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EAN : 9782343196565
224 pages
Editions L'Harmattan (15/04/2020)
4.58/5   12 notes
Résumé :
Au départ, un projet magnifique. Partir vivre en famille au paradis : la Nouvelle-Calédonie.
Marie atterrit sur ce territoire encore secoué par les conflits récents politiques et ethniques survenus à la fin des années 80.
Dans ce décor lumineux de carte postale, le bonheur escompté n’est pas au rendez-vous.
Loin de son univers familier, Marie va rapidement se retrouver très seule et devoir reconsidérer ses choix.
Ce séjour en terre d’exil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Septembre 1991. Roissy.

A l'aube, sous un ciel morose, Marie embarque dans cet avion qui va la conduire à l'autre bout de la terre. Luc, son mari, a décroché un job intéressant à Nouméa, Nouvelle-Calédonie. Trois escales, trente heures de vol avant de pouvoir déposer les valises sur cette petite île au large des côtes australiennes. Camille et Pierre, leurs enfants, se sont déjà endormis à leurs côtés. Une nouvelle vie commence…

En France, Marie a laissé ses parents et ses deux soeurs. Elle est la seconde de la fratrie… Elle est celle qui n'était pas voulue, l'inutile, l'invisible… Pas assez grande pour être celle sur qui on compte, pas assez petite pour être celle que l'on chérit.

Cette parenthèse de vie sur les terres du peuple Kanak s'apparente pour Marie à un exil, une vie d'expatriée sur une terre où elle n'existe plus vraiment, ni ici ni là-bas.

« Parfois, même le bonheur peut faire mal quand il est éphémère ».

Loin des siens, Marie cherchera à maintenir vivants ces fragiles liens avec cette famille qu'elle aime malgré les douleurs résiduelles du passé. Mais face à ce nouveau monde qu'il lui faudra apprivoiser et un mari de plus en plus fuyant, elle devra se redécouvrir seule, brûler les terres de sa vie qu'elle croyait fertile jusqu'à en renaître dans ses cendres, retrouver le regard de cristal pur du nouveau-né au contact de sa mère…

Les absents s'effacent-ils un jour dans le coeur de ceux qu'ils aiment, lorsqu'ils en sont séparés ?



Au fil des pages, j'ai progressivement glissé avec Marie sur les pentes insidieuses de la solitude et de l'isolement, affronté les cyclones de la rivalité et de l'humiliation et plongé avec elle dans les eaux sombres et glaciales de la dépression.

Avec sa plume simple, directe, efficace, Cyrielle Gau m'a embarqué au côté de Marie. Je l'ai rapidement et agréablement comparée au personnage de Charlotte, jouée par Scarlett Johansson dans l'excellent « Lost in Transation », film de Sofia Coppola avec le non moins excellent Bill Murray.

Cyrielle Gau construit son roman comme un livre-témoignage à la première personne, comme un nécessaire besoin de la narratrice, Marie, d'exorciser ses démons d'Outre-mère… C'est un premier roman et c'est à mes yeux bien construit, prenant et très efficace !

Merci de m'avoir fait découvrir ce roman, Cyrielle !
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Ce n'est pas par hasard si j'ai sélectionné ce livre lors de l'opération "Masse Critique" ... Et je remercie les éditions L'Harmattan et le site Babelio de m'avoir permis de recevoir ce roman.

(Attention : Je raconte ma vie ON )

Je suis une casanière née et je n'ai que très peu voyagé dans ma vie. En revanche je suis allée une fois à l'autre bout de la Terre, j'avais alors 24 ans . Direction Nouméa (en février) pour y rejoindre quelqu'un qui me l'avait demandé 6 mois auparavant (en août) en métropole, "pour voir si ..." .

J'y étais tant partie avec l'idée que ce ne serait qu'une première étape avant de m'y installer plus longuement (je suis plan-plan oui ... mais aussi impulsive... et là je ne sais pas , c'était fougueux comme projet , uh uh) qu'arrivée là-bas tout le monde s'est étonné que je n'ai pas pensé à prendre un appareil photo ( et au début des années 2000 on sortait juste des Tatoo et les téléphones portables envoyaient à peine des MMS , uh uh , alors il fallait un "vrai" appareil photo si l'on voulait faire de chouette photo ...)(bon cela dit nous sommes actuellement en 2020 et je n'ai toujours pas de smartphone ... cherchez l'erreur... ou pas ... ).
Et moi-même , en le réalisant sur le moment... je ne me l'explique pas ... Je pense que dans ma tête "comme j'allais y vivre après" certaines choses étaient secondaires pour ce "premier séjour" (j'étais venue là non pas comme une "touriste" mais comme "un test pour voir si ça peut le faire", si "je peux y vivre" ...) et j'avais dû me dire que "j'aurai sûrement le temps de faire la touriste plus tard lorsque je serai installée" (AH! AH!).

