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(Commentaire pour un public averti)
Un homme averti en vaut deux, combien en vaut donc un public averti ?

Avant qu'il ne soit établi que ma jeunesse soit épuisée au point qu'il ne soit plus possible que je bandasse de nouveau, j'eus envie de lire ce roman comme un tuto à ma libido.

Ce livre a été publié en 1975, cette lecture n'avait guère d'intérêt l'année de mes vingt ans mais, Ô Marie, si tu savais tout le mal que je me suis donné pour demeurer un pale mâle à se faire plaisir, qu'aujourd'hui à deux fois l'âge du Christ, ton fils, ce serait bien le diable si j'avais tiré le ticket d'or de la virilité sans limite de validité.

Si ce n'était pas les cas, j'aurais tout de même passé un magnifique moment de lecture à la langue aussi riche que crue, aussi douce que rebelle.

« Vous connaissez l'histoire du gars qui passait son conseil de révision et le médecin lui dit :
« Faites voir vos organes génitaux », et le mec ouvre la bouche, montre la langue et fait « aaaaa… »

Ce roman relate l'amour fort et les amours débridées avec autant de tendresse que de rudesse.
Jacques n'assume pas son déclin sexuel tant que professionnel. Sa superbe tombe en poussière par manque de liquidité et non par sécheresse du coeur ou manque de labeur.
Cet homme d'affaires de haut niveau aime comme un fou une brésilienne de 37 ans sa cadette et ne peut se résoudre au mieux, à éjaculer en poudre.

« C'est un sale truc d'être toujours jeune, quand on vieilli. »

Son immense consternation va expédier Jacques jusqu'à aller rôder dans de sordides bas-fonds débusquer un mâle de remplacement pour pallier à ses défections. Abject.

« C'est un peu comme si je devais te quitter parce que je ne te mérite plus… »

Romain Gary pousse son héros en pleine débandade à d'autres extrémités que je ne saurais vous dévoiler.
« Les traités de paix avec soi-même sont les plus difficiles à conclure. »

En matière de conclusion, je n'ai guère trouvé de réponses à mes lointaines futures problématiques, (Hihihi) mais j'adresse toutes mes excuses à la gent féminine de ce site pour avoir abordé un thème essentiellement masculin.
Tout bien pesé, en ces moments sombres où trop de sujets lourds nous polluent, éviter celui-là aurait été dommage, surtout que le sexe masculin est ce qu'il y a de plus léger au monde, une simple pensée le soulève.




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C'est l'histoire d'un sexagénaire qui rencontre des difficultés en affaires au moment même où, très amoureux d'une jeune brésilienne, sa virilité commence à faiblir. En résumé : tout fout le camp ! Comment va-t-il s'en sortir ?

Grâce à son immense talent de narrateur, Gary, sans apitoiement ni complaisance, nous livre à la première personne, une réflexion parfois crue mais très humaine sur le déclin professionnel et physique - il a lui-même la soixantaine en 1975 au moment où paraît le livre.
Le sujet est certes grave, angoissant, mais servi par le sens des formules percutantes et l'humour de l'auteur, le roman s'achève sur un message d'espoir que je vous laisse le plaisir de découvrir.
L'histoire est fort bien bâtie, magnifiquement écrite, comme toujours chez Gary ; les réflexions combinées à ce qu'il faut de suspense ont fait de ce roman au sujet difficile un très bon moment de lecture.
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J'ai passé un excellent moment avec Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable acheté sur une brocante. Je souhaite remercier les babéliotes qui ont déposé une critique. C'est un roman drôle et triste à la fois malgré que le sujet ne s'y prête pas vraiment en l'occurrence l'andropause, c'est aussi un sujet tabou pour de nombreux hommes jusqu'à aujourd'hui. Ce qui m'a le plus touché c'est que le personnage principal, Jacques a une haute estime des femmes et est un vrai gentleman. Une histoire à lire absolument.
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Il y a une peur commune à toute la gente masculine dont on ne parle jamais. Trop crade. Trop cru. Trop gênant. Pourtant et à mon humble avis, il n'existe pas un mec sur Terre à qui ce ne soit pas arrivé : la peur de ne pas y arriver, la peur de ne pas être à la hauteur, bref la peur de ne pas bander. Et, bien entendu, cette peur s'accentue en vieillissant alors que le corps commence à trahir et que tenir une érection plus de deux minutes devient un parcours du combattant. C'est à cette dure épreuve qu'est confronté Jacques Rainier, 59 ans, industriel sur le point de faire en faillite. Vous me direz : c'est notre lot commun, inutile d'en faire un drame. Mais voilà, Jacques Rainier est amoureux, fou amoureux d'une brésilienne d'une vingtaine d'années qui lui rend fougueusement son affection. Quand on n'aime pas, la perte de la virilité est déjà rude à encaisser mais, quand on aime, c'est un calvaire. Car il faut bien combler la femme aimée, lui prouver jour après jour qu'on la désire toujours et éviter à tout prix de voir l'amour se transformer en pitié, le désir en maternalisme. Alors on utilise des béquilles : fantasmes tordus, drogues, médicaments… Mais combien de temps pourra-t-on tenir à ce rythme ? Combien de temps si l'on veut continuer à se considérer comme un homme d'honneur et même un homme tout court ?

