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EAN : 9782070369065
214 pages
Gallimard (11/01/1977)
3.78/5   1039 notes
Résumé :
"Je sais parfaitement que la plupart des jeunes femmes aujourd'hui refuseraient de vivre en appartement avec un python de deux mètres vingt qui n'aime rien tant que de s'enrouler affectueusement autour de vous, des pieds à la tête. Mais il se trouve que Mlle Dreyfus est une Noire de la Guyane française, comme son nom l'indique. J'ai lu tout ce qu'on peut lire sur la Guyane quand on est amoureux et j'ai appris qu'il y a cinquante-deux familles noires qui ont adopté c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (101) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 1039 notes
Jubilatoire, franchement drôle et tendre, mais aussi très touchant, décalé, pour s'achever en plein délire : un très beau roman original sur la solitude.

J'ai passé des moments incroyables en compagnie du python Gros Câlin et de son propriétaire Michel Cousin, trente-sept ans, employé modèle qui multiplie les subterfuges pour tromper sa solitude effarante et attirer l'attention, en particulier de Melle Dreyfus, une collègue de travail dont il est tombé amoureux.
Le python, il fallait y penser, c'est juste idéal. Pas vraiment l'animal de compagnie classique, mais ni casse-pied, ni bruyant, plutôt conciliant et très tactile. Ah, les gros câlins dont le héros raffole ! Quelle idée aussi de vivre avec un python en plein Paris : ça réserve forcément des surprises, et Émile AJAR, alias Romain GARY, entraîne son lecteur dans des rebondissements rocambolesques savoureux.
Finalement, j'admire beaucoup GARY d'avoir réussi ce tour de force d'être un remarquable écrivain dédoublé en deux auteurs. Avec ce premier roman signé AJAR, mon impression se renforce que AJAR, c'est GARY, le sérieux en moins et la gouaille en plus. Deux facettes d'un même miroir. Prodigieux !
Son sens de la formule fait mouche qu'il soit l'un ou l'autre auteur, et au-delà de l'humour, il nous donne matière à réfléchir. Ce roman n'est pas juste une fantaisie sortie de son imagination délirante.
Voyez vous- même quelques courtes citations :
" Il y a une mortalité terrible chez les sentiments.",
" La vie est une affaire sérieuse, à cause de sa futilité.",
" La tendresse a des secondes qui battent plus lentement que les autres."
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Gros-câlin...et gros choc pour cette première rencontre avec Romain Gary ! Ce n'était pourtant pas forcément l'oeuvre la plus accessible et représentative du style de l'écrivain...Mais j'ai mis 5 étoiles, même si on n'est jamais sûr d'avoir tout compris. Saluons l'Artiste, avec panache et générosité.

L'intrigue est pourtant simple, M. Cousin qui vit à Paris et a un travail ennuyeux dans la statistique, s'est pris de passion pour les pythons. L'homme est pour le moins bizarre, et vit avec Gros-Câlin, son reptile chéri de 2,20 m dans son appartement. Toujours célibataire, son autre passion est sa collègue de travail, Irénée, une femme noire guyannaise avec qui il rêve de se marier.
Mais pourra-t-il la conquérir ? Ne se fait-il pas des films ? Y'a-t-il la place pour ces 2 amours ? Que faire d'un python dans une vie de parisien "normal" ?...et justement, cela tourne-t-il si rond que ça dans la tête de notre (anti)-héros ?

Disons-le, le style est extraordinaire, complètement unique. Des expressions, des formules très spécifiques reviennent comme un leitmotiv, elles tissent une petite musique originale. Loin d'être agaçantes, j'ai trouvé qu'elles traduisaient formidablement les obsessions du narrateur Cousin, et l'ambiance de schizophrénie permanente qui s'aggravera inexorablement pour cet homme-python (on ne sait plus très bien qui est qui, c'est l'osmose...) si seul...

J'ai eu pratiquement de bout en bout le sourire aux lèvres, et me suis surpris à éclater de rire à de nombreuses reprises : situations cocasses, dialogues surréalistes, et un art du contre-pied incroyable....une affirmation avancée à contre-sens de la logique commune trouve finalement une étonnante cohérence dans la tournure de pensée du héros. L'auteur s'en donne à coeur joie, c'est un festival, il transgresse, fait péter les limites et contre toute attente, fait ainsi honneur à la langue française.