Et j'ai donc traversé ces presque trois semaines de séjour là-bas dans un état d'esprit étrange, ni vraiment comme une touriste ni vraiment comme un métropolitain qui viendrait s'y installer, un entre-deux ...

Assez "inconfortable" de ressentir à chaque pas et dans chaque lieu le malaise palpable lié aux tensions entre les communautés, le racisme sourd et ancré, les injustices ...
Galvanisée par l'euphorie liée à ce voyage/ce dépaysement inédits pour moi ... La faune, la flore, les paysages si dingues. La plongée , le bateau, les randonnées etc ... Pour une "pas-sportive-pas-aventurière" comme moi tout était fou génial nouveau différent...
Anxieuse car sans cesse en train de peser intérieurement le pour et le contre pour tenter l'aventure sur un plus long terme (oui car même si nous avons senti dès mon arrivée que c'était mort amoureusement parlant nous n'en ressentions aucun regret et j'ai su vivre ce séjour sereinement, sans abandonner totalement sur le moment l'idée d'un changement de vie radical géographiquement parlant , tant qu'à y être autant tenter l'expérience ...ou pas ... ) .

...etc.

Bref ... tout ça (oui purée , uh uh ) pour dire que ce n'est pas par hasard si j'ai sélectionné ce livre, c'est pour cette île, la Nouvelle Calédonie ...

Et dès la page 21 , quand j'ai lu "C'est en inspirant une grande bouffée d'air moite au déverrouillage des portes que j'ai compris ce que voulait dire une chaleur humide" , tout m'est revenu : la même impression en sortant de l'avion , les lieux évoqués au fil des pages , les paysages etc ...
Et de mon côté je crois que j'ai ressenti, dès cette première bouffée d'air différent, que, même si cette île est magique, "ça ne le ferait pas" (pour m'y installer/travailler/etc).
Car même si je ne les aime pas toutes j'ai trop besoin de la succession des saisons, même si je trouve les plages superbes et magique la proximité de l'océan je n'aime pas l'idée d'être "sur une île" loin de tout , je ne me suis pas sentie "à ma place" à Nouméa, dans cette ville aux paysages idylliques mais où les communautés vivent cloisonnées et où l'on sent une tension liée à un contexte historique et social si douloureux et qui m'était jusqu'alors inconnu ... etc ... (Sans compter que je crois que je savais , dès l'atterrissage, que les 6 mois qui avaient séparés nos corps ne sauraient recréer la magie première de ce fulgurant "amour d'été"...).

(OUF : Je raconte ma vie OFF )

BREF on s'en fiche de ma vie JE SAIS ... c'est simplement que cette lecture a fait remonter touuuute cette "aventure"... .

Pour le reste, sans avoir eu de coup de coeur (je me suis parfois un peu sentie "voyeuriste" dans la vie de ce couple et ce qu'il traversait ... )(en fait je me demande si ce n'est pas lié au fait que ce livre sonne si "vrai" qu'on croit lire une autobiographie plus qu'un roman ...) , et en me sentant étrangère à la façon de penser de Marie (qui se "victimise" pas mal ,toute proportion gardée bien sûr ... ) (+ tous les récits liés aux rêves et à leur analyse alors que je dééééééteste les bouquins où des paragraphes entiers sont liés à des histoires de rêves ... )(je ne sais pas pourquoi mais ça m'a toujours saoulée , quel que soit le bouquin ... j'ai l'impression que comme ce sont des rêves ça ne sert à rien ... je sais biiiiiien que ça a une portée symbolique etc mais bref ... on a tous des trucs qui nous hérissent dans les bouquins et moi ce sont les récits de rêves )(+ les textes de chansons aussi... déroulés sur des pages comme dans le Seigneur des Anneaux par exemple ... Mais alors là : aucun rapport avec la choucroute certes, je dévie à mort , bref ... ) ouh la mes parenthèses sont tellement longues qu'il me faut aller à la ligne pour reprendre le fil ... sinon on va péter un plomb ...
... Je disais donc que je dois reconnaître que, même si tout ne m'a pas emballée , ce livre invite à une certaine introspection , il nous renvoie comme un miroir notre propre histoire personnelle , de "fille de", de "mère de", de "compagne de", "d'expatriée"... du moins cela a été le cas pour moi (même si je le répète : mon histoire n'a rien à voir avec celle de "Marie" et nos réactions/personnalités sont très différentes...).

