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Citations sur Selon Vincent (8)

« Les horreurs que recèle le monde réel seront toujours supérieures à l’imagination, si sordide et galopante soit-elle, des romanciers. » (p. 49)
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Ceci n’est pas une fiction. Ou plus exactement, ceci est peut-être une fiction, puisque la réalité ne se vit qu’une fois, et que dès lors qu’on entreprend de la retranscrire par le jeu des souvenirs, on la tord, la déforme, la gauchit, l’enrichit parfois, l’appauvrit souvent : on l’invente.
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La lune est pleine. Je sais bien qu'ailleurs, des bêtes invisibles s'entretuent dans la nuit des forêts. Je sais bien que partout de fragiles créatures meurent dans l'indifférence de tous. Mais je me dis que je verrai peut-être ce soir les eaux soudain agitées de mouvements secrets, puis une forme oblongue crèvera la surface luisante avant de disparaître en silence, et ce sera le dos d'une baleine, suivie de son baleineau. J'en aurai les larmes aux yeux. Ensuite il sera temps.
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Je ne sais pas pourquoi je restais là sans bouger. Myriam et moi avions chacun une liaison, mais aucun des deux ne se décidait à quitter l'autre. La vie n'était pas si pénible, c'est vrai.
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Il y avait des tonnes de savoirs, des myriades de documents sur absolument tout, du mouvement aléatoire des photons à la structure des trous noirs rien n'échappait au recensement, au catalogage généralisé du monde, le moindre objet de connaissance devenait instantanément répertorié, disséqué, éparpillé, disponible, et moi, je ne savais rien, minuscule et vulnérable au milieu de ce rien, baigné d'immensité froide et lumineuse, en route vers un lieu dont je ne savais guère plus, juste qu'il était isolé de tout, point minuscule dans un entrelacs de fjords et de péninsules glacées, et qu'il avait sans doute été le dernier refuge de l’oncle de Rosario.
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Rosario [...] pensait à tous les lieux qu'il avait parcourus depuis des années, dans lesquels il ne savait plus s'il avait eu la sensation de se dissoudre, ou de se dilater dans l'espace, de consolider ou d'épuiser ainsi son être et son esprit [...] L'apparition de la complexité avec la première cellule, puis les protozoaires, les organismes pluricellulaires, les plantes, les insectes, les vertébrés, l'homme avec sa conscience de soi, sa capacité à analyser, nommer, complexifier le réel, le réduire, le maîtriser, le démultiplier [...].
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Deux ans se sont écoulées entre cette ligne et la précédente. Il y a eu du vent, de la pluie, du soleil, des multitude d'oiseaux, quelques baleines, des renards, des conversations muettes, des légumes qui ont poussé, un peu de pêche, un peu de chasse, la tonte des moutons, quelques allers-retours à Rio Verde, le troc, la vente, l'achat de denrées, le vent, la pluie, le soleil et ainsi de suite. Et la belle lenteur des jours, la triste lenteur des jours, des silences qui enserrent les tempes, des silences massifs et lointains qui enveloppent tout, des silences cristallins qui font pleurer la nuit, des fracas de tempêtes comme des combats de géants, la beauté violente du monde, la tristesse infinie du monde, et puis un voyage à Punta Arenas où j'ai acheté quelques cartes topographiques et plusieurs livres, dont un trop encombrant qui m'a lancé un signe datant de plus d'un siècle.
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« Tempête effroyable et magnifique ces deux derniers jours. Les bêtes sont stressées. Je vais les voir, les rassure, leur glisse des mots d’espagnols, de français, et aussi quelques-uns de kawesqar dont Frasia parfois émaillait nos brèves et rares conversations, « kawahltigattah », « barokhtchulah », « ksharukekruth », « kwokstallakurei » : des mots qu’elle prononçait indistinctement, n’articulant rien, semblant plutôt les psalmodier de sa voix monotones, en remuant à peine les lèvres, comme à regret. Des mots, ou peu-être des groupes de mots, que j’avais notés approximativement et sans connaître leur sens, si bien qu’ils ne sont sans doute pas adaptés. Je berce peut-être les bêtes en leur disant « angoisse », « tempête »,
« mort » et « peur ». Ou « péninsule éclairée par le soleil », « combat d’otaries », « la forêt brûle en silence » et « souvent je pense à elle ». Comment savoir ? Quoi qu’il en soit, j’éprouve une certaine satisfaction à faire résonner ici, dans leur environnement originel, des mots que plus personne jamais n’utilisera. »
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