera fortement son jeune interlocuteur. Ce vétéran parcourait les Etats-Unis pour expliquer sa théorie de la terre creuse et chercher un financement pour une expédition vers l'Antarctique. Si ce dernier n'obtenait guère de succès dans son entreprise, il n'en réussissait pas moins à convertir quelques auditeurs. Notamment ceux qui, comme Jeremiah, ne pensaient qu'à découvrir le vaste monde.
« Reynolds était né dans une famille pauvre du comté de Cumberland, en Pennsylvannie, et orphelin de père dès l'âge de cinq ans. Sa mère, Elizabeth Nicholson, s'était remariée l'année suivante avec un certain Job Jeffries, veuf également, dont le jeune fils, prénommé Darlington, serait l'unique compagnon de jeux de Jeremiah jusqu'à son départ douze ans plus tard sous des cieux plus accueillants. Ils déménagèrent tous ensemble dans le comté de Clinton, Ohio. »
C'est là que notre héros suivit quelques études tout en travaillant pour contribuer aux besoins de la famille. Il fut notamment embauché pour transporter des troncs jusqu'à la rivière, mais ne put s'acquitter de cette trop rude tâche. Bravant les quolibets, il assura aux moqueurs que viendrait «le temps où vous serez fiers et honorés d'avoir roulé des troncs d'arbre avec Jeremiah N. Reynolds. »
Ce qui peut sembler une forfanterie s'avérera être une vraie prophétie. de 1823, date de la rencontre avec Symmes, jusqu'en 1827, au moment de leur rupture brutale, le jeune apprend beaucoup, s'aguerrit et devient bien meilleur ambassadeur que son aîné.
Les années qui vont suivre sont celles de la concrétisation, du moins en partie, de ce grand dessein. Car enfin, il peut embarquer en direction du pôle Sud. Il atteindra les 62° de latitude sud et errera quelques temps le long du cap Barrow, à la pointe nord de l'Antarctique. Si «la théorie de la terre creuse semblait oubliée, et les tentatives den vérifier la pertinence momentanément abandonnées», il va rester un domaine où elle va continuer à faire florès : la littérature.
Le Voyage au centre de la terre de Symmes marque le point de départ de nombreux autres livres dont Christian Garcin nous raconte la genèse. Il y a là le «Manuscrit trouvé dans une bouteille», nouvelle d'Edgar Allan Poe que l'on peut considérer comme l'ébauche des Aventures d'Arthur Gordon Pym, le Pellucidar d'Edgar Rice Burroughs (le créateur de Tarzan), La Terre de Sannikov du russe Vladimir Obroutchev ou encore Les Montagnes hallucinées de H.P. Lovecraft, en passant bien sûr par le roman éponyme de Jules Verne.
Et si la soif d'aventures, de découverte, d'anticipation ne suffisait pas, voilà qu'apparaît une chasse au grand cachalot blanc, Mocha Dick.
On voit déjà poindre Hermann Melville et son célébrissime Moby Dick.
Mais Reynolds, qui faut-il le préciser a vraiment existé, ne veut pas vivre les rêves des autres.
En 1830, il choisit les champs de bataille et devient colonel pendant la guerre civile chilienne, puis chef militaire des armées mapuches, avant d'embarquer à nouveau pour rejoindre Boston via les côtes chiliennes, le Cap Horn, puis le Brésil avant d'arriver à Boston en 1834.
Il rejoindra ensuite New York, sera avocat, fera un peu de politique et tentera vainement d'écrire un chef d'oeuvre. Rendons grâce à Christian Garcin d'avoir exhumé ce personnage étonnant dont les pessimistes diront qu'il n'a rien réussi et que seul l'appât du gain le motivait. Mais les plus optimistes, dont je fais partie, admireront l'opiniâtreté, la volonté et le brin de folie sans lequel il est bien difficile d'aspirer à transcender son existence.

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Quel rapport peut-il y avoir entre une théorie sur la terre creuse et le livre Mody Dick de Melville ? A priori aucun et pourtant après la lecture de ce roman, on serait tenter d'affirmer le contraire.

Tout débute au 19ème siècle aux Etats-Unis avec John Cleves Symmes Jr défenseur de la fameuse théorie. Cet ancien militaire cherche à lever des fonds afin de mener une expédition aux pôles (où se trouveraient les portes d'entrée pour accéder à l'intérieur de la terre). Hélas, celui-ci ne sait pas manier le verbe devant un public. Assistant à l'une de ses conférences, le jeune Jeremiah N. Reynolds est convaincu. de plus, il sait parler à un auditoire et la théorie est même présentée devant le Congrès. Et notre Reynolds se retrouve à bord d'un navire d'expédition. Mais les terres glacées de l'Antarctique ne lui révèlent aucune porte et après avoir risqué sa vie, il abandonne la théorie de son ancien collaborateur. Lors d'une escale au Chili durant laquelle il déserte, il tombe amoureux d'une jeune femme et combat auprès des communautés aborigènes. Après deux années, il abandonne le Chili et a pour projet de mettre sur pied une chasse à la baleine avec un ancien pêcheur de baleine. Mais c'était sans compter sur une bagarre qui le prive de son nouveau compagnon.
Il devient alors le secrétaire personnel du capitaine du navire le Potomac. le revoilà sur mer et habité par les histoires racontées par le chasseur de baleine et celle en particulier d'un cachalot blanc qui échappe à tous les hommes.

A New-York, il décide qu'il est temps pour lui de reprendre des études et d'avoir une vie plus calme. Avocat et marié, il deviendra un ami d'Edgar Allan Poe ( le personnage d'Arthur Gordon Pym est inspiré de Reynolds) mais surtout il écrira un seul et unique livre Mocha Dick. "En octobre 1851, Reynolds a cinquante-deux ans. Herman Melville, qui en a vingt de moins, publie Mody Dick. Reynolds le lit peut-être. Peut-être pas. On n'en sait rien. de tout façon ce n'est pas un franc succès. Ca viendra, dans soixante-dix ans environ. Il suffit d'être patient."

