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Daniel Depland (Traducteur)
EAN : 9782246512110
104 pages
Grasset (04/10/1995)
3.43/5   23 notes
Résumé :
Aveuglés par d'absurdes partis pris rétrogrades, nous avons mal compris le Petit Chaperon rouge. Quand le loup lui demande : "Tu n'as pas peur de te promener ainsi toute seule ?" elle se rend parfaitement compte du caractère honteusement sexiste de la remarque. La prend-on pour quelqu'un de mentalement désavantagé ? Simplement, elle répond poliment parce qu'elle tient compte du fait que le loup lui-même, rejeté depuis des siècles par la morgue des "animaux humains",... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
En tant que parent, les contes de fées vous ont toujours posé problème : même si vos enfants en raffolent, comment ne pas être gêné devant les injonctions sexistes qui sous-entendent qu'une fille ne devrait pas se promener seule dans les bois ? Ou devant toutes ses princesses jugées uniquement sur leur beauté, et pas sur leurs valeurs morales ? Doit-on vraiment propager ces clichés sur les sorcières, les trolls et les ogres ? Quant aux sept nains, l'intense exploitation minière qu'ils réalisent est-elle respectueuse de l'environnement ?

Garner, heureusement, fournit la solution : tous ces célèbres contes ont été réécrits de manière respectueuse envers toutes les minorités. Finis les nains, bienvenues aux personnes à la verticalité contrariée ; désormais, Blanche-Neige et sa belle-mère se réconcilieront pour ouvrir une association destinée à libérer les femmes de la dictature de l'apparence ; et le loup ne sera plus vilipendé pour avoir uniquement obéi à ses instincts irrépressibles.

Garner parvient à transformer chaque phrase en une formulation longue et tortueuse pour éviter racisme, sexisme, espécisme, ethnocentrisme, et bien d'autres -ismes encore. On s'interroge à la fois sur les messages cachés des contes, et sur les idéologies actuelles qui cherchent la petite bête partout, le tout servi avec une bonne dose d'humour.
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Connaissez-vous Les trois petits cochons, Blanche-Neige, Jacques et le haricot magique ou encore le joueur de flûte de Hamelin ? Ces contes populaires ont eu et ont encore un impact fort sur nos sociétés soi-disant modernes. Mais qu'en serait-il s'ils étaient passés à la moulinette du tout-friendly, du vegan, de l'écriture inclusive, de l'égalité des chances, bref, du politiquement correct ?
James Finn Garner nous en donne quelques exemples, et c'est très bien pensé.

A coup de périphrases policées et à grand renfort d'excuses préalables, de contritions et autres auto-flagellations, le narrateur / conteur nous fournit une version moderne de ces contes foncièrement ancrés dans un patriarcat machiste, spéciste et intolérant.
Alors, quand les sept nains deviennent des "personnes à la verticalité contrariée", ou que les nombreux animaux des contes sont qualifiés d'animaux "non humains", on comprend rapidement le ton de ce court recueil.
Toutefois, il ne s'agit pas simplement de changer de vocabulaire. Et c'est là un autre intérêt de ces récits, car certains sont également réactualisés, abordent des thématiques toutes modernes, sous un angle quasiment révolutionnaire. le Petit Chaperon Rouge n'hésitera pas à faire équipe avec le Loup dans une version woman-power du récit, le Joueur de flûte de Hamelin deviendra anti-consumériste, Boucle d'Or n'est rien moins qu'une spéciste à l'ego surdimensionné, Raiponce deviendra une femen boule à Z, le Prince changé en grenouille récoltera ce que les promoteurs de son espèce méritent, et j'en passe.
Émancipation, révolution et bouleversement de l'ordre établi sont les maîtres mots de ces contes politiquement corrects, qui ne seront finalement pas toujours très en phase avec nos politiques, et ça fait plaisir ;)
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L'auteur reprend des contes très connus, car pour lui ses histoires sont « sexistes, racistes, discriminatoires, remplies de préjugés et toujours dégradantes pour les sorcières, les animaux non humains, les lutins, les fées et les hommes à la verticalité contrariée de tous pays« . le voilà qui les réécrit de manière à modifier ces influences, nous offrant de nouveaux contes drôles avec des fins ahurissantes.

