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Critique de Ellane92


Michel et Yannick sont l'homme et la femme d'un couple de toute une vie. Mais Yannick s'éteint peu à peu, rongée par le cancer. Pour mourir dans la dignité, elle a demandé à Michel de partir. " La plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer.", lui a-t-elle dit. Alors Michel part, pas très loin, c'est vrai, il tourne un peu en rond, rongé de l'intérieur, sans savoir quoi faire, et tombe, presque littéralement, sur Lydia, belle et jeune encore, malgré ses cheveux blancs. Elle s'est emmurée dans son chagrin : son mari a eu un accident de voiture, qui a tué leur petite fille, et l'a laissé handicapé, incapable de parler. le temps d'une nuit, leurs solitudes vont se rencontrer, que ce soit dans l'ombre d'une alcôve, sous les Spotlight du cabaret où se produit le Señor Galba qui fait danser les caniches, ou sous les lumières de la réception que donne Sonia, la belle-mère de Lydia.

Voilà quelques semaines que j'ai fini la lecture de ce Clair de femme, et force m'est de constater que ce roman m'émeut toujours autant. Emouvant, mais pas triste malgré le sujet, R. Gary dénonce dans ce roman l'égoïsme ambiant de la société et annonce sa vision d'un couple fusionnel, dans lequel l'homme et la femme s'effacent pour ne plus exister qu'au travers cette entité mystérieuse qu'est le couple " Vous avez vu dans la rue de très vieux couples inséparables qui se soutiennent en marchant ? C'est ça, la part du feu. Moins il reste de chacun, et plus il reste des deux…". Les personnages de Michel et Lydia sont criants de vérité, chacun dans leur rôle, dans leur conception du monde et de la vie. Pour une nuit, ils vont s'approcher, s'éloigner, se comprendre, se confondre et se confronter et qui sait ce qui naitra de leur solitude et de leur détresse ?
Au-delà d'une vision du couple intransigeante, Romain Gary évoque également quelques sujets douloureux comme l'euthanasie, la culpabilité, la peur de vivre aussi, avec pudeur et honnêteté, le tout sous le regard burlesque et pathétique du Señor Galba. L'écriture de Romain Gary est fluide et imagée, les idées et les dialogues s'enchainent, sans que les digressions ou retours en arrière ne freinent la lecture. La formulation des dialogues est particulièrement ciselée, les sentiments sont exposés au lecteur qui ne peut qu'être bouleversé de cette mise à nu de l'âme meurtrie de Michel et de Lydia.
C'est un roman superbe, émouvant et lumineux. A lire !
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