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Critique de NMTB


Le drame touche à sa fin, tout se délie. Roosevelt meurt le 12 avril 1945, Mussolini est tué le 28, Hitler se suicide le 30. La guerre est terminée, les relations internationales des cinquante prochaines années, et même au-delà, vont se mettre en place ; la France, en ruine, va pouvoir penser à son avenir ; et De Gaulle, désabusé mais serein, se retire de la vie politique, tout en terminant ses Mémoires sur le mot « espérance ».
Après la libération, il s'est employé à rétablir l'ordre pour que la France ne tombe pas dans l'anarchie. Il a fallu maîtriser les velléités de certains résistants des Forces Françaises de l'Intérieur, et notamment celles des nombreux communistes tentés d'exercer un pouvoir indépendant ou de se venger des anciens vichystes. De Gaulle a très vite mis en place une justice, interdit les milices et essayé d'incorporer tous les combattants de la résistance intérieure dans l'armée régulière. Petite anecdote à ce sujet, amusante et caractéristique : Saviez-vous que les CRS ont d'abord été un repère de communistes ? Que ces compagnies ont été créées par De Gaulle pour prévenir les risques d'émeutes après la guerre et limiter l'épuration sauvage, mais aussi pour prendre le contrôle des anciennes milices de la résistance communiste, leur donner un statut légal.
Une reconstruction sécuritaire mais aussi politique, administrative, économique. Toute une série de mesures sont prises qui marqueront durablement la France, comme les nationalisations, mais aussi le développement de la sécurité sociale, ou encore, dans un autre domaine, la création de l'ENA et la réorganisation de tout le fonctionnariat. Tout cela a pour but de renforcer l'Etat, d'augmenter ses moyens d'agir.
A part le cas de la Syrie, qui s'envenime dès la fin de la guerre et met au grand jour le conflit latent entre l'Angleterre et la France, De Gaulle évoque peu les territoires hors-métropole dans ce tome, sauf pour préciser sa vision des choses. C'est-à-dire qu'il était absolument conscient, comme tous les dirigeants des grandes puissances, que l'indépendance des colonies était devenue inévitable. Il s'agissait, pour lui, que cette transition se passe dans le calme, dans la coopération, avec des dirigeants installés, sans l'ingérence de puissances étrangères (contrairement à ce qu'il s'était passé en Syrie) et que, bien sûr, la France garde des relatons privilégiées avec ces pays.
Mais la France était encore très faible et son poids dans les relations internationales pratiquement nul par rapport aux trois grands vainqueurs : URSS, Etats-Unis et Grande-Bretagne. Elle ne participe pas à la conférence de Dumbarton Oaks qui a pour projet de mettre en place la future ONU et n'est, dans un premier temps, pas prévue comme membre permanent du futur conseil de sécurité. Idem, pour la conférence de Yalta où elle n'est pas invitée. Ce qui mécontente De Gaulle lorsqu'il s'aperçoit que ce « marché de Yalta », comme il l'appelle, a livré toute l'Europe orientale aux communistes. le cas de la Pologne lui étant particulièrement douloureux. Il faut lire ses discussions avec Staline en décembre 44 à ce sujet. Staline et sa manière pittoresque de négocier ou de concevoir la démocratie…
Pas vraiment soutenu par Staline à cause de la Pologne (même si c'est un peu grâce à lui que la France a pu s'immiscer dans la gestion de l'Allemagne), ni par l'Angleterre à cause de leur désaccord sur le sort à réserver au Reich et encore moins par les Etats-Unis, dont le lourd silence rend évidente leur hostilité à la participation de la France dans les grandes affaires internationales, la France est tout simplement écartée de la conférence de Yalta. Bref, c'est un véritable imbroglio diplomatique ! Et c'est passionnant à découvrir du point de vue de de Gaulle. Il fait tout, par ailleurs, pour lancer des idées d'associations en Europe de l'Ouest, sans s'étendre sur la nature de ses « associations », et en prenant soin, aussi, de ne pas évoquer un « bloc » de l'Ouest, de ne pas rentrer dans le petit jeu que sont en train de mettre en place URSS et Etats-Unis.
Enfin, il faut réorganiser en France la République, lui donner une nouvelle constitution. De Gaulle veut que cette constitution permette à l'exécutif et au président d'exercer un vrai pouvoir dans la durée. Quand, élu chef du gouvernement, il s'aperçoit que les hommes politiques se dirigent vers les mêmes errements de la troisième république, se souciant plus de leur partis que de l'intérêt de la France et paralysant toute action du gouvernement, il décide de démissionner de son poste.
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