Ce livre m'a été frileusement conseillé par mon père qui en avait gardé un souvenir un brin traumatisé. Il faut dire que le sujet est sensible, très sensible et particulièrement pour l'auteur lui-même qui vivait très mal son propre vieillissement. Dans ce roman à fort parfum autobiographique, il a mis beaucoup de lui-même, livrant avec une honnêteté désarmante au lecteur ses angoisses les plus inavouées. Tout le long de son récit, il garde une distanciation amusée, montrant tout ce que la perte de la virilité a de superficiel et de profondément terrifiant à la fois. On en rit, bien sûr, on s'en moque mais seulement pour contrebalancer l'humiliation d'avoir à confesser ses faiblesses à un médecin ou d'entendre sa bien-aimée dire : « Ce n'est pas grave, mon chéri. On essaiera de nouveau la semaine prochaine. » Certains ont vu dans la fin un message d'espoir, mais je ne suis pas sûre de l'interpréter dans ce sens, peut-être plutôt comme une ultime reddition de la vieillesse face à la jeunesse, un dernier sacrifice de Rainier à son aimée. A chacun son interprétation. Un bon livre sur un sujet difficile.
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C'est un livre loufoque que je finis là.
Avec sa plume acérée, Romain Gary fait parler Jacques Rainier, ancien résistant, industriel presque en faillite et amoureux d'une très jeune femme.
Alors qu'il ne se pose pas de question sur sa virilité, une conversation avec un comparse va le plonger dans un abîme de doutes.
Nous voila partis pour 260 pages de réflexions sur le déclin de la France, la dérive de l'industrie, l'image du père qui se dégrade, la peur de l'impuissance...
Même si certains passages m'ont semblé un peu datés, j'ai souvent rit.
Les consultations chez l'urologue valent le détours ; ces pages sont tordantes.
Les dialogues sont savoureux ; celui dans la voiture entre Jacques et Laura vaut son pesant d'or.
Et puis certains passages sont de vrais hommage aux femmes et mettent à mal la réputation de misogynie de l'auteur.
Franchement celui qui aime le style, la singularité et la folie de Romain Gary ne peut qu'apprécier ce roman
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Relecture de ce roman lu très jeune, à une époque où j'adulais Emile sans connaître Romain, et à côté duquel j'étais bien sûr largement passée.

1980 : Romain Gary se donne la mort, refusant la vieillesse. La même année parait son dernier roman, solaire et gorgé de Lumières, "Les cerfs-volants". Un roman magnifique qui faisait flambloyer le sel de la vie, comme le témoignage d'un homme apaisé confondant son destin avec celui de la France éternelle et faisant le don à travers le personnage du jeune Ludo de ce qu'il a été de meilleur.

Et pourtant quelques années avant, en 1975, paraissait ce sombre "Au-delà...", qui m'apparait comme la face noire des Cerfs-volants, un miroir inversé dans lequel Gary et sa puissante stature à l'héroïque passé de résistant est tout aussi présente, mais abattue, anéantie : là où dans Les cerfs-volants le jeune Ludo faisait voler haut dans le ciel le courage viril des hommes qui se battirent pour les Lumières, ici le pas encore vieux Jacques, tombé littéralement amoureux d'une femme jeune, s'effondre comme un colosse tombé sans combattre devant sa virilité déclinante, la confondant avec pas moins que le déclin de l'Occident.
Une vision certes un peu datée de la virilité, mais qui n'en manque pas moins de panache de la part d'un homme qui, au-delà de la fortune matérielle, ne peut se résoudre à perdre l'honneur.
Une vision également lucide et sombre de l'avenir du monde occidental, dont le personnage de Jacques illustre le déclin de manière métaphorique, un monde dont les ressources énergétiques, comme celles de Jacques, sont ailleurs et qui ne porte plus que ses valeurs et ses Lumières irrémédiablement vouées à la régression.
Autant Les cerfs-volants m'avaient élevée comme une plume joyeuse, autant Au-delà... m'écrase au sol de sa tristesse infinie.
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« Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable »… Bien difficile à priori de deviner de quelle limite on parle ici et de quel ticket il s'agit. Il faut dire que le sujet abordé ici par Romain Gary est un brin tabou. Dans un monde – on est en 1975 – encore dominé par un machisme plus ou moins larvé, la question de la perte de la virilité avec l'âge.

