AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782889272976
128 pages
Editions Zoé (08/01/2016)
3.25/5   14 notes
Résumé :
En faisant parler Max le patriarche débonnaire et Mary sa femme américaine, puis Joson le grand-père voyageur et Dora la bien-aimée grand-mère, Marie Gaulis raconte le lieu aimé de l’enfance, une terre savoyarde à la fois réelle et rêvée. Dans le château familial, la peinture s’écaille, les canalisations gèlent, les cheminées fument, les guerres passent. Tandis que les aïeux, désormais âmes légères comme des oiseaux, se confient, honnêtes, la narratrice se souvient,... >Voir plus
Que lire après Le royaume des oiseauxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Depuis la plus haute tour, je regarde le ciel, le sommet des arbres, les champs, les toits du village, le droit clocher de l'église moderne, Notre-Dame du Léman, construite juste après ma mort, qui se dresse un peu seule au bord d'une route devenue moins passante depuis qu'on l'a détournée. » Ainsi commence le Royaume des oiseaux de Marie Gaulis, une auteure que je ne connaissais pas et qui est décédée en 2019, ce qui donne une autre dimension à ce roman choral où les quatre personnages qui vont se raconter le font de l'au-delà. L'atmosphère est à la légèreté, celle des spectres, et cela donne une tonalité que j'ai trouvé particulièrement réussie. Il y est question d'une maison, un château en fait, en Savoie, que des générations d'occupants ont eu de la difficulté à entretenir et à conserver. La lente détérioration des lieux se fait l'écho du passage du temps, ce qui amène de beaux passages dans le roman. L'auteure questionne la notion d'héritage, de ce qui demeure lorsque nous ne sommes plus là. J'en sors cependant mitigée, avec l'impression d'être passée, peut-être, à côté du style de l'auteure ? Je l'ai trouvé beau… et ennuyant tout à la fois, et j'ai dû faire un effort pour le terminer.
Commenter  J’apprécie          150
C'est dans le cadre de l'opération Masse Critique que j'ai reçu le livre de Marie Gaulis, écrivaine suisse dont je ne connaissais pas l'oeuvre. L'auteur nous entraine dans un récit choral à travers le temps, l'espace restant le même : le château familial où plusieurs générations de personnages ont vécu et où le temps semble comme suspendu.

L'auteur alterne entre plusieurs personnages, et s'attarde longtemps sur les témoignages de Mary, l'épouse américaine, mariée en 1895 à Max, l'héritier du domaine familial, dont seul le titre de Comte subsiste. L'âme de Mary, aussi légère qu'une plume d'oiseau se promène ainsi dans le domaine familial, vendu depuis à d'autres propriétaires, les héritiers, ses propres enfants, ayant été incapables de gérer et entretenir le château. Mary, née en Amérique, apporte avec sa dote de quoi venir réparer et moderniser le château, tant son époux, Max, semble si peu concerné par les vicissitudes de la vie. Max préfère la chasse ou la compagnie de ses amis au bar du village à celle de son épouse et aux responsabilités qui lui incombent. Mary, à l'esprit plus « américain » (qu'elle traduit par entrepreneur, peu soucieux du statut de Comtesse) devient vite la maîtresse de maison et organise elle-même les travaux et assure leur suivi. Elle aime discuter avec les compagnons et voir peu à peu la demeure s'éveiller.

Mais Mary, le personnage décrit, est un personnage hautement imbuvable – du moins, à la lectrice que je suis. Elle a une très haute opinion d'elle-même et ses propos sont parfois à la limite du risible :
Et moi, jeune femme innocente plus qu'ignorante, brune comme ma mère, avec les yeux bleus de mon père, d'une élégance discrète, j'étais flattée de devenir la comtesse et la souveraine de château posé dans sa cuvette verte comme une vieille princesse endormie qui attend d'être réveillée.

