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" Vivre est une prière que seul l'amour d'une femme peut exaucer ".
Mais quand le ticket n'est plus valable, que le désir demeure mais que " tout fout le camp ", quand l'andropause vient perturber les troubles de l'érection : un homme comme Jacques Rainier, 59 ans, gros industriel, ancien résistant, pétri de fierté va être obligé de se remettre en question ! D'autant qu'il vit une grande histoire d'amour depuis 6 mois avec une belle brésilienne de 22 ans, que son ami Jim Doley qu'il a rencontré à l'Hôtel Gritti à Venise lui a parlé de ses aventures sexuelles mais des pannes dues à leur âge !
De retour à Paris, inquiet, il va consulter le docteur Trillac qui lui trouve une prostate trop grosse, lui conseille de " faire l'amour à la papa" et lui prescrit des suppositoires , des bains de siège ! Mais il commence réellement à douter, et plus il doute plus ses " performances " déclinent ! de plus, sa multinationale accuse des baisses de 80 %, ses actions ont perdu 3/4 de leur valeur : il y a la crise de l'énergie (1975), l'inflation galopante et avec son fils Jean Pierre, ils tentent d'obtenir des crédits..il pense même à tout abandonner ! Il va chez un endocrinologue : le Professeur Mingard pour vérifier ses problèmes érectiles : ce dernier confirme le diagnostic de Trillac mais lui suggère de faire preuve d'imagination, d'avoir recours à des phantasmes pour " bander " et tenir !
Le soir, il a la visite d'un " monte en l'air " qui lui met un couteau sur la gorge, lui pique sa montre et devant la défense ferme du vieux résistant prend la fuite ! Ruiz est un bel andalou, et Jacques va en faire son phantasme pour gagner du temps...Hélas, ce subterfuge ne lui suffit plus, il est désespéré et il veut qu'une maquerelle : Lili Marlène qu'il a connu pendant la Résistance, lui trouve un tueur pour en finir avec sa " déchéance ". le dénouement est à découvrir !
Romain Gary, a 61ans quand il écrit ce roman sur ce sujet tabou, il n'aura pas eu le temps de connaitre la vogue du viagra : ce qui nous donne le plaisir de lire ce roman lyrique au style flamboyant, émaillé de métaphores relatives à la virilité, avec beaucoup d'humour noir, grinçant et drôle parfois ( en autre la visite chez les docteurs Trillac et Mingard ! ).
L.C thématique de février2022 : les petits livres.
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Relecture. C'est l'histoire d'un sexagénaire qui rencontre des difficultés en affaires au moment même où, très amoureux d'une jeune brésilienne, sa virilité commence à faiblir. En résumé : tout fout le camp ! Comment va-t-il s'en sortir ? Grâce à son immense talent de narrateur, Gary, sans apitoiement ni complaisance, nous livre à la première personne, une réflexion parfois crue mais très humaine sur le déclin professionnel et physique - il a lui-même la soixantaine en 1975 au moment où paraît le livre. le sujet est certes grave, angoissant, mais servi par le sens des formules percutantes et l'humour de l'auteur, le roman s'achève sur un message d'espoir. L'histoire est fort bien bâtie, magnifiquement écrite, comme toujours chez Gary ; un de mes livres préférés de Gary, après Chien blanc et la promesse de l'aube.
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Très longtemps que je n'avais pas lu Gary et un souvenir bien lointain de Lady L. Au delà de cette limite semble quasi autobiographique avec l'angoisse de l'écrivain devant l'âge et son inclinaison amoureuse pour les femmes plus jeunes. Aujourd'hui la célèbre pilule bleue aurait certainement résolue la partie "technique" de son angoisse et du coup fait sauter de bien (trop) nombreuses pages de ce roman. Cela n'enlèverait rien au questionnement sur l'âge, la séduction et la décrépitude de la vieillesse mais donnerait certainement une toute autre consistance à l'ouvrage.
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Un roman qui traite avec un humour grinçant,-tout au moins au début, de l'impuissance masculine à partir d'un certain âge.
Mais peu à peu, cet humour se transforme en une véritable désespérance, et j'ai trouvé cela pathétique.
Romain Gary traite le sujet de façon crue et totalement décomplexée, mais qui en apprend beaucoup sur la psychologie masculine.
Le héros du roman arrive peu à peu à la solution inéluctable de mettre fin à ses jours, et l'on peut y voir comme une prémonition de la mort de l'auteur.
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Parmi les trucs que j'aime bien, on trouve :

- La pilosité sur-buccale (comprend qui peut)
- le fromage de chèvre
- Brassens
- Et les vieux

Ça, mon gars, les vieux, j'aime bien.

