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Comment faire face à la perte de virilité due à l'âge, surtout quand on est avec une jeune femme et que peut-être, enfin, c'est le grand amour ?... Un livre plein d'humour et de tendresse mais on l'on sent quand même qu'il est quelques fois un peu tard de se poser ce genre de questions aussi tardivement... J'ai même vu un commentaire d'un homme s'interrogeant enfin sur la place de la femme (ou sa femme) à ses côtés une fois qu'il ne pouvait plus... un peu tard, non... toujours cette sensation de puissance et quand on ne l'a plus on se réfugie dans... l'hypocrisie en fait !
J'en retiens essentiellement et uniquement de très belles phrases sur la femme et la complicité.
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Voilà un livre à faire lire à tous les hommes quinquas ou sexagénaires ! Les doutes de Jacques, un riche industriel désespéré qui bascule dans la soixantaine, dont les affaires périclitent et qui éprouve de plus en plus de difficulté avec sa virilité, surtout qu'il est éperdument amoureux de Laura, une Brésilienne plus jeune que lui de 35 ans et qui le lui rend bien. Au-delà de certains passages un peu crus, un peu techniques, un peu humoristiques aussi, il ne faut pas se méprendre. Il s'agit bel et bien d'une formidable histoire d'amour, avec un final très réussi.
Porté par une écriture très agréable, le thème de l'impuissance est traité ici sans détour et avec une originalité remarquable.
Heureusement qu'à l'époque le Viagra n'était pas encore inventé, sinon l'auteur n'aurait peut-être jamais imaginé ce superbe roman.
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Livre grave et parfois drôle sur le déclin de la vieillesse (comparé à celui de Venise) avec des préoccupations plus masculines...
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Voilà un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains. Des mains de femmes en particulier. Il décrit trop bien ce sur quoi les hommes bâtissent souvent leur ascendant sur leur entourage, féminin en particulier : le concept illusoire de la virilité. Et comme de juste, lorsque le fondement de ce pouvoir fallacieux vacille, ce n'est pas un pan de ce monde qui s'écroule, mais le monde tout entier.

Sur un thème comme celui-ci, abordé de manière très crue par Romain Gary, quel que soit le dénouement qu'il pourra apporter à son sujet, avec peut-être un rebondissement heureux, on sait qu'il ne sera que provisoire ou compensatoire. Faut-il donc irrémédiablement verser dans la philosophie et abandonner tout de go le principe souverain sur lequel l'homme fonde instinctivement sa position dominante ? Difficile à faire admettre à celui dont la vigueur du corps autorise des espoirs de conquête. La nature est ainsi faite.

Romain Gary place tous les êtres que cette Nature a conçus sur un pied d'égalité. Il déteste l'idée que le seul hasard de la naissance puisse autoriser l'un ou l'autre de s'arroger des prétentions de supériorité. Démonter le mécanisme qui organise la déchéance d'une telle ambition lui a paru approprié pour faire valoir ce point de vue. C'est ainsi que Jacques, le soixantenaire enamouré d'une jeunette, vit l'enfer de celui perd sa légitimité de mâle dominant en déplorant l'impuissance qui le gagne.
Quand on est, comme je le suis, représentant de la communauté des lecteurs, que j'oppose ici à lectrices, ce roman a quelque chose de déstabilisant. Nos tentations narcissiques en prennent un coup. Mais ce n'est que justice. Cela ouvre les yeux sur le caractère dérisoire et éphémère de toute tendance à faire prévaloir les aspirations corporelles aux dépens de celles de l'esprit.
“Vivre est une prière que seul l'amour d'une femme permet d'exaucer”. Voilà qui coupe court à toute velléité de contester la vénération que Romain Gary voue aux femmes. Sa mère en tête de liste. Relisons La promesse de l'aube.

Dans les infidélités qu'il fait au souvenir de cette dernière, en s'abandonnant dans les bras d'autres femmes, il ne conçoit de relation amoureuse que dans le partage. A parts égales. Aussi quand le déséquilibre s'installe, son humanisme est malmené. C'est le thème sous tendu par la mésaventure de Jacques, son héros.

