Deuxième tome de la saga des Ogres-Dieux, Demi-Sang raconte l'histoire de Yori – mais si ! Vous savez, le chambellan qui se fait à moitié écrabouiller par la reine Émione quand elle lui demande de retrouver Petit.
Vaguement dubitative au début – comment égaler la qualité du premier volume ? – j'ai rapidement été séduite. Autant Petit est un héros au sens propre du terme, autant Yori est un bel-ami aussi opportuniste que manipulateur.
D'un autre côté, difficile de ne pas le comprendre. Fils bâtard d'un Noble-né, lui et sa mère sont chassés après qu'il ait été violenté par ses demi-frères. Vivant désormais dans les bas-quartiers de la ville, le voilà contraint de travailler dur pour permettre à sa mère de vivre.
Travailler, mais aussi voler… et se prostituer.
J'ai été fascinée par ce personnage tout en nuances. Il m'a eue à plusieurs reprises : quel acteur, mes dieux ! S'il n'y avait ces réguliers retours dans le présent, où on le voit sous son vrai jour, je serai complètement tombée dans le panneau.
À cause de son ambition démesurée, il fait souffrir celleux qui tiennent à lui : sa mère, sa femme, ses enfants. À aucun moment il ne s'en rendra compte. Tout ce qui l'intéresse, c'est damer le pion aux Nobles-nés. Se venger – surtout de son père. Prendre le pouvoir.
Encore une fois, c'est un ouvrage qui mélange bande dessinée et textes. le dessin est fidèle à lui-même : irréprochable, simple, clair et en même temps finement travaillé. En revanche, les plages de texte m'ont moins intéressée. Je les ai lues pour avoir bonne conscience, mais l'histoire des chambellans qui ont servi les ogres est moins palpitante que celle des ogres eux-mêmes.
Et quelle fin, mes aïeux ! Quelle apothéose ! Toute en subtilité, pleine d'un cynisme retors et pervers. Merveilleux ! Yori a enfin atteint son objectif : au prix de son oeil, de son corps, de la vie de la plupart des personnes qu'il connaît, de son lien fusionnel avec sa mère (sur laquelle il a reporté toute son affection), il est incontestablement l'humain le plus puissant et le plus riche du pays. Tant que les dieux vivront – et ils vivront éternellement – sa position et celle de sa famille seront intouchables. Parce qu'il a su se rendre indispensable.
Quand on a lu le premier tome – et évidemment qu'on l'a fait – on ne peut que blêmir en songeant à la fin de Petit. Ce tome-ci se conclut juste avant la chute des ogres. Quelques semaines ? Quelques jours ? Quelques heures ? Ne sais. Yori savoure son amère victoire, sûr d'en avoir fini avec les sacrifices.
Savoureux. Si bien pensé.
Je referme ce volume, particulièrement satisfaite et impatiente de voir la suite paraître.
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