Ce style ne nous fait pas oublier dans un second degré, un second temps, le grand désespoir, la solitude urbaine et peut-être l'absurdité de la vie qui étend sa toile au fil des pages.

Vivement d'autres lectures de Romain Gary, et heureusement son oeuvre est réputée riche en quantité, en qualité, et en diversité !
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Je découvre Gary par Ajar, mais pas par hasard.
Le livre m'a été prêté, et j'ai été prié de ne pas décorner les nombreuses pages cornées!.. J'ai compris pourquoi en cheminant longtemps à lire le livre.
J'ai fait des pauses, j'ai fait des noeuds Je voudrais m'enrouler pour voir et ressentir comme Cousin.
j'ai envie de ramper-glisser comme Gros-Câlin... Mais sous mon lit, c'est occupé!
Certains passages sont hilarants, d'autres mériteront d'être relus (avec lampe de poche)... Mais tout va bien et je sors de Gros-Câlin avec des bulles et des écailles.
Mais que c'est beau, mais que c'est bon cette prose qui fait des tours et joue des mots et du sens.
Je n'aurai pas l'outrecuidance de prétendre que je compris tout et tout, mais j'y ais tendu.
Je laisse Cousin et la double-fin qui n'apaise pas ma faim d'autres Ajar (voire Gary).
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Mr Cousin vit seul dans son deux pièces parisien avec son python Gros-Câlin de deux mètres vingt. Seul, vraiment ? Au lu de ses pensées en spirales digressives, en circonvolutions elliptiques ou autres louvoiements concentriques, on se demande en effet si ils sont pas plusieurs dans sa tête. Un vrai sac de noeuds que ses pensées écrites dans un but de traité scientifique, destiné à des curieux désireux d'en savoir plus sur la vie du python en cité. Mais un sac de noeuds à l'image de Gros-Câlin : "Je précise immédiatement par souci de clarté que je ne fais pas de digressions, alors que je m'étais rendu au Ramsès pour consulter l'abbé Joseph, mais que je suis, dans ce présent traité, la démarche naturelle des pythons, pour mieux coller au sujet".
Mais revenons à nos pythons. Si Cousin a décidé du haut de ses 37 ans de cohabiter avec Gros-Câlin, c'est sûrement à cause de ce "surplus américain » de lui-même « pour cause d'absence et de zéro", qu'il n'arrive pas à projeter sur un humain. Ah la solitude, et le besoin d'amour. C'est pourtant pas faute de fantasmer une idylle avec Mlle Dreyfus, sa collègue aux STAT en mini-jupe avec qui il voyage tous les matins en ascenseur entre Bangkok ou Singapore, sans presque lui adresser la parole.

