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EAN : 9782070373628
273 pages
Gallimard (16/03/1982)
4.25/5   9571 notes
Résumé :
Quartier de Belleville, années 70. Momo, 10 ans vit chez Madame Rosa, une ancienne prostituée qui a créé « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », c'est à dire qu'elle accueille des enfants de prostituées pour les protéger de l'assistance publique ou des "proxinètes", comme dit Momo. Le jeune garçon raconte son quotidien à hauteur d'enfant émaillant son récit de réflexions sur la vie :
"Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'import... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (600) Voir plus Ajouter une critique
4,25

sur 9571 notes
Momo, petit garçon arabe vit chez madame Rosa depuis plusieurs années. Madame Rosa garde les enfants de prostituées. Plus personne ne paie pour la garde de Momo auquel Madame Rosa s'est attachée, il n'ira pas à l'Assistance Publique, il restera près d'elle. Madame Rosa ne sait plus monter les escaliers qu'il faut emprunter pour regagner son appartement au 6ème étage et, le temps passant, elle ne saura plus rien faire qu'attendre la mort mais surtout pas à l'hôpital, elle ne veut pas devenir le « légume » le plus endurant, elle veut mourir chez elle. Momo s'occupera d'elle jusqu'au bout, petit arabe fidèle à sa vieille juive.
Au début du roman, l'auteur donne à Momo la voix d'un enfant qui s'embrouille assez avec des termes français trop savants pour lui et, au fur et à mesure, il fait grandir la voix de Momo, Momo mûrit, Momo n'est plus le petit garçon.
La vie devant soi est un condensé d'émotions et de bons sentiments, une magnifique leçon de vie.
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Sous le pseudo d'Emile Ajar qu'il prit pour retrouver une certaine virginité littéraire , Romain Gary , ce petit cachottier , fut le seul à se voir décerner un second prix Goncourt ( Les Racines du Ciel : 1956 ) pour La Vie Devant Soi .

Mohammed a 10 ans , bientot 14 . Mohammed prefere qu'on l'appelle Momo , les Inconnus n'ont rien inventé ; ) . Recueilli des son plus jeune age par madame Rosa qui s'est spécialisée dans " l'adoption " d'enfants de putain , il creche à Belleville , au sixieme , sans ascenseur . Madame Rosa , ancienne gagneuse qui se défendait avec son cul , juive , déportée , n'est plus que l'ombre d'elle-meme . Laide , grosse , 36 cheveux au compteur , elle se rend bien compte qu'elle n'a plus la lumiere à tous les étages . Elle "s'absente " de plus en plus fréquemment , sentant bien que ses jours de pleine lucidité sont désormais comptés . Finir la bave aux levres avec le regard du veau qui tete , tres peu pour elle ! N'est pas Ribéry qui veut....Ses cauchemars récurrents , Hitler et le cancer : l'un étant éradiqué , l'autre , aux aguets , attendant son heure selon ses dires...Une femme ayant échappé au terrible systeme concentrationnaire d'Auschwitz ne peut s'imaginer entrer dans le livre des records en pulvérisant un coma végétatif de 17 ans , alors détenu par un Amerloque ( trop fort ces Ricains ! ) . Elle fera promettre à son petit Momo de " l'avorter " si l'on devait en arriver là . du haut de ses 10 ans , bientot 14 , Momo fera bien plus que cela...

Le tour de force de ce roman , c'est d'évoquer un sujet résolument grave sur le ton de la légereté . La grande faucheuse est omniprésente , on la sent se rapprocher inexorablement jusqu'à vous submerger de sa noirceur et pourtant , par le biais de ce jeune héros au phrasé si particulier , la lecture s'accompagne d'un petit sourire en coin qui ne vous quitte jamais .
Les personnages découverts sont hétéroclites au possible . Cela va de Monsieur N'da Amédée , " proxynete " illettré le mieux sapé de Paname et de sa proche banlieue à Monsieur Hamil , ancien vendeur de tapis ambulant et néo philosophe sans oublier Madame Lola qui d'ancien champion de boxe au Sénégal s'est reconvertie en travestie au Bois de Boulogne . Autant d'acteurs truculents gravitant autour de ce petit monde fusionnel qu'est l'univers Rosa-Momo .

L'auteur vous prend aux tripes en conférant à ce jeune narrateur une gravité anormalement conscientisée pour un gamin de son age . Un vocabulaire fait d'amalgames aussi amusants que profonds et c'est la mort qu'on appréhende à un age ou l'innocence devrait faire loi . Momo découvre que rien ne dure jamais . Qu'il devra devenir un acteur majeur dans l'inéluctable disparition de sa maman d'adoption . Une mere de substitution qui le fait se questionner sur son age et ses origines mais qu'il aime par dessus tout . Un gamin innocent projeté et ballotté dans un monde d'adultes bien avant l'heure . S'il maitrise de façon plus qu'aléatoire la définition de la majorité des mots de son vocabulaire , il saisit cependant parfaitement le sens de la vie qui s'écoule et s'acheve parfois tragiquement . Ce roman écrit par un sexagénaire que la mort effrayait au plus haut point ( et qu'il devancera pourtant en 1980 ) est tour à tour lyrique , naif , sombre et violent mais baigne , paradoxalement , dans une perpétuelle bonne humeur contagieuse . Sa causticité décalée vous emportera de la premiere à la derniere page !

