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EAN : 9782072850158
304 pages
Gallimard (29/08/2019)
3.82/5   78 notes
Résumé :
" Vous, roi de Naples? Le titre dont vous vous parez n’existe pas. Le droit de conquête est réservé aux princes. Un aventurier ne saurait s’en prévaloir. Vous n’êtes... rien, Monsieur."

En 1815, Joachim Murat tente de reconquérir le trône de Naples, qu’il vient de perdre après six ans de règne. L’ascension de ce fils d’un aubergiste du Quercy, devenu général de la Révolution puis maréchal d’Empire, n’avaitjusque-là jamais connu d’autres limites que l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Le sabre de Napoléon.
Fils d'aubergiste, Murat devint maréchal d'empire puis roi de Naples et beau-frère d'empereur avant de finir prince déchu. En voilà un qui n'a pas eu besoin de Parcoursup pour son orientation professionnelle ! Point d'escalade laborieuse de l'échelle sociale, ce fut un vol à la catapulte.
Sa famille l'avait poussé au sacerdoce en entrant au séminaire de Toulouse. Il en sort vite, plus attiré par l'uniforme militaire que par la soutane. L'habit fait le moine et l'entrejambe le démange.
Ce personnage digne de Dumas inspira finalement Balzac pour son colonel Chabert. Il inspira surtout des soupirs à Caroline Bonaparte qui tomba sous le charme du fringuant hussard et poussa Napoleon à lui donner sa main. Fougueux, Murat s'empara vite du reste et lui fit quatre enfants.
François Garde, dont j'avais adoré « Pour trois couronnes » et « l'effroi », accompagne les derniers jours du beau Joachim 1er dans sa cellule de condamné. L'enfermement est propice aux introspections, l'imminence de l'exécution est un terreau favorable à la culture des souvenirs. Les intellectuels n'ont pas le monopole de la nostalgie.
Le récit alterne habilement entre les derniers jours de Murat où il défie avec panache ses juges et la frise chronologique d'une vie qui influença les manuels d'histoire.
François Garde décrit merveilleusement bien les scènes de bataille. On y découvre un chef de guerre courageux dont l'instinct prend souvent le pas sur la stratégie et dont le sens de l'improvisation scellera les plus belles victoires. Murat était une machine de guerre poursuivie par la chance malgré ses uniformes plus colorés qu'une tenue de carnaval de chez Desigual. A croire que les tirs ennemis étaient effarouchés.
Pourtant, derrière le héros des champs de bataille et des édredons, se cachent des fragilités et des blessures que l'auteur révèle avec pudeur. Murat restera toute sa vie un petit garçon en quête et frustré de reconnaissance de la part de Napoléon. L'empereur reconnaissait que son beau-frère était le meilleur officier de cavalerie de son armée au combat. Il disait qu'il avait un très grand courage mais… fort peu d'esprit. Napoléon n'était pas avare d'humiliations. Un brin taquin et amusé par le mal de mer dont souffrait Murat, l'empereur le nomma… amiral.
A la lecture de cette biographie romancée, la sentence semble injuste. Dans sa diplomatie et sa gouvernance, Murat eut des réussites comme l'unification temporaire de l'Italie qui lui valut l'affection de la population. Néanmoins, il fit aussi la connaissance de l'échec avec la campagne d'Espagne où il réprima l'insurrection de la population par des centaines d'exécutions peu glorieuses (voir le tableau de Goya « Tres de Mayo ») et de déroutes avec ses rapprochements pitoyables pour sauver son royaume de Naples pendant la débâcle. Murat trahit Napoléon mais François Garde lui accorde des circonstances atténuantes : volonté d'émancipation et instinct de survie comme mots d'excuse.
Autre réussite du roman, la découverte pour moi de Caroline Bonaparte. Plus stratège et intelligente que son mari, s'autorisant quelques liaisons plus ou moins diplomatiques, et capable de faire infléchir son empereur de frère, elle forçait l'admiration de son mari et mériterait une plus grande postérité.
Sans être un assidu des biographies de Jean Tulard ou un excentrique qui se déguise chaque année pour reconstituer les batailles Napoléoniennes dans des uniformes d'époques plus résistants aux baïonnettes qu'à l'embonpoint des participants, j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture.
Bicorne bas pour cet homme "qui eu une vie plus grande que ses rêves."
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Octobre 1815, quatre mois après Waterloo, Napoléon navigue (à l'insu de son plein gré) vers Sainte Hélène et Joachim Murat vogue vers Naples.