Cet ouvrage est à mes yeux en retrait par rapport au reste de son oeuvre, assez inégal dans ses chapitres, mais cela reste du Romain Gary et constitue un éclairage supplémentaire dans la connaissance de cet auteur fabuleux.
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Dur, dur, de vieillir, surtout quand on devient mou du zgeg.
Et qu'on se borne, comme Jacques Rainier, à vouloir vivre, à soixante ans, la même sexualité qu'à vingt ans, avec d'ailleurs une jeune femme qui elle a dans les vingt ans et quelques…
Tiens ! Gary donnerait-il dans le cliché du vieux beau qui séduit la jeune belle étourdie éperdue d'amour pour… pourquoi d'ailleurs ?


Au-delà des bornes, il n'y a plus de limite !
Alors passons dans un au-delà, tout à fait terrestre, celui-là, et laissons-nous effleurer, chatouiller par la plume de Gary.


Laura est jeune et belle, un peu fantasque, elle maîtrise mal le français, ce qui lui donne un charme indéniable. Mais c'est à peu près tout ce que l'on sait d'elle.
Gary laisse-t-il ici toute la place qu'il faut pour une identification large au personnage - après tout, sa moitié, on la voit toujours jeune et belle, non ?
Et quand en plus elle parle mal le français, c'est la garantie, pour Gary, de ne pas tomber dans l'incompréhension réciproque que génère invariablement une langue commune.
Allons même pour Laura jusqu'à un symbole de fraternité et d'humanité.



Jacques est un ancien héros de la résistance, sans gloire, comme tant d'autres.
A la limite, on peut trouver énervant que ce monsieur se préoccupe tant de ses petites affaires.


Mais Gary le fait sans limite aucune, il ne nous épargne pas ses problèmes de sexe mou, d'urètre et même d'anus.

« Je demeure sur le bidet glacé un bon moment, renouvelant l'eau. Les coups de rapière sous les couilles s'atténuent et cessent. Mais il reste une lourdeur de pierre entre l'anus et le bas de la verge. Je n'ai pas regardé ma montre mais Laura s'attardait et ça a dû bien durer vingt minutes. Si seulement j'étais arrivé à décharger, ça décongestionne. Je presse le bout de l'urètre : pas trace de sang. Mais la peau de la verge est pas mal irritée par le frottement. Voilà que ça recommence. Ça fait un mal de chien, quelque part au fond de l'anus et vers l'aine, du côté gauche, ma mécanique a pris un sacré coup. Il y a moins de sécrétion qu'autrefois, la quantité de liquide prostatique a diminué, ce n'est plus assez huilé, ça travaille à sec. »


Et tout cela pour monter par contraste, je crois, et au travers quelques envolées lyriques à quel point cela le désespère de ne plus pouvoir se préoccuper autant qu'il le voudrait de l'objet de son désir et de son amour, Laura, dans un oubli de soi salutaire à satisfaire l'autre, qui ne se limite sûrement pas aux affaires de sexe.

« Il me semblait qu'avant notre rencontre ma vie ne fut qu'une suite d'esquisses, brouillons de femmes, brouillons de vie, brouillons de toi, Laura. Je n'avais connu que des préfaces. Les mimiques d'amour, la multiplicité, la variété, les coucheries, tous ces au revoir et au plaisir, sont une absence de don authentique qui se réfugie dans le pastiche, dans un « à la manière de » de l'amour. C'est parfois fort bien torché et le métier ne se voit pas trop, le savoir-faire dissimule son habileté, il y a de l'aisance, on peut vivre de moins que rien et pour pas cher, même seulement de plaisir, et d'ailleurs on ne peut pas passer sa vie à attendre qu'elle se révèle capable de génie. La vie s'était montrée capable enfin de génie à mon égard lorsqu'elle m'avait fait rencontrer Laura, mais ce fut seulement dans un moment de cruauté. Ce n'est pas que mon corps automnal refusât de servir, mais il me parlait de plus en plus de moi-même et de moins en moins de Laura. Il s'imposait lourdement à moi dès le début de l'étreinte, tardait à répondre, me rappelait ses limites et, cependant que je brûlais de ferveur impatiente, il exigeait des ménagements, des mises en état et des soins. Tout ce qui avait été chant était devenu murmure… »