BREF .


Si je n'avais jamais fait ce voyage je ne sais pas si ce livre m'aurait autant touchée (car comme je l'ai dit : je suis restée assez extérieure aux questionnements personnels de "Marie" et aux réponses qu'elle y apporte...) mais je ne peux nier que c'est une lecture dans laquelle je me suis plongée "pleinement" et qui a ravivé de façon physique mes souvenirs/impressions liées à ce voyage (qui fut de mon côté également un rite de passage à sa façon ... ).
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Parfois, il faut savoir dépasser ses préventions à la vue d'une couverture fadasse - dont on peut penser que l'éditeur l'a imposée - tant elle jure avec la grâce de ce roman.
Parfois aussi, il est difficile de comprendre pourquoi un roman vous attrape et ne vous lâche plus. Rien ne m'y aurait attaché sans doute, si je n'avais rencontré le regard émouvant de Cyrielle Gau lors d'un dîner... J'ai eu envie de savoir ce que ce regard abritait : je n'ai pas été déçu.
Et pourtant, rien de ce récit ne s'adresse à moi, mâle septuagénaire que les afflictions d'une femme en errance ne devraient plus guère passionner...
Et pourtant, dès la première page, sans savoir pourquoi, j'ai su que j'avais envie d'aller au bout de ce voyage. Ou plutôt, si, j'ai su dans l'instant que c'est son style qu'elle installe dans ce prélude qui me mènerait au port. Concis, tendu mais élégant, sans affèterie, tantôt travaillé au scalpel, tantôt d'une immense délicatesse pour cacher les incompréhensions, les absences, les précipices vertigineux des êtres.
Seuls les vrais écrivains savent ainsi planter en une page un décor fait d'apparente simplicité, mais où passe comme un friselis languide auquel on aimera s'abandonner.
Au fil des pages, ce qui finit par convaincre et qu'on admire, c'est l'équilibre que l'auteure trouve pour raconter une autofiction pleine de bruit et de fureur intérieurs à l'aide d'un style magnifiquement contenu. Les mânes de Benjamin Constant qu'elle cite lui servent de viatique !
Je fais partie de ces lecteurs pour qui le style prime généralement sur le contenu. Ici, il permet jusqu'au bout de tenir ce récit à la fois dur et sensible, impitoyable et fragile. Ses qualités descriptives qu'elle utilise avec une économie de moyens remarquable sont manifestes, jamais factices.
« Un crabe vient de passer entre mes pieds. Mon immobilité a dû avoir raison de sa méfiance. Il a été attiré par un bernard-l'hermite en errance qui tente de lui échapper. En vain, une grosse pince l'a happé et le petit mollusque a disparu de la surface de la Terre sans laisser de trace. »
On sent qu'elle aime à peaufiner de jolies trouvailles comme autant de coquillages - ainsi après avoir fait l'amour : « Incognito, le bonheur est entré dans ma poitrine, me laissant d'autant plus surprise qu'il avait déserté les lieux depuis longtemps. »
Elle jongle aussi entre le désir d'expliquer en allant au fond des êtres et celui de nous abandonner au bord des points de suspension qu'elle pose délicatement en fin de paragraphe ou de chapitre, histoire de nous laisser le soin de gamberger à notre tour. Comme autant de béances qui vont aider le lecteur à entrer dans sa tête douloureuse : « le soir, nous avions prévu de dîner au restaurant du gîte. Jusqu'à la fin du repas, j'ai espéré en vain qu'ils n'aient pas oublié mon anniversaire. »
Fin du chapitre ! Qu'ajouter d'autre qui ne serait redondant ? C'est bien au lecteur d'imaginer le chemin...
Ou encore, avec un autre homme : « Qu'il me pénétrât fut presque secondaire bien que ce va-et-vient entre mes reins me fît délicieusement gémir. Tant et si bien que je ne pus jouir. Il y a dans l'orgasme un abandon que l'excitation portée à son comble empêche d'advenir. »
Qu'on se débrouille avec ça qui continue à tourner dans notre petite tête de lecteur - mâle surtout !...