L'ex-Roi de Naples débarque le 8 octobre, est capturé par les forces de l'ordre fidèles aux Bourbons et emprisonné durant six journées qui sont propices à un examen de conscience.

Sans aucun remords, mais non sans regret, l'ex-séminariste passe en revue son existence extraordinaire qui en a fait un soldat, un officier, réprimant les royalistes révoltés de Vendémiaire puis participant à la campagne d'Egypte et d'Italie. Acteur déterminant du dix huit brumaire, il propulse le petit caporal aux plus hautes destinées sans que celui-ci se sente débiteur.

Époux de Caroline, soeur cadette de Napoléon, il contribue à toutes les victoires de l'Empereur jusqu'à Moscou et est nommé Roi de Naples.

Piètre politique il essaye de sauver son trône et trahit la France puis, lors des cent jours, trahit la sainte alliance et se rallie à Napoléon… de quoi perdre toute crédibilité et toute légitimité.

Du huit au treize octobre, jour et nuit Murat revit et revoit sa destinée, celle de son épouse et celle de l'empire. Pages magnifiques qui rappellent que Naples fut la cité dominante de l'Italie au XIX siècle, dans l'orbite britannique, et joua un rôle essentiel dans les mouvements qui forgèrent l'unité italienne.

Avec panache, Joachim Murat commande le peloton qui le fusille le treize octobre 1815.

Merci à François Garde de nous remémorer celui qui, à l'égal d'un du Guesclin ou d'un Bayard, incarne l'un de nos plus braves soldats !

Une biographie romancée incontournable en cette année où la France commémore la mort de Napoléon.
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Régulièrement, je me replonge dans l'épopée napoléonienne. Tout ça à cause de mon grand-père qui m'offrit un livre illustré sur Napoléon quand j'étais gamine. le vieil homme était un conteur hors pair. Il sut me transmettre sa nostalgie de l'Empire. La biographie romancée de François Grade est moins érudite que les ouvrages d'un Jean Tulard et moins épique que les romans d'un Patrick Rambaud, mais elle est sincère. Comme nombre de protagonistes de l'épopée napoléonienne, Murat n'est pas un aristocrate ou un « fils de ». C'est un autodidacte issu d'une famille du Quercy. L'auteur est fasciné par la capacité de l'Empire à faire grimper des hommes du peuple en haut de l'échelle sociale. Il y a quelque chose de romantique dans cette gloire obtenue par l'ambition et la bravoure. le livre est construit autour de trois personnages, l'Empereur, sa soeur Caroline et celui sur lequel elle jeta son dévolu dès l'âge de 15 ans, le beau et vaillant Murat. Ce dernier passera sa vie à quémander la reconnaissance de son beau-frère, toujours un peu dédaigneux à son égard (p156). L'assentiment ne viendra qu'une fois, sous la forme d'une boutade (p260). Murat était pourtant prévenu, « jamais Bonaparte de s'est considéré comme redevable de quoi que ce soit envers quiconque ». On peut reprocher à François Garde de s'étonner de l'ingratitude de Napoléon sans jamais vraiment l'expliquer. Ce mystère constitue le ressort dramatique de ce livre aux accents shakespeariens – l'émancipation du fils. Avec plaisir, on traverse le siècle et l'Italie. La famille Murat n'a pas seulement mené une « vie d'expat. » dans le Golfe de Naples. Elle s'est imprégnée de cette terre accueillante, jusqu'à la marquer durablement de son empreinte (p280) – à noter le savoureux passage sur la robe de corail de Caroline et ses effets collatéraux sur la mode et le commerce (p201). Un bon moment de lecture donc, malgré les hésitations de l'auteur (comme beaucoup d'autres, « fascinés » avant lui) : retranscrire les faits historiques ou magnifier la force de ce destin hors norme.
Bilan : 🌹
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Il est quasiment minuit à l'heure où je rédige cette chronique et je suis devant mon écran à ne pas savoir quoi écrire… Comment trouver les mots justes pour rendre hommage à ce brillant ouvrage ? Comment, en quelques lignes, vous donner envie d'ouvrir ce roman même si vous n'êtes pas férus d'histoire ?