Jacques Rainier borde la soixantaine et ses affaires déclinent, tout un symbole… Une double rencontre va semer le doute en lui : d'abord celle d'une jeune brésilienne, Laura, puis, à Venise, celle d'un ami obsédé par le mythe de la virilité et surtout par le déclin que l'âge ne manquera pas d'apporter…
Le ver est dans le fruit, qui deviendra quasi obsessionnel pour Jacques. La peur de l'impuissance face à sa jeune conquête, d'abord insidieuse, puis envahissante, obsédante, destructrice aura raison de sa raison…

Un roman où tour à tour, les différents personnages sont amenés à donner leur avis sur le sexe, le plaisir, le corps, l'amour, enfin… Car il s'agit bien de cela : Laura , peu attirée par l'aspect pratique de la sexualité, aime son Jacques qui lui souhaite débourser - on peut le dire comme ça - de l'argent pour redresser la tour de Pise qui "débande". On aura compris de quelle limite il s'agit… La limite d'âge…

Comme on le verra plus tard avec d'autres romans, Romain Gary aime aborder les sujets tabous. Il le fait toujours avec une grande maîtrise de la langue : un style d'où l'humour n'est pas absent ; même s'il confine parfois au cynisme.
Il faut une grande ouverture d'esprit, à cette époque (1975) où la domination masculine est de plus en plus contestée pour admettre de façon implicite que le machisme n'est autre que l'arbre qui cache la forêt de la fragilité et de la vulnérabilité masculine.

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Dur, dur, de vieillir, surtout quand on devient mou du zgeg.
Et qu'on se borne, comme Jacques Rainier, à vouloir vivre, à soixante ans, la même sexualité qu'à vingt ans, avec d'ailleurs une jeune femme qui elle a dans les vingt ans et quelques…
Tiens ! Gary donnerait-il dans le cliché du vieux beau qui séduit la jeune belle étourdie éperdue d'amour pour… pourquoi d'ailleurs ?


Au-delà des bornes, il n'y a plus de limite !
Alors passons dans un au-delà, tout à fait terrestre, celui-là, et laissons-nous effleurer, chatouiller par la plume de Gary.


Laura est jeune et belle, un peu fantasque, elle maîtrise mal le français, ce qui lui donne un charme indéniable. Mais c'est à peu près tout ce que l'on sait d'elle.
Gary laisse-t-il ici toute la place qu'il faut pour une identification large au personnage - après tout, sa moitié, on la voit toujours jeune et belle, non ?
Et quand en plus elle parle mal le français, c'est la garantie, pour Gary, de ne pas tomber dans l'incompréhension réciproque que génère invariablement une langue commune.
Allons même pour Laura jusqu'à un symbole de fraternité et d'humanité.



Jacques est un ancien héros de la résistance, sans gloire, comme tant d'autres.
A la limite, on peut trouver énervant que ce monsieur se préoccupe tant de ses petites affaires.


Mais Gary le fait sans limite aucune, il ne nous épargne pas ses problèmes de sexe mou, d'urètre et même d'anus.

« Je demeure sur le bidet glacé un bon moment, renouvelant l'eau. Les coups de rapière sous les couilles s'atténuent et cessent. Mais il reste une lourdeur de pierre entre l'anus et le bas de la verge. Je n'ai pas regardé ma montre mais Laura s'attardait et ça a dû bien durer vingt minutes. Si seulement j'étais arrivé à décharger, ça décongestionne. Je presse le bout de l'urètre : pas trace de sang. Mais la peau de la verge est pas mal irritée par le frottement. Voilà que ça recommence. Ça fait un mal de chien, quelque part au fond de l'anus et vers l'aine, du côté gauche, ma mécanique a pris un sacré coup. Il y a moins de sécrétion qu'autrefois, la quantité de liquide prostatique a diminué, ce n'est plus assez huilé, ça travaille à sec. »


Et tout cela pour monter par contraste, je crois, et au travers quelques envolées lyriques à quel point cela le désespère de ne plus pouvoir se préoccuper autant qu'il le voudrait de l'objet de son désir et de son amour, Laura, dans un oubli de soi salutaire à satisfaire l'autre, qui ne se limite sûrement pas aux affaires de sexe.

