AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Brice Matthieussent (Traducteur)
EAN : 9782267049183
300 pages
Christian Bourgois Editeur (04/04/2024)
4.39/5   79 notes
Résumé :
Fuyant les États-Unis et le racisme qui y règne, Simeon, un noir américain, arrive au début des années 1960 à Paris. Ici, les noirs se promènent sans craindre pour leur vie, et la diaspora américaine a pignon sur rue : dans les cafés, on refait le monde entre deux morceaux de jazz, on discute de politique en séduisant des femmes... Tout semble idyllique dans la plus belle ville du monde. Mais Simeon s'aperçoit bien vite que la France n'est pas le paradis qu'il cherc... >Voir plus
Que lire après Le visage de pierreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
4,39

sur 79 notes
5
17 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Une lecture-coup de poing, dérangeante à plus d'un titre… car elle met en cause toutes les monstruosités induites par les discriminations raciales, en France et dans le monde ! Récit rédigé par un journaliste-reporter engagé !

Merci aux éditions Christian Bourgois et à Babelio, pour la Masse critique- Littérature, pour l'envoi de cet ouvrage, écrit en 1963, mais publié pour la première fois en français !
[***Merci aussi pour l'envoi du bulletin des nouveautés de cette rentrée, où je découvre des publications palpitantes de la photographe, Susan Sontag, qui était aussi romancière…à ses heures… !]

William Gardner Smith (1927-1974), journaliste en Amérique, part pour la France et pour Paris afin de changer de vie, échapper à toutes les humiliations raciales de son pays. Il trouve à Paris la Liberté, des discussions avec d'autres noirs américains… toutefois, il fait connaissance avec d'autres racismes, dont celui des Français, très virulent contre les arabes et les algériens

« - Et les arabes ?
Raoul hésita, fronça les sourcils. Puis sa voix douce déclara :
"C'est autre chose. Les Français n'aiment pas les arabes, mais ce n'est pas du racisme. Les arabes ne nous aiment pas non plus. Nous sommes différents.
-C'est une différence avec vous au-dessus et eux en dessous.
-Il s'agit d'un accident historique.
-C'est toujours un accident historique au début. » (p. 89)

Simeon, le narrateur, est en grande partie comme le double de l'auteur, il nous offre ses souvenirs d'afro-américain, son travail de journaliste ; Ne supportant pas les humiliations raciales de ses compatriotes américains et pour échapper à sa condition de “négro”, il s'expatrie et se retrouve dans un Paris où être « Noir » n'est plus un obstacle récurrent ; il se fait des amis, tombe amoureux d'une expatriée comme lui, Maria, juive d'origine polonaise, ayant vécu les atrocités des nazis, et puis il sympathise avec d'autres émigrés, des Algériens… et là, il retrouve le Racisme, les violences et le mépris, qu'ils endurent en France et à Paris… de la part des Français et des forces de police…

C'est un ouvrage fort, aux questionnements élargis à tous les racismes sévissant aux quatre coins de la planète !!

-« Moi, je ne sais pas où je vais.
-Que ressens-tu en vivant ici, toi, un homme noir en pays blanc ?
-Je ressemble à un homme sans pays. Je ressemble à un juif errant. »
(p. 126)

On comprend à la lecture de ce récit que l'ouvrage ne soit traduit en français qu'aujourd'hui, car il rend compte des évènements tragiques survenus le 17 octobre 1961…racontés par un journaliste afro-américain… donnant une image insupportable et indigne de la France , où plus de 200 algériens furent assassinés, et un grand nombre jeté dans la Seine! Pendant de très longues années cette répression policière insoutenable a été occultée…[ répression, bastonnades, etc, ordonnées , diligentées par une sombre personnalité dont d'autres crimes seront été connus ultérieurement…Il s'agissait du Préfet de police, Maurice Papon !! ]. D'autant que cette manifestation était pacifique, comprenant femmes, enfants, personnes âgées !...

