L'héritage du passé

Il est important que je commence cette critique par préciser que Julie Garwood fait partie de mes autrices préférées. J'ai découvert le monde des romans passion & aventure avec elle, et quoi qu'on pense de ce genre littéraire, Mme Garwood est pour moi une des reines incontestée de ce registre.
Je suis cependant très peu ses collections contemporaines. Qu'à cela ne tienne, en découvrant L'héritage du passé dans la bibliothèque familiale, je me suis dit que l'occasion était parfaite de la redécouvrir dans un nouveau registre policier, teinté d'amour et de passion comme elle sait si bien le faire.
Sur le papier donc, j'étais dans les meilleures dispositions pour apprécier ce roman, voire même pour fermer les yeux sur certains défauts tant mon amour de l'autrice est grand.

Que nenni. L'héritage du passé a été une immense déception, compensée uniquement par le fait qu'il se lit vite.

Reprenons un peu les bases de notre histoire : Avery est une jeune femme (belle, brillante, intelligente, fabuleuse mais sans en avoir conscience... Oups je m'égare) élevée par sa tante Carrie et sa grand-mère Lola jusqu'au décès de celle dernière. Sa tante est comme une mère pour elle et à raison : sa propre mère - qu'on va plutôt qualifier de génitrice - Jilly, est une folle alliée qui a abandonné sa fille à sa naissance pour pouvoir continuer à vivre sa vie et manipuler son monde.
On retrouve Avery adulte, qui doit retrouver sa tante Carrie dans un centre de remise en forme très upé appelé Utopia. Problème : aucune trace de Carrie dans le centre. Avery rencontre alors John Paul Renard (oui oui Renard), qui est lui aussi à Utopia. Pas pour profiter des massages et spa de l'hôtel non non. Mais pour coincer un célèbre tueur à gages qu'il sait avoir un lien avec l'établissement. Sans avoir vraiment le choix, John Paul et Avery se retrouvent à collaborer dans une course contre la montre pour sauver la tantine et déjouer les plans de ces psychopathes.

Le scénario est très convenu et réchauffé, toutefois l'idée de suivre la passion des 2 protagonistes sur fond de course poursuite où chaque minute est comptée continuait à me réjouir à ce stade.

C'était sans compter tous les poncifs du genre insufflés dans le roman, qui en font presque une caricature du genre.
Je m'imagine Mme Garwood sur son bureau, une petite checklist à côté d'elle, réunissant tous les "bons" ingrédients d'une romance policière réussie :
- une héroïne si belle et si renversante qu'elle fait tourner la tête de chaque personne qu'elle croise. Mais attention, celle-ci ne se définit pas par son physique que nenni. Elle est forte, brillante, intuitive, avec du caractère.
Elle peut même courir 3h sans s'arrêter et sans râler. La femme parfaite je vous dis ;
- un héros accariatre, désabusé de la vie, ah oui cette chienne de vie. Lui il en a vu des choses hein. On ne la lui fait pas à lui ! La vie ne lui est pas passée dessus, c'est lui qui roule sur la vie. Mais sous cette carapace d'ours se cache sûrement un petit coeur tendre à prendre ;
- une méchante vraiment méchante. Elle est folle, psychopathe, mythomane, nymphomane. Bref pas un défaut ne lui échappe. Et elle se sert de ses charmes pour envoûter tous les hommes qui s'approchent, car aucun de ces messieurs ne semblent réfléchir avec autre chose que leur baguette magique ;
- des personnages secondaires uni-dimensionnel. On a les escrocs, qui seront des escrocs jusqu'au bout. Des menteurs qui sont même capables de mentir sans raison. Des génies oubliés qui, attention spoiler, ne sont en fait pas si futé ;
- et puis pleins de gens pas très intelligents, qui ne comprennent pas tout ce qu'il se passe, mais enfin ils n'ont vraiment pas mérité ce qui leur arrive !

Avec tous ces personnages plus caricaturés les uns que les autres, on additionne des situations toutes plus cliché : l'avion raté qui permet sans le savoir de déjouer des plans diaboliques, des bombes posées un peu partout, une course poursuite en bagnole où bien sûr la roue crève, un petit plongeon dans un courant d'eau pour échapper au grand méchant loup, un chalet en pleine montagne pour pouvoir s'envoyer en l'air tranquillement.

C'est simple, on est face à un roman qui donne l'étrange sensation de n'exister que pour la simple et bonne raison qu'il fallait bien donner quelque chose à se mettre sous la dent à l'éditeur.

Au final, j'aurai pu apprécié ce roman si à minima, j'avais été emportée par la romance et conquise par les personnages. Et c'est bien là où le bât blesse. C'est du Julie qui fait du Garwood à ce stade. On a la forte impression que ce qui faisait son talent est comme un pétard mouillé dans ce roman. Tout ce qui pouvait me plaire dans ses précédents romans historiques m'a prodigieusement agacé dans celui-ci. À aucun moment je n'ai vibré ou je n'ai eu hâte de savoir la suite. Je n'ai ressenti aucune alchimie entre les personnages principaux, tant et si bien que j'espérais que leurs scènes seraient assez courtes pour m'éviter de les subir trop longtemps.

Le livre n'est pas nul pour autant. Il est juste très très moyen, et clairement, aussi vite oublié.
Si vous souhaitez vous familiariser avec l'oeuvre de Julie Garwood, je vous conseille vivement de vous tourner vers un autre ouvrage.

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