« Il me semblait qu'avant notre rencontre ma vie ne fut qu'une suite d'esquisses, brouillons de femmes, brouillons de vie, brouillons de toi, Laura. Je n'avais connu que des préfaces. Les mimiques d'amour, la multiplicité, la variété, les coucheries, tous ces au revoir et au plaisir, sont une absence de don authentique qui se réfugie dans le pastiche, dans un « à la manière de » de l'amour. C'est parfois fort bien torché et le métier ne se voit pas trop, le savoir-faire dissimule son habileté, il y a de l'aisance, on peut vivre de moins que rien et pour pas cher, même seulement de plaisir, et d'ailleurs on ne peut pas passer sa vie à attendre qu'elle se révèle capable de génie. La vie s'était montrée capable enfin de génie à mon égard lorsqu'elle m'avait fait rencontrer Laura, mais ce fut seulement dans un moment de cruauté. Ce n'est pas que mon corps automnal refusât de servir, mais il me parlait de plus en plus de moi-même et de moins en moins de Laura. Il s'imposait lourdement à moi dès le début de l'étreinte, tardait à répondre, me rappelait ses limites et, cependant que je brûlais de ferveur impatiente, il exigeait des ménagements, des mises en état et des soins. Tout ce qui avait été chant était devenu murmure… »


La puissance virile est mise en parallèle à la puissance économique, dans un clin d'oeil qui se veut drôle mais surtout je crois un peu moqueur.
Prétexte aussi à réflexion sur la puissance occidentale, son déclin, avec regrets d'un homme vieillissant qui pressent qu'il a raté l'avenir en se préoccupant trop du passé.

« Quand les Américains sont allés sur la lune, on a gueulé que c'est une nouvelle époque qui commence. Mais non : c'était une époque qui finissait. On a oeuvré à réaliser Jules Verne : le dix-neuvième siècle… le vingtième siècle n'a pas préparé le vingt et unième : il s'est épuisé à satisfaire le dix-neuvième. le pétrole comme sine qua non d'une civilisation : tu te rends compte ? Toutes nos sources d'énergie sont chez les autres… C'est l'épuisement… »



Pour moi pas le meilleur des Gary, pour l'histoire, limite, limite…
Mais le style est toujours là ! Juste en une phrase :

« Vous pouvez évidemment vous agenouiller et vous mettre à la lécher, si vous n'êtes pas chevalier de la légion d'honneur, mais alors vous léchez en vaincu, monsieur, vous léchez en débandade, le front s'est écroulé, vous ne savez même plus où sont vos troupes et votre artillerie, vous jouez les utilités, elle voit bien que vous n'existez plus et, pour peu que ses couronnements lui viennent de l'intérieur et que les rôdeurs ne l'intéressent qu'à demi, arrive toujours ce moment pénible entre tous, où elle repousse doucement votre tête, et il y a entre vous un silence de ballon crevé, plein de compréhension réciproque, où chacun essaie de dominer sa frustration et sa rancune par une attitude de détachement civilisé. »





Dure limite…
« Est-ce l'envie
Où est-ce ton corps
Est-ce notre vie
Qui fait que ça dure encore

Est-ce ton bonheur
Où est-ce mon honneur
Qui me tient prisonnier
Ou qui me fait geôlier

Est-ce l'habitude
Toujours la même attitude
Le vide de chaque jour
Ou le manque d'amour

Est-ce l'amour,
Etrange amour
Est-ce la douceur
De tes caresses, mon coeur

Une dure limite, un mur d'amour
Dure limite, amour pas mûr
Pas mûr, pas mûr
[…] »

