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EAN : 9782742739486
52 pages
Actes Sud (20/08/2002)
4.35/5   75 notes
Résumé :
Alexandre va mourir. Après avoir battu le grand Darius, conquis Babylone et Samarkand, après avoir construit des villes et fondé un immense empire, il est terrassé par la fièvre. Il ne lui reste que quelques heures à vivre. Il ne tremble pas. Il contemple la mort et l'invite à s'approcher pour lui raconter lui-même ce que fut sa vie.
Alexandre parle et la mort l'écoute. Le laissant revivre l'ivresse de son épopée et ressentir, une dernière fois, le désir. Cel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Le Grand Alexandre va mourir.
Il congédie gardes et servantes de sa chambre pour un ultime corps à corps, un dialogue avec la mort. Alexandre l'Ambitieux, conquérant magnifique de trois continents. Alexandre le Vaniteux, qui interpelle la mort sans baisser le regard. Alexandre l'Humble, qui demande une ultime faveur à la mort.
Magnifiquement écrit, ce court ouvrage, classé en « théâtre » alors qu'il faut plutôt parler de poème, se lit rapidement, nerveusement, fébrilement. Et lorsqu'on le dépose, son écho résonne encore longtemps dans le silence de notre condition humaine.
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Le Tigre bleu de l'Euphrate a été ma première rencontre avec Laurent Gaudé, et sans doute la première fois que j'ai rendu un livre à la bibliothèque pour aller l'acheter immédiatement ! Il fallait que je le possède, que je puisse relire encore et encore ce chant funèbre plein de vie, de désir.
Alexandre se meurt. le grand conquérant ne sera bientôt plus et à l'heure ultime, un monologue lui vient aux lèvres.... ou plutôt un dialogue, dialogue avec la mort où il dit sa vie, ce qu'il fut, l'appétit qui le tenailla comme l'éperon tenaille le cheval. Il dit ses ennemis aussi, il dit Darius, il dit ce qu'il a vu et dans les mots de Laurent Gaudé, j'ai découvert ma pièce contemporaine préférée, à propos d'un roi mort il y a des siècles !
Le Tigre bleu de l'Euphrate est désormais numero 1 sur la liste des pièces que je rêve de voir un jour représentées.
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Ce texte fut donné comme sujet de commentaire au bac de français en 2015. de nombreux candidats n'avaient alors pas réussi à déterminer si ce «Tigre bleu» qu'Alexandre le Grand avait suivi, était le fleuve ou l'animal. Ce qui avait suscité de nombreuses interrogations.


Ce beau texte raconte les derniers instants de la vie d'Alexandre le Grand.
Ce grand conquérant qui ne craint pas la Mort, pire qui l'invite à s'approcher le plus près de lui, car il veut voir son visage.
Alexandre lui raconte alors sa vie, sa faim de conquêtes, ses guerres, ses ennemis. Il se souvient du nombre hommes qui se sont sacrifiés pour lui, sur les champs de batailles.
Il lui raconte sa rencontre avec la majestueux Tigre bleu.


Je vous donne un extrait:
(..) J'ai brûlé mes dernières forces à tout te raconter.
C'est à mon tour de te demander quelque chose.
Je te vois sourire.
Tu crois deviner ce que je vais demander.
Ce que tous les hommes demandent.
Echapper à ta loi.
Connaître l'immortalité.
Tu te trompes.
Je n'ai pas besoin de toi pour être immortel.
Je me suis occupé de cela.
Les hommes, à jamais, se souviendront de mon nom.(..)

C'est beau ! C'est du Laurent Gaudé
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Nous avons tous connaissance de notre finitude mais nous jouons à cache-cache avec elle. Nous ne la pensons jamais pour nous-mêmes, à moins d'y être intimés, parce qu'elle est très inconfortable. La mort est un postulat que nous acceptons d'autant plus facilement que nous nous en distancions affectivement. Oser regarder la mort face à soi est en revanche un exercice vertigineux. C'est celui auquel doit se plier le grand Alexandre, conquérant, inconquis, indocile, ivre de liberté. Un texte saisissant. Comme un cri.
