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Critique de Folfaerie


Merci à Gwen21 de m'avoir permis de gagner ce titre, qui me permet d'agrandir ma collection Gaskell.

Ma camarade blogueuse avait été moyennement enthousiasmée par ce roman, et je dois dire que je la comprends.

Elizabeth Gaskell a, me semble-t-il, gagné sa notoriété en France grâce à Nord et sud. Roman particulièrement réussi se situant à mi-chemin de l'univers de Jane Austen et Charles Dickens. Cranford ne relève pas de cette catégorie. C'est une peinture minutieuse d'un microcosme particulier, des scènes de la vie provinciale centrées autour d'un groupe de vieilles demoiselles (ou dames) dont les vies sont, il faut bien l'avouer, totalement dépourvues d'intérêt pour la majorité des lecteurs. Si j'osais, je pourrais même dire que ce livre au charme délicieusement désuet suscite un ennui incommensurable...

Mais curieusement, et comme l'écrivait si bien Somerset Maugham à propos des oeuvres de Jane Austen (et que je reprends à mon compte) "Nothing very much happens in her books, and yet, when you come to the bottom of a page, you eagerly turn it to learn what will happen next. Nothing very much does and again you eagerly turn the page. The novelist who has the power to achieve this has the most precious gift a novelist can possess."

Les demoiselles de Cranford ont une haute opinion d'elles-mêmes, sont véritablement agaçantes dans leurs petites manies, assommantes dans leurs conversations et ont des vies aussi palpitantes que celles d'une tribu de koalas !

Et tout le sel de ce roman réside dans ces petits riens, ce calme plat, cette pudeur qui pousse une femme à parler d'économies plutôt que de pauvreté, dans ces regrets et ces soupirs, ces occasions perdues, ces rendez-vous manqués et marques de résignation qui égrènent toutes ces années passées à parcourir les mêmes rues, observer le même sempiternel cérémonial pour le thé ou encore sortir d'un magasin sans rien avoir acheté.

Quelquefois, un minuscule événement vient distraire ces dames de leur perpétuelle monotonie. Alors, on les devine capables d'humour, de générosité, de fantaisie.

Et l'on finit par se prendre d'affection pour toutes ces braves femmes, lentement, au fil des pages. Voilà le véritable tour de force de l'écrivain.

La traduction, toujours délicieuse, est signée Béatrice Vierne.


PS : une adaptation BBC en a été tirée, disponible en coffret avec, je crois, la v.o. sous-titrée en anglais - ça aide. Au casting, entre autres, Judi Dench qui incarne la fragile Miss Matty.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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