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EAN : 9782213593159
251 pages
Fayard (23/11/1994)
2.25/5   10 notes
Résumé :
Un homme et une femme refroidis se retrouvent à la morgue.
Ce n'est peut-être pas un hasard.
Tout compte fait, le meilleur stupéfiant reste encore l'amour.

Source : Fayard
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Journée productive aujourd'hui, je publie deux critiques en un jour. Je suis une véritable usine. Waaah.

Jeudi de vacances pluvieux en presqu'île guérandaise. le chat dort sur mes genoux, Bonne-Maman place le mot « COAGULASSE », et moi je désespère de gagner des points avec un T, un X, un K, un W et un Q, un N et un H. Ma grand'mère boit du petit lait. Je tente ma chance, sans espoir :

- Et le Kuwhat, ça marche ?
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- C'est une espèce de gastéropodes qui vit uniquement dans les îles Galapagos.
- C'est vrai, ce mensonge... ?
- Ouais, non. J'essayais. On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher...

Bonne-Maman se lève et prépare le thé en ricanant. Il faut dire qu'elle caracole en tête.

- Sinon, ma galette, tu l'as fini, le livre qui parle d'inceste ?
- Cent ans de solitude ? Ouais. du coup je n'ai plus rien à lire. Sauf un bouquin sur Brassens, mais je comptais me le réserver pour le train.

Elle revient avec les bols chinois hérités de la grand'maman, celle qui était Nantaise et qui a perdu son chien dans les bombardements en '43.

- Tu as lu Quai de la Rapée ? Toi qui aimes les trucs un peu glauques, ça devrait te plaire.
- Jamais entendu parler. Connu ?
- Il a reçu le Prix du Quai des Orfèvres en '95.
- Et '95, c'est un bon cru ?

En attendant que le thé infuse et que je trouve un mot avec ces putains de consonnes, Bonne-Maman redescend avec le livre en question.

- Allez, tu liras ça rapidement. En tous cas, moi, j'avais adoré.

Alors, autant te le dire tout de suite, faire confiance aux goûts littéraires de Mère-Grand reviendrait à demander conseil culinairement parlant à un Angliche. Donc, je suis partie assez mitigée.

Quai de la Rapée a été écrit par un certain Michel Gastine, médecin légiste né à Dreux. On ne trouve aucune trace de lui sur Google Images, donc, à mon grand désespoir, j'ignore s'il porte la moustache.

La première de couverture, comme tu peux le voir, présente le cliché parfait du mauvais polar des années 90. En témoigne le titre en noir sur fond jaune, avec la photo floue et mal cadrée pour l'illustrer.

Voilà qui aurait dû me convaincre de rebrousser chemin, de décliner poliment la proposition de ma grand'mère et de m'intéresser davantage à la rubrique nécrologique des Ouest-France périmés depuis huit mois.

Mais, bonne poire que je suis, j'ai commencé le livre de Michel dès que tout espoir d'une remontada au Scrabble fut anéanti.

Et maintenant qu'il est achevé, que puis-je en dire ?

A la note que j'y ai mise, tu te doutes que je vais botter des culs. Et tu aimes ça, parce que c'est quand même plus rigolo que les dithyrambes, fades et sans grand intérêt. En tous cas, c'est ce que je pense, vu que, si j'aime recevoir des compliments, je déteste en donner.

Bon, alors, pourquoi est-ce mauvais ?

Eh bien, c'est une bonne question, que je me remercie d'avoir posée.

C'est vrai que l'histoire pourrait être pas mal. Une femme vraisemblablement assez jolie – vu la description, j'imaginais une fille comme Carole Lombard, parce que Carole Lombard est une des rares femmes capables de me faire relativiser une hétérosexualité pourtant inébranlable –, une femme jolie, dis-je, qui se retrouve sur une table de dissection parce qu'elle s'est prise trois balles dans le vagin, vraisemblablement en pleines roulades d'amour.

Je fais une pause pour signaler qu'après coup j'ai regretté d'avoir imaginé Carole Lombard mourir pareillement, quoique le légiste – et personnage principal du livre – est formel : elle est morte presque immédiatement. Et puis, au moins, mourir en pleines roulades d'amour, c'est toujours mieux que dans un avion qui s'écrase.

N'est-ce pas, Félix Faure ?

Bon, sinon, sur cette table de dissection, il y a aussi un jeune homme, dont on insiste de nombreuses fois sur la taille absolument démesurée de son appareil génital. Et il se pourrait que, aussi étrange que cela puisse paraître, les deux cadavres se connaissent...

