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sur 103 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La nomination de François Garde en 2000 comme administrateur des terres australes et antarctiques va lui permettre de découvrir l'Archipel des Kerguelen. Il s'y rendra une dizaine de fois au cours de son mandat et ce sera pour lui une déchirure lorsque, ce mandat prenant fin, il devra s'éloigner de ce lieu dont il dit que plutôt qu'administrateur « il se sentait vice-roi des albatros, proconsul des îles froides, connétable des brumes, procurateur des manchots royaux… »

Il part alors à la découverte du Groenland, du Canada, de l'Islande, de la Patagonie, « comme certains amants cherchent, parait-il, dans leurs maîtresses successives le visage de leur premier amour. »… 
« l'archipel des Kerguelen comme un aimant » le ramènera vers la Grande Terre pour une redécouverte rude et éprouvante mais aussi pleine de beauté et de joie ; une marche du 23 novembre au 17 décembre 2015 qu'ils sont quatre à partager : Mika guide d'expédition, retrouvé au Groenland en 2007, Bertrand, ancien officier de marine photographe, Fred médecin et l'auteur.
Vingt cinq jours de marche, du cap d'Estaing et Port Christmas à l'extrême Nord à la plage de la Possession à l'extrême Sud et d'Ouest en Est de la plage de la Possession à Armor.



C'est un récit simple, plein de modestie face à cette terre battue par les vents, la pluie et la neige où la brume fait perdre les repères, une terre dénudée sans arbres où l'homme s'efface.

« L'île nous ignore, et n'a que faire de nous. Elle est. Nous passons.
Je ne cherche en rien à triompher d'elle. Je m'éprouve à son rugueux contact, je rends hommage à sa pesante réalité. Dans la froidure et la pluie, à l'intersection des océans les plus rudes de la planète, Kerguelen reste étrangère aux ambitions des hommes, et aux miennes. »


Moments de doute, d'incertitudes se mêlent à une exaltation et une joie profonde qui ne le quitte pas malgré les craintes et les difficultés de la marche. 

Au milieu du déchainement des éléments, de la traversée de chaos rocheux ou de souilles où ils s'enfoncent qu'ils ne peuvent pas toujours éviter, il y a aussi des éclaircies qui ouvrent sur des paysages surprenants de cascades, de plages où se prélassent des bonbons (jeunes éléphants de mer) des otaries, des manchots papous…


Sans oublier la variété des noms de lieux qui correspondent à la variété des visiteurs qui ont posé le pied sur l'île et sans y demeurer ont voulu laisser une trace ou se rappeler leur origine ou caractériser un lieu, un moment marquant.
Il faudrait en faire une liste : cabane de Mortadelle, du Val Travers, anse du gros ventre, îles Nuageuses, la Tête du Mage, les Trois Ménestrels, Mont du Chaos, mont des Rafales, Val de Longue Attente, vallée de la Mouche, Col de Dante, Doigt de Sainte Anne…

« … si je ne donne pas les noms et les formes des montagnes que nous apercevons, que nous longeons, puis qui passent derrière nous, comment faire partager notre progression, comment donner à voir ces journées apparemment si semblables et en fait si singulières ? Pas d'autres informations que ces noms qui suffisent à constituer un paysage en entier. Baptiser c'est arracher au néant ; donner à voir à ceux qui sont loin ; féconder l'imagination. »



Et ce livre effectivement donne à voir au lecteur et féconde son imagination.
Pour l'apprécier encore plus je conseillerais d'aller sur le site altitudes-nord.fr où vous retrouverez ces 25 jours de marche, en images, présentés par Michaël Charavin (Mika) et Bertrand Lesort photographe de l'expédition (voir d'autres photos sur son blog : www.linstantinne.com). Je n'ai découvert ces sites qu'après avoir lu le livre et j'ai ainsi pu me rendre compte que les images qui naissaient au fur et à mesure de ma lecture correspondaient parfaitement à celles offertes sur altitudes Nord et linstantinne. 
 Un grand merci à François Garde et à ceux qui l'ont accompagné qui offrent là un bien beau voyage.

