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3,8

sur 793 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À Babylone, en plein banquet, Alexandre, le monarque le plus puissant d'Asie s'effondre terrassé par la fièvre. Il se meurt et les généraux s'affolent mais à peine sera-t-il mort qu'ils se déchireront et se disputeront l'héritage.
La dépouille d'Alexandre étant un enjeu majeur, il a été décidé de la renvoyer à sa mère patrie et c'est Dryptéis, fille de Darius et veuve d'Héphaistion qui va devoir escorter l'âme de celui qui lui a pris tout ce qui faisait sens à sa vie.
Sous la plume de Laurent Gaudé, les derniers jours d'Alexandre le Grand vont devenir une véritable épopée. Il va réussir à réécrire la légende et à nous tenir en haleine jusqu'au bout.
Laurent Gaudé renoue ainsi avec le souffle épique qui a fait le succés de la mort du roi Tsongor.
Épopée, tragédie, roman historique, un peu tout ça à la fois, Pour seul cortège accompagne la dernière chevauchée du grand conquérant, en approchant parfois le fantastique.
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Chant lyrique aux forts accents héroïques, "Pour seul cortège" tient davantage de la chanson de geste que du roman. le rythme, le phrasé, la narration chorale, le sujet, tout concourt à exalter le lyrisme de la plume de Gaudé.

Un lyrisme qui m'a d'abord gênée et empêchée de pleinement entrer dans le récit et puis, comme on se laisse bercer par la voix d'un conteur, j'ai petit à petit calé mon pas dans celui des narrateurs, je me suis comme amalgamée au récit, me laissant porter par les mots et la poésie déconcertante du propos.

Gaudé a choisi de s'intéresser à l'une des figures les plus légendaires qui a enfiévré des générations d'historiens : Alexandre le Grand, et plus particulièrement le mystère qui entoure sa mort à seulement trente-deux ans, mystère de sa sépulture qui a rendu insomniaques des générations d'archéologues - et ça continue. "Pour seul cortège" creuse le mythe pour en extraire une forme de spiritualité façonnée par le charisme du conquérant, son influence sur son armée et sur les peuples conquis et ses actes politiques et guerriers. Pour faire oublier que cet homme à l'ambition démesurée a succombé à des vers intestinaux, ce qui n'est pas franchement glamour, Gaudé place son récit dans un entre-deux risqué et subtil entre exégèse et interprétation mythologique, échappant avec talent au piège du panégyrique basique.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est que l'auteur m'a emportée loin, très loin, dans cette Antiquité tellement floue et immatérielle en raison des rares vestiges qu'elle nous a laissés. J'ai aussi été soulagée d'échapper aux poncifs : on ne mentionnera ni Aristote, précepteur du conquérant, ni Bucéphale, son non moins célèbre destrier qu'il aurait apprivoisé à l'âge de dix ans. On ne parlera pas non plus des femmes d'Alexandre, des nombreuses cités qu'il a fondées à travers son empire mais comme un pied-de-nez à tous ces livres d'histoire qui expliquent que la conquête du conquérant s'est arrêtée au fleuve Indus, l'auteur s'ingéniera à repousser la conquête jusqu'au mystique Gange, dans une fantastique fantasmagorie digne des plus grandes élégies.

Mais au-delà de la figure épique d'Alexandre, l'auteur veut marquer que si certains hommes accèdent à l'immortalité, leur héritage sera toujours soumis aux mêmes médiocrités : fractures, dissensions, discordes, déchirements, ambitions révélées, guerres fratricides... comme si la grandeur ne pouvait appartenir qu'à ces grandes figures, laissant dans l'ombre ceux qui restent une fois qu'elles sont entrées au Panthéon de l'Histoire.


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Challenge RIQUIQUI 2021
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Le grand Alexandre se meurt. Alexandre le Grand est mort. On lui prépare un cortège et les guerres internes se dessinent déjà et les nouveaux conquérants s'installent. Avec les mots de Laurent Gaudé, on fait le dernier voyage d' Alexandre, entouré de Ptolémée, Perdiccas, Dryptéis, Roxanne, soldats, pleureuses, amis fidèles et les autres. Un cortège funèbre traversant les frontières pour porter ce grand roi chez lui, en terre natale. Un récit épique raconté avec les mots de Laurent Gaudé c'est toujours un bonheur.
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J'avais déjà évoqué dans une de mes critiques à quel point l'écriture de Laurent Gaudé faisait naître en moi des émotions que seule la musique est capable de me procurer.

