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EAN : 9782843043130
125 pages
Zulma (11/03/2005)
3.57/5   27 notes
Résumé :
Orphelin et employé dans une poissonnerie, Marc passe pour un pauvre type un peu simplet. En tout cas, aux yeux de sa sœur et de sa femme. Mais quand il devient riche en gagnant au loto, puis en héritant de la fortune d’une vieille dame à toutou, les choses changent. Les événements se précipitent. L’accident arrive.
Presque aveugle, traumatisé au point de ne plus parler, Marc se retrouve dans un établissement spécialisé. Un château, près d’un fleuve où le pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un château au milieu d'un parc, un fleuve en contrebas... Un endroit idyllique pour vivre si ce n'est que ce château est en fait un hôpital psychiatrique. Et c'est ici qu'atterrit Marco, orphelin quasi aveugle chaussé de lunettes à triple foyer. Les balades aux bras de Mireille, l'infirmière, les visites éclairs de sa soeur et son beau-frère tous les 36 du mois, les repas au réfectoire, les longs après-midis emplis de silence rythment son quotidien. Un quotidien auquel s'entremêlent ses souvenirs d'antan... Sa femme, un ticket de loto, une maison digne des plus beaux catalogues, un lavotomatic, un chien à roulettes qui pue, un révolver...

C'est au coeur de ce château que les souvenirs de Marco affluent, que son passé tourmenté ressurgit. Peu à peu, l'on comprend pourquoi et comment il est arrivé ici et dans cet état. Avec ce roman noir, Pascal Garnier nous plonge dans une ambiance sombre et mélancolique où se côtoient des personnages cabossés, meurtris, ou encore manipulateurs, cyniques, parfois gentils. Entre passé et présent, entre réalité et fiction, entre amour et haine, entre douceur et violence, la vie bouscule et chahute tous ces personnages hauts en couleurs. Bourré d'humour noir mais aussi de tendresse, de scènes drôles ou décalées, ce roman, servi par une plume pertinente, met en avant l'âme les relations humaines, aussi basses et médiocres soient-elles...
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Quand on a une vie intérieure, on a forcement une double vie.

Marco devenu complètement miro et mutique vit claquemuré dans un asile de dingos. Les visites éclairs pragmatiques de sa soeur Odile et de son beauf François le laisse de marbre. Il se sent plus à l'aise avec ses congénères. Chaussé de ses énormes lunettes qui lui donnent un air batracien, Mario, guidé par l'infirmière Mireille, est étrangement attiré par le fleuve...Petit à petit des souvenirs remontent à la surface et en vrac...un gros lot lourd à porter, un chien qui traîne de l'arrière train et qui pue vachement, un lavomatic magnétique , un mariage, une poissonnerie, une Alsacienne, un pot de chambre, un flingue...Sa vie quoi...

Comme dans ses autres romans, La place du mort, Les insulaires, Trop près du bord, Pascal Garnier suit le destin de ces êtres invisibles, fragiles, simples mais pas simplets qui se laissent déborder, emportés par le flux de la vie...L'histoire de Mario commence à rebours, dans le brouillard, dans le flou de ces binocles à doubles foyers embuées pour remonter doucement à la source de ses maux ou plutôt de nos maux...

Pascal Garnier a un un faible pour les désemparés, ceux qui sont à coté de leur pompes et qui bottent en touche. Marco fait partie de cette catégorie palourde qui gobe les mouches et regarde tourner sans fin les hublots embués des lavomatics, qui s'entiche d'un chien qui pue monté sur roulette, et qui parle aux inconnus sans apriori...Les autres personnages sont souvent touchants comme Henri, un drôle de voisin de table goinfre qui en perd son dentier, Mireille l'infirmière, une sorte d'abeille qui ne voit plus du même oeil sa vie de ruche, une Alsacienne bougonne dingue d'un foutu chien, Bashir, le patron du chic lavomatic, sauf ses proches qui ont plus le sens des affaires que de la famille.
Un roman poétique, mélancolique, débordant de flux, d'humour noir. L'auteur a l'oeil tendre pour les rescapés de la vie et pointe d'une plume caricaturale mais tellement juste la violence quotidienne, la mesquinerie, l'avidité, la médiocrité et la bassesse du genre humain.

Un roman noir pas si fou qui commence dans le flou le plus total et qui finit dans le flux le moins banal.