Mary se souvient ainsi d'avoir pris les reines et sauver le château et surtout, pas « par vanité » assure-t-elle, elle veille à la construction d'une chapelle, qui les survivra à leur disparition. Pour elle qui se vante tant d'avoir l'esprit américain, celui d'entrepreneur, de futuriste, de vaillant, elle semble soudainement aspiré elle-aussi à la terre, la propriété. Ainsi, lorsque Louis, le jardinier décède, il est le premier à être enterré et à bénéficier d'une messe organisée dans la chapelle de Mary, et parlant de son époux Max, elle confie :

"Et voyant la beauté de la lumière et tous ces visages gras, il reconnaissait aussi ce que j'avais accompli"

Fort heureusement, la narratrice donne la parole aux enfants, petits-enfants et arrières-petits enfants et surtout offre à son époux Max un droit de réponse à sa tendre épouse. Son portrait était si peu flatteur que j'avais peur de m'ennuyer, mais que nenni, je l'ai trouvé en mode dilettante et fort amusant. L'homme l'avoue sans vergogne : les factures, l'entretien du château, tout cela l'ennuie hautement. Il préfère jouer avec ses enfants et partir à la chasse, plutôt que de travailler. Il admet avoir épousé Mary pour son argent, restant éternellement fidèle à sa première épouse, décédée en couches à l'âge de 19 ans. Un autre fantôme qui hante ce château savoyard.

Les interventions des descendants sont parfois bienvenues, mais m'ont paru difficilement compréhensibles, car j'ignore qui s'exprime. Seul le style en italique vous permet de savoir qu'on change de personnage, et d'époque. Ainsi, c'est en relisant la quatrième de couverture que je vois apparaitre les noms de Joson et de son épouse Dora, héritiers de Max et de Mary, qui témoignent à la fin de leur vie (elle est veuve et aime ses petits-enfants), or dans la première partie du récit, où Mary se confie, elle parle de son fils, Joson partit trop vite, tué à la guerre (la première?) donc je reste très dubitative….Ce petit-fils est parti dans le pays maternel, en Amérique. Il a très vite abandonné ses études de droit à Princeton pour aller voyager seul en Alaska, à la recherche de ses racines.

Là, je dois avouer que l'écrivain m'a perdu. Elle ose faire un parallèle, dans la bouche de Mary puis de Joson, entre des prétendues racines amérindiennes (elle n'en a aucune preuve mais trouve ça amusant de s'imaginer cela) et sa vie dans ce château de Savoie. Elle avoue elle-même que le sort advenu aux nations autochtones en Amérique et le sort de son château en ruine n'ont pas grand chose en commun mais ne peut cesser de revenir dessus. Et lorsque Joson voyage en Alaska, c'est pour aller vivre au proche de ses prétendus ancêtres, puisque, soyons honnêtes, les seuls qu'il connaît sur ce continent habitent sur la côte Est et sont des notables.

Là, j'ai vraiment trouvé ça tiré par les cheveux et j'ai perdu beaucoup d'intérêt pour ce roman peuplé de fantômes. le style de l'auteur composé de longues tirades, de paragraphes d'une page et des digressions sans fin ont eu également pour effet de me lasser et de m'éloigner des personnages. le lecteur est lui-même en apesanteur et ne peut jamais s'approcher et donc ressentir les émotions de ces âmes attristées à l'idée de voir tout un passé s'évanouir et un futur incertain pour leurs enfants. le thème, le sujet et le personnage de Max m'auront quand même permis de poursuivre ma lecture.
Lien : http://www.tombeeduciel.com/..
Commenter  J’apprécie          41
Un petit livre rapide à lire qui flirte du côté de la littérature régionaliste.
Merci à Babelio et aux éditions Zoé de m'avoir permis de lire ce roman.

