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C'est aux Promenades sentimentales au clair de lune de Sacha Tsipochkine, que Romain Gary doit le titre d'un recueil initialement sorti sous le nom de 'Gloire à nos illustres pionniers' (dernière nouvelle du recueil). Sauf que Sacha Tsipochkine n'est – une fois de plus – que le fruit de l'imagination fertile et schizophrène de Romain Gary.

« L'homme , mais bien sûr, mais comment donc, nous sommes parfaitement d'accord : un jour il se fera ! Un peu de patience, un peu de persévérance : on n'en est plus à dix mille ans près. Il faut savoir attendre, mes bons amis, et surtout voir grand, apprendre à compter en âges géologiques, avoir de l'imagination : alors là, l'homme ça devient tout à fait possible, probable même : il suffira d'être encore là quand il se présentera. Pour l'instant, il n'y a que des traces, des rêves, des pressentiments... Pour l'instant, l'homme n'est qu'un pionnier de lui-même. Gloire à nos illustres pionniers ! ».

Sacha Tsipochkine

Merci Sacha, sans toi rien n'aurait été possible...

Comment rendre hommage à ce recueil mal aimé et mal vendu – moi qui l'ai réellement apprécié – et qui fut à nouveau édité sous le titre 'Les oiseaux vont mourir au Pérou', première nouvelle plantant le décor de ce qui deviendra un film réalisé par Gary lui-même en 1968 et publiée pour la première fois en 1964 dans la revue... Playboy.
16 nouvelles sur 277 pages, tout d'abord c'est beaucoup, mais c'est court, voire très court parfois. Mais 16 nouvelles, c'est riche et dense, et là, le talent de Romain Gary fait son oeuvre.Très souvent, à la fin de ma lecture, j'ai pensé à Audiard dans les Tontons flingueurs :« Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. ». Mais, ce serait un peu réducteur tant la palette de la connerie humaine est large. Ce petit mot de 3 lettres qui veut tant dire ; qui peut être à la fois insulte, mépris mais aussi empreint d'affection, d'une certaine tendresse et de compassion. Ainsi, Romain Gary nous sort tout l'éventail : le rêveur, le naïf, le désespéré, le dévoué, le têtu, le désenchanté, l'orgueilleux, le vaniteux, le salopard, l'obtus, l'odieux, l'obstiné, l'optimiste, l'idiot, le bon, la brute et aussi le truand...
Le "fil conducteur", c'est la frontière entre la mort et la vie, le renoncement et la confiance, l'acceptation et la mutation des êtres. La fin de quelque chose, est-ce le début d'autre chose ? Si oui, comment ? J'y ai vu des hommes face à leurs contradictions. Les uns pétris de convictions et de préjugés, et les autres luttant, de manière souvent absurde contre leur fatalité. La ligne ténue entre l'instinct et la morale, l'animalité et la civilisation. le jusqu'au boutisme de l'homme poussé dans ses retranchements les plus intimes, pensant instinctivement bien faire (mais est-ce bien l'intention qui compte?) alors qu'il doit se résoudre au mouvement. L'homme n'est pas figé, il est en perpétuel mouvement, c'est en cela qu'il est passionnant, il est capable de tout ou presque ! Bon... certains manifestement moins que d'autres, ayant loupés les marches du train de l'évolution et y laissant au passage quelques dents.
Pas trop clair tout ça... j'y ai trouvé ce que j'aime en général et ce que j'aime chez Romain Gary : mon taux de mort(s), de solitude, d'ironie crue et cruelle, d'humour incisif, d'absurdité, d'antihéros voire carrément de perdants, de psychologie, de folie et même aussi de poésie et de quoi philosopher. Pour l'amour et les bons sentiments en revanche, faudra repasser une autre fois...
Et comme disait le chanteur engagé disparu qui voulait croire à l'évolution : « Et pourtant il faut vivre ou survivre, sans poème, sans blesser tout ceux qu'on aime, être heureux ou maaaalheureux, vivre seul ou même à deux. »
Romain Gary dit à propos de la mévente de son ouvrage et face aux critiques qu'il suscite  : « Et dire que mon intention était entièrement louable et que je croyais vraiment faire plaisir au lecteur, le distraire agréablement, sans aucune arrière-pensée. Enfin, ce sera pour une autre fois.» Romain, évidemment que tu t'en fous de mon avis, mais moi, tu m'as fait plaisir.
Quant aux cormorans échoués sur la plage, comme dirait Jacques Rainier (personnage des 'oiseaux vont mourir au Pérou', le même qu'on retrouve dans 'Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable' ?) : Il doit forcément y avoir une explication. 
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Un recueil de nouvelles un peu déconcertant s'agissant de Romain Gary.
Un fourre-tout ou l'on rencontre d'étranges personnages, dans des situations plus insolites les unes que les autres, croisés aux quatre coins du monde. Un patchwork assez acide, révélateur de la cruauté de l'humanité, de la constance de l'incertitude, traité avec une bonne dose d'humour et d'ironie, avec un arrière-gout de Buzzati...
Ces nouvelles sont sans doute inspirées par le vécu intense de l'écrivain et
la maturité qu'il a acquise, abandonnant toute illusion.