Durant quasiment trois cent pages, François Garde réussit un véritable exploit. Il rend Joachim Murat, mort depuis plus de deux cent ans, vivant. J'avais devant moi le célèbre hussard, l'audacieux général, le roi orgueilleux de Naples. Il a réussi à m'embarquer, aux côtés de Murat, lors des événements marquants de sa carrière, que ce soit sur un bateau rejoignant l'Egypte – j'étais quasiment malade, souffrant des caprices de l'océan -, ou dans le froid polaire de la Russie, alors que mes membres se raidissaient. Bref, j'ai voyagé, j'ai voyagé alors qu'en ce moment nous sommes enfermés entre quatre murs. Croyez-moi c'est épatant la façon dont François Garde arrive à donner vie à ses personnages !

L'auteur a également réussi à m'arracher quelques larmes, lorsqu'il relate la prise de canons aux Sablons par un militaire qui dépasse de plus d'une tête les autres ou encore lors des charges de cavalerie de la Grande Armée… Oui, ça peut paraître loufoque ou même inconcevable mais c'est tellement bien écrit, tellement vivant, qu'on sent l'odeur de la poudre, du sang et des chevaux !

Bien entendu, je n'ai pas fait que pleurer, j'ai également eu un sourire au coin des lèvres lors de certains événements notamment lors des échanges de billets entre Murat et son épouse au sujet du caractère colérique de Bonaparte ou bien encore en baignant danss les intrigues politiques du Premier Empire.

L'écriture de François Garde nous invite au voyage. En nous emmenant lors de l'un des moments les plus connus de notre histoire de France, il nous fait revivre des personnages bien souvent laissés dans l'ombre alors qu'ils ont permis à Napoléon de consolider son trône. C'est poétique, c'est sans fioriture et c'est magique, on ne voit pas le temps passer.

Jamais un livre n'avait encore réussi à détrôner Voyage au bout de la Nuit qui est pour moi ma référence en littérature mais là, Monsieur Garde, je dois vous dire que votre livre devient la plus belle pépite de ma bibliothèque. Merci pour ce moment d'évasion alors qu'ici c'est un peu le chaos.

Digne d'un grand roman de cape et d'épée mais également d'un grand roman traitant de la fidélité, on assiste aux derniers jours d'un condamné… Et vous, savez-vous qui est Joachim Murat et comment il a fini sa vie ?
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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François Garde est un romancier qui me réjouit toujours. Quel bonheur, si l'on est un peu amateur d'histoire, de se plonger dans ce joli roman qui explore la galaxie des maréchaux d'empire, ces soldats souvent sortis du rang que Janus Napoléon sut élever sur des trônes et renier tout aussi naturellement dans nombre de cas. Joachim Murat, roi de Naples, fut l'un des plus prestigieux. Modeste fils d'aubergiste du Sud-Ouest il devint le beau-frère de l'empereur en épousant Caroline Bonaparte.

Octobre 1815, quatre mois après Waterloo, Napoléon navigue vers un caillou perdu en plein Atlantique. Murat, désormais ex-roi, tente de revenir en grace auprès de ses anciens sujets. Dans la grande débandade qui suit la fin de l'empire chacun essaie de sauver sa fortune et sa peau. Fait prisonnier par les fidèles des Bourbons il va vivre six journées de réclusion, un procès bâclé, une exécution sans délai. le prince Joachim Murat se penche sur sa vie. Et c'est absolument passionnant. Roi par effraction, habilement bâti avec alternance du court emprisonnement du souverain de circonstance et des années de conquêtes, de victoires et de déboires, est une sacrée aventure, digne de Dumas, probablement sertie de quelques libertés avec la grande histoire. Peu importe, les Français qui aiment justement l'histoire, que je crains peu nombreux tant règne l'ignorance, se régaleront. Rares sont les époques où l'ascenseur social, certes assez guerrier, pouvait fonctionner. Sachant qu'un ascenseur peut parfois vous envoyer par le fond.

Murat, en quelques jours de geôle, réinterprète les étapes de sa vie exceptionnelle, de son enfance gasconne aux batailles impériales, de son mariage dans l'ombre de Napoléon au palais de l'Elysée qui fut sa résidence. Murat, une vie d'action, de hauts et de bas, des brutalités de sa répression en Espagne (Goya) aux rêves d'unité italienne. En quelques sorte un précurseur même si cela tourna court. Joachim Murat, roi de Naples périt sous les balles des Bourbon, jugement pour le moins expéditif.