Ce roman fait en effet la part belle à la nature, à l'amour de la terre savoyarde (surtout chez les hommes) à travers le récit de cinq personnages dont quatre sont de purs esprits.
Quatre chapitres narrés chacun par un des ancêtres de la narratrice contemporaine (l'auteure?) racontant la vie sur plusieurs générations des habitants de cette propriété ancestrale qui part à vau-l'eau, faute de soins et d'argent.
Les récits se croisent et se répondent à travers les époques; celui de la narratrice contemporaine éclairant ceux de ses ascendants.

Les hommes de la famille sont, il est vrai, incapables d'affronter les contingences matérielles, de faire face aux contraintes de leur temps, comme Max, le deuxième narrateur, dont la seule passion est la chasse et les jeux de société et dont la seule réussite concrète a été d'épouser une jeune héritière américaine.
Et encore, ce fut parce qu'elle était la fille d'un de ses amis et qu'il voulait se consoler de la perte de sa première femme.
Peine perdue d'ailleurs car il rêvera toute sa vie de cette jeune femme décédée trop tôt et tant aimée. Il espérait de ce fait la retrouver dans la mort; sans succès.

Les mariages de la famille (du moins les deux évoqués dans le roman) sont arrangés.
Il n'est nullement question de passion et pourtant, les couples traversent les années.
Autant on sent à travers le récit de Marie et de Max l'affection qui s'est développée entre eux au cours des années, autant elle semble moins évidente entre Joson et Dora. Cette dernière donne l'impression d'avoir tenté le plus possible d'échapper à cette vie immobile, par la peinture ou ses séjours à Paris.

Dans ces deux couples, ce sont les femmes qui agissent, font face aux dépenses, rénovent, construisent dans le cas de Marie qui a édifié la chapelle familiale.
Les hommes, eux, se laissent vivre, attentistes ou plutôt apathiques face aux exigences de leur époque et de leur train de vie.

Il se dégage du roman une nostalgie des belles choses passées, aimées mais enfuies à jamais mais qui marque la mémoire à jamais.
Il y eut du bonheur mais lié au passé, à l'enfance dans le manoir car à la vie adulte, les descendants de Max et Marie, mariés selon les choix paternels, survivent dans les souvenirs perdus, comme la propriété finalement vendue.

En résumé, un roman plaisant, au charme passéiste sur l'héritage immatériel des familles.
L'écriture est agréable à lire, simple et fluide.
Commenter  J’apprécie          10
Château en Savoie, mariages arrangés pour le sauver car, et c'est souvent le cas chez les nobles, ce sont les femmes qui apportent l'argent. Narrations de différentes époques et différents personnages qui m'ont fait souvent perdre le fil. Fini il y a deux jours et presque déjà oublié.
Commenter  J’apprécie          60
Marie américaine mariée avec un français vole au-dessus de ce qui a été, légère comme un oiseau, elle observe le château qui tombe en ruines, la chapelle qu'elle a faite construire et, par-delà la mort, elle revient sur ce passé qui l'a forgée.

Mariée jeune à un ami de son père, elle a surtout été choisie pour son rang et sa fortune, son mari Max ancré dans le souvenir d'une jeune épouse morte prématurément. Max a tendance à se couper de sa famille, se réfugiant alors dans la nouvelle salle de bains, installée par Marie.

Au-delà des dissensions et des incompréhensions, seuls les lieux restent immuables, juste altérés par le temps qui passe, quand les âmes des défunts, elles, flottent, désoeuvrées au-dessus des propriétés abandonnées. Ces propriétés ancrées sur le seuil savoyard ne signifient plus rien pour les nouvelles générations et leur perte résonne aussi comme la perte de tout un monde. Mais l'héritage immatériel signifie au-delà des murs : " "Nous transportons avec nous, où que nous soyons, des traces visibles de toute cette accumulation, dispersée certes, parfois vendue, perdue ou volée, mais tout de même, il nous reste un héritage, anachronique, inutile, en partie immatériel, pesant et rassurant." p. 78