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Ce recueil de 16 nouvelles est riche et varié.
Romain Gary nous transporte dans son univers cosmopolite. Ces récits sont drôles et tragiques voir certains cyniques.
Ce livre nous parle d'humanité. Un regard de l'auteur sur la nature humaine avec ses faiblesses.
Ce livre est très bien écrit avec fluidité et avec beaucoup de vocabulaire.
Pour finir, Romain Gary est un véritable conteur.




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J'ai trouvé ce livre esseulé sur une étagère dans l'atelier d'écriture que je fréquente.
Un peu poussiéreux, un peu jauni, mais pas écorné (peu lu pourrait-on conclure?) (Édition de 1981).
Je l'ai emprunté, attiré par sa couverture (Jean Seberg, allongée sur une plage, dessin d'après l'affiche du film que je n'ai pas vu).
Je pensais lire un roman. Je trouve de brèves nouvelles.
J'entreprends alors la lecture, sceptique.
Je découvre 16 récits qui racontent l'âme humaine, ses facéties, ses tourments.
Des histoires, des historiettes d'hommes, de femmes, qui disent ce que les autres voient ou croient deviner ou ressentir des autres, ce que chacun porte en soi de souffrance, de désespoir, d'amertume, de bêtise, de folie, de délire aussi, certaines choses qu'il n'est pas possible de faire comprendre, ou de faire admettre aux autres. Des textes qui parlent d'humanisme celui qui permet la tolérance, qui dénonce les exclusions, les faux semblants, les mauvaises interprétations, d'autres textes qui suppurent la haine, qui appellent la mort. Des pages, tour à tour, pathétiques pleines d'humour, d'imagination, féroces et drôles. …
Où a-t-il été cherché toutes cette substance à conter ? Anecdotes entendues ?
Personnellement je trouve que cela ressemble étrangement au personnage polymorphe de Romain Gary, celui qui inventait, transformait, au gré de ses humeurs, de ses chagrins, de ses combats, de ses folies, l'étiage de sa vie.
Les oiseaux vont mourir au Pérou :
Premier récit, éponyme qui raconte la découverte par Jacques Rainier, un aventurier solitaire qui tient un bouge sur une plage du Pérou, d'une très jeune femme qui tente de se noyer. Il la secourt.
Pas très loin, trois hommes dorment sur le rivage. Ils sont déguisés, c'est la période du carnaval.
Nul doute, elle a été violentée.
Puis survient le mari, un vieil alcoolique anglais, accompagné de son chauffeur.
L'époux raconte. Ce qu'il dit d'elle en fait une nymphomane. Nymphomane ou frigide, le malheur est aussi fort, la souffrance indicible devient alors mortelle.