PS : précisions transmises par Michaël Charavin pour retrouver plus directement les images de cette belle traversée :
Lien direct : http://latitudes-nord.fr/carnets-et-photos/trekker-traversee-de-l-ile-de-kerguelen
Si le scroll horizontal pour faire défiler les images vous pose des problèmes, retrouvez les images de Kerguelen sur son portfolio à l'adresse suivante :
https://www.flickr.com/photos/127471718@N04/albums/72157663030557449

Concernant les photos de Bertrand Lesort :
http://www.linstantinne.com/fr/portfolio-58227-0-40-kerguelen-2015.html
et https://www.flickr.com/gp/152167950@N04/fsogr5
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Venez, approchez un peu que je vous plante le décor de ce lieu coupé de tout, aux confins des quarantièmes rugissants, au bout du bout du monde ! Destination : l'archipel des Kerguelen… ! C'est parti !
C'est une terre sans cesse battue par les vents, la pluie et le froid, à côté la Bretagne finirait par ressembler au Luberon. Autrefois on surnommait cet archipel les îles de la Désolation, c'est vous dire… La légende dit qu'un certain Yves Joseph de Kerguelen le navigateur breton qui découvrit cette terre redoutable le 12 février 1772, approchant de ses côtes en fut si dépité qu'il ne voulut jamais y poser le pied, le bougre. Sans doute cherchait-il un eldorado plus accueillant.
C'est une terre inhabitée ou presque, seule une poignée d'hommes, des scientifiques pour l'essentiel se relaient ici sur des missions courtes de six à douze mois, concentrés dans un coin de l'île formant leur base, Port-aux-Français…
Le reste des habitants, c'est le peuple des oiseaux par millions, des rennes, des otaries, des éléphants de mer et leurs bonbons… Oui des bonbons… Je sais qu'à l'approche de Pâques, cela vous offre des images suaves et délicieuses… À Kerguelen, on appelle « bonbons » les jeunes éléphants de mer nouvellement sevrés. Cette désignation se réfère à leur silhouette rappelant la forme d'une friandise emballée dans son papier : un corps bien gras au sevrage, duquel dépassent leurs nageoires. Cela dit, week-end Pascal ou pas, je vous déconseille de vous en approcher pour tenter de défaire l'emballage…
C'est un territoire de basalte et de granit, âpre, hostile, vertical, percuté par les coups de boutoirs de l'océan et des tempêtes, avec tout autour un horizon saturé d'embruns.
À Kerguelen, ce n'est pas le vent qui est, Kerguelen est le vent.
Mais quelle mouche a donc piqué l'écrivain et haut fonctionnaire français François Garde de vouloir s'embarquer en novembre 2015 pour trois semaines de traversée à pied sur ce morceau de terre outremer ?
C'est un rêve que François Garde cultive depuis qu'il a travaillé dans la région, lorsqu'il était administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises, qu'on appelle communément les TAAF, se désignant lui-même avec tendresse et ironie comme " vice-roi des albatros ". Et dès lors qu'il fut en retraite, n'ayant plus besoin d'aller au taf, l'idée lui vint de s'offrir une petite balade sur ce coin d'archipel qui l'a toujours fasciné.
Cela dit, il n'était pas seul. Trois compagnons chevronnés dans les odyssées extrêmes l'ont accompagné dans cette traversée intégrale de l'île principale de Kerguelen durant vingt-cinq jours, de Nord en Sud, à pied et en autonomie totale.
Marcher à Kerguelen, c'est être emporté dans un voyage minéral.
Dans une écriture poétique, François Garde nous délivre ce récit prenant sous la forme d'un journal de vingt-cinq étapes…
Mais en quoi ce journal peut-il se distinguer de tant d'autres récit de voyage convoquant l'intime se frottant aux extrêmes.
Écrire chaque jour, chaque soir, écrire le vent, les pas dans le vent, écrire cette cheville encore fragile, en se demandant chaque soir si demain elle résistera, écrire en espérant ne pas être un fardeau pour ces trois compagnons mieux aguerris à l'exercice.
La menace vient autant du paysage que de soi-même, chaque geste effleure un potentiel de danger incommensurable.
Écrire pour dire la finitude de l'homme devant l'éternité d'un paysage.
Marcher à Kerguelen, c'est, nous dit François Garde, s'exposer à chaque pas en terrain hostile, sans chemin, ni répit, ni confort
C'est se frayer un passage entre les falaises et le vide. C'est tenter de décrypter les sentiers invisibles, franchir les torrents, boire aux cascades…
Parfois les brumes donnent l'impression d'arpenter un paysage incompréhensible qui ne souhaite pas révéler ses failles et ses interstices pour se laisser pénétrer…
Pourtant l'enchantement vient aussi brusquement que le jour succède à la nuit, comme une cathédrale de lumière vrillant le ciel, délivrant au détour de t'étape un territoire romantique peuplé d'elfes.
C'est alors une joie sans limite qui vient percer les moments de doutes et de d'incertitudes. Joie éphémère, il ne faut pas alors s'en priver, son temps est déjà compté…
Le chemin rappelle à chaque instant que rien n'est acquis sans peine.
Marcher à Kerguelen, c'est se déprendre du temps qui passe, c'est se sentir de passage.
François Garde marche là où la faune ne craint pas l'homme.
Mais la force de ce récit pétri d'humilité est peut-être ailleurs, se situant dans les pensées les plus intimes qui se confrontent avec soi-même, avec les autres, ses compagnons de voyage, comme une épreuve initiatique qu'il s'est imposée, sans même déceler dans cette vacuité le moindre sens. Pourquoi ce chemin ? Pourquoi ce but ?
Parvenir jusqu'au bout du voyage permettra-t-il de prouver quelque chose ? À lui, aux autres ?
Et si Kerguelen était un territoire qui refusait de pactiser avec les rêves et les ambitions démesurées du voyageur ? N'est-ce pas là la beauté de son secret ?
Marcher à Kerguelen, sans aucune raison valable et s'en émouvoir…
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Un très beau récit qui m'a permis de découvrir Kergulen. Île que je ne connaissais nullement avant de tomber sur ce livre. J'affectionne les récits de voyage, d'aventure et une fois encore ce qui me frappe souvent et je pense ne pas me tromper en affirmant ceci : les grands marcheurs sont aussi de grands poètes. Une seule fois durant ma vie de lectrice j'ai été déçue par la plume d'une voyageuse qui n'avait fait que nous citer comme un inventaire ses différentes étapes sans un vrai regard ni émotion sur l'environnement. Et encore moins de poésie.

