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Critique de Seraphita


Brice a préparé ses cartons, il déménage. Il va migrer dans un havre de paix, au coeur d'un petit bourg, Saint-Joseph, flanqué d'une longue nationale. Il a peine à s'installer dans la grande maison qu'il occupe dorénavant, d'autant qu'il guette avec impatience un appel de sa femme, Emma, partie dans des contrées lointaines. Sa route va croiser celle de l'énigmatique Blanche, une sorte d'apparition spectrale. Au coeur de Saint-Joseph, Brice va tenter désespérément de convertir du provisoire en pérennité.

« Cartons » est un roman noir inédit, posthume, du talentueux Pascal Garnier. Dans ses oeuvres, l'auteur sait rendre toute sa légèreté aux pires tragédies. En ce sens, « Cartons » n'échappe pas à la règle. Dès le départ, on pressent le drame, en filigrane. La touche de légèreté, quant à elle, est rendue grâce à un humour (noir) omniprésent, une vision puérile portée sur les êtres et les choses, mais qui n'élude en rien le tragique de l'existence, dans son côté absurde. Blanche est ainsi dépeinte comme une fée, un elfe bien étrange, qui vit recluse dans son grand manoir. Brice, quant à lui, semble un artiste bien décalé, un enfant aux traits d'adulte qui a oublié de grandir.
Par petites touches, Pascal Garnier dépeint ces deux êtres murés dans un drame et une solitude que les mots ne peuvent lier. Alors ils partagent des repas un peu singuliers, au beau milieu des cartons, et tentent, par ce biais, de tisser une rencontre :
« le potage en sachet n'était pas plus mauvais que n'importe quel potage en sachet. Quant aux sardines à l'huile, on en avait connu de pires. Les biscottes étaient un peu humides. Blanche entretenait la conversation avec l'incontinence verbale de quelqu'un qui n'a pas parlé à un être humain depuis la fin du monde. » (p. 68.)
Mais c'est le passé qui va permettre aux deux protagonistes de se rapprocher : Brice va rappeler à Blanche son père défunt. Et la jeune femme va tenter de faire revivre son géniteur par l'intermédiaire de cet homme providentiel et de ses cartons. Mais le passé qu'on exhume avec force du cimetière des souvenirs, ramène aussi d'outre-tombe nombre de plaies non cautérisées. La vie et la mort ne sont jamais bien éloignées. Les fameux « cartons » sont là pour nous le rappeler, marquant le transit des êtres dans une vie placée sous le signe de l'éphémère et d'un absurde du provisoire…
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