Le luth :
Un ambassadeur, en poste en Turquie, épris d'antiquité, achète un oûd, ancêtre du luth.
Il va apprendre à en jouer, il a comme professeur un jeune garçon qui se rend régulièrement à son domicile …
Son épouse, pour sauver les apparences, meublera les pauses silencieuses, en jouant d'un même instrument …Rien n'est dit, tout est suggéré.


Un humaniste :
Karl Loewy est un industriel juif allemand. Il aime les livres. Son jardinier aussi. Il lui fera donc confiance quand il devra aller se terrer dans la cave de sa maison pour échapper aux exactions. Mais la guerre s'éternise, et Karl dépérit dans sa cachette. On ne devient pas humaniste à la seule fréquentation des livres !

Décadence :
Un chef maffieux fait disparaitre les récalcitrants en les coulant dans le béton. Cela devient des oeuvres d'art, et, pour lui, une passion exorbitante. Il finira matière première pour une oeuvre exceptionnelle !
Le faux :
Deux richissimes parvenus se défient à coup de surenchères dans l'achat d'oeuvres d'art. Mais voilà, l'un d'eux acquiert un Van Gogh supposé être une contrefaçon aux dires de l'autre. Il s'en sortira en faisant établir un certificat attestant de l'authenticité de l'oeuvre, chèrement payée. La vengeance du rival ne sera pas contrefaite !

Les joies de la nature :
Une scène ubuesque dans une roulotte de cirque entre un lilliputien Ignatz et un géant Sébastien , arbitrée par un médecin appelé en urgence.

Noblesse et grandeur :
Village de Plevsi en Roumanie. Comment, entre rustres, régler ses conflits familiaux et de voisinage en se servant d'un officier allemand décrépi.

Citoyen pigeon :
Une crise de delirium tremens et voilà qu'un pigeon devient, pour deux Américains un conducteur de traineau dans la Russie soviétique.

Une page d'histoire
Ici on apprend pourquoi le Protecteur de la Serbie se sacrifie !

Le mur :
Un mur qui sépare deux chambres où se trouvent un jeune homme et une jeune fille dépressifs, tout pourrait aller pour le mieux puisque cette narration est sensée être un conte de Noël, mais voilà, il en est autrement !

Tout va bien sur le Kilimandjaro :
Une galéjade marseillaise ! Un voyage autour du monde grâce aux cartes postales.

Je parle de l'héroïsme
Je narrateur est invité à donner une conférence sur l'héroïsme, son témoignage devra s'appuyer sur des faits concrets !

Les habitants de la terre
Une jeune fille est devenue aveugle – cécité psychologique à la suite de sévices. Elle doit se rendre, accompagnée par un vieillard à Hambourg afin de consulter un des plus grands spécialistes. La route va être longue…

J'ai soif d'innocence
Pour échapper aux fausses valeurs de la civilisation, le narrateur se rend dans les îles Marquises. Gauguin, le renvoie à la civilisation, avec une expérience en plus.

La plus vieille histoire du monde
Le syndrome de Stockholm raconté comme une histoire juive.

Gloire à nos illustres pionniers
Alors, celle -là… je me contenterais de dire « Mutatis mutandis » .


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L'humour corrosif de Romain Gary se fonde ici sur une idée quelque peu anxiogène : derrière toutes les conventions sociales, la familiarité des corps, derrière le langage, derrière toutes tentatives plus ou moins réussies de communication et de partage, l'être humain est un phénomène inexplicable, inconnaissable et effrayant. Un monstre, n'ayons pas peur des mots.