Bref, ici, je suis ravie et enchantée de parcourir ce lieu, et la générosité de l'auteur de nous faire partager son ressenti quant à cette marche pas toujours facile ni toujours agréable avec une météo tout autant peu facile et peu agréable. Et pourtant quel plaisir de se plonger au coeur de ce récit et de découvrir des paysages différents.
J'ai toujours une grande estime et admiration pour ces personnes qui s'engagent dans un périple où elles savent qu'un rien peu tout faire basculer, qu'ils devront souffrir, subir les affres de la nature, se contenter du rudimentaire, avoir parfois faim, froid, et que le seul fait d'avoir un refuge avec un toit, c'est Versailles.
Si j'aime autant ce genre de lecture, c'est qu'il permet au lecteur de vivre à travers ces témoignages la prise de conscience de la fragilité d'une vie, et que le bonheur n'est pas toujours là où l'on croit.
Certes je n'aurai pas les conditions physiques pour un exploit tel mais il me plairait de vivre une parcelle de cette aventure.
Marcher vous procure beaucoup de bienfait, et nous vide la tête, nous recentre sur l'essentiel d'être vivant tout simplement.
Une lecture qui répond et fait écho à bien d'autres grands marcheurs que j'ai pu lire et apprécier. Cet auteur va donc rejoindre les connus et moins connus sur les rayons de ma bibliothèque.


