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Citations sur Mariage d'automne (9)

La plupart des Auvergnats n'envisageaient pas de spéculer en Bourse, ce qui leur paraissait trop risqué et malhonnête. Ils préféraient travailler sans ménagement, la seule façon à leurs yeux de s'enrichir honnêtement.
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Ici, la nature n'est pas généreuse, le sol est ingrat, pauvre, rocailleux, gelé une bonne partie de l'hiver, sec et poussiéreux l'été, mais on y est né, on y mourra sans doute, et entre temps il y aura eu du bonheur.
Ce paysage, ivre de beauté et de lumière, vous plaque dans la tête une envie de vivre et d'aller de l'avant avec courage.
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Antoinette avait mis au monde dix enfants en dix-huit ans de mariage !
En même temps qu'elle les avait portés, allaités, il avait fallu qu'elle travaille aux champs, dans la maison, qu'elle file sans relâche le chanvre et la laine durant les interminables veillées d'hiver. Son corps semblait épuisé, les derniers enfants étaient chétifs. Mais cela n'entamait en rien sa bonne humeur et son courage. Elle était toujours gaie, enjouée, optimiste :
- Les enfants, c'est notre richesse !
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Il y avait huit enfants à nourrir autour de François et Antoinette, qui attendait le neuvième pour la fin de l'année.
Avec toutes ces bouches à nourrir, les Sognat devaient travailler de plus belle. Les journées étaient longues. (...)

Antoinette dirigeait les opérations avec vivacité. C'était une petite femme active, très travailleuse, d'un naturel toujours gai, coquette malgré sa condition sociale. Elle fut la première du canton à posséder un parapluie. Un colporteur vendant fils, boutons et autres articles de mercerie une ou deux fois par an lui avait présenté cet accessoire insolite pour l'époque. Elle avait tout de suite été séduite (...)

Les soirées d'automne et d'hiver étaient interminables, fatigantes, seulement éclairées par l'âtre. Mais c'était le moyen le plus efficace pour améliorer l'économie familiale. Le chanvre se vendait bien, même si la fabrication de toiles à Montsalvy commençait à décliner avec la concurrence de l'importation de coton.
François se lamentait :
- Tout ce travail durant des mois ! Pourvu qu'on vende bien quand ce sera le moment.
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Chacun repartit de son côté avec le sentiment du devoir accompli : trois jours chez l'un, la semaine suivante chez l'autre, avec l'envie de se rendre service dans le travail comme dans les difficultés. Oui, il faisait bon travailler à Lalo et alentour. Les êtres n'y étaient pas exigeants mais courageux. Ils demandaient juste à la terre de les nourrir et à Dieu de les protéger, eux et leurs familles, contre la faim et les maladies.
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La vie paraissait si simple, pleine de promesses malgré cette extrême pauvreté, et il avait plongé dans un profond sommeil.

Antoine avait un caractère épanoui, équilibré, car il n'avait jamais manqué ni d'affection, ni du strict nécessaire permettant de s'accomplir. Il avait une famille aimante, des frères et sœurs unis et il avait reçu l'éducation et l'instruction suffisantes pour faire de lui un adulte heureux.

Il y avait pourtant au fond de son cœur cette pulsion latente, cette contradiction, ce chaos, ce désir de partir un jour, ce refrain lancinant au goût d'ailleurs. Dans ces régions pauvres du Cantal et de l'Aveyron, la faim chassait presque toujours le loup du bois. On commençait à parler dans le canton de Montsalvy de ces gens qui allaient travailler dans la capitale et qui semblaient y être heureux.

Il attendait le tirage au sort de la classe 1867 qui l'enverrait au service militaire pour cinq ans ou pour six mois, au gré du hasard.
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François devait faire face : la récolte de chanvre s'annonçait médiocre, celle de seigle aussi.
Même s'il n'y avait plus de famine depuis cinquante ans, on recensait quand même des années difficiles quand le printemps n'était pas clément, et la soudure, d'une récolte à l'autre, était aléatoire.
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[Le passage évoque les écoliers du village, comme Antoine, l'un des fils de François et Antoinette Sognat. Antoine a maintenant onze ans ...]
Ils entrèrent rapidement dans la maison Madamour, la plus grande bâtisse du village, dont deux chambres avaient été réquisitionnées par la commune pour faire office de salles de classe durant la journée.
Le temps n'était pas encore venu de construire des écoles, ni de rendre l'instruction obligatoire. Ici, loin de tout, on enseignait aux enfants sur place, presque à domicile, ce qui facilitait l'assiduité.

Une personne désignée par le maire pour sa compétence et agréée par l'évêque pour sa moralité chrétienne se chargeait de l'enseignement, qui restait toutefois élémentaire : lire, écrire, compter et prier représentaient les quatre aspects de l'instruction nécessaire mais suffisante.
Il régnait un froid glacial dans ces deux pièces au plafond haut et au confort spartiate où six longues tables et quelques bancs étaient installés chaque matin par les enfants (...) Mademoiselle Victorine était l'institutrice. Elle arrivait de Montsalvy chaque matin sur une carriole tirée par un cheval et conduite par son cocher. Elle tenait son rôle avec conviction et générosité. (...)

A Montsalvy, chef-lieu de canton, la place accordée à l'instruction n'était pas meilleure. Une seule salle de classe de cent places avait été installée dans l'ancien réfectoire des moines pour une population de mille trois cents habitants, et un seul instituteur présidait aux destinées éducatives
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Depuis le XVIIe siècle, les Sognat sont laboureurs, producteurs de chanvre, et ils élèvent un troupeau de moutons pour vendre la laine. Ils ont quatre ou cinq vaches dans cette modeste propriété du village haut de Lalo, à quelques kilomètres de Montsalvy.

Situé aux confins de l'Auvergne et du Rouergue, ce lieu est à la fois d'une rudesse et d'une beauté inimaginables pour celui qui n'y est jamais venu.
C'est un paysage de puechs (puys) et de combes creusées par deux ruisseaux : celui des Garrigues et celui du Combal. Lalo est installé à califourchon sur l'un de ces bras de terre maigre et de schiste, entre ces deux vallées.

L'été lui donne des contrastes presque insolents : le noir des zones d'ombre qui descendent jusqu'aux ruisseaux rivalise avec l'éclat du jaune des herbes folles et le mauve des bruyères. Ce théâtre de lumière est à peu près la seule richesse des lieux.

Les Sognat, pourtant, ne se plaignent pas de ce relatif dénuement. Ils ont été façonnés par ce pays. Ils le maîtrisent en même temps qu'ils y sont soumis. Ils ont appris depuis toujours à vivre ici, entre la rudesse de l'hiver et la chaleur des trois mois d'été.

Les Madamour, les Sognat, les Astié, les Couderc, les Brommet vivent là, presque en autarcie, depuis des siècles.
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