Pour peu que tu saches les apprécier, tu n'es jamais déçu avec eux.

Exemples concrets :

Un vieux réac', il va te faire marrer. Engoncé dans ses principes, il ne sait pas débattre.

La question kurde ?
- On s'en bat l'oeil, tous des arabes.
L'Afghanistan reprise par les Talibans ?
- On s'en bat l'oeil, tous des arabes.
Comment résoudre les problèmes qui sévissent en France, la misère, le chômage, l'insécurité, le laxisme de la justice ?
- La prochaine fois, vote FN. T'arrêteras de me faire chier avec tes idées de communisse.

Sinon, tu as le vieux grabataire. Comme la vieille tante Simone, qui n'a pas perdu sa verve et son franc-parler malgré son grand âge :
- Et cette petite, elle ne sera donc jamais attirante ?

Elle, je l'aime bien. Elle met l'ambiance.

Il y a aussi le vieux lubrique, de loin mon préféré. C'est le Père Kerdoncuff.

Le Père Kerdoncuff, c'est mon voisin du dessus. Quatre-vingt-huit ans, marié à vingt, il a perdu sa chère et tendre au mois de juillet.

Triste sort. Au début, il marchait courbé, le regard vitreux, ravagé par le chagrin.

Puis, un beau jour, il me dit :

- Vous savez, Dame Galette, hier soir j'ai vu tout ce que mon mariage m'a interdit. Les femmes, tout ça. Je me suis marié trop tôt. Et, Dieu m'pardonne ! moi qui pensais que j'étais à la fin de ma vie, j'ai l'impression d'avoir à nouveau vingt ans.
Puis, posant tendrement sa paluche sur mon épaule :
- Ça n'vous dirait pas de monter voir mes estampes... ?

Ayant un minimum de vertu – oui, oui... –, j'ai bien entendu refusé. Mais il ne s'est pas laissé abattre par cet échec, et toutes les trois nuits, je l'entends oublier son chagrin dans les bras d'une jeune et jolie fille, jamais la même – mais comment fait-il... ? –, fille que je croise donc le lendemain matin et que je salue d'un sourire goguenard.

Quel coquinou, ce père Kerdoncuff...

- Mais pourquoi parler des tribulations d'un vieux sénile qui aime les petites jeunes dans une critique de Romain Gary ? me demandes-tu tout de go.

Alors, déjà, je n'écris pas de critique, je donne mon avis en divaguant beaucoup et en servant un maximum de conneries, c'est différent. Ensuite, si tu avais lu ce merveilleux livre, tu comprendrais le rapport.

Bien, l'histoire.

C'est un mec qui s'appelle Jacques. Jacques, il est industriel mais il est un peu dans la merde financièrement, j'ai pas compris pourquoi, parce que j'avais 8 de moyenne en Sciences éco en seconde – après j'ai arrêté. C'est con pour lui, vu qu'à ce moment précis de sa vie, il est super content parce qu'il est amoureux d'une jeune et belle Brésilienne. Amour qui, comme de bien entendu, est réciproque. Si, si.
Je crois qu'elle a la vingtaine quand lui en a cinquante-neuf.

Posons les bases, la différence d'âge n'a aucun impact sur moi. Pour peu que tu portes la moustache, aimes le fromage de chèvre et chante Brassens, j'accepterais tes avances ; Léandri me demanderait que je ne lui dirais pas non. Et si j'ai refusé de voir les estampes de Monsieur Kerdoncuff, c'est bien parce que je devais sortir mon chien Philippe.

Bon, là n'est pas le sujet.