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Monsieur le « vice roi des albatros, proconsul des îles froides, connétable des brumes, procurateur des manchots royaux » vous avez réalisé un de mes rêves : marcher à Kerguelen !
Je rêve de voir le « spectacle où la force du vent l'emporte sur la gravité, et où le ruisseau qui s'apprête à tomber est saisi dans son élan et renvoyé dans les nuages » … moi j'en rêve, vous vous l'avez fait !
Kerguelen est peut être un mirage, cette île où « Les espérances s'y fracassent, les rêves s'y dissipent, les ambitions y font naufrage » … mais vous Monsieur, vous vous êtes confronté à l'impossible !
À Kerguelen il n'y a qu'un seul produit d'exportation, le rêve … peut être et vous, Monsieur nous avez permis de partager le vôtre!
Une lecture où j'avais constamment recours à la carte pour comprendre ce parcours et découvrir ces cabanes où ce qu'il en reste !
Ce qu'on trouve dans ce livre …
La découverte d'un lieu au bout du bout du bout …
Une réflexion sur ce qui régit des individus qui ont décidé de poursuivre le même but …
Les pensées les plus intimes qui accompagnent ce cheminement au bout de soi-même
Kerguelen … j'en rêvais, vous l'avez fait !
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Aller au TAAF.
Les TAAF, cet acronyme administratif bien connu des philatélistes, frappent l'imaginaire des happy few comme une gifle de vent vivifiante. L'archipel Kerguelen se situe à 3 400 km au sud de la Réunion, à seulement 1 950 km des côtes antarctiques et constitue un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). La Grande Terre, avec ses 150 km dans sa plus longue étendue devient partie prenante d'un rêve de traversée pédestre longuement porté par François Garde qui se concrétise en 2015, durant trois semaines. L'expédition en autonomie avec dépôt de vivres sur le parcours est constituée par François Garde, écrivain, ancien administrateur des TAAF, Michaël Charavin, guide, Bertrand Lesort, photographe, Frédéric Champly, médecin. le récit de cette pérégrination humide et ventée paraît en 2018 aux éditions Gallimard. Une nouvelle édition enrichie de photographies en couleur voit le jour en 2020. Loin d'être anecdotiques ou illustratives, les photographies révèlent des paysages premiers, un regard différent et dessinent un parcours croisé, nourrissant la relation de voyage écrite par François Garde. Parfois on aimerait avoir le point de vue des autres membres de l'équipe quand ils cherchent des voies de passage, tergiversent, doutent, lorsqu'ils s'effraient, s'enthousiasment. On sent que la cohésion, la fraternité et la présence les uns aux autres conditionnent la réussite du projet. Des liens humains forts s'instaurent le temps de la traversée dans un milieu inhospitalier. de rares embellies transfigurent parfois le paysage comme pour mieux exercer une flagellation mentale dès que l'archipel sombre à nouveau dans la tourmente et les cieux déprimés. Avec un portage de vingt-cinq kilos, des marches interminables sur des terrains instables, des passages improbables qu'il faut dénicher in situ, une météorologie démente, des vents hurleurs, des pluies continues, des traversées de rivières glaciales, la nécessité de passer les obstacles à mesure qu'ils se présentent, de marcher hors de tout cheminement préexistant, tout concourt à saper les forces humaines et pourtant François Garde jubile, s'émerveille et ne cèderait jamais sa place. Il se met à nu, ne cache rien, expose sa fragilité et impose sa volonté malgré les doutes et les errements. Les jours défilent. Les obstacles se franchissent et la peur de l'échec s'estompe à mesure de l'avancée de l'expédition. En donnant à voir et à sentir la rude réalité des Kerguelen, le journal de marche entraîne le lecteur vers une dérive heureuse puisque enfin, ces terres désolées qui ont dû effrayer Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec quand en février 1772, il dépêcha son enseigne pour débarquer à sa place, cet archipel devient enfin accessible le temps d'une traversée pédestre fugace. A la fin du récit, il est alors loisible, pour le lecteur amoureux par procuration de tels endroits, à l'instar de François Garde, de prendre sereinement congé des lieux.
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Marcher à Kerguelen. Trois mots simples qui résument l'âme d'un livre magnifique, cosigné par François Garde, auteur des textes, et Michael Charavin et Bertrand Lesort, qui en ont réalisé les photographies. Au départ, une idée, un fantasme, une rêverie : celle de François Garde, écrivain, mais aussi ancien haut fonctionnaire, qui a été au cours de sa carrière administrateur des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises). Il a eu l'occasion de poser le pied sur l'île, d'en parcourir quelques tronçons. Et n'a cessé depuis de rêver d'y retourner pour la parcourir plus avant. Au terme de trois années de préparation, son expédition peut enfin commencer : en novembre 2015, avec trois compagnons, François Garde retourne enfin sur l'île, pour une marche de 25 jours qui mènera la petite équipe du nord au sud. le livre qui en est né affronte une lourde tâche : rendre compte d'un paysage que peu de gens ont pu contempler, qui déroute l'oeil, excède les comparaisons, un monde en soi auquel il faut à chaque ligne inventer de nouveaux référents pour tenter de le suggérer. La centaine de photographies qui accompagne le récit, aussi majestueuses que déroutantes, donne une idée du point jusqu'auquel Kerguelen est un territoire à part.