« le 17 octobre 1961, le Front de libération nationale algérien appela tous les Algériens vivant à Paris à descendre dans la rue au cours de la soirée et à manifester pacifiquement contre le couvre-feu que leur imposait le gouvernement français. Selon les instructions du FLN, tous les hommes, toutes les femmes et même les enfants devaient participer à ces manifestations; ils devaient défiler de manière ordonnée, en groupes dirigés par des militants du FLN; personne ne devait porter d'arme, pas même un bâton ou un canif. « (p. 257)

Notre journaliste désespéré d'avoir perdu un de ses grands amis algériens, Ahmed, se résigne à repartir…

Simeon se décide , même si cela ne l'enchante pas, à retourner en Amérique pour se battre contre les discriminations, dans son propre pays…après avoir cru que Paris et la France étaient différentes ; que cette fameuse terre d'accueil qu'il croyait avoir trouvée, s'est révélée avec ses cruautés et monstruosités…racistes, envers d'autres communautés, et plus particulièrement envers celles de l'Algérie et du Maghreb !!

Un ouvrage datant de près de 60 ans…qui demeure un texte d'une virulente puissance…afin que nous restions vigilants à l'extrême, envers tous les ostracismes raciaux et autres, émergeants !


***************************************************
Voir lien
https://www.publicsenat.fr/article/politique/paris-une-stele-en-hommage-aux-victimes-algeriennes-du-17-octobre-1961-146409

Commenter  J’apprécie          520
Mai 1960. « L'Amérique était derrière lui, son passé aussi ; il était en sécurité. La violence ne serait pas nécessaire, le meurtre non plus. Paris. La paix. » Pourtant, Simeon Brown, jeune Noir américain en exil, découvre rapidement qu'ici aussi certains subissent humiliations et brimades quotidiennes : « Les Algériens sont les nègres de la France. »
Son arrivée, ses rencontres, ses journées, ses soirées sont racontées par le menu, ses émotions, ses réflexions analysées avec minutie. Peu à peu, quelques chapitres rétrospectifs nous éclairent son passé : son enfance à Philadelphie, la violence, « une violence inexplicable, une violence gratuite » devant laquelle il recule, le « sacrifice » de son oeil « pour devenir un dur ». le bandeau noir qui lui donne des airs romantiques et surtout dissimule enfin l'extrême sensibilité qui sans cesse le paralysait.
(...)
Si ce roman pourra sembler trop démonstratif à certains, William Gardner Smith a le mérite d'y analyser dans les moindres détails les ressorts de la domination, d'exposer le point de vue d'un dominé qui, pour se protéger, rejoint le groupe des dominés et en prend conscience. Et bien sûr, 60 ans après, surgit ce témoignage sur la répression du 17 octobre 1961. Une bien longue attente qui ne manquera pas d'intriguer.

Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
Commenter  J’apprécie          430
Roman écrit en 1963 qui révèle un auteur capable d'une analyse précise et visionnaire de questions qui sont au coeur de l'actualité en 2021.
Simeon Brown, un journaliste et peintre noir américain fuit les USA et leur politique de ségrégation à l'égard des africains américains pour trouver en France une sorte de paradis dans lequel, du moins dans le Paris où il vit, aucune ségrégation n'est pratiquée, ni dans les bus, ni dans les cafés, hôtels et restaurants, ni dans les cinemas...
Les Américians blancs qu'il a l'occasion de rencontrer n'ont pas le comportement qu'ils ont à New-York, Harlem, ou Philadelphie.
A part ceux qui traitent les Français d'amoureux des négres...lorsqu'ils constatent qu'ils peuvent avoir des voisins de table noirs dans un restaurant.
Ce paradis qui a tout pour plaire cache pourtant un enfer. Simeon rencontre dans les rues des personnes qui "avaient un regard triste, abattu, furieux, un regard que Simeon connaissait pour l'avoir vu dans les rues de Harlem. (...) Ils observaint Simeon sans sourire, une chose qui ressemblaient étrangement à de la reconnaissance circulait entre eux et lui."
Ces personnes ce sont les Algériens dont il finit par dire qu'ils sont les Nègres de la France.
Pour eux la ségrégation est la règle. Sécrégation sociale et ségrégation géographique.
Il s'en ouvre à ses amis expatriés parisiens, des noirs et blancs américains, des Polonais, des Brésiliens.
"C'est autre chose. Je t'assure qu'il ne s'agit pas de racisme."
On lui explique alors que les choses ne peuvent être comparées, qu'entre la France et l'Algérie, il y a une guerre.
Ahmed, l'étudiant algérien qu'il rencontre lui met la réalité devant les yeux. Même si ce dernier admet avec regret la violence de la guerre, en professant qu'elle existe dans les deux camps, mais qu'un jour elle devra se terminer.
Simeon rencontre Maria une jeune juive polonaise qui a survécue au camp de Buchenwald où ses parents ont été assassinés.
De leurs échanges nait un dilemme, peut on vivre heureux lorsque d'autres connaissent le malheur, l'exploitation et le mépris social ?
La confrontation entre Maria et les amis algériens de Simeon tourne au drame notamment lorsqu'elle dit qu'elle même est juive, lorsque Ben Youssef déclare à propos d'un bracelet offert à Maria par sa mère qui l'a payé horriblement cher, "C'est sûr, dit-il, c'est sans doute un sale Juif qui vous l'a vendu."
Simeon et Maria s'interrogent alors sur le hiérarchie des malheurs et des victimes.
Le récit prend l'allure d'un journal rapportant les pensées et les états d'âme de Simeon et respectant un ordre chronologique précis.
Le narrateur confronte sans arrêt sa vie à Paris à son enfance et son adolescence aux USA où il a vécu le délit de faciès, la suspicion permanente de la police, les contrôles et les gardes à vue.
"Oh, un dur à cuire...Qu'est-ce que tu fais dans ce quartier à cette heure de la nuit ?"
Il décrit avec précision la difficulté de relations amicales pérennes entre étudiants noirs et étudiants blancs aux USA à son époque. Ces derniers, par leur attitude individuelle s'affranchissent du racisme de leur compatriotes et de la société, qui ne manquent jamais de les rappeler à l'ordre de façon brutale et toujours au détriment de leur ami noir.
Les analyses du narrateur sur ce sujet, et d'autres rappellent celles de Frantz Fanon, notamment dans son ouvrage Peau noire, Masques blancs.
Concernant la guerre d'Algérie, l'analyse qui en est faite est étonnante de précision pour un roman écrit à peine un an après les Accords d'Evian.
Toutefois certaines analyses de Simeon se révèlent hélas loin de la réalité de 2021 :
"Elles avaient participé activement à la guerre. Elles ne porteraient plus jjamais le voile."
Le roman pose déjà en 1963 des questions que nous n'avons toujours pas résolues aujourd'hui, comme celle du racisme ordinaire souvent dénié.
Un roman qui résonne d'une certaine façon avec celui d'Abel Quentin le voyant d'Etampes.
A lire !



Commenter  J’apprécie          260
« Âge d'un peu moins de trente ans, c'était un Noir et il s'appelait Simeon Brown. Il avait un seul oeil valide ; une pièce de tissu noir recouvrait l'orbite de l'autre. »

C'est ainsi que nous faisons connaissance avec le personnage principal de ce roman : un jeune Noir américain sensible qui a grandi dans un monde violent et y a perdu un oeil, qui a connu aussi la violence policière et décidé de fuir le racisme qui règne dans son pays en s'installant à Paris. «  Je suis parti pour m'empêcher de tuer quelqu'un » dit-il.

Nous sommes au début des années 60, et Simeon retrouve dans les rues et les cafés de Paris une diaspora américaine , brésilienne, polonaise... et surtout un sentiment de liberté qu'il n'a jamais connu chez lui, à Philadelphie : s'asseoir à la terrasse d'un café avec des amis blancs, entrer dans un restaurant chic, déambuler dans la ville avec Maria, sa petite amie polonaise.

Jusqu'à sa rencontre avec Hossein, Ahmed et leurs amis algériens ....

«  J'ai l'impression que les Algériens sont les nègres de la France [•••] Ce que j'ai vu dans le Nord de Paris n'était pas différent, guerre ou pas. le ghetto, les flics, le mépris - la même chose . Et c'était comme ça avant la guerre - depuis un siècle. C'est ça qui a provoqué la guerre. »

Prise de conscience renforcée par les témoignages de Latifa et Djamila, torturées en Algérie pour complicité avec le FLN et par ce qu'il va voir de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 protestant contre le couvre-feu imposé par le gouvernement français à tous les Maghrébins.
Siméon comprend alors que sa place est dans son pays, auprès des «  Algériens de l'Amérique » pour se battre « contre le visage de pierre », le visage de ses agresseurs successifs, qui a continué à le hanter.