Pour seul cortège, ce sont des voix d'hommes et de femmes qui s'élèvent, merveilleuses, qui sonnent comme une menace. Des voix qui se répondent, des voix qui se perdent.
Pour seul cortège, ce pourrait être le Kyrie de Mozart ou encore le poème profane O Fortuna mis en musique par Carl Orff.

Et quoi de mieux qu'un requiem pour accompagner Alexandre le Grand jusqu'à sa dernière demeure ?


Je ne connais pas grand chose de la vie d'Alexandre le Grand mais ça n'avait que peu d'importance finalement. Laurent Gaudé a une telle musicalité dans ses phrases qu'il suffit de se laisser porter, et même si la fin m'a quelque peu désarçonnée, j'ai apprécié le voyage...


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Laurent Gaudé ou l'assurance de passer un bon moment.

On retrouve les ingrédients bien connus de l'oeuvre de l'auteur: un coin de Moyen Orient, du Liban aux rives du Gange, dans l'Antiquité, des filles de rois déchus, des conquérants sans morale, une porosité entre le monde des vivants et le monde des morts. Et bien sûr une forme chorale et une ressemblance avec les tragédies grecques où nul mortel n'échappe à son destin, aussi puissant soit-il.

Si je voulais être honnête, mais je ne le suis pas, trop aveuglée par mon amour pour la plume de Gaudé, je pourrais dire que j'ai trouvé Gaudé un peu moins inspiré que d'habitude, avec une plume un peu plus fade et des personnages moins convaincants. Mais ce serait en comparaison de Médée Kali, qui est un chef-d'oeuvre absolu.
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Décidément, Gaudé explore de multiples univers dans ses romans. Dans le présent récit, on recule à une époque lointaine, au IVe siècle avant notre ère, au moment où l'empereur Alexandre meurt, tout jeune, après avoir conquis le monde. Qui d'autre saurait nous emporter dans les grands chemins de l'Histoire, non pas à travers un roman historique, mais plutôt par une évocation mystique ?

Alexandre, le grand, le tout puissant Alexandre, s'est évanoui. Dans le désordre de ce repas de fête, ses hommes ne comprennent pas tout de suite ce qu'il se passe mais l'ampleur du drame ne tarde pas à les frapper. Qui donc pourra prendre la relève après la mort, qui semble inévitable tant il est affaibli, de l'Empereur ? Les alliés d'antan, les fidèles d'Alexandre, les amis du front se préparent à la curée, ne reculant devant aucune trahison ou bassesse, oubliant que seule leur loyauté leur avait permis de rejoindre le cercle des puissants… 


Laurent Gaudé, de sa belle écriture toujours empruntée de cette grande force tragique qui m'a séduite tant de fois (Le soleil des Scorta, La mort du Roi Tsongor …), retrace les derniers jours de l'Empire et les batailles qui ont précipité sa perte. Et c'est aux côtés de Dryptéis, dont la soeur était l'épouse d'Alexandre, que l'on suivra le cortège funéraire jusqu'aux confins des terres, là où seul le silence perdure, là où personne ne retrouvera le corps du plus grand Empereur qui ait vécu.

Ce court texte épique à plusieurs voix nous envoûte, comme une incantation de laquelle on a peine à s'extraire. Deux voix surnagent dans le livre. Celle d'Alexandre, bien sûr, par sa présence, sa folie, sa grandeur et celle de Dryptéis, vibrante et émouvante dans la dignité et, aussi, dans ses choix. Un portrait de femme magnifique, comme souvent chez Laurent Gaudé, par ce qu'elle porte de douleur et de beauté du monde. Même si ce roman n'est pas un mes préférés de l'auteur, c'est une très belle réussite. Un roman mythique, poignant et poétique !
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Alexandre le Grand est un sujet à mille facettes. J'y reviens régulièrement et à chaque fois la manière est différente. Aucune de celles que j'ai déjà essayées ne ressemble en tout cas à celle de Laurent Gaudé.

L'auteur s'attarde ici sur une période historique courte : d'un peu avant la mort d'Alexandre à un peu après. Un intervalle de temps qui encadre une bifurcation, un changement brutal de trajectoire de l'Histoire, un système qui retrouve doucement son équilibre, se brise brusquement et se déséquilibre à nouveau. Il est impressionnant de sentir avec une telle acuité à quel point l'Empire fondé par Alexandre ne tenait qu'au fil de son créateur. Quelques minutes après sa mort, la méfiance, les complots, l'avidité, les alliances et les adversités bouillonnent et cristallisent. Les anciens amis deviennent les pires ennemis. Les faibles sont éliminés. Un trône est à prendre, un empire à se partager. La guerre des diadoques commence.
Mais Laurent Gaudé ne s'intéresse à cela qu'en tant que fond de commerce. Il veut écrire dans ce décor un roman onirique où le fantastique mène la danse. Cela commence comme une course contre la montre, plusieurs narrateurs géographiquement éloignés tentant d'atteindre Alexandre avant qu'il ne s'éteigne, et lui-même résistant à l'appel de la Mort. Puis la mort venue commence un autre voyage, celui du corps du conquérant, qui sera suivi d'un dernier voyage, celui de l'esprit. L'auteur invente une sorte de passage de relais entre Alexandre et Chandragupta – le fondateur de la dynastie Maurya.