La Vie Devant Soi : atypique et jubilatoire...
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Je déteste les fins d'année scolaire. Je déteste les fins tout court.
Peut-être parce que la fin annonce qu'on n'a plus la vie devant soi.
Ma vie devant soi est déjà bien entamée mais ça, ça m'est bien égal. Ça me va bien comme ça.
Suffit juste de savoir négocier la toute fin. Parce que celle-là, c'est la plus dure.


Il me fait marrer Momo - le héros du roman dont je suis en train de faire la critique – quand il s'énerve contre les vieux qui disent «  Tu es jeune, tu as toute la vie devant toi. » parce qu'il croit qu'ils cherchent à lui faire peur.
Ouaip, c'est vrai, il a raison ! Avoir toute la vie devant soi, ça peut foutre la trouille..tout autant que de la trouver derrière soi.
C'est cette histoire là que nous raconte Romain Gary, l'histoire d'un môme qui croit que la vie, ça n'a rien d'enviable, que le bonheur, c'est dégueulasse. « Le bonheur c'est une belle ordure et une peau de vache ». ça peut faire froid dans le dos quand on entend un gamin parler comme ça. L'histoire d' un gosse qui se raccroche à une vieille dame plus toute jeune, déjà bien fanée et qu'il n' y a plus moyen de rempoter.
L'histoire d'une ancienne prostituée juive et d'un p'tit arabe, fils de putain. Une histoire drôlement émouvante, mais racontée par Momo avec tant de naïveté et à la fois tant de lucidité sur la vie qu'on ne peut que sourire à pleines dents.
J'ai adoré Momo et ses expressions d'une candeur et d'une fantaisie improbable !
J'ai adoré Madame Rosa d'avoir pris sous son aile cet oisillon là et peu importe qu'il soit juif, arabe ou chrétien..
J'ai adoré leur ange, madame Lola, ce rayon de soleil, travestie du Bois de Boulogne, qui fut champion de boxe au Sénégal.
J'ai adoré leurs façons à eux deux, Madame Rosa et Momo, de dire « Merde » aux autres, de se dépatouiller tant bien que mal avec cette chienne de vie qui ne leur avait pas fait de cadeau ni à l'un ni à l'autre et d'avoir trouvé, là, la beauté des choses ...la tendresse infinie.


Et bien sûr, je ne peux terminer cette critique sans faire un petit clin d'oeil à Meeva dont l'obsession pour Romain Gary n'est un secret pour personne sur Babelio. Allez, chanson ! 

« Ouvrez vos yeux pleins d'innocence
sur un Paris qui vit encore,
et qui fera de votre enfance
le plus merveilleux des décors.

Voyez plus loin que l'horizon,
le temps n'a pas tout démoli,
les rues sont pleines de chansons,
les murs ne sont pas toujours gris.

Écoutez-moi, les Gavroches,
vous les enfants de la ville :
non Paris n'est pas si moche,
ne pensez plus à l'an 2000. »

Extrait d' « Ecoutez moi les Gavroches » de Renaud
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Après son premier Emile Ajar, « Gros calin » en 1974, Romain Gary récidive en 1975 avec « La vie devant soi »…pour un écrivain que la critique de l'époque jugeait fini…

« La vie devant soi ». Un thème récurrent dans la littérature française : un enfant arabe voue une infinie tendresse à une vieille dame… juive. Jacques Lanzmann, Joseph Joffo, Eric-Emmanuel Schmitt , et probablement d'autres ont " traité " le sujet…
Quoiqu'il en soit sous la plume de Romain Gary, le thème est magnifié, non seulement par l'intrigue que nul autre ne pouvait imaginer que Romain Gary, mais également par le second thème, en filigrane : la fin de vie…

Madame Rosa, une ancienne prostituée juive (elle a connu Auschwitz) de la rue Blondel, ou elle « se défendait » dans son jeune temps, comme dirait Momo… Elle a vieilli et est devenue Grosse, laide et malade…
Momo, un jeune garçon arabe, est recueilli par Madame Rosa dans son établissement qui accueille les « enfants nés de travers »… comprenez les naissances accidentelles de ces dames prostituées…
L'histoire d'un amour fusionnel du jeune garçon pour la vieille dame… elle est malade. Elle doit être hospitalisée. C'est le drame. Momo l'enlèvera et « l'assistera » dans ses derniers moments pour une fin dans la dignité…

Un roman, peut-être un des plus émouvants de l'auteur avec « Clair de femme »… En tout cas, un de mes préférés.
Le jury Goncourt ne s'y est pas trompé, d'ailleurs, qui attribua son Prix à Emile Ajar, alias Romain Gary. Un prix qui lui avait déjà été attribué en 1956 pour « Les racines du ciel »…
Bravo, l'artiste…
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Pour moi, ce livre reste inséparable de l'image de Madame Rosa, incarnée si bien par Simone Signoret, à l'écran.

