A l'enseigne du diable

Attention, vous croyez ouvrir un roman sur l'apprentissage d'un jeune serrurier dans l'Angletterre du XIXème siècle et en réalité vous pénétrez dans une véritable volière! Moineau, Friquet, Pic, Bernache... Pourquoi donc les personnages portent-ils presque tous un nom d'oiseau? Si cela peut se justifier d'appeler un serrurier "Rossignol" ou évoquer l'ardent désir de mer d'un adolescent par le patronyme de "Puffin", la raison pour les autres m'échappe; mais cela m'apparaîtra peut-être en une prochaine lecture...
Comme souvent chez Leon Garfield qui sait dépeindre tout en subtilité des caractères attachants, pittoresques et naviguer des uns aux autres avec maestria.
Déroutant au début par cette multiplicité de points de vue qui semble perdre l'intrigue, l'auteur renoue tous les fils à la fin de manière assez belle. Les non-dits comptent aussi beaucoup sur l'intelligence du lecteur, même jeune, pour reconstituer les faits. de par cette participation, ce livre se lit et se relit avec plaisir de l'enfance ( à partir de 9, 10 ans tout de même) à l'âge adulte. On redécouvre de nouveaux éléments à chaque fois, les symboles, très utilisés par Leon Garfield, donnent toute leur puissance dans ce récit où fantômes, diables, clés, navires et doubles dansent autour d'un malheureux garçon au début peu estimé par son entourage.
Le fantastique est léger et le surnaturel demeure incertain: malfaçon du bateau miniature, hallucinations dues à l'angoisse, la culpabilité ou l'alcool peuvent être des explications aux étranges évènements qui frappent Peter... Mais le doute est toujours permis...
Bref, une bonne distraction si vous aimez Dickens ou la littérature fantastique du XIXème siècle et si vous avez envie de meubler quelques heures de manière agréable ; )

Je suis tombé sur ce livre par hasard. Un hasard pas transcendant mais pas négatif. Ce texte est un "classique" de la littérature "gothique" accessible aux jeunes. La thématique de possession du diable est curieusement amenée avec des images fortes : bateau en bouteille, sel dans le berceau... le motif diabolique est très présent dans le vocabulaire ce qui a tendance à rendre l'atmosphère étouffante. Quelques phrases bien tournées donne de la hauteur au propos. Ce qui ne m'a pas transporté c'est la lourdeur de la narration, souvent typique des textes un peu datés. Je ne regrette pas ce voyage aux frais du diable et non de la princesse, mais bon je relirai bien un Poe du coup.