Mission n°22 : Empêcher le sabotage de plusieurs centrales nucléaires.
En 1981, "Rien que pour vos yeux" envahit les écrans avec
Roger Moore dans le smocking bondien, qui rempile pour la cinquième fois. du côté des librairies, c'est le calme plat depuis 8 ans. Il y a bien eu les novélisations de
Christopher Wood ("L'espion qui m'aimait" et "James Bond 007 et le Moonraker") mais personnellement je trouve que raconter un film en roman ça ne compte pas vraiment. John Gardner est la nouvelle plume chargée de sortir Bond de sa retraite littéraire.
Avec 14 romans à son actif (plus deux novélisations), John Gardner égale
Ian Fleming dans le nombre de publication sur James Bond. Son tout premier, intitulé "Permis renouvelé" (Licence Renewed), insère James Bond dans les années 1980. Si l'on retrouve les idées de Fleming (personnages, lieux, etc.), Gardner apporte son lot de nouveautés.
Tout d'abord, John Gardner opère un rapprochement avec la franchise cinématographique. de nombreux gadgets, des scènes d'actions hollywoodiennes, de l'humour, offrent aux fans des films des éléments qu'ils ont vus et qu'ils maitrisent. Fort de 12 films, James Bond et ses codes sont mondialement connus.
Comme toujours, Bond est dans l'ère du temps. Autant les livres de Fleming que l'ensemble des films sont le reflet de différentes époques. Bond n'est pas intemporel, il se réinvente régulièrement en s'ancrant dans son temps. le présent roman n'échappe pas à la règle avec les questions du nucléaire.
Le Dr Anton Murik, éminent physicien nucléaire, veut prouver au monde le danger que représente les centrales nucléaires. Mal entretenues, dotées d'une sécurité insuffisante, elles mettent en péril les humains comme la nature. Il s'associe alors à un terroriste pour changer la situation. Evidemment, 007 s'en mêle.
On ne peut s'empêcher alors de penser à la catastrophe de Tchernobyl qui aura lieu 5 ans après la publication de ce roman. Comme quoi, cet ennemi de Bond n'avait peut-être pas entièrement tort…
Le roman pêche par sa longueur, le manque de profondeur et de charisme de ses personnages, la potichisation des figures féminines et l'incohérence de certaines scènes. du côté des "méchants", le constat est bien triste. le terroriste Franco ne sert à rien (un Carlos aurait été bien plus pertinent), Murik est plat, l'homme de main Caber est l'archétype du zombie musclé mais stupide et Mary Jane Maskhin est sous-employée. du côté des gentils on pourra s'amuser de croiser un représentant de la branche Q féminin dont malheureusement le surnom "Q'ute" ne fonctionne qu'en anglais (la traduction "Q-Cotte" en français frise le ridicule) et d'une James Bond girl nommée Lavender Peacock qui est certes aussi décorative qu'un paon mais dont l'absence de personnalité échappe à la vanité (cf. la traduction de Peacock). Bon, elle se pavane sur les podiums de la mode alors pourquoi pas…
Reste qu'à la fin de ma lecture, je n'ai toujours pas compris pourquoi Anton Murik partage son plan machiavélique aussi rapidement avec Bond. Apparemment, il suffit à 007 de vaincre Caber (en trichant) à un jeu écossais pour être automatiquement intégrer à la destruction du monde. Pas plus que je n'ai saisi l'envie irrépressible de l'espion britannique de quitter le château si vite au point d'en griller sa couverture.
En conclusion, le premier Bond de Gardner se lit un peu moins vite qu'il ne s'oublie. Pas mal de défauts, d'éléments mal exploités et de personnages vides pour réellement vivre cette mission. J'imagine, en tout cas j'espère, que s'il y a 13 autres romans, c'est que les choses s'améliores par la suite.