Restent des lieux, des atmosphères, des pierres fidèles aux siècles :

"Les bassins sont toujours là, j'imagine que l'eau y coule, la précieuse eau des fontaines, et que les nymphes viennent s'y baigner sous le regard distant et amusé des ancêtres, qui ne sentent plus aucun poids sur leurs épaules : tout s'est évaporé sauf la permanence ancienne et chaque jour rafraîchie des buis, des houx, des hêtres et du lierre." p. 125

Ce que j'ai moins aimé : Ce roman est assez déstabilisant concernant la narration : il n'est pas toujours simple de deviner qui parle, un à un les aïeux prennent la parole, venus de l'au-delà mais leurs paroles flottent presque immatériellement, tellement fantômatiques que l'on ne parvient plus à deviner qui ils sont.

Bilan : Par sa poésie et la richesse de son style, Marie Gaulis rend hommage aux vestiges d'un monde ancien qui s'efface peu à peu dans les arcades du temps.
Lien : http://www.lecturissime.com/..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Calme imposé aux enfants, qui ont tout le jardin pour courir et crier, silence d’avant le téléphone et la radio, silence d’avant toute cette machinerie électrique qui a depuis envahi l’espace. Et dehors, le merveilleux bruissement des arbres, les appels des oiseaux, sans tondeuses ni pétarades d’automobiles.
Commenter  J’apprécie          90
Malgré mon désir de croire, je n’ai retrouvé aucun de ceux que j’aimais, partis avant ou après moi, même dans la promiscuité de la chapelle, os dormants et pourrissants côte à côte, ce qui faisait notre personne, envolé, et c’est peut-être une consolation, après tout, que de se découvrir si légers : ce sont les vivants qui imaginent le poids des morts, leur permanence, leurs exigences même, mais si nous pouvions leur dire que plus rien n’a d’importance et qu’ils doivent vivre sans béquilles, sans attelle, sans le joug du devoir, ils se redresseraient et vivraient enfin, respirant, jouissants, comme nous ne l’avons pas fait, toujours inquiétés par le passé et bercés par une fallacieuse promesse d’immortalité.
Commenter  J’apprécie          10
La chapelle que j’ai fait construire est toujours là, perchée sur son talus, avec ses pierres grises et bleues, son petit clocher ouvert où est suspendue une cloche que je n’entends plus. Il y a eu encore des mariages et des baptêmes, l’enterrement d’Étienne, le fils de Max et de Jeanne, celui de mon fils Joson et de ma bru Théodora, tous les deux réunis, comme Max et moi, sous les murs de la chapelle, mais en fait, séparés, flottant eux aussi dans les nuées, devenus oiseaux peut-être, ou nuages ou vent. Unis dans l’oubli plutôt que dans la foi, entre la légende et le mythe, la croyance qu’on veut nous inculquer, depuis l’enfance, en la vie éternelle et l’immortalité de l’amour.
Commenter  J’apprécie          10
Max et moi, sous les murs de la chapelle, mais en fait, séparés, flottant dans les nuées, devenus oiseaux peut-être ou nuages ou vent. Unis dans l'oubli plutôt que dans la foi, entre la légende et le mythe, la croyance que l'on veut nous inculquer, depuis l'enfance, en la vie éternelle et l'immortalité de l'amour.
Malgré mon désir de croire, je n'ai retrouvé aucun de ceux que j'aimais....
(p.17)
Commenter  J’apprécie          10
Et moi, jeune femme innocente plus qu’ignorante, brune comme ma mère, avec les yeux bleus de mon père, d’une élégance discrète, j’étais flattée de devenir la comtesse et la souveraine de château posé dans sa cuvette verte comme une vieille princesse endormie qui attend d’être réveillée.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Marie Gaulis (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Gaulis
Payot - Marque Page - Marie Gaulis - le royaume des oiseaux
autres livres classés : mélancolieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (69) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3654 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..