Les minorités n'ont désormais plus besoin de personne pour se défendre. Les femmes deviennent fortes et se prennent en main elles-mêmes, les hommes n'occupent plus le devant de la scène et deviennent des êtres ridicules dans certaines histoires (pour notre plus grand plaisir il faut bien l'admettre).

Le Petit Chaperon Rouge et sa Mère-Grand défendront finalement le Loup si marginalisé; l'empereur n'est plus ridicule sans ses habits mais lance la mode du Non-prêt-à-porter; les trois petits cochons combattent les loups entrepreneurs qui veulent raser leur terrain; Cendrillon fait s'entretuer les hommes, donne le pouvoir aux femmes et crée une ligne de vêtements confortables et pratiques; Blanche-Neige et la Reine vont créer une station thermale pour que les femmes apprennent à s'accepter telles qu'elles sont. Ce recueil comprend encore bien d'autres histoires toutes aussi génialissimes!

Le style est soigné et agréable. L'écriture est fluide, pleine d'humour et de clins d'oeil à notre société. Ce livre est une vraie découverte qui valait vraiment le détour! Il me donne très envie d'essayer de me procurer ses autres recueils de contes modifiés.
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Politiquement correct est un recueil des contes connus mais remaniés par James Garner pour les lecteurs de notre époque. le petit chaperon rouge, les trois petits cochons, Cendrillon... ces "nouveaux contes" sont surprenants, parfois marrants mais je suis restée sur ma faim, j'en attendais peut-être trop. Certains contes m'étaient inconnus donc impossible de comparer avec la version originale. J'ai bien ri en lisant certaines expressions politiquement correctes, j'en mets deux ici :
"sept hommes d'une dimension réduite ou hommes à la verticalité contrariée." et "un état non viable pour l'existence"
Des contes à lire, petit à petit, pour les apprécier au mieux.
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Dans cet ouvrage, l'auteur revisite les contes de notre enfance pour qu'ils puissent refléter une réalité différente de celle de l'époque où ils ont été rédigés, une réalité qui serait en adéquation plus profonde avec notre monde d'aujourd'hui.

Il dépoussière les préjugés et accentue sur les aspects qui semblaient, au temps d'Andersen et des frères Grimm, un peu désuet ou dénués de sens. Ce remaniement est bien pensé, puisqu'on ressent une réflexion profonde qui est bien présente dans chaque histoire, et, qui plus est, rédigée avec panache.

Magnifique satire de la société actuelle à certains moments, où les propos portés doivent être minutieusement réfléchis sous peine d'être en désaccord avec la moitié des associations luttant pour toute sorte de cause.
C'est d'ailleurs ce que j'ai trouvé un peu « pénible » dans la lecture, car il se justifie de tout dès qu'il énonce un fait. Ça coupe un peu l'histoire, qui reste selon moi, le coeur de cet ouvrage.

Au fil des pages, on redécouvre donc le Petit Chaperon Rouge, les Trois Petits Cochons, Raiponce, Blanche Neige et bien d'autres. Les personnages sont vaillamment utilisés comme des figures métaphoriques dont il se sert à sa guise pour asseoir ses convictions. Certains contes sont plutôt drôles puisque quelques passages ont l'audace de nous faire sourire malgré la situation parfois rocambolesque.

Même si je n'ai pas été pleinement séduite et transportée par cette oeuvre, je salue le travail de réflexion dans la réécriture de certains de ces contes. le pari était osé et il est globalement réussi.

Je vous invite à vous replonger dans les contes de votre enfance, assurément que vous ne les verrez plus de la manière à l'issue de votre lecture 😉

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Alors le loup gronda et souffla et fit s'écrouler la maison de bois. Sauve qui peut, les cochons coururent jusqu'à la maison de briques, talonnés une fois de plus par le loup. Et que firent les autres loups ? Ils bâtirent un village de vacances pour loups en congés payés à l'endroit même où s'était tenue la maison de bois– il s'agissait en fait d'un vaste complexe en multipropriété et chaque unité était une réplique en fibre de verre de la maison de bois. Pourquoi s'arrêter là ? Ils ouvrirent ensuite des boutiques où l'on vendait des objets « typiques » de la région, et sans lésiner, créèrent dans la foulée un centre de loisirs, avec stages de plongée sous-marine le mardi et le jeudi et spectacles de dauphins pendant le week-end. Avec acharnement, le loup tambourina contre la porte de la maison de briques : « Petits cochons ! Petits cochons ! cria-t-il, laissez-moi entrer ! »