La puissance virile est mise en parallèle à la puissance économique, dans un clin d'oeil qui se veut drôle mais surtout je crois un peu moqueur.
Prétexte aussi à réflexion sur la puissance occidentale, son déclin, avec regrets d'un homme vieillissant qui pressent qu'il a raté l'avenir en se préoccupant trop du passé.

« Quand les Américains sont allés sur la lune, on a gueulé que c'est une nouvelle époque qui commence. Mais non : c'était une époque qui finissait. On a oeuvré à réaliser Jules Verne : le dix-neuvième siècle… le vingtième siècle n'a pas préparé le vingt et unième : il s'est épuisé à satisfaire le dix-neuvième. le pétrole comme sine qua non d'une civilisation : tu te rends compte ? Toutes nos sources d'énergie sont chez les autres… C'est l'épuisement… »



Pour moi pas le meilleur des Gary, pour l'histoire, limite, limite…
Mais le style est toujours là ! Juste en une phrase :

« Vous pouvez évidemment vous agenouiller et vous mettre à la lécher, si vous n'êtes pas chevalier de la légion d'honneur, mais alors vous léchez en vaincu, monsieur, vous léchez en débandade, le front s'est écroulé, vous ne savez même plus où sont vos troupes et votre artillerie, vous jouez les utilités, elle voit bien que vous n'existez plus et, pour peu que ses couronnements lui viennent de l'intérieur et que les rôdeurs ne l'intéressent qu'à demi, arrive toujours ce moment pénible entre tous, où elle repousse doucement votre tête, et il y a entre vous un silence de ballon crevé, plein de compréhension réciproque, où chacun essaie de dominer sa frustration et sa rancune par une attitude de détachement civilisé. »





Dure limite…
« Est-ce l'envie
Où est-ce ton corps
Est-ce notre vie
Qui fait que ça dure encore

Est-ce ton bonheur
Où est-ce mon honneur
Qui me tient prisonnier
Ou qui me fait geôlier

Est-ce l'habitude
Toujours la même attitude
Le vide de chaque jour
Ou le manque d'amour

Est-ce l'amour,
Etrange amour
Est-ce la douceur
De tes caresses, mon coeur

Une dure limite, un mur d'amour
Dure limite, amour pas mûr
Pas mûr, pas mûr
[…] »

Extrait de « Dure limite », Téléphone :
https://www.youtube.com/watch?v=3QGlQiezgmU
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Rien ne va plus pour Jacques Rainier, un fringant industriel d'une soixantaine d'années, amoureux fou de Laura, une jeune brésilienne de 20 ans. Son entreprise vacille et sa virilité flanche. Sa vie a pourtant été brillante et son fils marche sur ses traces mais lui-même est désormais obsédé par des images de chute et de suicide. La vieillesse ne lui convient pas. Il se sent atteint par la ligne fatidique, celle où les tickets ne sont plus valables.