Combien touchant, drôle, tragique, nous apparaît Momo, le protégé de Madame Rosa, gardant les enfants des prostituées , Momo, le petit Arabe, qui par sa verve et ses réflexions pleines de bon sens et de lucidité, nous émeut et remue en nous des effluves de compassion et d'indignation.Et nous fait rire aussi.

Combien triste et poignant est son parcours, heureusement jalonné de figures hautes en couleur, Madame Rosa , juive vieillissant mal, en premier lieu, Madame Lola, travesti généreux, et toutes ces personnes vivant dans le même immeuble à Belleville,qui, par leur solidarité et leurs élans de fraternité, vont permettre à Momo de se sentir moins seul.

Combien émouvant est son lien avec Madame Rosa, dont il deviendra ensuite, en grandissant, le protecteur, celui qui va l'aider à survivre, à conjurer les frayeurs, à mourir enfin.

La fin est déchirante , avec en filigrane, un peu d'espoir pour l'avenir de Momo...

Emile Ajar, alias Romain Gary, n'a pas volé son deuxième Prix Goncourt, ce roman est flamboyant de désespoir, criant de réalisme, délirant d'humour, un condensé de vie, la vie devant soi, celle de Momo, de tous ces enfants perdus, en manque d'amour et de reconnaissance.

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Citations et extraits (887) Voir plus Ajouter une citation
Moi je pense qu'on respecte pas assez les vieilles putes, au lieu de les persécuter quand elles sont jeunes. Moi si j'étais en mesure, je m'occuperais uniquement des vieilles putes parce que les jeunes ont des proxynètes mais les vieilles n'ont personne. Je prendrais seulement celles qui sont vieilles, moches et qui ne servent plus à rien, je serais leur proxynète, je m'occuperais d'elles et je ferais régner la justice. Je serais le plus grand flic et proxynète du monde et avec moi personne ne verrait plus jamais une vieille pute abandonnée pleurer au sixième étage sans ascenseur.
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Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde.
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Après j'ai essayé de me faire remarquer autrement. J'ai commencé à chaparder dans les magasins, une tomate ou un melon à l'étalage.

J'attendais toujours que quelqu'un regarde pour que ça se voie.
Lorsque le patron sortait et me donnait une claque je me mettais à hurler, mais il y avait quand même quelqu'un qui s'intéressait à moi.
Une fois, j'étais devant une épicerie et j'ai volé un oeuf à l'étalage. La patronne était une femme et elle m'a vu.
Je préférais voler là où il y avait une femme car la seule chose que j'étais sûr, c'est que ma mère était une femme, on ne peut pas autrement. J'ai pris un oeuf et je l'ai mis dans ma poche.

La patronne est venue et j'attendais qu'elle me donne une gifle pour être bien remarqué. Mais elle s'est accroupie à côté de moi et elle m'a caressé la tête.
Elle m'a même dit : - Qu'est-ce que tu es mignon, toi !

J'ai d'abord pensé qu'elle voulait ravoir son oeuf par les sentiments et je l'ai bien gardé dans ma main, au fond de ma poche.
Elle n'avait qu'à me donner une claque pour me punir, c'est ce qu'une mère doit faire quand elle vous remarque.
Mais elle s'est levée, elle est allée au comptoir et elle m'a donné encore un oeuf. Et puis elle m'a embrassé.

J'ai eu un moment d'espoir que je ne peux pas vous décrire parce que ce n'est pas possible.
Je suis resté toute la matinée devant le magasin à attendre. Je ne sais pas
ce que j'attendais. Parfois la bonne femme me souriait et je restais là avec mon oeuf à la main.
J'avais six ans ou dans les environs et je croyais que c'était pour la vie, alors que c'était seulement un oeuf.
Je suis rentré chez moi et j'ai eu mal au ventre toute la journée.
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Les mômes qui se piquent deviennent tous habitués au bonheur et ça ne pardonne pas, vu que le bonheur est connu pour ses états de manque. Pour se piquer, il faut vraiment chercher à être heureux et il n'y a que les rois des cons qui ont des idées pareilles. (p.90)

Monsieur Hamil m'avait souvent dit que le temps vient lentement du désert avec ses caravanes de chameaux et qu'il n'était pas pressé car il transportait l'éternité. Mais c'est toujours plus joli quand on le raconte que lorsqu'on le regarde sur le visage d'une vieille personne qui se fait voler chaque jour un peu plus et si vous voulez mon avis, le temps, c'est du côté des voleurs qu'il faut le chercher. (p.158)

Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux.
p.88
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il m'a expliqué en souriant que rien n'est blanc ou noir et que le blanc, c'est souvent le noir qui se cache et le noir, c'est parfois le blanc qui s'est fait avoir.
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