Trop, c'était trop ! Au lieu de s'abaisser à lui répondre, les cochons entonnèrent l'Internationale, puis écrivirent des lettres de protestation aux Nations unies.
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[C]ette sorcière était d'une bonté défectueuse. Attention : il n'est pas question ici de suggérer que toutes les sorcières, ou même certaines, ont cette déficience ni de contester à celle-là le droit d'exprimer une tendance qui lui vient naturellement, loin de là. Sans aucun doute, sa nature avait été conditionnée par de nombreux facteurs, dont son éducation et ses fréquentations, autant d'éléments qu'on doit, hélas, laisser de côté si on veut rester brefs.

Comme on vient de le mentionner plus haut, la sorcière était donc d'une bonté défectueuse, et le rétameur était vert de peur. Elle le saisit par la peau du cou, et lui demanda: « Où allez-vous comme ça avec mes laitues ? »

Au lieu d'avoir le réflexe de discuter avec elle du concept de propriété – après tout, les laitues « appartenaient » légitimement à tout individu affamé qui avait assez de cran pour les prendre –, le rétameur demanda grâce en se livrant à un spectacle dégradant et typiquement mâle: « C'est la faute de ma femme, gémit-il. Elle est enceinte et crève d'envie de manger quelques-unes de vos belles laitues. Je vous en prie, épargnez-moi ! Même si un foyer monoparental est tout à fait acceptable, s'il vous plaît, ne me tuez pas, ne privez pas mon enfant de la structure stable d'une famille biparentale. »
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Le Petit Chaperon Rouge cria – ce qui n'est pas une raison pour conclure hâtivement que le penchant manifeste du loup au travestissement l'effaroucha – non, elle cria parce qu'en fait le loup envahissait délibérément son espace personnel.

Ses cris furent entendus par une personne exerçant les fonctions de bûcheron (ou de technicien du ravitaillement en combustible, ainsi qu'il préférait être appelé). Entré en trombe dans la maisonnette, il vit la mêlée et tenta d'intervenir. Mais au moment où il levait sa hache, le Petit Chaperon Rouge et le loup s'arrêtèrent net.

« Et qu'est-ce que vous croyez être exactement en train de faire ? » demanda le Petit Chaperon Rouge.

La personne exerçant les fonctions de bûcheron cligna des yeux et essaya de répondre, mais fut incapable de proférer le moindre mot.

« Surgir ici comme un homme des cavernes ! s'exclama-t-elle. Mais allez-y ! Laissez donc à votre arme le soin de penser à votre place ! Sexiste ! Espèce d'espéciste ! Comment osez-vous présumer qu'une femme et un loup sont incapables de résoudre leurs problèmes sans l'aide d'un homme ? »
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« Salut, Cendrillon, lui dit-il. Je suis l'être féerique qui vous sert de marraine ou votre divin fondé de pouvoir, si vous aimez mieux ! Alors comme ça on veut aller au bal, hein ? Et se parer en acceptant aveuglément le concept de la beauté imposé par le mâle ? On veut se boudiner le corps dans une robe trop serrée qui bloque la circulation? Se martyriser les pieds dans des chaussures à talons hauts qui nuisent à l'ossature, et se peinturlurer le visage avec des produits chimiques et des cosmétiques testés sur des animaux non humains ? »
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Il y a longtemps, dans un royaume lointain, vivait un meunier économiquement fort désavantagé. Il partageait son humble demeure avec sa fille unique, une jeune femme indépendante appelée Esmeralda. Plutôt que de s'en prendre au système économique qui l'avait marginalisé, le meunier avait honte de sa pauvreté, et cherchait toujours un moyen de s'enrichir rapidement.

« Si seulement je parvenais à marier ma fille à un homme riche, rêvait-il d'une façon aussi sexiste qu'archaïque, elle serait comblée, et je n'aurais plus jamais à travailler un seul jour de ma vie. »
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