Curieux livre, en avance sur son temps, écrit au début des années 70, avant le sida et le Viagra, quand il était de bon ton pour les hommes de se montrer toujours vaillant! On le sait, Romain Gary s'est tiré une balle dans la bouche en 1980, à 66 ans.
Cet homme affaibli s'est battu longtemps contre son sentiment de perte et de décadence et j'ai aimé ce personnage, d'autant plus que la fierté, l'orgueil, l'envie de sauver son amour à tout prix se mêlent à un humour fataliste et amer mais très vite la folle tentation d'utiliser un bel Andalou, voyou menaçant, comme moyen imaginaire pour arriver à ses fins, l'emporte jusqu'à la frénésie, malgré les avis concordants du spécialiste consulté et de Laura elle-même. La fin m'a un peu déconcertée, n'empêche, c'était une belle lecture.
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Romain Gary est un de mes auteurs favoris. Sa manière d'écrire nos fragilités, nos failles, nos déshérences, nos désespoirs avec une poésie toujours empreinte d'humour et de faux-cynisme me subjugue.
D'autant que l'on sait tout ce qu'il y a de personnel dans ses romans.
Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable.... En voilà un titre ! Et pourtant, il est si bien adapté à l'histoire d'amour de Jacques et Laura. Il a 60 ans, elle 22.
Jacques est persuadé de voyager en fraude dans cette histoire d'amour ; impuissant ou persuadé de l'être, il se sent tricheur et ne le supporte pas. Laura a beau lui assurer que "ça n'a pas d'importance mon chéri", rien n'y fait.
La fuite de sa virilité, c'est une affaire entre lui et lui...

Un roman cru et passionné qui, soit dit en passant, donne à ceux qui ne l'on pas vécu un aperçu de la France giscardienne post-choc pétrolier de 1973.
Au terme duquel je suis persuadée plus encore qu'avant que les hommes bandent avec leur cerveau. Sans pouvoir oublier la boutade un peu désespérée de Georges Brassens : "la bandaison, Papa, ça ne se commande pas".
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Ce livre aborde un sujet très délicat: les signes de l'impuissance chez un sexagénaire, et les conséquences sur sa vie et sur l'image qu'il a de lui. A priori, je peux imaginer deux réactions possibles devant ce déclin: ou bien la résignation pragmatique, ou bien le désespoir.
Mais Jacques, le héros du roman, ne vit pas ainsi les premiers signes avant-coureurs de l'hiver sexuel. Certes, il est déjà passablement angoissé, alors qu'il n'a pas encore subi l'humiliation du fiasco sexuel. Et il se résout à consulter plusieurs fois des docteurs, qui semblent très dubitatifs et presque cyniques devant ses problèmes. (Les dialogues entre médecin et patient sont des morceaux d'anthologie, très réussis). Mais en même temps, Jacques s'installe dans une attitude de défi, il veut à tout prix rester "flamboyant" et, face aux autres (notamment avec Laura, sa maitresse très aimée), il veut sauver les apparences d'une manière assez "bravache". Il en fait trop. A mes yeux, ce personnage est peu crédible; je n'éprouve pas de "tendresse" pour lui, car je le sens inauthentique. Plus généralement, il me semble que l'histoire de la relation entre les deux amants - telle qu'elle est décrite par R. Gary - ne sonne pas juste. Malgré les foucades de son amant, Laura reste obstinément amoureuse, sans états d'âme. A ces difficultés personnelles, s'ajoutent dans le récit quelques démêlés professionnels de Jacques, qui est un homme d'affaires proche de la déconfiture: je ne me suis pas du tout intéressé aux péripéties liées à son entreprise, je l'avoue. Vers la fin du livre, la position personnelle de Jacques lui semble si grave qu'il envisage de faire recruter un tueur à gages pour se supprimer lui-même et permettre ainsi à ses proches de toucher une assurance-vie. Cependant, dans l'immédiat, le personnage de tueur s'introduit dans ses fantasmes et lui sert surtout à exciter sa libido faiblissante - cette idée de R. Gary me semble assez bonne, mais elle est utilisée d'une manière trop insistante. L'ultime péripétie du roman n'apporte pas un éclairage nouveau sur le personnage.
J'ignore quel succès a rencontré ce roman auprès du grand public, lors de sa parution (en 1975). Mais, personnellement, je ne l'ai guère apprécié !
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Excellent moment de lecture, qui nous convie aux défis de l'âge, avec tendresse et humour. Comment accepter nos limites alors que l'on refuse d'en fixer mais que les années nous rattrapent… ???
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J'ai beaucoup apprécié ce livre de Gary. le thème traité ici est le déclin physique et intellectuel d'un homme. C'est amusant et c'est surtout trè percutant. Gary a une écriture magnifique et un sens de la dérision terrible.
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