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Critique de kuroineko


Je découvre la prose d'Elizabeth Gaskell avec ces Dames de Cranford. Il aurait pu prendre le titre très balzacien de Scènes d'une vie de province.

Cranford est une petite bourgade du Nord-Ouest anglais, un peu en dehors des routes principales. Comme l'indique d'entrée la première phrase "Cranford appartient aux Amazones". En fait d'Amazones résident dans ce charmant endroit désuet des veuves et autres vieilles demoiselles s'efforçant de maintenir leurs rang et dignité avec, il faut bien l'avouer, peu de moyens (et pas que financiers...).

La narratrice, Miss Mary Smith, a grandi à Cranford mais l'a quitté. Elle y retourne cependant chaque année en visite chez l'une ou l'autre de ses chères vieilles amies, toutes ses aînées. Peu d'histoire à proprement parler mais la peinture de la vie calme et surannée qu'on mène dans la bourgade entre tricot et rumeurs (plus ou moins... terribles, plus ou moins... avérées...), parties de préférence et de cribbage, thé et derniers potins (qui souvent datent un peu... comme la mode vestimentaire de ces dames).
Elizabeth Gaskell nous offre un panel de délicieuses anecdotes, truculentes, piquantes ou grotesques (comment récupérer une fort belle dentelle avalée par un chat...).
En toute affabilité, on échange modèle de bonnet et petites piques et allusions, entre deux tartines beurrées. L'oeil de Miss Smith est grand ouvert et ne résiste pas à pointer les petites mesquineries et les ridicules de la féminité cranfordienne. Sans pour autant masquer l'affection qui lie toutes ces femmes.

Le ton du récit pétille d'énergie et de fine ironie. Il n'est pas sans rappeler la plume de Jane Austen. Même s'il se passe peu de choses à Cranford, on ne ressent aucun ennui à lire ces scènes du quotidien. La lecture - accompagnée cela va sans dire d'une tasse de thé - procure un moment très réjouissant. Et donne grande envie de retrouver rapidement la belle vivacité de Mme Gaskell.
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