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Lien : https://autobiosphere.wordpr..
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Alors qu'il est administrateur supérieur des terres australes et antarctiques françaises, François Garde, en profite pour découvrir Kerguelen, bien loin de la Bretagne, qui doit son nom à son découvreur, le navigateur breton Yves Joseph de Kerguelen en 1772.
Cette île est surnommée « île de la désolation » en raison de sa nature hostile avec des vents violents, des températures glaciales dont la moyenne annuelle ne dépasse pas les -5°C et avec une quasi absence de végétation. Personne n'y vit à l'exception des membres d'expéditions scientifiques basés à Port-aux-Français.

C'est lors d'un trek au Groëland,que l'un des coéquipiers, Mika, qui connaît Kerguelen pour y avoir séjourné durant un an, lui propose de s'y rendre pour une randonnée de plusieurs jours. C'est ainsi que ce projet d'expédition va voir le jour et à ce duo, viendront s'ajouter Bertrand, un ancien officier de marine qui connaît bien le climat et le terrain de Kerguelen, et Fred, médecin en haut montagne à Chamonix qui connaît Kerguelen.

Cette expédition qui aura lieu en 2015 leur fera couvrir la traversée intégrale de Kerguelen à pied en autonomie totale. Comme sur cette ile sans aucune trace de civilisation, il est indispensable de partir avec tout le nécessaire (tente, nourriture, moyens de communication) et dont la charge sera répartie sur l'ensemble des coéquipiers avec un sac à dos de 25 kg, sac qui ne s'allègera pas puisqu'afin de préserver ce territoire vierge, il faut transporter ses déchets.
Cette expédition durera 25 jours,ni plus ni moins, pour correspondre à l'une des rotations du Marion Dufresne, un navire qui effectue 4 rotations australes par année depuis la Réunion. Mais c'est sans compter sur la difficulté du terrain où il n'y a ni sentiers et ni balisages et où les obstacles sont pléthore (chutes de pierre, traversées de rivières, tempêtes, bourrasques, passages de cols).
Des points de ravitaillement sont prévus afin de ne pas avoir à porter 3 semaine de nourriture. Ils se feront par hélicoptère au niveau de la cabane de Val Travers et de Mortadelle, points de chute qui seront source de réconfort où les membres pourront « festoyer » de repas en conserve et récupérer pour la bonne poursuite de cette expédition (blessure ancienne de Fred qui s'est réveillée et qu'une pause aura permis de soulager).