Donc, Jacques, le héros du livre dont je te parle, non seulement ça commence à chauffer pour lui au niveau thunasse, mais en plus, il commence à voir la décrépitude arriver à grands pas.

La décrépitude sur le plan sexuel, j'entends.

Oui. On peut pas tous être des Père Kerdoncuff en matière de fesses.

Un peu de sexe donc, mais beaucoup d'amour. Et ça c'est bien. Un peu comme dans Lourdes, Lentes de Hardellet, sauf que Hardellet c'est beaucoup mieux.

Jacques – que j'imaginais aussi comme Clark Gable, mais je vois souvent les héros de livre en Clark Gable –, Jacques, dis-je, n'est pas un vieux lubrique comme le Père Kerdoncuff qui tringle comme un Cosaque, mais un amoureux. Un romantique.

Le genre à t'emmener en gondole à Venise en te susurrant des mots d'amour à l'oreille ? Pouah, j'espère pas. Laisse-moi rêver, je hais ce genre d'amoureux guimauve.

Ici, ce n'est pas romantique-fleur bleue, mais romantique-tendre. Tu saisis la nuance ?

- Et sinon, pourquoi ce livre au titre si long mérite une si bonne note ?

Eh bien, si l'on met de côté les quelques longueurs relatives aux déboires financières de Jacques, et d'autres trucs que j'ai pas bien compris, mais que je ne divulguerai pas parce que ça gâcherait la fin, c'est un sujet pertinent et très bien exploité.

(Bonne mère, cette dernière phrase sonne comme les commentaires que me mettait Monsieur Chabance dans la marge de mes copies.)

Le sujet, donc, c'est la décrépitude des corps. Chose qu'heureusement j'ignore encore, car je suis toujours une jeune et fringante galette-saucisse, mais qui m'intéresse beaucoup ; car, comme je l'ai dit plus haut, un des trucs que je préfère, ce sont les vieux.

Ici, tu sens que l'auteur parle en connaissance de cause. Qu'il ressent ce qu'il écrit. Ce qui rend la chose plus émouvante encore, car la souffrance cachée tant bien que mal derrière un humour amer, elle est vécue.

Donc, points négatifs :

- La couverture dégueulasse de l'exemplaire que je tiens entre les mains, qui est une photo de Gary, mais pas prise à son avantage je trouve. (Cela dit, les couvertures hideuses, j'en ai l'habitude maintenant...)
- Les longueurs qui font que certains passages se lisent en diagonale parce que sinon tu t'endors.

Points positifs :
- Un sujet intéressant et rendu très émouvant.
- Des personnages attachants, mais c'est aussi parce que Jacques est pour moi le sosie de Clark Gable, et que j'aime beaucoup Clark Gable, donc ça fausse les choses.
- Les longueurs qui t'endorment, ce qui est pratique en cas d'insomnie.

Sur ces belles paroles bienveillantes, je vais demander des conseils séduction au Père Kerdoncuff, sait-on jamais.

La bonne journée.
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Il y a le déclin de l'empire romain et il y a le déclin de la virilité. Je ne bande plus.
Avec énormément de tendresse, d'introspection, d'honnêteté, et d'humour aussi (la séance chez le médecin), Romain Gary raconte ce qui obsède les hommes, bander, l'âge, le pouvoir, la vieillesse, la fin.
Pour pallier cette perte de la virilité inéluctable, l'homme a inventé le viagra. Et il n'y a pas de doute sur ce que Romain Gary en aurait pensé en lisant son interview à la sortie du livre.

Dans votre nouveau roman, « Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable », vous rendez peut-être aux femmes leur juste valeur, mais vous remettez surtout les hommes à leur place. Qu'est-ce qu'ils prennent, les hommes ! On va vous dire que vous trahissez la caste...

Ça m'a été dit. J'ai reçu des lettres de ce genre. J'ai reçu également des insultes d'une dame qui m'a affirmé que je minais la virilité de son mari, et que j'étais un salaud d'avoir écrit ce livre-là. Mais quelle est la critique que je fais, là-dedans ? Je ne critique pas les hommes. Je critique deux mille ans de civilisation qui font peser sur l'homme une hypothèque de fausse virilité et de fanfaronnade de coq, de manifestation extérieure d'une virilité inexistante, ce qui est catastrophique. (…)

Les séducteurs, les Don Juan, qu'est-ce qu'ils prennent !

