"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, on va parler d'un roman de
Romain Gary intitulé
Lady L.
Or donc
Lady L. reçoit sa famille et son amant platonique de longue date, sir Percy, pour fêter son quatre-vingtième anniversaire. Elle apprend à cette occasion que son pavillon chéri, rempli d'objets adorés, va être détruit! Il n'en est pas question! Depuis quand traite-t-on les nobles gens de la sorte, je vous le demande? Elle s'isole avec sir Percy dans ledit pavillon et lui révèle pourquoi ce petit bâtiment est si important pour elle...
Quel roman étrange!
-Nan. On dit "quelle insupportable niaiserie", Déidamie.
Lady L. m'a agacée au plus haut point! Quelle nunuche avec ses "oh, qu'il est bô", et ses "c'est plus joli", et "on pourrait avoir un petit peu de bonheur à nous, rien qu'à nous..." Elle pense toujours en termes de "beau/moche", "bonheur/souffrance", ça m'a énervée! Elle se révèle un monstre d'égoïsme, elle ne pense qu'à elle!
-Bah en même temps, si elle ne fait pas, personne n'y pensera à sa place! Moi, je l'aime beaucoup,
Lady L. C'est l'ancêtre de Harley Quinn!
-PFFFFFRRRRRRRRR!
-Méchante Déidamie, fais un peu attention! Tu as projeté du chocolat partout! du mélange belge qualité extra, en plus!
-Teuheu! Mais ça va pas bien, de sortir des énormités pareilles? Quel rapport entre Harley Quinn et
Lady L.? La pop culture et le classicisme?
-Un tas de choses! Elles vivent toutes les deux une relation toxique avec leur mec...
-Ouais...
-Elles sont toxiques et désinvoltes elles-mêmes et montrent de l'indulgence pour le crime... le crime d'ailleurs peut à l'occasion procurer du divertissement.
-Ouais...
-Elles gardent une vision toute personnelle de l'amour et des relations...
-Ouais...
-Elles se construisent toutes les deux leur petit nid confortable...
-Ouais...
-Elles aiment être bien habillées (chacune dans son style toutefois)...
-Ouais...
-Elles aiment les animaux...
-Ouais...
-Et voilà. L'une est plus violente et maquillée que l'autre, cependant, mais on n'est déjà pas mal, non?
-Je... ouais... on dirait que... ouais... 'Scuse-moi, je reste sous le choc, Harley Quinn et
Romain Gary...
-Et ce roman constitue tout entier une vaste plaisanterie inscrite dans l'histoire avec un grand H! Dès le début, tu sais que
Lady L. a fait de sa vie une gigantesque arnaque étendant ses tentacules jusque dans les plus hautes sphères.
Romain Gary raconte tout cela avec une ironie amusée. Tout le texte d'ailleurs baigne d'ailleurs dans un regard moqueur, le texte prête à sourire d'elle comme des autres personnages.
Je crois d'ailleurs que c'est, entre autres, cela qui m'a fait apprécier ce texte: il ne prend rien ni personne au sérieux, mettant donc de la distance entre l'horreur de certains faits et moi. Ca marche parce que la narration demeure semblable à
Lady L.: légère, distrayante, amusante!
-Moi, je me serais passée de certaines phrases sur la maternité...
-Oui, tout ne peut pas être parfait... Quoi qu'il en soit, j'ai passé un excellent moment avec
Lady L. qui figure désormais parmi mes copines favorites de fiction. Elle a le mérite d'être originale et drôle, de proposer une vision du monde bien à elle. Son roman offre un amusement plaisant."