Cette longue et difficile marche de 4 coéquipiers qui se fait dans un contexte complètement préservé, où il n'y a aucune trace de l'homme dans un environnement immense et inhospitalier démontre la capacité de l'homme à s'adapter et à se dépasser. Si la plupart des récits de marche montre que le voyage en solitaire est un voyage physique et initiatique ; ici il en est tout autre et la démarche est bien différente car c'est grâce au groupe et aux compétences de chacun qu'elle a pu aboutir. Et on constate même une grande intelligence chez ces membres qui ont été en capacité de redoubler de politesse et d'instaurer des conversations plutôt bienveillantes et polies sous la tente car toutes altercations et disputes auraient menacer la réussite de l'expédition.

Avec la description des paysages, de ses ressentis, de ses états d'âme, François Garde m'a emmenée avec lui dans cette expédition et je me suis vue, en tant que férue de randonnée, arpenter cette île et affronter les obstacles (le vent, le froid, la pluie, la douleur). Il m'a aussi transporté par son écriture au vocabulaire riche et juste. Et j'ai refermé ce livre avec tristesse car j'aurai aimé poursuivre l'aventure mais aussi avec joie de constater que si l'on se donne les moyens et que l'on se prépare correctement il est possible d'aller au bout de ses rêves. C'est une très belle histoire humble et riche à la fois.

Et c'est un très gros coup de coeur.
Lien : http://quandsylit.over-blog...
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Ne vous y laisser pas prendre : le titre est bien trop basique pour ce récit de voyages hors du commun. Car, à de rares exceptions près, la traversée de Kerguelen qu'il décrit ne pourra jamais être réalisée par quiconque.
On y trouve, évidemment, beaucoup de descriptions géographiques et factuelles des étapes et des lieux franchis : c'est un parti pris dont François Garde s'explique dès le début du livre. Cela alourdit incontestablement le récit mais l'auteur ne pouvait pas sans affranchir. S'en passer aurait dénaturé l'oeuvre trop profondément.
Malgré cela, il reste une poésie simple dans les mots de François Garde, de très belles façons de voir les choses et des ponts lancés entre l'aventure individuelle, la singularité des lieux et le fond culturel ou religieux convoqué par l'auteur dans ses pages. Au fil de la lecture nait l'impression de cheminer aux côtés de ce petit groupe d'aventuriers.
Ce livre trône désormais en bonne place dans ma bibliothèque, entre "Wild", "Sur les chemins noirs" et "L'axe du loup".
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J'ai eu la chance inouïe, il y a presque quarante ans, de parcourir le sud-est de Kerguelen pendant vingt-et-un jours. J'ai raconté ce périple à François Garde. Isabelle Autissier en fit de même en 2000 après avoir réalisé la traversée nord-sud.
Quelle belle idée a eu l'écrivain d'aller éprouver par lui-même les sensations d'une telle aventure et d'en tenir le journal afin de rapporter au plus grand nombre la poésie de ces lieux fantastiques qui secrètement habitent notre humanité autant qu'elle les déserte !
La version illustrée est magnifique avec les photographies de Michael Charavin et Bertrand lesort.
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C'est en 2000, alors qu'il est nommé administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises, que François Garde découvre les Kerguelen. L'archipel, dont il tombe alors "malade d'amour", n'aura, dès lors, de cesse de hanter ses pensées jusqu'au jour où naît l'idée de traverser Kerguelen à pied. Huit à dix heures de marche par jour, avec un sac de 25 kgs sur le dos, durant trois semaines et demie, du 23 novembre au 17 décembre. Délicieusement écrit, au rythme d'un court chapitre par jour, ce journal de bord nous offre de partir à la découverte de paysages sublimes et indomptés. Une incroyable aventure humaine au cours de laquelle moments de doutes et "bonheurs indicibles" se répondent.
La centaine de photos émaillant le récit -toutes plus remarquables les unes que les autres- permet de découvrir ce cadre sauvage de ce bout du monde.
Lien : https://www.espritlivres.fr
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