Extrait de « Dure limite », Téléphone :
https://www.youtube.com/watch?v=3QGlQiezgmU
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" Vivre est une prière que seul l'amour d'une femme peut exaucer ".
Mais quand le ticket n'est plus valable, que le désir demeure mais que " tout fout le camp ", quand l'andropause vient perturber les troubles de l'érection : un homme comme Jacques Rainier, 59 ans, gros industriel, ancien résistant, pétri de fierté va être obligé de se remettre en question ! D'autant qu'il vit une grande histoire d'amour depuis 6 mois avec une belle brésilienne de 22 ans, que son ami Jim Doley qu'il a rencontré à l'Hôtel Gritti à Venise lui a parlé de ses aventures sexuelles mais des pannes dues à leur âge !
De retour à Paris, inquiet, il va consulter le docteur Trillac qui lui trouve une prostate trop grosse, lui conseille de " faire l'amour à la papa" et lui prescrit des suppositoires , des bains de siège ! Mais il commence réellement à douter, et plus il doute plus ses " performances " déclinent ! de plus, sa multinationale accuse des baisses de 80 %, ses actions ont perdu 3/4 de leur valeur : il y a la crise de l'énergie (1975), l'inflation galopante et avec son fils Jean Pierre, ils tentent d'obtenir des crédits..il pense même à tout abandonner ! Il va chez un endocrinologue : le Professeur Mingard pour vérifier ses problèmes érectiles : ce dernier confirme le diagnostic de Trillac mais lui suggère de faire preuve d'imagination, d'avoir recours à des phantasmes pour " bander " et tenir !
Le soir, il a la visite d'un " monte en l'air " qui lui met un couteau sur la gorge, lui pique sa montre et devant la défense ferme du vieux résistant prend la fuite ! Ruiz est un bel andalou, et Jacques va en faire son phantasme pour gagner du temps...Hélas, ce subterfuge ne lui suffit plus, il est désespéré et il veut qu'une maquerelle : Lili Marlène qu'il a connu pendant la Résistance, lui trouve un tueur pour en finir avec sa " déchéance ". le dénouement est à découvrir !
Romain Gary, a 61ans quand il écrit ce roman sur ce sujet tabou, il n'aura pas eu le temps de connaitre la vogue du viagra : ce qui nous donne le plaisir de lire ce roman lyrique au style flamboyant, émaillé de métaphores relatives à la virilité, avec beaucoup d'humour noir, grinçant et drôle parfois ( en autre la visite chez les docteurs Trillac et Mingard ! ).
L.C thématique de février2022 : les petits livres.
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Gary écrit cette fois-ci sur la vieillesse, la fin d'une époque, époque où l'Europe était faste, les entreprises aussi et sa propre virilité au sommet.

Mais le protagoniste, Jacques Lantier, se remet en question après des remarques fortes machistes et capitalistes d'un gros bonnet de l'économie. Commence alors une remise en question de son couple, de son avenir professionnel.

Le parallèle entre l'Europe, sa société et ses érections sont très bien construites, avec des métaphores évidentes entre la disparition des matières premières en Europe, qui concourent à notre perte et la faiblesse du sperme à un tournant de sa vie ...même si la majorité du roman insiste sur ce dernier point.
On se rend compte qu'il faut regarder au-delà, c'est toute une fin de société qu'il reproche et qu'il tente de retarder au maximum espérant un changement, un renouveau ..

"C'est l'Europe puissance, quoi. Bien sûr, c'est du bidon, parce que toutes nos ressources d'énergie, la quasi-totalité des matières premières - plus de quatre-vingts pour cent -, toute cette substance nourricière dont nous ne pouvons nous passer, ce n'est pas dans notre sous-sol qu'elle se trouve, c'est chez les autres, au-delà des océans, dans des pays ni neufs que l'on connait à peine le nom...Mais on continue à faire "comme si" et à parler très haut de notre "indépendance..."

Et bien sur, il a toujours le Gary féministe, et son rapport aux femmes, son respect éternel pour la femme, quitte à en finir pour ne pas la faire souffrir et ne pas avouer son impuissance, mais là encore la femme revêt un caractère fort et puissant ...(du moins dans le livre)

De belles citations, tout au long de ce roman dont la plus connu est sans doute : " IL paraît qu'il ne faut avoir peur du bonheur. C'est seulement un bon moment à passer"

J'ai aimé ce passage, hommage à ma poème favori :
"Si j'étais soucieux de ma "réputation", je quitterai Laura et, plus tard, lorsqu'elle sera bien vieille, un soir, à la chandelle, assise au coin du feu devisant et filant, elle se souviendra du temps qu'elle était belle et murmurera : "A soixante ans, c'était encore un amant magnifique..."

Et deux lignes plus loin, promis je m'arrête là (les autres je les mets dans citations !) :
"Mais voilà : rien ne m'est plus indifférent que ce qui n'est pas toi, mon amour. Je veux bien finir, pourvu que ce soit dans tes bras."

Désolée pour la longueur de cette critique, c'est assez rare, mais je ne peux m'en empêcher lorsque je lis du Gary.
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