(Imagine les bruits de contrebasse qui font tin-tin-tiiiiiiin.)

L'histoire est donc censée être une poursuite haletante vers le tueur, et le dénouement qui est oh-mon-dieu absolument imprévisible.

Evidemment, dans ma grande générosité, je ne vais pas te divulgâcher la fin comme ça, parce que j'ai un peu de respect pour toi vu que tu lis cette critique. Auquel cas je t'aime et t'embrasse.

Par contre, je vais faire mon possible pour te dissuader de lire cette merde, primée Quai des Orfèvres quand même, c'est à se demander quels étaient les autres candidats.

Si Quai de la Rapée est à bannir de tes petites mains potelées, c'est qu'il est affreusement mal écrit.

D'habitude, quand je dis ça, je n'ai aucun argument. C'est surtout un sentiment. Mais là, non. Il est mal écrit, tout court.

Je ne parlerai pas des coquilles anormalement nombreuses dans le livre – cinq à six sur moins de 230 pages... –, rendant parfois le texte difficilement compréhensible, quand on y remplace « vu » par « lu », par exemple. Mais, déjà, chose insupportable, il est écrit à la première personne. Alors, bien sûr, je n'ai rien contre la première personne, elle est très gentille, là n'est pas le problème, la preuve, j'adore Cavanna. Mais là, ça se mêle à un argot désagréable parce qu'employé à mauvais escient (Exemple : « Avec cette grosse bite, ça devait ramoner la cheminée à sec », très classe, on croirait entendre l'ouvrier qui bosse en bas de chez moi), et les personnages parlant tous de la même manière, les dialogues, eux ne se distinguent presque plus de la narration.

Tiens, d'ailleurs, on en parle de ces dialogues qui font dix pages sans qu'il n'y ait un seul répit instauré par une phrase de narration (juste « Il soupira », par exemple...) ? Tant et si bien que tu ne sais plus qui parle, donc tu refais les dialogues avec des voix différentes pour ne pas t'emmêler les pinceaux. Et tu as l'air d'un con. Finalement, le meilleur moment est le rapport du légiste, puisqu'écrit dans un français correct, ne mêlant ni argot, ni dialogues longs comme le discours de Tante Odile à l'enterrement de mon oncle Michel.

J'allais aussi oublier que l'auteur bascule du présent au passé simple, comme ça, sans crier gare. Certes, c'est un effet de style très prisé dans les scènes d'action notamment, aimait à rappeler Monsieur Chabance mon prof' de lettre brassensophile, mais ici, le but n'est vraisemblablement pas de te plonger dans l'histoire, mais plutôt de te perturber, si Michel est un sadique. Ou sinon c'est que Michel est mauvais.

Tiens, j'ai comme qui dirait l'impression que c'est plutôt la deuxième option qui s'impose…

Finalement, une fois rentrée chez moi, j'ai raconté à Maman mes déboires livresques. Elle s'est marrée quand elle a su le titre de livre.
- Et comment tu as pu prendre le Prix du Quai des Orfèvres comme un gage de qualité ?
- Bah, c'est qu'alors les autres livres devaient vraiment être à chier...
- Ah, ça...

Une rapide vérification sur Wikipédia m'a confirmé que le prix du Quai des Orfèvres existe toujours. Mais, forte de cette mauvaise expérience avec Michel Gastine – qui a tout de même récidivé depuis, hélas… –, je ne compte pas ouvrir un polar de sitôt. Et encore moins s'il est primé.

Allez, je m'arrête là, je vais aller lire la rubrique nécrologique du Ouest-France du 23 septembre 2020.
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Quai de la Rapée, une station de metro qui cache en dessous, l'IML l'institut médico-légal avec ses briques rouges , où passent les morts non identifiés ou ceux dont le décès n'est pas naturel.
Docteur Gastine, l'auteur, est aussi médecin, pas médico-légal mais expert près de la cour d'appel dans la spécialité obstétrique.
Les dialogues sont niveau salle de garde, avec de la gouaille, des sarcasmes et de la dérision mais on comprend pourquoi et pour ceux qui y sont passés ne seront pas dépaysés, puisque qu'au sens figuré, la salle de garde désigne l'état d'esprit et les rituels qui règnent dans ce lieu.
Une enquête menée dans le milieu parisien mêlant drogue, meurtres et trafic par un commissaire "à l'ancienne", ami avec le médecin de l'IML qui résout le plus souvent les énigmes.
les investigations policières se partagent la vedette avec l'amitié des deux compères et des nouvelles amours du médecin.
Un polar qui a reçu le prix du quai des orfèvres 1995; un peu décalé en 2022 mais qui, comme d'autres titres et auteurs du 20ème siècle nous replonge dans une période désormais révolue.
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J'aime bien l'idée de parcourir le palmarès des Prix du Quai des Orfèvres comme une sorte de farandole du polar, qui en explore les différents registres, en écule les pires stéréotypes, et peut apporter en matière de lecture le pire et le meilleur des frissons ! le meilleur quand on passe la nuit à lire et le pire quand on se délecte d'imaginer le commentaire acide qu'on va livrer sur les mauvaises fournées.

