A Vals les Bains, petite ville thermale d'Ardèche, la rencontre entre Simon, un vieux tueur à gages à la retraite triste et bougon et Bernard, un jeune homme candide, doux benêt au grand coeur…
Séduit par l'irrésistible naïveté de ce grand gaillard à l'innocence enfantine, Simon propose à Bernard d'être son chauffeur, le temps pour cet « éradicateur de
nuisibles » d'exécuter un tout dernier « contrat ».
La complicité immédiate entre les deux laissés pour compte, entre le vieil homme en fin de vie et le grand enfant à l'optimisme ravageur, décidera le mercenaire à demander au jeune homme d'effectuer pour lui une toute dernière mission.
Et les voilà partis sur les routes du Sud de la France, direction la mer, au gré d'un road-movie jalonné de coups durs, de coups de veine ou de coups du sort, de coups de gueule et de coups de foudre, de moments forts et d'instants loufoques.
Les hasards de la route donneront lieu à des rencontres inoubliables avec des personnages quelconques, originaux, farfelus ou paumés, des êtres malmenés par la vie ne demandant rien d'autre qu'un peu de bonheur: Fiona, jeune maman égarée dans une vie brutale et sa petite fille violette ; Rosa, taxidermiste belge terrifiée par le passage du temps ; Anaïs, la mère fantasque et pathétique de Bernard au penchant immodéré pour le Rhum Négrita…
Il arrive quelquefois qu'une rencontre change toute la vie. Les deux hommes vont saisir cette chance qui leur est accordés de pouvoir vivre un bref moment ce dont ils ont malheureusement été privés : une relation père-fils.
Bernard n'a jamais connu son géniteur et « à force de manquer de père, on finit par s'en inventer un, celui-là lui convenait ».
Pour lui, pour cet espoir constant que ses yeux continuent d'exprimer face à une réalité grise et bouchée, Simon, le vieux tueur blasé et déprimé prendra des airs d'ange de la providence et si l'on sait bien que la mort attend souvent au bout du chemin, c'est sans rechigner le moins du monde que l'on se laisse entraîner par ce tandem si atypique formée par ces deux caractères opposés mais complémentaires, le long d'un périple plein d'humanité et d'humour en demi-teinte.
On retrouvera avec le même plaisir intact que dans «
La théorie du panda» ou «
L'A 26 », ce qui a fait de Pascal Garnier ce romancier - hélas parti trop tôt - que l'on apprécie tant : ce sens aiguisé de l'observation des travers du genre humain, cet humour noir et incisif dépourvu néanmoins de méchanceté, cette faculté à la fois simple et lumineuse de camper décors et atmosphères de façon quasi cinématographique, cette volonté de mettre en scène des personnages ordinaires terriblement attachants, et enfin cette capacité pleine de finesse à nous faire entrevoir un monde certes désenchanté, mais aussi baigné de poésie…
Certains livres vous charment par la façon de s'imposer à vous tout naturellement comme des évidences, par la simplicité de leur écriture, par l'humour frais teinté de doux désenchantement de leurs lignes, par la sympathie dégagée par leurs personnages, par une atmosphère aérienne qui vous transporte sans effort… de ces petits livres qui vous tiennent chaud et vous enveloppent d'une douceur un peu triste mais tellement, tellement amicale…Ce petit roman noir aux faux airs de polar est de ceux-là.
Ainsi et selon l'expression usitée en Afrique pour se saluer et demander si tout va bien, à la question «
Comment va la douleur? », on répondra en toute bonne foi : plutôt pas mal en vérité…
« C'est une histoire d'amour finalement, de rédemption aussi. Évidemment, c'est toujours un petit peu noir, mais les gens, c'est comme les photos : c'est dans le noir qu'ils se révèlent. » Pascal Garnier