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Critique de piccolanina


Et si ...
Et si Pippo n'était pas le fils de Giuliana et de Matteo .
S'il était ton gamin , ce petit qui sait , à peine , faire pipi tout seul . Celui dont tu serres la main , ce matin , pour courir plus vite car vous êtes terriblement en retard ; l'école risque de fermer ses portes aux traînards .
Soudain , il s'écroule à tes pieds . Une balle effrénée , illégitime , s'est plantée dans son corps si menu; son sang s'est mit à couler ; son coeur s'est arrêté ; l'éclat de ses yeux noirs a disparu .
Ton enfant , cette partie , la plus importante de toi-même , a cessé d'exister .
On l'a assassiné !
Pourquoi ?
Pourquoi lui ?

Mais Pippo est bien le fils chéri des " de Nittis " .
Des personnes , simples et honnêtes , qui vivent dans le courage et la foi , malgré la criminalité qui éclabousse " Napoli " cette ville de mafiosi où l'honneur et la vengeance s'associent à de nombreux habitants .

Comment un Napolitain peut-il annoncer à la " mamma " que leur fils unique , le sang de leur sang , le souffle de leur vie , s'est envolé vers le Paradis , parce qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment ; que la la balle qui l'a massacré était destinée à un truand ?

Un jour , les larmes de Giuliana ont fini par se tarir pour révéler des orbites vides , sans âme , de vraies soeurs du néant .
Dans un dernier instant de lucidité , elle a imploré son mari : " Rends-moi mon fils , Matteo . Rends-le-moi , ou , si tu ne peux pas , donne-moi au moins celui qui l'a tué ! " .

Matteo est brave mais il n'est pas un meurtrier .
Doit-il renoncer à la vendetta et partir à la recherche de son gosse ?
Car si sa femme adorée perd de plus en plus la tête , il n'en est pas loin , lui aussi . Il vit dans les ténèbres de la nuit , à bord de son taxi , arpentant les chemins sombres de la cité .
Telle une chauve-souris , ce pauvre hère se gare dans des endroits bizarres que fréquentent surtout des marginaux . Il les discerne péniblement jusqu'à cette minute où surgit Grâce , une habituée des jeux sordides de la chair fraîche .
" A l'église Santa Maria del Purgatorio , s'il vous plaît ... Spaccanapoli . "
" Dépêchez-vous , je dois me confesser " .
Il est quatre heures du matin !

Il va l'attendre comme on attend le Messie !
Cette " Grâce " , au sexe indéfini , l'intrigue . Avec le temps , Ce personnage croustillant va devenir une amie et remplacer sa mère , dans ce café où se tiennent compagnie quelques soiffards , amateurs de vin italien ,bien sûr .

" Toi , tu as besoin d'un café , d'un vrai . Un de ceux qui remettent à l'endroit . Est-ce que tu sais que Garibaldo a le don de faire n'importe quel café ? " .

Et si ...
Le café de Garibaldo , un peu trafiqué , un peu stupéfiant , amélioré aux paroles mielleuses du professeur Provolone ajoutait un certain pouvoir à la crédulité de notre boniface ?
En plus de ce lieu ténébreux , magique qu'est le " Vésuve " avec ses pentes d'ombres qui se fendent pour ouvrir "la porte des Enfers " vers le Feu Eternel " !
Qui sait quelle douce lumière et quel amour se dégageraient de toutes ces âmes parties avec un peu de nous-mêmes , pour y accompagner Matteo à la recherche de Pippo ?

Plus je pénètre dans le monde de Laurent Gaudé ,plus je suis impressionnée , comme envoûtée par son écriture imagée , rapide comme " un sortilège de transfert " à la Harry Potter , à la limite des ombres et des lumières .
Quel maître ! Quel poète !
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