Quant au contenu, deux personnages s'imposent : la Nouvelle-Calédonie et la famille. Cyrielle Gau nous fait vraiment pénétrer au coeur de leur complexité. Et cette complexité nous défie dans les deux cas de juger.
Même quand les enfants que nous avons tous été ont été blessés par des maladresses qui nous poursuivent notre vie durant : « Je compris donc ce jour-là, peut-être à juste titre, que c'était Mathilde que ma mère avait choisie et que je n'avais plus qu'à remballer cet amour pour lequel j'étais prête à mourir. »
Quel estomac de lecteur ne se noue-t-il pas à cet instant ?

Et cependant, le récit bientôt refermé, l'appétit pour un deuxième roman nous saisit...
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Lorsque les Editions L'Harmattan m'ont proposé la lecture du roman de Cyrielle Gau, "Outre-Mère", j'ai tout de suite accepté. Ce n'est pas tant la couverture ou le titre qui m'y ont incité, non, c'est plutôt l'idée de découvrir une nouvelle auteure, puisqu'il s'agit d'un premier roman. J'apprécie toujours de rencontrer une écriture encore inédite.

Pour tout dire, le début de l'histoire, en 1991, sous la forme d'un journal, est des plus simples. Marie et Luc, les parents, Camille et Pierre, les enfants, s'envolent vers une autre vie : "Nous n'étions ni déportés, ni réfugiés politiques, nous partions en famille à Nouméa, Luc ayant obtenu un contrat de mécénat avec la société du Nickel de Nouvelle-Calédonie en tant qu'artiste sculpteur." Rêves de paradis, donc ! Hélas, ce ne sera pas tout à fait ça…ce serait même plutôt le contraire, mais… je n'en dirai pas plus.

Malgré des maladresses, un style parfois pesant et quelques coquilles oubliées, l'écriture de Cyrielle Gau, simple, laisse toute la place aux lieux, aux personnages, au récit et rend la lecture facile. "Quinze jours depuis notre retour et déjà les souvenirs se patinent, adoptant les demi-teintes adoucies par le temps." En même temps que Marie nous fait visiter l'île, "terre d'exil et de bagne", dont elle vante à merveille les paysages, nous raconte les différentes ethnies, les us et coutumes, elle se plonge petit à petit dans une introspection. L'infidélité, les rivalités familiales exacerbées par l'éloignement, vont bientôt lui faire perdre pied "Inerte et prostrée, en marge d'un univers où tout me semble hostile..., dans une chambre anonyme aux murs gris…je m'abandonne à la dépression." L'auteure décortique l'âme et le corps avec précision, analyse les ressentis avec bienveillance tout en laissant à ses lecteurs des portes ouvertes pour leur interprétation personnelle.

J'ai certes regretté que la relation du couple Marie/Luc ne soit pas davantage approfondie, qu'aucune connivence entre eux ne soit ressentie, que Luc soit le grand absent de ce roman, juste relégué au rôle de "trompeur". J'ai regretté de ne trouver aucune empathie envers lui, aucune explication sur le délitement du couple. Pour autant ce roman nous propose un beau portrait de femme. Meurtrie, Marie va réussir à se relever, à se recomposer une vie, à se retrouver… cinq après son arrivée sur un sol qu'elle avait pris pour le paradis.