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Encore une fois je me suis laissée entraîner par la beauté de la poésie de l'écriture de Laurent Gaudé. Une écriture forte et simple à la fois. Cette fois, nous suivons les derniers instants d'Alexandre. Celui-ci est mourant et revient sur sa vie, sa quête de grandeur, ses choix, ses regrets. Un récit donc à la première personne, aucun dialogue même si des personnages gravitent autour d'Alexandre. Je me suis souvent dit d'ailleurs que j'aimerais le voir sur scène car c'est une prouesse et de metteur en scène et de comédien de jouer ce texte. Ce qui sont réticents au texte de théâtre y trouveront sans doute leur compte, pas de dialogues ni de personnage à foison, pas de didascalie ce qui laisse libre court à l'imagination du lecteur qui peut lire ce texte comme une nouvelle. Ensuite nul besoin d'être un expert en histoire pour apprécier ce texte où Alexandre apparait comme une personne profondément humaine, que c'est beau quand il parle du Tigre mais aussi de Darius ou encore de ces aspiration à un royaume sans frontière et métissé. Les descriptions sont fabuleuses. Pour ma part j'ai été conquise par ce personnage et par la façon dont il narre son histoire.
Lien : http://jailu.vefblog.net/Le_..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Tu acquiesces?
Oui, il me semble voit ta tête se pencher doucement.
Mais je n'en suis pas sur.
Tout se trouble à nouveau.
Il est temps de mourir,
Je le sens.
Je ne reculerai pas.
Je veux être nu,
Sans tunique, ni diadème,
Avec juste, entre mes dents de mort, la pièce rouillée qui suffit
à payer mon passage.
Tu sais qui je suis,
Tu me reconnaitras dans ma nudité.
Prends pitié de moi,
Je vais mourir maintenant,
Et tu pourras à ta guise me serrer dans ta main de juge infaillible.
Je vais mourir seul
Dans ce feu qui mon ronge,
Sans épée, ni cheval,
Sans ami, ni bataille,
Et je te demande d'avoir pitié de moi,
Car je suis celui qui n'a jamais pu se rassasier,
Je suis l'homme qui ne possède rien
Qu'un souvenir de conquêtes.
Je suis l'homme qui a arpenté la terre entière
Sans jamais parvenir à s'arrêter.
Je suis celui qui n'a pas osé suivre jusqu'au bout le tigre bleu
de l'Euphrate.
J'ai failli.
Je l'ai laissé disparaitre au loin
Et depuis je n'ai fait qu'agoniser.
A l'instant de mourir,
Je pleure sur toutes ces terres que je n'ai pas eu le temps de voir.
Je pleure sur le Gange lointain de mon désir.
Il ne reste plus rien.
Malgré les trésors de Babylone,
Malgré toutes ces victoires,
Je me présente à toi, nu comme au sortir de ma mère.
Pleure sur moi, sur l'homme assoiffé?
Je ne vais plus courir,
Je ne vais plus combattre,
Je serai bientôt l'une de ces millions d'ombres qui se mêlent et s'entrecroisent dans les souterrains sans lumière.
Mais mon âme, longtemps encore, sera secouée du souffle du cheval.
Pleure sur moi,
Je suis l'homme qui meurt
Et disparait avec sa soif.
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"Regarde mon visage, Alexandre, dit-il.
J'ai vu tes yeux se troubler lorsque je me suis avancé tout à l'heure.
Tu ne m'as pas reconnu et pourtant mes traits t'étaient familiers. Et maintenant que tu sais que je suis Koinos, tu te demandes pourquoi tu as mis tant de temps à me reconnaître.
Je suis un des tiens depuis la première heure,
Et tu n'oublies pas tes soldats.