Ce livre formidablement bien écrit est terriblement passionnant ! Sans temps mort, la trame à tiroirs nous suspend avec bonheur à cette vie hors du commun et Christian Garcin nous ferre du début à la fin. Un vrai plaisir de lecture !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le mois suivant l'expédition que Reynolds avait contribué à promouvoir et à préparer partait sans lui. Le commandant en était le lieutenant Charles Wilkes qui pendant quatre ans parcourrait avec ses six navires 87 000 miles, visiterait plus de deux cents îles, en ramènerait 60 000 spécimens de plantes, animaux, coquillages et échantillons divers, sillonnerait le Pacifique Sud et l'océan Antarctique, dont il établirait une cartographie maritime précise et où il croiserait, en janvier 1840, l'expédition de Dumont d'Urville de retour des îles Dumoulin, au large de la terre Adélie.
Reynolds accueillit la nouvelle avec dépit, mais sans surprise. Il était déjà ailleurs : dans ses études de droit qu'il s'apprêtait à terminer, et dans la rédaction de Mocha Dick, son histoire de chasse au cachalot blanc.
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Le début du livre:
Au début du mois de novembre 1812, alors que les troupes napoléoniennes ignoraient encore qu'elles allaient combattre les Russes aux alentours de la ville de Borisov puis franchir la Berezina en abandonnant derrière elles des milliers de cadavres gelés ou noyés, d'autres troupes, de l'autre côté du monde, venaient quant à elles de livrer une bataille décisive près d'une autre rivière dont le nom, Niagara, s'il est également resté dans les mémoires, évoque cependant davantage la puissance et la majesté de la nature que sa rude ingratitude, et bien plus la blondeur de Marilyn que la détresse des grognards morts gelés.
Cette bataille, dite de «Queenston Heights», fut l'une des vingt environ qui, entre 1812 et 1815, virent s'affronter les troupes anglaises et américaines dans ce qui fut ensuite appelé la «seconde guerre d'indépendance». Le parallèle entre la bataille de Queenston Heights et celle de la Berezina se limite cependant à un hasard de calendrier qui fait que l'une a rapidement succédé à l'autre : les forces en présence en effet n'étaient pas comparables, ni le nombre des victimes. Aux cent mille combattants russes et français de l'une répondent à peine sept mille cinq cents Anglais et Américains de l'autre et, en regard des soixante-quinze mille morts et blessés sur le champ de bataille russe, les cinq cents victimes des bords de la rivière Niagara font pâle, et heureuse, figure. C'est d'ailleurs une caractéristique des batailles européennes d'avoir été formidablement massacrantes et gourmandes en vies humaines - règle que le siècle suivant ne ferait qu'illustrer de manière magistrale. La bataille d'Eylau en 1807 fut un carnage qui marqua longtemps les esprits, et la campagne de Russie cinq ans plus tard a laissé des traces profondes dans le souvenir des Russes, aussi bien que des Français. La bataille de la Berezina à elle seule vit s'affronter autant de combattants que la totalité des vingt batailles de la seconde guerre d'indépendance américaine, et coûta six à sept fois plus de vies humaines.
Lors de cette bataille de Queenston Heights, à l'issue de laquelle les Anglais perdirent leur plus brillant stratège, le général Isaac Brock, mais remportèrent cependant une victoire décisive, s'était illustré un officier américain de trente-trois ans nommé John Cleves Symmes Jr. Il se trouvait en poste à la fois à Fort Érié et à Fort Niagara, qui tous deux marquaient la frontière canadienne à l'embouchure de la rivière du même nom sur le lac Ontario. Impétueux et courageux, il avait capturé lui-même plusieurs officiers britanniques qu'il gardait prisonniers dans les geôles du fort Érié, jugées plus sûres que celles du fort Niagara. Un émissaire anglais, le major Evans, avait proposé de les échanger contre des prisonniers américains. Mais le jour où, sans avoir prévenu quiconque, le major Evans parvint aux portes du fort Erié, John Cleves Symmes Jr se trouvait à Fort Niagara. Son supérieur, le major Van Rensselaer, qui eût pu le recevoir, était quant à lui souffrant. C'est donc un aide de camp de ce dernier qui, assisté de quelques officiers, s'entretint avec le major Evans.
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Il y a un temps pour tout, récita t-il muettement : un temps pour démolir et un temps pour construire, un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se lamenter et un temps pour danser, un temps pour embrasser et un temps pour s'éloigner des embrassements, un temps pour chercher et un temps pour perdre, un temps pour garder et un temps pour jeter. Et il ajouta : un temps pour l'héroïsme et un temps pour la fuite.
Car la capacité de chacun à se raconter des histoires pour vivre mieux est prodigieuse.
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« Il fondera un journal, prendra la parole devant le Congrès des États-Unis, sera probablement le premier homme à poser le pied sur le continent antarctique, deviendra colonel au Chili, accomplira un demi-tour du monde, exercera le métier d’avocat à New York, sera tenu en haute estime par Edgar Allan Poe dont un roman s’inspirera d’un épisode de sa vie, et écrira un libre qui influencera peut-être Melville. » (p. 20 & 21)
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C'est d'ailleurs une caractéristique des batailles européennes d'avoir été formidablement massacrantes et gourmandes en vies humaines (...) La bataille de la Berezina à elle seule vit s'affronter autant de combattants que la totalité des vingt batailles la seconde guerre américaine, et coûta six à sept fois plus de vies humaines.
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