"Outre-Mère" est un premier roman plaisant.
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  Avec cet ouvrage, j'ai voyagé dans l'espace, la Nouvelle-Calédonie et dans le temps, la vie de la narratrice, Marie. Et ce fut un voyage passionnant : j'ai aimé cette découverte des paysages, modes de vie extérieur (j'ai découvert les kanaks et leur culture)  et intérieur, cette plongée dans l'introspection. Parce que cette histoire est celle de Marie dans sa vie d'épouse, de mère et de femme mais elle est aussi universelle : La recherche de sens, la recherche de soi, la construction de l'identité pendant l'enfance.  Ce roman sensible  évoque les sentiments complexes des relations au sein du couple , au sein de la famille. Elle aborde aussi l'amitié notamment la compréhension entre femmes, avec un personnage haut-en-couleurs Célanie. 
   Partie pour découvrir une expatriation heureuse, je me suis retrouvée à lire un texte que j'ai pensé authentique , une sorte de journal intime de voyage. Ce texte m'a fait penser au laïus que j'ai souvent entendu «  partir ne résout rien ; en voyageant, on emporte ses problèmes. » Dès le début du voyage, on sent une tension entre les personnages et notamment dans le couple qui au fur et à mesure se désunit. Chaque individu vit pour lui.
Cette dureté des émotions, du ressenti , cette folie qui s'empare de sa vie est symbolisée par la violence des éléments météorologiques sur l'île du bout du monde. Marie va lutter contre cette tempête qui chamboule sa vie et va se reconstruire. 
C'est un beau portrait de femme que nous offre Cyrielle Gau : une femme qui se découvre, une femme qui survit , une femme forte et moderne. 
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le gîte se trouve dans la baie de Kanumera, une anse peinte d’or et de lumière. Dessinée comme un vaste bassin, la couleur de l’eau est diluée à l’extrême, le peintre ayant laissé tomber son pinceau à peine mouillé du bleu du ciel. [...] Je me trouvais à la porte des dieux, le paradis devant mes yeux.
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J’ai traversé la pinède. L’ombre sous les arbres était saturée de la chaleur accumulée. Au bout de la route, j’ai senti la brise du mistral. J’ai perçu son haleine chaude chargée des exhalaisons aromatiques des conifères. Son
souffle me poussait comme s’il me chassait.
Arrivée sur la butte là où la pente se fait douce, je me suis retournée pour voir notre maison en contrebas. — C’est sous cet angle que je la préfère légèrement orientée de trois quarts, elle offre au regard ses deux plus
belles façades couvertes d’un enduit ocre pâle avec la tonnelle devant la salle à manger. De plus haut elle paraît petite, sans ostentation elle s’intègre au paysage. J’aime sa simplicité. À chaque coin de mur, les géraniums débordaient de leur jarre et faisaient des taches rouges entre
les restanques. Au-delà des pierres, le talus descendait dans un fouillis d’arbustes vivaces qui venaient se mêler à la prairie jaunissante en cette fin d’été. Avec ses volets fermés, elle semblait endormie, les paupières closes, la forêt alentour prête à l’engloutir.
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Toutes les pièces donnent sur le jardin par des portes-fenêtres à petits carreaux et le salon s’ouvre sur la véranda qui longe tout le côté ouest de la maison.
— Vous serez abrités du vent dominant, continuait d’argumenter Mme Verneuil.
Je me suis accoudée à la rambarde pour admirer un arbre immense.
— C’est un manguier qui donnera des fruits en décembre.
Des bougainvilliers, des hibiscus rouges et une pomme liane au milieu d’herbes folles se font concurrence le long d’un semblant de clôture qui sépare la maison de celle du voisin.
Après avoir enlevé mes sandales, j’ai marché dans le gazon épais qu’on appelle ici « buffalo ». Un tapis doux et vert qui pousse comme du chiendent parfois jusqu’en bord de mer.
Comme la maison se trouve en hauteur, on voit les toits des voisins, un fouillis de tôles ondulées rouges, bleues, vertes côte à côte. Au bout du regard, à l’infini, immense, la mer.
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Il y a dans les ultimes soubresauts de la vie d’un couple quelque chose de terriblement toxique qu’il ne faut pas prolonger.
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Video de Cyrielle Gau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cyrielle Gau
OUTRE-MÈRE - Cyrielle Gau
https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=65702
Au départ, un projet magnifique. Partir vivre en famille au paradis : la Nouvelle-Calédonie. Marie atterrit sur ce territoire encore secoué par les récents conflits politiques et ethniques survenus à la fin des années 80. Dans ce décor de carte postale, le bonheur escompté n'est pas au rendez-vous. Loin de son univers familier, Marie va rapidement se retrouver très seule et devoir reconsidérer ses choix. Ce séjour en terre d'exil, comme un parcours initiatique pour cette jeune femme en rupture avec elle-même, sera le point de départ d'une remise en question fondamentale.
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