Ce roman est délicieux, un délire virtuose, un vrai tour de force littéraire qui suit sans perdre le souffle les pensées pour le moins originales (parfois difficiles à saisir) d'un doux dingo attachant.
C'est drôle et jouissif, touchant aussi de tendresse refoulée.
Il y a aussi chez Gary un côté visionnaire qui m'impressionne : ce roman écrit en 1975 anticipe 30 ans à l'avance l'apparition des NAC (nouveaux animaux de compagnie) dans la solitude urbaine, le souci d'écologie avec un dernier chapitre réédité (mais les racines du ciel 20 ans plus tôt en avait déjà fait son sujet), l'invasion surpuissante de l'ordinateur (et en filigrane le risque des intelligences artificielles de nous supplanter) : « Et ce n'était pas peu, pas peu de chose, vu l'organisation mise sur pied par IBM pour empêcher l'erreur humaine, en vue de sa suppression.».
Un seul mot me vient à l'esprit, peut-être pas pour cet ouvrage en particulier, du moins pour cet auteur : génial !
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Une dernière page qui se tourne, je file à la salle de bain, une envie furieuse de me laver le cul dans le bidet, pas trop de savon sinon ça pique. Ne pas refréner ses envies subites m'a dit un jour mon psy sur son canapé, de là à lui parler de mon serpent frétillant. 2m20 tout de même ! C'est pas que j'ai l'habitude de jouer les prétentieux, mais oui c'est bien sa longueur. Et tu seras bien obligé de me croire, je n'ai pas non plus pour habitude de montrer mon serpent aux étrangers. Seulement à Mlle Dreyfus, elle est si belle avec ses jambes couleur café et ses seins si parfaitement sincères. Oui, je sais, c'est pas commun, un python de 2m20 et des poussières, la vie chez moi n'étant que poussière, seule Mlle Dreyfus réussissait à l'éclairer, mais elle est partie. D'ailleurs, c'est pour elle que je me lavais le cul. Bon OK, c'est surtout les bonnes putes, les âmes tendres de cette vie, qui y tenaient surtout. Question d'hygiène ou d'amibes, un truc du genre. Mais je sens que je suis devenu trop intime, pour toi ami lecteur qui se fout bien, et probable que tu as raison, de savoir si j'ai le cul bien propre ou pas. Non, non, je ne fais pas une obsession, ne joue pas le psy avec moi, par contre la psy qui s'allonge sur le canapé, je veux bien, et je t'expliquerai pourquoi il faut avoir le cul propre. Car je n'ai jamais lu l'histoire d'un mec (son serpent est secondaire ici) qui se fait laver le cul dans le bidet autant de fois en si peu de pages. D'où l'intérêt pratique de se garder un bidet à portée de main, ou de cul, parce que moins pratique pour se laver les mains. Certes les considérations hygiéniques sont importantes dans notre société, mais revenons à nos moutons – à mon serpent plutôt. Un long python noir.

Avoir un serpent chez soi n'est pas chose usuelle. Surtout comme substitut au calinage. Parce que face à la solitude d'un homme, ce dernier a le besoin pour survivre de caresser son python, python qu'il a surnommé lui-même Gros-Câlin ! Mais une bête comme ça faut la nourrir, premier problème. le second, c'est que tous vos collègues veulent voir votre python, mais toi, tu ne veux le montrer qu'à Mlle Dreyfus dans sa mini-jupe très courte en peau de fauve et laisser ton serpent se lover entre ses cuisses… Elle est si extraordinaire, cette femme, Mlle Dreyfus que j'en perds mes mots à chaque fois que je pense à elle. Confus même, devant sa beauté. Intimidé, devant son sourire. Bandé, devant son cul. Oups, je m'égare, le serpent qui est en moi se fourvoie dans des délires libidineux. Même ma psy n'y peut plus rien pour moi, un cas désespéré m'a-t-elle dit, avant de me sortir de son cabinet et de sa vie. Alors je me retrouve seul avec mon python, je deviens mon python, mon python devient moi, je ne sais plus qui est qui, c'est ça la solitude d'un homme. Parler à son serpent, un serpent qui te répond, il tire sa langue, tu le prends dans ta main, il s'allonge devant toi… Oui, je veux moi aussi un Gros-Câlin, ça semble si bon.
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Je sais également qu’il existe des amours réciproques, mais je ne prétends pas au luxe. Quelqu’un à aimer, c’est de première nécessité.
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Je viens chercher du secours, c’est tout. Il y a une mortalité terrible chez les sentiments.
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Je dirais même que l’on reconnaît le bonheur au silence. Lorsque la communion est vraie et entière, sans frimes, seul le silence peut l’exprimer.
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Je ne veux point certes non fichtre détourner le fleuve Amour à mon seul profit mais je voudrais en être effleuré à ses moments de crue.
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- Si vous aviez adopté Dieu au lieu de vous rouler dans votre lit avec un reptile, vous seriez beaucoup mieux pourvu. D’abord, Dieu ne bouffe pas de souris, de rats et de cochons d’Inde. C’est beaucoup plus propre, croyez moi.
- Ecoutez, mon père, ne me parlez pas de Dieu. Je veux quelqu’un à moi, pas quelqu’un qui est à tout le monde.
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Quel écrivain reçut deux fois le prix Goncourt et la deuxième fois à l'occasion d'une sorte de canular dont il fut le génial instigateur ?
« La vie devant soi » , de Romain Gary, c'est à lire en poche chez Folio.
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