Simeon est un peu le double de l'auteur : William Gardner Smith est un journaliste américain né à Philadelphie, qui a quitté en 1951 les États Unis pour s'installer à Paris et qui , pour l'AFP, a couvert notamment la décolonisation en Afrique et les émeutes des ghettos noirs américains en 1967. Dans le visage de pierre (The stone face), il établit un parallèle entre la ségrégation et la violence contre les Noirs aux États Unis et la répression violente contre les Algériens à Paris pendant la guerre d'Algérie. Paris est alors vue aux États-Unis comme une ville où la couleur de peau n'a aucun impact sur la vie des habitants et pour Siméon c'est une réalité , à condition de ne pas voir ce qu'il se passe avec la communauté algérienne. Lui-même est traité avec respect par la police française parce qu'il est américain, ce qui lui vaut cette remarque ironique : « Ça te fait quoi, d'être Le Blanc pour changer ? »

Racisme anti noirs, anti maghrébins, anti juifs ... c'est aussi toute la question de l'acceptation de l'autre et de la déconstruction des préjugés qui est abordée dans ce roman. « Quand les gens se retrouvent classés en castes, ils collent aussi une étiquette au groupe dominant [•••] En tant que membre d'un groupe privilégié dans une société raciste, il était coupable. Chaque Sud-africain blanc est coupable. Chaque Français est coupable aux yeux des Algériens. Chaque Américain blanc est coupable. La culpabilité s'arrêtera seulement quand le racisme s'arrêtera. »

Ce climat de violence et surtout la répression sanglante du 17 octobre 1961 sous les ordres du préfet Papon, qui a vu plusieurs dizaines d'Algériens (peut être 200) tués et pour certains jetés dans la Seine, ont très longtemps été occultés de la mémoire collective. le livre de William Gardner Smith, écrit en 1963, n'a jamais été traduit en français , contrairement à ses autres romans. Il aura donc fallu 58 ans pour que ce roman témoignage paraisse enfin aux Éditions Christian Bourgeois !

Un livre indispensable à lire en ces temps où des propos nauséabonds sont tenus à longueur d'antenne , qui fait réfléchir et réactive notre mémoire, mais aussi un vrai roman avec des personnages bien campés qui rendent le récit très vivant.

Merci à Babelio et à Christian Bourgeois éditeur pour cette découverte
Commenter  J’apprécie          203
Par quel bout prendre cette chronique ? C'est bien ce que je me demande depuis que j'ai tourné la dernière page de ce roman. Je me lance malgré tout, persuadée que je ne parviendrais qu'à partager une infime partie de la richesse de son propos, de sa puissance et de l'émotion ressentie à sa lecture.

Si ce roman américain écrit en 1963 n'avait jamais été traduit en français avant aujourd'hui, c'est qu'il y a une « bonne » raison. Il touche à une partie sensible de notre histoire et que la France n'y joue pas le beau rôle.

L'histoire nous est racontée du point de vue d'un journaliste afro-américain qui s'installe à Paris pour échapper au racisme auquel il a été confronté depuis toujours aux États-Unis. La France lui apparaît d'abord comme une société presque utopique. Simeon, est traité d'égal à égal ici. Il n'est plus un « négro », il est un américain. Il rencontre d'autres compatriotes, ils mènent une existence oisive et culturelle au coeur du quartier latin. Sa relation avec Maria, juive polonaise, est tout à fait acceptable, il a même ses entrées dans les clubs. Des choses qui n'auraient pas été possible aux Etats-Unis. C'est la belle vie !
Mais Siméon ne va pas pouvoir se voiler la face longtemps. Si lui est traité d'égal à égal avec les blancs, il n'en est pas de même pour ses amis algériens. Il n'y a pas de « négros » dans la ville des lumières, il y a des « bicots ».
Pour la population algérienne de Paris c'est racisme ordinaire, violences policières, torture, et même camps de concentration. L'héritage du colonialisme se révèle dans toute sa brutalité. de cette prise de conscience, vont jaillir tout un tas de questionnements pour Simeon.

Peut-il continuer à mener cette vie bohème maintenant qu'il sait ?
N'est-il pas coupable d'avoir abandonné son pays pour mener une vie facile alors qu'il devrait se battre pour les droits civiques?
Et pourquoi toutes les minorités s'opposent les unes aux autres ? Pourquoi par exemple cette tirade antisémite d'un de ses amis accusant les Juifs d'Algérie d'être des traîtres à la cause nationale, pire que les colonialistes eux-mêmes ?

