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Critique de Arakasi


Nous sommes en 1943 en Angleterre. Quand il n'est pas en mission pour les Forces aériennes françaises libres, Romain Gary peine sur son premier roman, « Education européenne », qu'il espère achever avant d'être abattu comme tant de ses camarades pilotes. Nous sommes en 1943 en Pologne. Janek, quinze ans, sort prudemment de la cache souterraine où l'a dissimulé son père et s'aventure de la forêt. Il y rejoint les groupes de patriotes qui s'y calfeutrent depuis l'invasion de la Pologne par les forces allemandes. Janek est jeune, mais il veut se battre et pour cela, il est prêt à sacrifier beaucoup de choses, son innocence, sa candeur et même ses rêves de devenir un jour un grand compositeur reconnu et admiré par tous. Dans les bois polonais, des hommes se cachent, ils patientent l'oreille collée au poste de radio, ils tuent quand ils ont en l'occasion et, entre deux assassinats, deux bombes artisanales, ils rêvent… Ils rêvent du jour où leur pays sera enfin secouru, où les armées alliées s'abattront comme une grande marée sur les troupes allemandes, où ils pourront enfin rentrer chez eux, retrouver leurs femmes et leurs enfants. Ils rêvent qu'ils ne sont pas seuls.

Pour certains, l'Education européenne, ce sont « les bombes, les massacres, les otages fusillés, les hommes obligés de vivre dans des trous, comme des bêtes », la leçon infligée par l'Allemagne nazie au monde entier. Pour d'autres, c'est « une chanson, un poème, un livre », quelque chose qui permette aux hommes de tenir jusqu'à la fin de la guerre, d'apprendre à ne pas désespérer. Sans surprise, Romain Gary se place du côté des rêveurs. Oui, la guerre est épouvantable. Oui, les femmes y sont violées, les hommes fusillés, les enfants abandonnés. Oui, on n'en voit pas la fin et chaque jour est une occasion de plus de sombrer. Pourtant, un jour viendra où la guerre s'arrêtera, un jour « couleur orange » comme le disait Aragon où toutes les plaies seront cicatrisées et où les nations vivront en paix. C'est beau, c'est très beau même, et on n'a beau avoir du mal à y croire, c'est toujours réconfortant de lire un livre si porteur d'espoir. « Education européenne » ce n'est pas un roman sur les patriotes polonais, mais un livre sur tous les résistants contre l'oppression, quels que soient leur pays, leur continent et leurs raisons de combattre. Pas l'oeuvre la plus aboutie de Romain Gary, mais puissante et touchante tout de même.

« Un jour pourtant, un jour viendra couleur orange
Un jour de palme, un jour de feuillage au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »

(« Un jour, un jour » d'Aragon. Merci Ferrat ! Nan parce qu'allez pas vous imaginer que je connais Aragon par coeur quand même…)
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