C'est le temps, Alexandre, le temps qui a grimé mon visage, le temps qui m'a apposé un masque de fatigue qui me colle à la peau et que je ne peux plus enlever.
Nous t'avons suivi partout, Alexandre.
Et là où tu nous menas, aucun autre que toi n'aurait pu nous mener.
Aujourd'hui nous sommes épuisés.
Nous avons mis tant de terres entre nous et notre Grèce natale que nul ne peut savoir si nous ne mourrons pas de vieillesse ou d'épuisement avant d'en revoir le sol.
Je pourrais te dire, Alexandre,
Que je veux veux revoir ma femme et mes enfants,
Revoir les miens, les embrasser, leur raconter nos prouesses et ta grandeur,
Mais ce n'est pas cela.
Ma femme est probablement mariée à un autre homme,
Mes enfants étaient si petits lorsque je suis parti
Qu'ils ne se souviendront pas de moi.
Je sais tout cela.
Je l'ai accepté depuis longtemps.
Ce que tu m'offris en échange, qui peut se vanter de l'avoir connu?
Mais aujourd'hui, Alexandre, ce n'est pas ma femme ou sur mes enfants que je pleure,
C'est sur ma terre,
Sur la douceur de la Grèce,
Sur la chaleur de mes montagnes, plaquées de soleil et surplombant la mer.
Je suis vieux, Alexandre.
Il ne me reste plus longtemps à vivre,
Et c'est sur ma terre que je voudrais mourir.
Combien d'entre nous sont morts sur la route?
Souviens-toi des noyés de Tyr.
Souviens-toi des corps écrasés sous les éléphants de Gaugamèles.
Souviens-toi des chutes dans les montagnes du Caucase
Et des hommes engloutis sous la boue de l'Indus.
Combien d''entre nous ont connu ces morts-là, sans sépulture ni prière?
Combien d'entre eux qui puent aujourd'hui au soleil
Ou qui ont même cessé de puer et que le vent disperse pour qu'on ne sache où ils sont tombés?
Je suis vieux Alexandre.
Et même si je pars maintenant, sans perdre une minute, je ne suis pas sûr d'arriver jusqu'en Grèce.
Ecoute-moi, Alexandre,
Je suis Koinos, je me met à tes genoux et je te demande une tombe en terre Hellène pour mon vieux corps fatigué."
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Sans réveiller personne, me faufilant en silence à travers les tentes,
je suis allé retrouver Bucéphale.
Je l'ai sellé et suis parti vers les berges du fleuve.
Il faisait encore frais.
La brume de l'aurore montait de la terre, et c'était comme des nuages qui couraient à mes pieds.
Tout dormait d'un silence de rêve.
Aucun chant d'oiseau encore,
Aucun cri de bête,
Pas même un bruissement de l'eau que la brume semblait étouffer.
Je contemplais ce grand fleuve barbare, la rive ennemie, là-bas,
au delà du cours infranchissable,
Et c'est là que je le vis.
A une centaine de pas devant moi, avançant avec précaution dans les hauts roseaux du fleuve,
Un tigre bleu.
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" Babylone qui n'en revenait pas d'ouvrir ses portes violées à un roi étranger,
A la peau blanche et aux boucles blondes.
...
Babylone qui avait dormi pendant des siècles, bercée par le doux frivoles des palmes que les eunuques agitent inlassablement.
Babylone que je réveillais de mon rire barbare,
Et qui se redressa tout à coup, comme une vierge qui se baigne et qui cherche désespérément un drap pour cacher sa nudité.
Oui j'étais à Babylone."
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J'ai compris que j'étais un roi que rien ne rassasie.
Et que cette faim qui me rongeait les sangs,
Cette faim de terre
De foule
Et de vitesse,
Rien, jamais, ne l'apaiserait jusqu'à la mort.
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Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
le nouveau livre de Laurent Gaudé paraît le 10 avril. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/terrasses #litterature
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