AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gouelan


Narcisse Pelletier, matelot sur la goélette De Saint Paul, est abandonné sur les côtes nord est de l'Australie en 1844, alors qu'il est âgé de 18 ans. Il se retrouve dans une grande solitude. Recueilli par une tribu aborigène, il va peu à peu oublier son identité d'européen et adopter les coutumes et les moeurs de sa tribu adoptive.
Retrouvé par hasard 17 ans plus tard par un navire anglais, alors qu'il ramasse des coquillages sur une plage. Docilement, il se laisse capturer.
Le récit alterne habilement entre la vie de Narcisse avec la tribu aborigène et celle de son retour parmi la civilisation européenne, ce qui donne du rythme au roman.
L'abandon de Narcisse est émouvant. On imagine l'abime d'angoisse et de terreur dans lequel il est plongé. Tout lui est étranger dans cette tribu. Il n'en connait pas les codes, il ne peut communiquer. Et c'est sur ce point que son exil est atroce ; Ne plus pouvoir partager ses émotions avec l'autre.
Petit à petit il va oublier Narcisse, le matelot vendéen, et devenir Amglo, membre de la tribu qui l'a recueilli.
Refaisant le chemin inverse, de retour vers la civilisation européenne, il ne peut vivre, qu'en faisant abstraction de son passé parmi les aborigènes. Il reste muet sur cette partie de sa vie, au grand désespoir d'Octave de Vallombrun, qui est son tuteur. La démarche du vicomte est plus scientifique qu'affective. Malgré sa patience et ses efforts déployés pour lire en Narcisse, pour essayer de comprendre son évolution et son apprentissage, il se heurtera à un mur. Narcisse révèlera très peu de secrets.
Ce récit aurait été plus intéressant s'il n'avait pas été aussi empreint de clichés de la société scientifique du 19è siècle, nous montrant ces tribus aborigènes comme des « sauvages » laids et barbares, avec une vie culturelle limitée. Il aurait pu être mieux documenté sur l'histoire et la civilisation des aborigènes. Narcisse aurait pu réintégrer sa vie d'occidental en gardant les souvenirs d'Amglo. Pourquoi les deux personnages ne pourraient- ils pas cohabiter? Pourquoi Amglo devrait-il s'effacer, comme s'il était impropre à vivre parmi les hommes soi-disant civilisés ?
Ces deux cultures se valent. L'une n'est pas inférieure à l'autre et au contraire elles peuvent s'enrichir l'une de l'autre. Et de cette façon, le lecteur aurait pu bénéficier de l'expérience d'Amglo ; découvrir la richesse de la culture aborigène, découvrir dans ce qui peut nous paraitre étrange toute la beauté d'une culture humaine et certaines valeurs essentielles que l'on a perdu dans nos sociétés.





Commenter  J’apprécie          452



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}