Avec Quai de la Râpée on se situe dans la deuxième gamme de ces plaisirs coupables... La couverture, qui fait émerger de la brume la façade de la morgue parisienne, sise sur le fameux quai, et le 4eme assez laconique, laissaient présager quelques moments passés dans cet univers refroidissant. D'autant que l'auteur semble lui même du métier... Confirmé dès le premier chapitre qui nous précipite dans la gueule de bois du héros, médecin légiste porté sur l'argot et la vulgarité.

Malgré le plaisir de retrouver le mot "bamboche", redevenu fortuitement à la mode grâce au Covid, j'avoue qu'au bout d'un chapitre, j'étais déjà lassée de l'accumulation de mots improbables. Encore plus de la vulgarité et du sexisme d'un autre temps qui semblent naturels au narrateur. Hummmm, passer encore autant de chapitres ensemble ? Je ne suis pas une fille facile.
Me laissant le temps de la réflexion j'ai fait mon enquête babelionaute et j'ai passé un excellent moment d'humour et de lecture avec la critique de Galette saucisse sur cet improbable polar.

Je l'abandonne sans états d'âmes et revient à des valeurs sûres : la suite de la saga Monk qui m'attend !
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Max Silor est médecin légiste à l'Institut médico-légal de Paris, sis Quai de la Rapée. Il est expert auprès des tribunaux. Son meilleur ami, Yves Kervenec appartient à la police . du fait de leurs professions , les deux amis travaillent souvent de concert, pour résoudre des meurtres, des suicides, vrais ou maquillés, des accidentés de la route pour évaluer la responsabilité des tiers auprès des assurances.
Deux cadavres attendent d'être autopsiés sur la table d'examen : un homme et une femme. Leurs morts suspectes semblent être liées l'une à l'autre. Grâce à nos fins limiers, l'énigme sera, comme de bien entendu, résolue. de plus notre médecin légiste retrouvera l'amour, suite à l'intervention dans sa vie privée de son meilleur ami...
Encore un Prix du Quai des Orfèvres ( 1995) qui me déçoit. L'intrigue est bonne. La description des différentes étapes de dissection , la prise de notes, la rédaction des conclusions des examens nous permet de suivre l'avancée des travaux mais le rythme n'est pas présent. La romance amoureuse de notre héros semble plaquée là pour relier les deux personnages principaux. Je ne suis pas du tout pudibonde mais ce roman est un peu trop crû. Ce récit indique cependant les relations plus ou moins tordues qui existent dans le milieu de la pègre qui gangrène notre société.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Tu ne vas quand même pas finir dans la décrépitude en laissant le bonheur te filer sous le nez ? Mais sais-tu seulement ce qu’est le bonheur ?
- […] Quand j’étais étudiant, un de mes vénérables maîtres disait : « Le jour où, comme moi, vous serez enquiquinés par votre prostate et que vous serez contraints d’uriner en vous appuyant contre un mur, les dents serrées pour ne pas gémir, vous saurez que le bonheur vous l’aviez éprouvé chaque fois que vous avez pu pisser normalement sans y penser. » […] Tout ça pour dire que le bonheur, on ne le conçoit qu’après l’avoir perdu.
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Je laisse James entreprendre la fermeture rapide du corps de l'Américain. (...)
Quand au crâne, il sera bourré de papier journal et encore de sciure, James appelle ce remplissage, "le bourrage de crâne par la presse".
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Ça parait peut-être rapide en besogne mais à partir d'un certain âge, le temps du bonheur semble tant se réduire que nous ne pouvons nous permettre d'en perdre une miette.
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Parce que je pense que celui qui aime trop les bêtes n'aime pas assez ses semblables.
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-Dame, quand on copine avec le diable, on finit par goûter à sa soupe.
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