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Critique de afriqueah


« le crime est comme un cancer. Il prend le pouvoir, il accapare toutes les ressources de la famille. »
Et ce crime, c'est la séquestration d'une jeune fille.
En lignes courbées, elle raconte son enfermement, qui a duré, nous le savons dès le début, 472 jours.
Cinq ans après, rebelotte. Nous avons en direct les recherches et les hypothèses de recherche de DD Warren et d'autres enquêteurs.
L'histoire de ces rebondissements ne serait pas très intéressante, si elle n'était pas étayée par l'analyse qu'en fait Flora, cinq ans après aussi.
Elle a été détruite au long de ces jours : enfermée, faim, soif, mauvais traitements et sexe d'un désaxé.

Au point qu'elle ne sait plus qui elle est.

Son ravisseur lui avait donné un autre nom, et petit à petit, l'a non pas reconstruite, mais amadouée et fait entrer dans son monde à lui.
Je ne suis pas un monstre, lui dit il, je suis juste un déglingué sexuel.
Juste un pervers.
Lisa Gardner réussit à mon avis, avec maestria, sans nous donner de détails sordides, à nous faire comprendre comment on peut manipuler en torturant, et surtout combien il est difficile, lorsqu'on a survécu, justement de survivre.
Flora a t elle cherché à se refaire enlever, à reproduire encore et encore le même schéma, alors qu'en cinq ans, elle a passé son temps à suivre des cours de survie, d'autodéfense, des stages de conduite en situation d'urgence. Elle est armée psychologiquement, et cependant complètement perdue.
Et pose mystère aux enquêteurs.
Car syndrome de Stockholm, lorsque le traumatisme devient le fondement d'un profond attachement : elle a appris à aimer de façon ambivalente son prédateur sexuel, elle sait pourtant que c' est aussi un serial killer, mais il lui donne parfois des frites quand elle meurt littéralement de faim.
Un survivant doit tout faire pour survivre…. Sauf que la culpabilité l'attend au tournant : la culpabilité d'avoir survécu, et la culpabilité, plus forte encore, d'avoir dû faire des choses pour survivre.
De toute façon, malgré l'autodéfense, l'amour de sa mère qui comprend qu'elle n'est même plus sa fille, et attend par amour en faisant des cookies, le soutien d'un victimologue qui fait craquer toutes les femmes, rien à faire, la culpabilité est la plus forte, la reconstruction n'est pas possible.
D'abord, on survit, ensuite, il faut réussir à ne plus se sentir une victime.
« La survie n'est pas une destination, c'est un voyage. »

Très habile thriller, évitant les pistes que nous, fins limiers, on éventerait à la page 50, en semant certaines autres, fausses, pas de bol, nous mettant en situation de ne pas pouvoir abandonner cette pauvre fille à son sort immonde, nous transformant en addictés désirant connaître l'issue de l'histoire, en nous tenant ferme la dragée haute, en un mot en nous faisant revivre un enfermement que dans l'urgence passionnée de lire nous finissons avant 72 heures. J'ai compté.

Un grand, très grand livre malgré les dernières pages un peu faibles, il fallait bien conclure, n'est ce pas ?
Mais on survivra. Sans culpabilité.
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