J'ai toujours eu horreur de ça. le Don Juan, c'est le petit consommateur, c'est lui qui a inventé la société de consommation. Ce besoin de changer de femme continuellement, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est un signe d'impuissance ! Ce n'est d'ailleurs pas moi qui le dit, c'est un cliché, du point de vue psychanalytique. L'homme qui a continuellement besoin de changer de femme pour se renouveler, pour se ranimer, est en réalité un homme qui est sur le déclin, ou qui n'a jamais été d'ailleurs bien fort.
Le véritable plus grand amant de tous les temps, c'est quelque paysan de Corrèze ou du Lot, qui fait l'amour à sa femme deux fois par jour depuis trente-cinq ans. Ça, chapeau ! C'est un véritable Don Juan, mais l'autre, le pauvre, c'est un minable.


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Un roman drôle et tendre sur la virilité .
Romain Gary ose un sujet Tabou , la peur du déclin sexuel et lorsqu'on connait la fin de sa vie , on ne peut qu'être touché par cette histoire entre Jacques 59 ans , riche industriel qui connait des difficultés économiques et vit un amour fou pour Laura jeune et belle brésilienne de 30 ans.
Il s'agit peinture sociale et économique de cette période après-guerre sans concession.
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C'est un livre loufoque que je finis là.
Avec sa plume acérée, Romain Gary fait parler Jacques Rainier, ancien résistant, industriel presque en faillite et amoureux d'une très jeune femme.
Alors qu'il ne se pose pas de question sur sa virilité, une conversation avec un comparse va le plonger dans un abîme de doutes.
Nous voila partis pour 260 pages de réflexions sur le déclin de la France, la dérive de l'industrie, l'image du père qui se dégrade, la peur de l'impuissance...
Même si certains passages m'ont semblé un peu datés, j'ai souvent rit.
Les consultations chez l'urologue valent le détours ; ces pages sont tordantes.
Les dialogues sont savoureux ; celui dans la voiture entre Jacques et Laura vaut son pesant d'or.
Et puis certains passages sont de vrais hommage aux femmes et mettent à mal la réputation de misogynie de l'auteur.
Franchement celui qui aime le style, la singularité et la folie de Romain Gary ne peut qu'apprécier ce roman
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Jacques a 59 ans et ses capacités physiques commencent à décliner. Ses affaires ne vont pas fort non plus. Mais la jeune et belle brésilienne qui l'accompagne est là pour lui remonter le moral. Pourtant, à la suite d'une discussion avec un autre homme d'affaires, il va commencer à douter de ses capacités. Un entretien avec son médecin va achever de le miner.
Au passage, le dialogue avec le médecin est pour moi un morceau d'anthologie de la littérature : alors que l'un parle d'amour, de sentiments, l'autre évoque les questions de tuyauterie, de prostate et de vaisseaux sanguins.
Il pourrait couler des jours heureux avec ce amour rencontré sur le tard et s'il acceptait les effets de l'âge mais c'est mal connaitre notre homme car il est en effet question de sa virilité et de son honneur.
Dans une plume magnifique, Gary aborde un sujet délicat, particulièrement pour l'époque. Avec brio et humour, il développe aussi une vraie réflexion sur le regard que l'on porte sur soi avec les premiers signes du vieillissement.
Challenge multi-défis 2021.
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(...) Dans toutes ses oeuvres, Gary est très engagé : dans Chien Blanc paru en 70, il dénonce le racisme envers les noirs omniprésent. de plus, la plupart de ses livres sont auto biographique. Si je reprends l'exemple de Chien Blanc, l'histoire se passe lorsqu'il est à L.A avec sa femme, Jean Seberg (actrice) qui est en tournage. Ils sont restés mariés 7 ans et ont eu un fils : Alexandre Diego Gary. (...)
Lien : https://laviedevantjufr.word..
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