Roi par effraction, à lire comme un feuilleton de cape et d'épée, chevauchées et intrigues, trahisons et ingratitudes, une Europe à feu et à sang, et l'extraordinaire destin d'un gamin d'un village du Quercy. L'Aigle déchu dans son île hors du monde avait au moins permis ceci. Il arrive que les aigles ressemblent aux vautours.
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critiques presse (1)
Culturebox
30 août 2019
En six arrêts sur images, le roman retrace l'épopée napoléonienne en épousant les hauts et les bas d'un militaire à la destinée d'exception. Une brillante cavalcade aux accents mélancoliques.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
«Mon frère,
Puisque avec votre cavalerie légère vous prenez les forteresses les mieux défendues, il faudra que je licencie le génie et que je fasse fondre mes pièces ! »
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Depuis ce massacre qui lance sa destinée, et où il gagne le surnom méprisant de Général Vendémiaire, Bonaparte a une dette envers Murat. Sans cette cavalcade et sans ces canons, comment l’affaire aurait-elle tourné, alors que les sectionnaires royalistes alignaient des effectifs armés bien plus importants que ceux fidèles au régime ? Mais jamais Bonaparte ne s’est considéré comme redevable de quoi que ce soit envers quiconque : il a donné un ordre, Murat l’a exécuté. C’est une grande faute que de sauver la mise à un ingrat. Ou en tout cas une grande naïveté.
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Jamais il n'a pensé qu'il mourrait dans son lit. Les innombrables champs de bataille qu'il a traversés sabre au clair auraient dû cent fois mettre un terme à sa carrière, mais ils n'ont pas voulu de lui. Les boulets de canon l'ont effleuré, les balles de pistolet ont sifflé à ses oreilles et troué ses vêtements, ses chevaux ont été tués sous lui, ses officiers décimés à ses côtés. Plus il s'exposait, plus la victoire lui souriait. Sa hardiesse inspirait courage aux poltrons, sa réputation terrifiait et fascinait ses adversaires.
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Lente, disparate, impropre aux parade et aux défilés, fidèle pour l'éternité, l'armée invisible du roi Murat.
Il sera l'ultime victime de ses propres guerres. Car sa place est bien sûr parmis eux. Son destin et les leurs, au terme du voyage, se confondent. Il va les rejoindre dans un instant, les serrer dans ses bras l'heure des retrouvailles est venue.
Une séquence de la messe des morts lui revient en mémoire : Libera me Domine de morte aeterna...
Quoi qu'il advienne de lui, il ne sera ni seul, ni avec ses parents, mais exactement au milieu de cette troupe nombreuse et qui résume sa vie. Et parmis ces morts de toutes les batailles qu'il a livrées, ni moins fraternels ni moins serein que les autres, le chef d'escadron Varezzi-Torre.
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Il se baisse, met un genou à terre et lui tient la main un instant. Oui, malgré les titres, les richesses, la gloire et les honneurs, malgré tout ce qui l'entoure, il est l'un d'eux. Un soldat. Devenu général, député, maréchal de France, grand aigle de la Légion d'honneur, grand amiral, prince, grand-duc, et tout ce qu'on voudra qui brille et qui scintille, mais au fond de lui il n'a rien oublié. Un cavalier d'élite parmi d'autres cavaliers d'élite. Fait des mêmes souvenirs et des mêmes muscles. Avec la même odeur de sueur, de poussière et de sang. Partageant les mêmes dangers. Cela seul est vrai. Cela seul le définit.
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Vidéo de François Garde
Augustin Trapenard accueille Tatiana de Rosnay pour "Poussière blonde", roman qui raconte la rencontre entre une femme de chambre et Marilyn Monroe, paru chez Albin Michel. A ses côtés, Sonia Kronlund présente "L'Homme aux mille visages", l'histoire d'une extraordinaire imposture éditée chez Grasset, François Garde évoque "Mon oncle d'Australie", paru chez Grasset. Régis Jauffret publie, lui, "Dans le ventre de Klara", aux éditions Récamier, et Julia Malye, âgée d'à peine 18 ans, présente son premier roman, "La Louisiane", paru chez Stock.
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