Comme Gary le suggère lui-même dans sa préface, ces nouvelles ne racontent finalement qu'une seule histoire, celle de l'aliénation de l'humanité envers elle-même, constamment trahie par ce en quoi elle croyait. Les différents récits explorent les formes (souvent sexuelles, souvent mortelles) de cette trahison, en affichant parfois clairement la figure du monstre, tantôt avec un nain et un géant de fête foraine, et même, dans la dernière nouvelle, avec une humanité dont l'apparence éclate et se dissout dans une infinité de motifs d'animaux. Ce texte voit Romain Gary se frotter à la science-fiction dystopique avec jubilation… offrant peut-être une satisfaction provisoire au monstre qu'il portait lui-même, et qui le poussait à trahir sa propre identité.
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Je suis en train de lire ce recueil de nouvelles. Je trouve les histoires un peu bizarres, vraiment j'ai du mal a me retrouver dans les histoire, il y a toujours quelque chose de peu crédible ou d'imprévu qui me choque..c'est dommage parce que, ayant lu "La vie devant soi", je m'attendais vraiment à autre chose. Peut-etre c'est le manque de profondeur des personnages ou simplement les tournures des histoires ne trouvant pas de fin réussie.
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Un recueil de nouvelles des plus agréables à lire et relire. D'abord parce qu'il y en a pour tous les gouts et de tous les genres. On va aller du récit de guerre à la science-fiction , en passant par le burlesque, la galéjade provençale , le conte de Noël et plein d'autres. Pareil pour les personnages : libertins en ballade, gangsters, phénomènes de foire, paysans résistants, pauvres hères malmenés par la vie dans des décors changeant à chaque histoire .: le Pérou du titre, USA, orient, Europe centrale...
Par contre unité de ton , de regard et des thèmes communs : nazisme, pacifisme , shoah, solitude... Cruauté bien souvent des situations , qui nous fait éprouver de la pitié pour quelques personnages. Et l' humour , commun à pratiquement toutes les nouvelles . Mais là aussi, le lecteur pourra rire ou sourire de différentes façons : humour noir, cynique, franche rigolade du Kilimandjaro ou intrigant du Citoyen pigeon, humour juif, on aura toutes les variantes.
Tout çà laisse deviner lune grande connaissance de la vie : en témoigne le si astucieusement intitulé " Les habitants de la terre " dans lequel le destin, les circonstances et les hommes vont s'acharner sur un couple de pathétiques anti-héros dans quelques pages d'une rare noirceur. Et pourtant une micro lueur d'espoir nous fera surmonter notre émotion. On a lu un profond humaniste .
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Un recueil de nouvelles qui dévoilent les différents aspects de l'âme humaine. Il s'agit d'une plongée au coeur de l'humain, avec en gros plan les défauts et qualités de chacun. Ce recueil entraîne un questionnement du lecteur sur lui-même par la véracité des sentiments exprimés dans des situations forts réalistes. La noirceur de l'homme transparaît plus que sa bonté, pourtant, une note optimiste sur la nature humaine peut être saisie de temps à autre.
Le style de Romain Gary est égal à lui-même, empreint d'ironie et de cynisme mais surtout de réalisme.
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Chaque nouvelle commence par un mystère captivant et se termine d'une façon absolument déconcertante. La désintégration et la chute de l'illusion nous laissent perplexes et nous remplit d'interrogations.
Il y a là tout l'art de Romain Gary, un conteur à l'imagination débordante et pleine de fantaisie, doublée d'un incurable pessimiste. L'humour grinçant, féroce, débouche sur un constat amer sur la nature humaine.
Pour ceux qui aiment Romain Gary, cela permet aussi de mieux appréhender les raisons de sa fin tragique.
Un très beau recueil de 16 nouvelles (trouvé d'occasion). A lire mais il n'a pas d 'ISBN et je me demande s'il est réédité...
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Très déçu par ce livre. le titre est très beau mais après avoir lu 18 pages on se rend compte que l'ouvrage entier n'est qu'un assemblage de seize petits récits qui n'ont rien à voir avec le titre d'origine "Les oiseaux vont mourir au Pérou". 277 pages au total, après lecture de la moitié, j'ai rangé le livre de côté et ne le conseille à personne.
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