AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nicolas9


Cet essai sur le plaisir de la marche débute par une expérience de vie prégnante : un dysfonctionnement de la thyroïde qui a coupé les jambes de l'auteur durant plusieurs mois. Après avoir dû réapprendre à se tenir sur ses deux jambes, Cécile Gateff doit apprivoiser une fatigue inconnue, digne d'une nonagénaire en mauvaise santé. Et, lorsqu'elle n'en peut plus, elle lit les récits des grands voyageurs à pied du XIXe siècle : Flaubert, Thoreau, Lacarrière, Stevenson...

Elle le reconnaît sans fausse pudeur : cheminer à son rythme lui a littéralement sauvé la vie. D'ailleurs, j'ai dévoré les pages qu'elle consacre à sa rééducation tant elles sonnent juste, emplies qu'elles sont d'humanité.

Hélas, la suite n'est pas au diapason, et cela pour une raison assez simple : au lieu de continuer à parler de son ressenti de marcheuse, elle préfère écrire un « traité de la marche » puissamment ennuyeux, car stérile. On a l'impression de lire une thèse universitaire dont l'ambition serait la compilation de dizaines d'ouvrages d'auteurs plus ou moins reconnus.

Tout y passe, du soin des pieds aux endorphines qui « dopent » le piéton régulier en transitant (-:par le système digestif ! Stop, n'en jetez plus !

J'ai pourtant essayé de m'accrocher en enjambant les passages les plus pédants : « Au XVIIe siècle avant notre ère, les Hyksos, envahisseurs asiatiques venus de l'Est, dominent l'Égypte, introduisant des éléments technologiques (pardon pour cet anachronisme) indo-européens tel l'usage, pour la guerre, du char attelé de chevaux ; on le vérifie lors des deux grandes batailles de Meggiolo en -1469 et de Kadesh en -1294. Mais, dès la plus haute Antiquité, les armées ont dans leurs rangs des fantassins qui se déplacent sur des distances considérables. »

Quel rapport avec « Marcher pour vivre » ? C'est là tout le problème : à force de vouloir toucher à tout, on n'apprend presque rien une fois passées les vingt premières pages... Vous ne me croyez pas ? Alors, lisez plutôt ce qui suit :

« Étudier sur une carte, avant de partir, l'itinéraire choisi évite parfois de mauvaises surprises : on peut mieux en mesurer la durée, la distance, apprécier les dénivellations et prévoir des endroits où s'arrêter, des refuges, ainsi que d'éventuels trajets de repli. de même, pendant la marche, il ne faut pas hésiter à vérifier régulièrement sa position sur la carte. Ajoutez une marge au temps estimé pour le trajet : vous pouvez avoir besoin de vous arrêter, de prendre un chemin plus long que prévu. Si vous partez pour plusieurs jours, adaptez vos étapes et prévoyez un hébergement permettant de récupérer dans de bonnes conditions. »

A moins d'être un débutant absolu, ces conseils sont d'une telle évidence... Après tout, pourquoi pas. Mais alors, pourquoi ne pas les avoir placés dans la première partie consacrée au vécu pédestre de l'auteur ? A force de passer du coq à l'âne sur 250 pages, on ne sait plus pourquoi on a commencé ce bouquin ni quel est son fil conducteur. Quand on écrit sur la marche, quel sens cela a-t-il d'égarer le lecteur ?

Il aurait été mille fois préférable que Cécile Gateff continue à témoigner de son ressenti une fois sa convalescence achevée. On aurait ainsi pu découvrir comment elle gérait la fatigue, le découragement, la récupération, ses lieux préférés, ses motivations à poursuivre sur le long terme... Bref, de l'utile et du concret. Car, à force d'élucubrer, on se demande si la marcheuse est déjà allée plus loin que le Bois de Vincennes ou les pelouses du jardin du Luxembourg...
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}