« Le visage de pierre » c'est le visage du racisme. Toutes les haines raciales, des Arabes, des Noirs, des Juifs sont montrées de concert et en conflit. Personne n'est imperméable à l'intolérance ou à l'aveuglement moral (dans une métaphore évidente, les deux membres du couple Simeon / Maria sont malvoyants).

En choisissant un narrateur afro-américain pour raconter la guerre d'Algérie à Paris - avec pour point d'orgue le massacre d'octobre 1961 - William Gardner Smith a écrit une histoire incroyablement puissante. Une histoire qui dépasse cet événement sombre pour mettre en perspective toutes les injustices raciales.

L'écriture d'une simplicité désarmante ne fait que renforcer le propos glaçant, un peu à la façon d'un William Melvin Kelley, et la traduction du maestro Brice Matthieussent n'est sans doute pas étrangère à la force de ce roman. C'est un grand livre, de ceux que l'on n'oublie pas (et qui mériterait une 6eme étoile).
Commenter  J’apprécie          130


critiques presse (2)
LeMonde
20 décembre 2021
L’atmosphère qui régnait en France pendant la guerre d’Algérie et à l’aube des indépendances africaines y est restituée avec précision. On y trouve aussi un portrait vivant de la « colonie étrangère », cette diaspora américaine, noire et blanche, qui danse et s’enivre dans les cafés et les clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
22 octobre 2021
Un livre essentiel où la France est vue par un Afro-Américain fuyant le racisme de son propre pays.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le 17 octobre 1961, le Front de libération nationale algérien appela tous les Algériens vivant à Paris à descendre dans la rue au cours de la soirée et à manifester pacifiquement contre le couvre-feu que leur imposait le gouvernement français. Selon les instructions du FLN, tous les hommes, toutes les femmes et même les enfants devaient participer à ces manifestations; ils devaient défiler de manière ordonnée, en groupes dirigés par des militants du FLN; personne ne devait porter d'arme, pas même un bâton ou un canif. (p. 257)
Commenter  J’apprécie          100
La sensibilité fut une malédiction, qui marqua le monde de l'enfance de Simeon. Car c'était un monde violent.
La grande famille s'entassait dans une maison de cinq pièces. Grand-père, grand-mère, maman, papa, les tantes, les oncles, plus cinq frères et soeurs. Une famille d'ouvriers et de domestiques. Il y avait peu d'air dans cette maison , et guère d'affection. (p. 38)
Commenter  J’apprécie          120
Tu veux dire : est-ce qu’on chasse les Noirs dans les rues de Philadelphie et de New-York avec des cordes pour les lyncher ? Non. Et les jours ordinaires, il ne se passe rien de notable, les gens ne te remarquent même pas dans la rue. Pourtant, mille choses infimes arrivent - des microparticules, personne ne les voit, sauf nous. Et il y a toujours le danger qu’une chose plus grave se produise. La Bête dans la Jungle, tu es sans cesse à l’affût, tu attends qu’elle bondisse. C’est terrible, oui. Et nous avons envie de respirer, nous n’avons pas envie de penser à ce truc de race vingt quatre heures sur vingt-quatre. Nous ne voulons pas qu’on nous colle le nez dessus pendant les soixante-dix années qu’on a à vivre sur terre. Pourtant, t’es obligé d’y penser ; ils t’obligent à y penser tout le temps. »
Commenter  J’apprécie          40
Je faisais partie de la France Libre et je croyais aux trucs qu'ils racontaient pendant la guerre, tu sais; qu'ensuite le monde serait différent, que c'était une guerre pour la démocratie, que nous combattions tous la démocratie et la liberté. des grands mots. (p; 81)
Commenter  J’apprécie          140
- Et les arabes ?
Raoul hésita, fronça les sourcils. Puis sa voix douce déclara :
"C'est autre chose. Les Français n'aiment pas les arabes, mais ce n'est pas du racisme. Les arabes ne nous aiment pas non plus. Nous sommes différents.
-C'est une différence avec vous au-dessus et eux en dessous.
-Il s'agit d'un accident historique.
-C'est toujours un accident historique au début. (p. 89)
Commenter  J’apprécie          90

autres livres classés : guerre d'algérieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de William Gardner Smith (2) Voir plus

Lecteurs (246) Voir plus



Quiz Voir plus

Petit quiz sur la littérature arabe

Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

Gibran Khalil Gibran
Al-Mutannabbi
Naghib Mahfouz
Adonis

7 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..