Pascal Garnier, une sacré pointure du noir.
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Un château au beau milieu d'un parc. Un fleuve, en contrebas. C'est dans cette belle demeure que Marc va maintenant résider. Un cadre idyllique que dément bien vite la faune locale, des silhouettes grotesques, pour Marc qui n'y voit plus trop depuis qu'il a reçu une balle dans la tête. Il côtoie un « gnome sans âge » qui pique allègrement le contenu de son assiette, manquant « s'étouffer en rajustant à la hâte un râtelier un peu trop grand pour sa bouche », … Il y a aussi Isabelle, ancienne prof d'histoire-géo, qui essaie, assez maladroitement, de lui procurer quelques jouissances physiques, … Drôle d'endroit dans lequel Marc a atterri. Des souvenirs d'une vie d'avant lui reviennent par bribes, un mariage, et de petites phrases en passant : « La mariée est peut-être en blanc, mais le marié est sacrément noir ! ». Si noir qu'aujourd'hui, il n'y voit goutte. Une infirmière sympathique, Mireille, prend l'habitude de l'emmener régulièrement jusqu'au fleuve. Il peut entendre, goûter, le flux et reflux inlassables des eaux… Jusqu'au débordement final, où le ciel et l'eau se conjuguent dans une symbiose dévastatrice.

« Flux » est un roman noir magistral qu'on lit d'une traite et qui nous laisse sans voix… à l'image de Marc, frappé d'un noir sensoriel. Un roman à la fois tendre et poétique, mais aussi cruel et tragiquement absurde. Un roman qui explore la folie des êtres, la différence, sous un angle décalé. Pascal Garnier prend ici le point de vue de Marc, un homme simplet, manipulé par des êtres sans scrupule parce qu'il a gagné « le gros lot », comme ça, par hasard. Dans sa tête, les gens normaux sont bien différents. C'est ce qu'il se dit quand Mireille, l'infirmière sympathique, lui adresse une question :

« - Pourquoi vous ne parlez jamais, Marc ? Ce sont vos yeux qui sont atteints, pas vos cordes vocales ?
Il ne comprit pas la question. Ne pas voir, ne pas parler, ça lui paraissait évident comme de ne rien entendre. Les gens normaux ne sont pas comme nous c'est ce qui les rend si différents. » (p. 45)

L'écriture de Pascal Garnier paraît simple, mais il a le sens de la formule qui frappe, notamment lorsqu'il parle du quotidien :

« le samedi soir, le restaurant était plein à craquer de gens qui se vidaient de leur semaine en remplissant leurs verres. » (p. 31)

Le moment de la mort de Bob, le vieux chien puant qu'une vieille dame a légué à Marc, en échange d'une belle fortune, m'a beaucoup touchée :

« J'ai soif, mon petit maître, toute cette eau verte si fraîche, à portée de langue… C'est ça, approche-moi, accumule autant de pierres que tu veux sur mon chariot, mais aide-moi à boire, là, là… plus près… encore plus près…
Bob coule immédiatement, sans un bruit. Quelques bulles, quelques rides concentriques à la surface du canal, puis, l'oubli. L'eau cicatrice vite. » (p. 98)

« Flux » : une histoire d'eau qui happe, jusqu'à l'abandon, illustrée fort à propos par des dessins originaux de l'auteur, une histoire de vue, tissée de paradoxes, où résonne tout du long, en filigrane, l'incipit : « A tous ceux qui ont vu sans être vus. »
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Vraiment tres noir, petit roman incisif; Pascal Garnier à toujours ce grand talent d'observateur des qualités humaines. Tout se joue dans cet "entre" entre bonté et mesquinerie entre héro et salaud...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Tu vois Marco, si tu creuses profond, profond dans le sable, tu arriveras en Chine !
C'était bien une combine de sa sœur pour qu'il lui foute la paix. Marc avait creusé toute la plage du Pornic avec sa petite pelle rouge, jusqu'à en avoir des ampoules aux mains sans rencontrer le moindre chinois. Pourtant il aurait bien aimé en attraper un par la natte et le voir gigoter au bout de son bras comme d'autres enfants le faisaient avec des crabes ou des petits poissons.
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C'est vrai qu'ils sont cons ces canards, incapables de distinguer les bouts de pain des cailloux que les enfants leur jettent. Ils tournent sur eux-mêmes en caquetant comme des jouets mécaniques ce qui n'est pas sans rappeler les diners de Corinne avec ses nouveaux amis.
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Ne pas voir, ne pas parler, ça lui paraissait évident comme de ne rien entendre. Les gens normaux ne sont pas comme nous c'est ce qui les rend si différents.
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Il ne pleuvait plus beaucoup, juste un crachin, un chagrin d'ange.
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On dit qu'il vaut mieux mourir dans sa peau que de vivre dans celle d'un autre.
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