C'est mon premier roman de l'auteur, par conséquent je ne sais pas dire s'il a l'habitude d'écrire ainsi. Mais spontanément j'ai eu l'impression qu'il se livrait à un exercice de style. le style en effet dévore presque le fond. Il est riche et inhabituel, pour moi du moins. Toujours deux ou trois narrateurs qui prennent les relais lors de paragraphes relativement courts et parfaitement denses, le long desquels ils laissent couler leurs pensées et leurs sensations plus qu'ils ne les analysent. Si dialogues ou déclaration il y a, ils sont enfermés dans les paragraphes. le résultat est poétique mais assez épais, cache presque la représentation que l'on est venu contempler.

C'est intéressant, mais j'avoue préférer les écrits où le style s'efface devant le contenu, ou mieux le sublime. Cela ne m'empêchera pas d'aller piocher d'autres récits chez Gaudé un de ces quatre, en particulier dans son arsenal théâtral.
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Les derniers jours d' Alexandre de Macédoine , le grand conquérant mort un peu avant ses 32 ans . Dès ses derniers instants , ses fidèles lieutenants se déchirent , tous se rendent compte que l'empire d'Alexandre est trop vaste pour survivre à la mort de son conquérant .
Vaines conquêtes d'un homme mégalomane qui ne lui survivront pas .Après sa mort , c'est le temps du cortège , une sépulture recouverte d'or va commencer un long voyage jusqu'en Macédoine , mais à ce moment aussi , les rivalités se réveillent .
C'est ce cortège que nous suivons , près de Dryptéis , fille du roi vaincu Darius et la figure revenue d'entre les morts d'Ericléops.
Dryptéis se joindre aux pleureuses pour essayer d'éloigner la guerre encore quelque temps , pour qu'on garde encore un peu intact le souvenir d' Alexandre , qu'il ne soit pas oublié tout de suite . Laurent Gaudé nous emmène dans une épopée antique , entre réalité et fiction , une oeuvre au souffle puissant , lyrique .
Il y a quelques petits défauts dans ce livre et je ne suis pas trop étonnée que les avis soient partagés , pour ma part c'est une bonne lecture , dépaysante , qui m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur cette époque cruelle mais aussi à relativiser , l'homme fait encore la guerre aujourd'hui , n'y a-t-il pas encore des hommes qui ont le même destin que Darius .
Il fallait bien la plume de Laurent Gaudé pour faire revivre le destin d' Alexandre le Grand , même si ce livre ne vaut pas le majestueux ' La mort du roi Tsongor '


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Avec la verve épique qu'on lui connaît, l'auteur nous entraîne à la suite d'Alexandre le Grand et de ses fidèles, lors de son agonie et de ses funérailles.
Il livrera sa dernière bataille, en Inde, aux confins du monde connu alors, après sa mort, entouré de soldats fantômes, d'un cavalier sans tête et de braves qui se jettent dans la mêlée en sachant ce qui les attend. On suit ainsi plusieurs de ses officiers et une femme dans leur périple mortel pour se joindre à lui, de près ou de loin.
Ce court roman, d'une belle écriture, touche au fantastique mais il s'avère aussi d'une grande richesse historique.
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L'auteur nous livre les derniers moments -et au-delà encore- d'Alexandre, accompagné de certains proches élus que l'on suit, l'un après l'autre. Pas facile de se laisser entraîner par cette mélopée à plusieurs voix, d'autant que ce qui les anime est le pouvoir ou l'inverse : l'aspiration à une paix loin des ambitions et des commandements.
On voit la mort comme fin de règne, comme un retour aux choses simples, et en même temps, on ressent le poids de l'empire et de ses luttes de pouvoirs.
Les histoires qui s'entremêlent sont complexes, et mystérieuses. On se croirait dans l'antre d'une pythie ésotérique.
Cependant, des confins de l'empire où se joue ce cortège funéraire, une majesté s'élève au gré de ces courages, de ces fins, de ces derniers soubresauts d'un homme qui, en passant, a ouvert le champ à un engouement rassemblant les foules.
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